11/05/2016
Boys
Les films américains sur la Seconde guerre mettent dans la quasi totalité des cas des soldats US se battant héroïquement bien qu'étant en infériorité numérique. Quand on connaît le rapport de force réel cela peut prêter à sourire, mais les scénaristes hollywoodiens ont l'art de dénicher les cas particuliers ; commandos infiltrés au delà de la ligne de front, troupes aéroportées parachutées en territoire occupé, unités en pointe de l'avancé ou isolés après une contre-attaque ennemie, etc. Même le symbole de la toute puissance des forces alliées, l'aviation de bombardement stratégique, doit affronter des essaims d'appareils à svastika. Bien que les raids ne furent jamais une partie de plaisir tant du fait de la chasse que de la DCA les alliés prirent rapidement l'avantage sur ce terrain, sans parler de l'agonie du Reich les derniers mois de guerre. En février 45, par exemple, les 13 000 bombardiers qui se relayèrent jour et nuit dans le ciel de Dresde escortés par plus de 700 P51 n'eurent à affronter que... 28 avions allemands et ne déplorèrent que 8 pertes. Mais le film The Mighty Eighth de Rick Jacobson se passe bien sûr en 1942...
19:28 | Lien permanent | Commentaires (23)
Commentaires
Le film est de Rick Jacobson, le filon, incommensurable.
Le général Galland vs le Führer, ce bien piètre stratège outrancièrement surestimé.
« Le 12 novembre (1944), je pus annoncer que la totalité de la chasse allemande était disponible : dix-huit escadres, avec trois mille sept cents appareils. La force la plus formidable que la Luftwaffe eût jamais possédée. Sur ce total, plus de trois mille chasseurs attendaient impatiemment « le grand coup ».
Le destin devait en décider autrement. Tout d'abord, le temps se gâta au point de rendre toute opération d'envergure impossible. La mauvaise visibilité ne gênait guère les Forteresses qui déchargeaient simplement leurs bombes sur nos villes suppliciées. Par contre, elle aurait enlevé à la chasse toute chance de succès. Nous fûmes bien obligés de patienter.
Puis, vers la fin novembre, un ordre du G.Q.G. du Führer réduisit notre projet à néant.
(...)
J'étais effondré. Cette réserve de chasseurs, nous avions dû lutter de toutes nos forces pour la créer, malgré les bombardements, malgré la situation catastrophique sur tous les fronts, malgré l'opposition du Haut commandement. Et au moment où nous allions l'engager pour essayer de sauver la substance même de l'Allemagne, on nous l'enlevait. Pour moi, la poursuite de la guerre n'avait plus de sens .
(...)
Mon limogeage, en janvier 1945, ne me surprit pas outre mesure. »
Général Galland, commandant la chasse allemande. Jusqu'au bout sur nos Messerschmitt. Robert Laffont, 1954.
Impossible de sauver l'honneur.
Écrit par : Danny | 11/05/2016
Sacré Rick va ! Quand Jacob sonne, ça sent le gaz ;o)
Écrit par : téléphobe | 11/05/2016
Nous sommes en 2016 et pourtant, les scènes 3D sont pathétiquement nulles, autant les mouvements des avions peu réalistes que les modèles 3D médiocres. Avec évidemment le filtre brunâtre "save the private Ryan" pour faire "époque". Ne parlons même pas de la recherche historique sur la partie aéronautique, les cocardes sur les deux ailes me brûlent les yeux.
Dans le style, le film "Memphis Belle" (tourné avec de vrais B-17) d'il y a une quinzaine d'années était infiniment moins médiocre.
Écrit par : UnOurs | 11/05/2016
Quand même mieux avec un vrai zinc:
https://youtu.be/R_Af4HVl1WI
L'ingénieur photo avait aussi joliment retrouvé l'ambiance des Kodachromes d'époque.
Écrit par : UnOurs | 11/05/2016
Danny > Hitler, stratège surestimé ? Par qui ?
De toute manière après le guerre presque tout le monde à tenté de prendre ses distances avec le régime et dire qu'il avait la solution, si seulement... Bien malin qui saura y retrouver la vérité. Galland est estimable mais en 44 tout manquait, les pilotes, le carburant, les pièces. 3 000 appareils de quel modèle ? Certains ne devaient plus faire le poids contre les derniers avions alliés.
téléphobe > Malheureux ! Ne jamais sonner quand ça sent le gaz, ça peut péter !
UnOurs > On a pourtant les moyens de faire mieux. Memphis Belle était mieux dans la forme parce que dans le fond avec son escadre qui fait deux passages malgré la flack pour épargner une école. Faut le voir pour le croire.
Écrit par : Pharamond | 11/05/2016
Infiniment plus impressionnant...
https://youtu.be/YRZvXSAm6Jk
... la réalité.
Une aile qui se casse...
https://youtu.be/lioRCye2Dug
Je ne comprends pas que les nazes de la 3D n'essaient pas de refaire un truc qui ressemble à cela, ce qui serait à l'évidence beaucoup plus impressionnant que ces mouvements exagérés de dessins animés.
