26/03/2014
Le journaliste et l'abat-jour
L'objet de l'enfer nazi est un documentaire de Steven Hoggard. Pour commencer je vous livre la description sensationnaliste de National Geographic Channel : « Découvrez l'histoire invraisemblable de la quête des origines d'un objet nazi dont l'existence même fut depuis toujours remis en cause : un abat-jour en peau humaine.
En 2005 en Nouvelle-Orléans, l'ouragan Katrina laissa derrière lui une ville ravagée. Parmi les débris, une mystérieuse lampe à l'allure étrange fait son apparition. Le doute apparaît : elle serait peut-être cet abat-jour tant controversé.
Des laboratoires scientifiques américains aux cliniques d'autopsie nazies où les SS conduisaient des expériences médicales sur les prisonniers des camps de concentration, plongez au cœur d'une véritable histoire d'horreur contemporaine et découvrez l'histoire derrière l'objet de l'enfer nazi. »
Bon, en fait qu'est-ce qu'on voit vraiment dans le documentaire ? Un abat-jour un peu bizarre fait son apparition après l'ouragan Katrina. Abreuvé d'histoires sur les atrocités nazies un petit délinquant toxicomane lui trouve une ressemblance avec les mythiques accessoires pour luminaires de Buchenwald. Même si les historiens ne croient plus trop à la réalité de la chose aujourd'hui, un journaliste juif s'empare de l'artefact et veut prouver que c'est bien un témoignage de l'indicible. Après expertises il s’avérera que c'est en fait de la peau de bœuf. Mais le documentaire nous saoule tellement d'images choquantes des camps de concentrations et d'abat-jours de toutes sortes qu'à la fin le spectateur ne peut être que persuadé de la réalité de ces atrocités même si cet abat-jour n'est finalement pas un "vrai". Le plus grotesque est sans doute le cheminement du journaliste Mark Jacobson qui commence par une belle tirade emprunte d'éthique journaliste - « Je suis journaliste, je suis septique par nature, je ne sais rien. J'essaie juste de trouver des preuves pour raconter une histoire qui tient la route. » - passe le reste du film à essayer de prouver la réalité d'une légende urbaine et finit par cette incroyable conclusion en nous montrant l'objet : « Voilà la chose... dans sa boîte. Ce carton je l'ai trimbalé dans le monde entier. Les preuves sont là. C'est de la peau de vache. Mais c'est une vache sans en être une. C'est un objet qui existe pour nous raconter une histoire et nous fait réfléchir quelque soit sa nature. Certains vont dire c'est encore une de ces fables racontées par les Juifs, ils essaient de nous faire croire des choses. Peu importe ce que les gens disent, ce que racontent les antisémites. Moi, je pense qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent. Je dois beaucoup à cet abat-jour et je ne l'oublierai jamais parce qu'il m'a apprit beaucoup de chose sur ce monde. »
De cette enquête aux allures de conte je dirais :
Qu'on a beau être honnête et objectif, le nazisme c'est diabolique.
Qu'une seule preuve scientifique confirmerait à elle seule la réalité de toutes les atrocités prêtées aux nazis alors qu'étrangement l'absence de preuve n'en remet aucunement en question ne serait-ce qu'une infime partie.
Que contrairement à ce que pense l'un des scientifiques qui a réalisé l'expertise finale - « qu'il vaut mieux connaître la vérité que de vivre dans l'illusion » - la vérité n'a pas grand chose à voir ici puisque comme que le dit un autre protagoniste « si je devais me fier à mon instinct, je dirais que presque tout est vrai. »
Que ceux qui en ont soupé du sujet et les antisémites ce sont quasiment du pareil au même, parce qu'il faut vraiment être un salopard pour trouver cette histoire approximative, malsaine et malhonnête.
Et qu'à moi aussi cet abat-jour a appris beaucoup de chose sur le monde.
18:42 | Lien permanent | Commentaires (21)
Commentaires
Voilà une affaire bien intéressante. C'est une des manifestations de l'omnipotent paradoxe shoahtique. Aucun fait attesté ne peut contredire la vérité établie, et même curieusement la renforce d'autant plus qu'il ne s'y accorde pas, tant est puissante la sidération hypnotique de la vulgate.
