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07/02/2013

Aéronefs (33)

Rencontre d'Aviateur

Le second lieutenant Charles L. BROWN était pilote de B-17 au sein du 379ème Bomber Group / 527ème Squadron, basé à Kimbolton en Grande Bretagne.

Nous sommes le 20 Décembre 1943, quelques jours avant Noël. De retour d'une mission à Bremen en Allemagne son B-17 "Ye Old Pub" (42-3167) était dans un sale état, touché par la flak et quelques chasseurs. Le compas était endommagé et, déboussolé, il s'enfonçait dans le territoire ennemi en pensant faire route vers Kimbolton.

Alors qu'il venait de survoler un aérodrome allemand, l'Oberleutenant Franz STIEGLER du 6./JG 27, reçu l'ordre de sauter dans son Bf109 et d'aller descendre la forteresse volante.

Quand il fut suffisamment proche du B-17, Franz n'en cru pas ses yeux. Selon ses propres mots, il n'avait "jamais vu un avion dans un si mauvais état". La section arrière était sévèrement touchée et le mitrailleur de queue était blessé, le nez de l'appareil était fracassé et l'appareil criblé d'impacts d'obus.

Oubliant un instant son ordre de mission, Franz se mit en patrouille au côté du B-17 et posa son regard sur Charlie. BROWN se démenait pour maintenir son piège en état de vol.

Comprenant qu'ils ne savaient plus où ils allaient, Franz agita les ailes pour faire signe à Charlie de le suivre. Il les escorta et les guida jusqu'au dessus de la mer du Nord en face de l'Angleterre. Puis, il salua Charlie BROWN et reprit le cap du continent.

Après s'être posé Franz raconta qu'il avait descendu l'avion au-dessus de la mer et ne dit jamais la vérité à quiconque. Quant à Charlie BROWN et au reste de son équipage, ils racontèrent toute l'histoire lors du débriefing, mais ils reçurent l'ordre de ne pas en parler.

Plus de 40 ans après, Charlie chercha à retrouver le pilote de la Luftwaffe qui avait sauvé son équipage. Après des années de recherches, Franz fût retrouvé. Il n'avait jamais dit un mot de cette histoire, même lors des réunions d'après guerre.

Ils se sont rencontrés aux Etats-Unis lors d'une réunion du 379ème Bomber Group, avec à leurs côtés 25 personnes qui ne doivent leur vie qu'au simple fait que Franz n'a pas ouvert le feu ce jour là.

Charlie BROWN vivait à Seattle et Franz STIEGLER s'était installé à Vancouver après la guerre. Lors de leur rencontre, ils se rendirent compte qu'ils avaient vécu pendant 50 ans à moins de 300 Km l'un de l'autre.

Depuis leurs retrouvailles les deux protagonistes ont apporté de nombreux éclaircissements sur cette histoire.

Ce 20 Décembre 1943, alors que BROWN faisait cap vers son objectif, il fut sévèrement touché par la Flak.

"Soudain," se souvient-il, "le nez du B-17, fut pulvérisé par la Flak. Puis 3 des 4 moteurs furent endommagés. Le plan horizontal gauche et l'élévateur arrachés, 90% de la gouverne de direction ainsi que le haut du plan vertical détruits.

J'ai rapidement quitté la formation pour éviter d'endommager d'autres avions dans le cas où nous aurions explosé en vol.

Les allemands nous sont rapidement tombés dessus. 8 Chasseurs par devant et 7 de plus par derrière et nous n'étions pas en position de nous défendre.

Je me suis rapidement dirigé vers l'un d'entre eux. Je n'y croyais plus... L'avion s'était engagé dans un virage serré quand je perdis connaissance. Notre système d'oxygène était tombé en rade..."

Ensuite, le B-17 chuta de 8500 à 70 m avant qu'il ne reprenne conscience. Chose incroyable, "Ye Old Pub" s'était stabilisé et volait droit vers un aérodrome Allemand.