Écrit par : UnOurs | 11/05/2016
Je crois que le public de ce genre de production gavé de Star Wars et de jeux vidéos n'est pas prêt à voir des combats réalistes et forcément plus lents. Dommage parce qu'il n'en serait pas moins spectaculaire dans un genre différent.
Un bon exemple de reconstitution 3D :
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2010/03/02/aeronefs-11.html
Écrit par : Pharamond | 11/05/2016
Memphis Belle est largement au dessus, c'est clair.
Écrit par : Popeye | 11/05/2016
Galland avait la soluce ? Mirifique !
Merde, Rundstedt l'avait aussi, et Guderian, et Rommel, et Speer, et Model, et Himmler, et Schorner, et Manstein, et Goebbels, et Ribbentrop, et Kaltenbrunner, et ....
Tout le monde avait la soluce pour pas paumer et ce putain de caporal de Bohême timbré qui n'écoutait personne...rhalalala....
En cherchant bien, si ça se trouve, Macron a la soluce, ou Taubira, ou Mélenchon, ou Najat, ou DSK, ou Juppé, ou Marine...En cherchant bien...
Écrit par : Arthourr | 11/05/2016
Galland précise, sans rentrer dans les détails : « Nos usines d'aviation avaient pu sortir, en 1944, plus de quarante mille appareils, battant ainsi tous les records précédents. »
On peut le croire.
L'objectif de Galland n'était sans doute pas de renverser le cours de la guerre mais de préparer ce qu'il appelle « le grand coup » : sauvegarder l'essentiel du potentiel industriel de l'Allemagne :
– en amenant un minimum de deux mille chasseurs au contact direct d'une formation de Forteresses Volantes ;
– en lançant au moins cent cinquante chasseurs à la poursuite de l'ennemi lorsque celui-ci aurait entamé le trajet de retour ;
– en entreprenant, sur un point choisi du parcours, une seconde attaque avec cinq cents chasseurs ;
– en couvrant avec des chasseurs de nuit les approches de la Suisse et de la Suède, afin d'intercepter des bombardiers isolés qui tenteraient de gagner un pays neutre ;
– en détruisant ainsi de quatre cents à cinq cents quadrimoteurs, au prix de quatre cents appareils et cent à cent cinquante pilotes allemands.
« Une telle bataille aurait été la plus importante de la guerre. Son issue heureuse aurait constitué pour l'ennemi une défaite cuisante et, surtout, un sérieux avertissement. »
Tel était le plan de Galland avant l'offensive des Ardennes où la Luftwaffe subit un coup fatal.
Écrit par : Danny | 12/05/2016
Comme stratège, je n'aurais pas parié grand chose sur ces grandes attaques "décisives". On a vu ce qu'a donné l'opération Bodenplatte: des résultats assez médiocres et d'énormes pertes humaines.
Écrit par : UnOurs | 12/05/2016
Popeye > Sauf la fin ;-)
Arthourr > Avec des "si"... mais de toute façon cette guerre était une guerre à mort dans laquelle un des camps devait être anéanti avec d'un côté un pays à peine renaît de ses cendres, presque sans alliés et plongé dans une guerre mal préparée et de l'autre le réservoir humain soviétique, les usines américaines et le porte avion insubmersible de la Grande Bretagne. Le sort en était jeté très rapidement, les Allemands ont cru qu'ils pouvaient négocié et ont fait durer la guerre, à tort.
Danny > la stratégie de Galland aurait surement occasionné de grandes pertes chez l'ennemie mais je doute que cela change grand chose quant à l'issue de la guerre. Et puis si ces avions ont été retirés de cette mission c'est qu'ils devaient être utiles ailleurs. Vous connaissez la blague qui courait parmi les Allemands : "Si un avion est sombre c'est la RAF, s'il est clair c'est US Air Force, s'il y en a pas c'est la Luftwaffe", preuve qu'elle manquait cruellement pour protéger les soldats du front.
UnOurs > Je serais assez de ton avis.
Écrit par : Pharamond | 12/05/2016
A mon humble avis, le commandement allemand a commis les erreurs fondamentales suivantes:
1: ne pas avoir capturé l'armée britannique à Dunkerque.
2: s'être obstiné avec l'invasion de la Grande-Bretagne.
3: ne pas s'être saisi de Gibraltar pour "bunkériser" la Méditerranée, qui aurait permis de sécuriser l'accès au pétrole irakien.
4: avoir été trop "gentil" avec la France et ne pas s'être saisi de la flotte de guerre française.
4: avoir perdu, au secours de l'armée italienne en Grèce, les quelques semaines qui aurait effectivement permis une victoire rapide en Russie.
5: avoir déclaré la guerre aux USA.
6: ne pas avoir confié à von Manstein le commandement en chef militaire à l'est.
etc...
Écrit par : UnOurs | 13/05/2016
@ Un ours
et c'est tout?!?
Écrit par : Popeye | 13/05/2016
Bon, on est toujours plus intelligent après.
Que l'Allemagne, avec le monde contre elle, ait pu tenir 6 ans est déjà extraordinaire.