Ainsi, constatant qu'une femme enceinte, ou allaitante (!) perçoit une ration spéciale à Auschwitz, Simone Veil, qui rapporte honnêtement ce petit fait, déduit qu'un camp de la mort est aussi le lieu d'une barbarie absurde en plus d'être criminelle. On va aussi gloser à l'infinie sur les musiciens de la Shoah (Auschwitz connut des concerts), trouvant un poignant sublime dans cette profusion artistique escortant le meurtre de masse, donc encore plus de cynisme chez les bourreaux qui y présidèrent. Etc, etc.
Écrit par : Nathanaël | 26/03/2014
Et n'oubliez pas le savon hein !
http://www.haaretz.com/jewish-world/jewish-world-features/.premium-1.527623
Écrit par : Mistersmith | 26/03/2014
Nathanaël > Oui, c'est le règne de l'irrationnel ; tout débat est vain et par ailleurs interdit.
Mistersmith > Question documentaire c'est plus compliqué : après Katrina le savon n'a laissé que quelques bulles.
Écrit par : Pharamond | 26/03/2014
salauds de nazis, ils abattaient même le jour !
Écrit par : paul-Emic | 27/03/2014
En Vendée, les Républicains venus de Paris ont fait beaucoup mieux: des bas en peau humaine, souples et agréables à porter. On peut voir les preuves (peaux séchées) dans un petit musée...
Le génocide vendéen: on n'en fait pas de films, à ma connaissance.
Déni de Mémoire!
Soljenytsine s'était rendu sur ces lieux chargés d'horreur.
Écrit par : Gaëlle Mann | 27/03/2014
Merci Pharamond de vous infliger ceci, et nous en transmettre un résumé. Je n'aurais pas le courage de voir cette vidéo... Ca devient fatigant à la longue.
Écrit par : Gas | 27/03/2014
Ajoutons que l'abat-jour de Buchenwald (de fait en peau de chèvre, je crois), les tatouages et les têtes réduites (sans doute caucasiennes) ont été mis en scène de façon très organisée par les services américains de la Psycological War dès le printemps 45. Le grand Billy Wilder lui-même y participa.
Au vu des paysages découverts à partir du Rhin, il fallait absolument saturer l'opinion US d'images choc pour empêcher toute hésitation sur la justification de l'engagement américain, notamment dans les milieux avancés, qui avaient été très hostiles en 1917-19 (voyez Dos Passos, etc). Ce fut en tout cas la thèse de Freda Utley.
Écrit par : Nathanaël | 27/03/2014
Paul-Emic > Une nouvelle enquête pour le Père Desbois, ça !
Gaëlle Mann > Mais pour les Vendéens ce n'est pas un génocide, c'est... euh... je sais pas... mais pas un génocide, parce que c'est comme ça.
Gas > J'ai trouvé cette vidéo il y a un moment déjà mais j'en ai repousser plusieurs fois la vision. Comme vous dites, il faut un certain courage pour s'infliger ça.
Nathanaël > Thèse tout à fait plausible à mon avis. Quant à Billy Wilder il n'a pas dû se forcer beaucoup vu ses origines.
Écrit par : Pharamond | 27/03/2014
Le savon "FA" est en fait du savon RJF. Depuis que je le sais je ne me lave plus, je suis Anti-FA.
Écrit par : Le blaireau-garou | 27/03/2014
Content de te revoir cher Blaireau, mais il faut se laver tout de même, une maladie de peau est vite attrapée.
Écrit par : Pharamond | 27/03/2014
Dans le monde réellement enjuivé, le faux est un moment du vrai.
Les faits n'importent pas, pas plus que la science, l'honnêteté intellectuelle, la droiture. Tous les moyens sont bons pour que le goy ne relève jamais la tête des cagoinces de l'Histoire, et pour que la tribu à Moshe vive perpétuellement dans la trouille de l'imminente réouverture d'Ochouitze.