Écrit par : UnOurs | 13/05/2016
UnOurs > 1. Oui, mais Hitler était épouvanté par une guerre généralisée, il se savait loin d'être prêt militairement et d'ailleurs ses premiers succès ont surpris tant ses ennemis que lui-même. De ce fait il a ménagé le France et les Anglais autant qu'il a pu croyant pouvoir négocier.
2. Il ne s'est pas obstiné longtemps, je doute même qu'il ait eu l'intention réelle de débarquer en Angleterre. Même la RAF détruite il restait la Royal Navy et la flotte allemande de débarquement était loin d'être nombreuse ni au point.
3. Franco n'était pas franchement d'accord, semble-t-il.
4. Même chose qu'avec Dunkerque, l'Allemagne n'avait pas envie d'envahir l'Europe et voulait négocier pour éviter l'engrenage qui amènerait le point de non retour, la conflagration générale, en vain. Elle préférait avoir des alliés ou des états vassalisés moins chers en troupes d'occupation bien que beaucoup beaucoup moins sûrs.
5. Les Britanniques se renforçaient de plus en plus en Grèce et la Yougoslavie n'était pas fiable. Envahir l'URSS avec une situation pareille dans le dos n'est guère agréable.
6. Les USA étaient de plus en plus belliqueuse avec le Reich, destruction de sous-marins, loi pour le programme Prêt-Bail en mars 41 soit 8 mois avant Pearl Harbor etc.
7. Pour Manstein, je ne sais trop quoi dire.
Pour relativer tout ce que je viens de dire, je ne suis ni historien ni stratège.
"Que l'Allemagne, avec le monde contre elle, ait pu tenir 6 ans est déjà extraordinaire." Si on oublie l'aide de la lance de Longinus c'est le plus extraordinaire, mais qui peut s'expliquer si on admet que la vie sous le nazisme n'était pas exactement ce que l'on dit depuis.
Écrit par : Pharamond | 13/05/2016
@ pharamond
vous avez oublié le 2
Écrit par : kobus van cleef | 13/05/2016
C'est UnOurs qui m'a embrouillé en mettant deux fois le 4 ! (Faut bien trouver une excuse.) Donc je renumérote et je rajoute le 2. Merci.
Écrit par : Pharamond | 13/05/2016
En fait, on n'ose quasiment pas le dire aujourd'hui, mais Moustache a été trop mesuré à l'ouest !
Sur l'est, ici...
https://youtu.be/E8raDPASvq0
... un entretien fascinant d'Hitler avec Mannerheim.
Écrit par : UnOurs | 13/05/2016
Fascinant, effectivement (même si mon anglais déficient ne m'a pas permis de tout saisir). Dommage que l’entretien ne soit pas complet. Merci pour ce document
Écrit par : Pharamond | 14/05/2016
La plus grande sottise d'Hitler est d'avoir traité les Ukrainiens et Biélorusses en Untermenschen.
Soljenitsyne le raconte dans l'Archipel du goulag :
Les populations de ces deux pays, soviétisés par la terreur stalinienne, ont accueilli les Allemands en libérateurs (La pravda disait que les Allemands étaient très méchants, donc les gens pensaient qu'ils devaient être plutôt "sympas")
Or, les Allemands ont été effectivement très désagréables et Staline a eu le coup de génie de faire appel aux vieilles notions populaires.
Les populations d'Ukraine et de Biélorussie se sont donc rangées du côté du tyran qui parlait leur langue et qui invoquait leurs vielles coutumes.
Je ne sais pas si cela aurait changé le cours de la guerre, mais la Wehrmacht aurait eu beaucoup moins de soucis avec les partisans et donc la logistique et aurait pu aligner des combattants supplémentaires, motivés par le souvenir de l'Holodomor.
Autre chose qui a surpris les Allemands : la résistance acharnée des fantassins soviétiques, qui leur a coûté de lourdes pertes.
Par ailleurs, j'ai lu quelque part que c'est l'état déplorable du réseu routier soviétique qui a en partie sauvé l'armée rouge en 41 : les Allemands auraient pu avancer encore plus vite et finir de tronçonner et d'anéantir ce qui restait des "Russes".
Écrit par : PhD | 15/05/2016
Les Allemands n'ont pas été assez habiles avec les populations ukrainiennes et biélorusses, certes, mais les Soviétiques ont très vite entraîné leur adversaire dans une spirale d'attentats et de représailles. L'avancée rapide des troupes d'Hitler a laissé des milliers de Rouges à l'arrière du front, ceux-ci n'ont pas manqué de commettre des attaques contre les lignes de ravitaillement et de tuer les soldats isolés et les collaborateurs. Ces actes entretenant une grande insécurité dans les territoires occupés le front russe est vite' devenu un enfer tant au front qu'à l'arrière. Il aurait bien sûr été plus constructif de pacifier en douceur mais je ne sais si cela eut été possible dans le contexte d'urgence du moment.
Écrit par : Pharamond | 16/05/2016
Et il est vrai aussi que l'état déplorable des infrastructures routières et des campagnes en général n'a pas aidé l'avancé des Allemands. de ce point de vue, les Américains ont eu plus de facilité en 45 en envahissant le Reich.
Écrit par : Pharamond | 16/05/2016
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