Que sait-on exactement d'Amman et de ses rapports avec les Hébreux de l'époque ? Aucune foutue importance : des millénaires plus tard, il convient de lui déchirer le dos à coups de fouets symboliques et de lui bouffer les oreilles. Le Devouare de Maimouare est un néo-Pourrim contemporain, appelé à un très grand avenir. Et les livres ne lézardent pas les murs des prisons.
Écrit par : stag | 27/03/2014
Bientôt de nouvelles révélations - stay tuned...
http://www.lematin.ch/loisirs/temoignage-exceptionnel-seul-deporte-volontaire-auschwitz/story/13288032
Écrit par : Jazzman | 28/03/2014
De toute façon vu le traitement réservé aux populations civiles par les bombardiers alliés, il fallait bien que le peuple allemand fut coupable des pires horreurs dut-on les inventer pour l'occasion. Ça a été le rôle de Nuremberg en particulier, mais pas que...
Écrit par : Paul-Emic | 28/03/2014
On est bien d'accord, mais ce que je trouve rigolo, c'est le nombre de zigs qui en sont revenus pour raconter qu'on gazait tout le monde à la descente du train...
Y compris Simone Veil et ses soeurs.
Et toujours la même rengaine "j'ai alerté X ou Y et ils n'ont rien fait"...peut-être parce qu'il savaient déjà la vérité.
Écrit par : Jazzman | 28/03/2014
@ Pharamond
je ne sais pas si tu en a déjà parlé mais nous avons là une bien belle histoire
http://www.metronews.fr/info/prisonnier-volontaire-a-auschwitz-l-incroyable-histoire-de-witold-pilecki/mncB!eBCfdjDsdnQ/
Écrit par : Paul-Emic | 28/03/2014
N'est-ce pas Magda qui, un jour de 1943, a dit à son fils : "si tu touches à l'abat jour ton père va te passer un savon" ?
J'ai lu tellement de livres d'histoire que je m'embrouille un peu.
Écrit par : téléphobe | 28/03/2014
stag : Attention, vos propos peuvent m'attirer des ennuis ! Sinon, comme je suis persuadé que vous ne pensez pas le moins du monde ce que vous avez écrit je suis tranquille.
Paul-Emic > Et l'état effroyable des camps à la fin de la guerre a été pain béni.
Jazzman > Oui, et les détails qu'ils donnent comme s'ils étaient omniscients. Étrange pour des déportés traité moins que du bétail.
Paul-Emic > Merci, je ne connaissais pas, il y a de quoi faire un billet, je me suis un peu renseigné et ça m'a l'air croustillant.
téléphobe > Vous devriez avoir honte mais bon, la confusion mentale est un signe de grande culture normalisée.
Écrit par : Pharamond | 30/03/2014
j'étais sûr que la saga Pilecki appellerait toute ton attention.
Écrit par : Paul-Emic | 30/03/2014
P.-E., merci pour cette révélation sur l'escalade dans la Greuelpropaganda. Les têtes, les mains et les seins coupés, c'est encore une trouvaille. Il ne me semble pas avoir rencontré dans la vulgate cet équarrissage qui devait encore ralentir la chaîne technique de l'extermination entre la gaschamber et les fours (n'oubliez pas le monte-charge).
Le ravitaillement pharmacopique est intéressant. Ce dut être lui qui alla à bicyclette quérir hors du camp des sulfamides pour la mère de Simone Veil. Curieusement, celle-ci crut y voir un SS. Le meilleur reste l'inoculation du typhus aux tortionnaires. Sans doute le héros se déguisa-t-il ni vu ni connu en apiculteur pour manipuler les dangereuses bestioles.
Il nous faudra qu'Hollywood exploite sur ce scénario.
Écrit par : Nathanaël | 30/03/2014
Paul-Emic > Je ne sais pas qui a monté cette affaire mais cela semble être du côté des services spéciaux occidentaux, le héros est un bon catholique et les Soviets ne sont pas épargnés.
Écrit par : Pharamond | 30/03/2014
c'est une mine à coup sûr !
Écrit par : Paul-Emic | 30/03/2014
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