Au même moment, Franz STIEGLER qui s'était posé pour faire le plein de munitions, repéra l'avion de Charlie. Il sauta dans son Bf109 pour le prendre en chasse et ajouter un score à son palmarès Il se rapprocha par l'arrière jusqu'à quelques mètres. Voilà comment STIEGLER décrit la rencontre:

"Le B-17 était comme une passoire. Il y avait du sang partout. Je pouvais voir l'équipage qui tentait de venir en aide aux blessés. Le mitrailleur de queue était couché sur sa mitrailleuse son sang ruisselant le long du canon. A travers le trou béant du fuselage, je pouvais voir des membres d'équipage tentant de sauver un camarade dont la jambe avait été emportée. Alors, je me dis, 'comment pourrais-je faire feu' ? - Ce serait comme tirer sur un homme en parachute...' 

Quand j'étais en mission en Afrique du Nord, mon commandant disait: 'tu es un pilote de chasse. Si j'entends un jour que tu as tué quelqu'un en parachute, je te tuerai à mon tour...'"

Ensuite STIEGLER vola aile contre aile avec la passoire volante, suffisamment proche pour que les deux ennemis se voient distinctement. Puis il escorta la forteresse jusqu'au dessus de la mer du Nord. Et, à la grande surprise de BROWN, il le salua avant de dégager, lui laissant la possibilité de regagner un terrain Anglais.

Sur les 10 membres d'équipage, 4 furent blessés et 1 tué. BROWN avait une balle dans l'épaule droite, mais il fallut attendre 40 ans avant qu'il ne le sache. STIEGLER eu la chance de faire partie des 1200 pilotes de chasse allemands sur 30000 à avoir survécu à la Guerre. Pendant le conflit, il valida 28 victoires. Originaire de Regensburg (Bavière), il habite maintenant au Canada.

Des années plus tard, lorsqu'on demanda à BROWN si il lui était arrivé quelque chose d'intéressant durant la guerre, il répondit: "Une fois, un pilote de la Luftwaffe m'a salué."

Avec l'aide d'Adolf Galland et de l'association des pilotes de chasse Allemands, BROWN réussi à retrouver STIEGLER des années plus tard. Avant ce fameux 20 Décembre, Franz avait déjà descendu deux B-17. Pour le troisième, il aurait obtenu la "Ritterkreuz des Eisernen Kreuzes", médaille des pilotes de chasse allemands. Si on avait découvert qu'il avait laissé filer le B-17, il aurait été traduit en cour martiale et exécuté.

Une bien belle histoire,

[...]

Charles L. BROWN a écrit ses mémoires: "The 13 Minute Gap".

[...]

Source (article complet avec illustrations) : Aérodrome gruyère

Eh bien moi, je ne la trouve pas belle du tout cette histoire. Primo, j'ai des doutes sur sa véracité, après coup il est toujours facile de bidouiller son histoire seul ou à plusieurs pour épater la galerie et émouvoir à bon compte. Secundo, le pilote allemand est un traître, épargner un bombardier alors que fin 43 les Alliés avaient déjà commencé leurs épouvantables destructions sur le Reich, écrasant sans distinction les infrastructures, les civils et les militaires sous un déluge de bombes, c'est difficile à admettre. Je veux bien croire que les dégâts du B-17 l'aient surpris et qu'il n'ait pas eu le coeur de l'achever mais dans ce cas il eut été logique de l'obliger à atterrir en territoire occupé, ce qui n'aurait pas été très compliqué vu son état, et non pas le reconduire chez lui pour que son équipage remonte dans un appareil en bon état et vienne à nouveau semer la mort et la désolation. Tertio, est-ce que vous arrivez à imaginer l'inverse se déroulant pendant la Bataille d'Angleterre ?

Commentaires

on ne peut pas parler de traitre pour quelqu'un qui a risqué sa vie presque tous les jours pendant plusieurs années.
Ceci étant , les Bf 109 étaient équipés de ciné-mitrailleuses et j'imagine qu'avant de valider une victoire le film était visionné.
J'ai également du mal à croire qu'un B17 sur un moteur, volant à 70 mètres et souffrant de graves problèmes d’aérodynamisme ( le nez explosé, bonjour la trainée) puisse traverser une partie de la mer du Nord ou la Manche.
Ça rappelle un peu la belle histoire de la petite fille traversant l'Europe avec des loups ;-)

Écrit par : Paul-Emic | 07/02/2013

Oui, j'ai peut-être exagéré pour le traître, mais si l'anecdote était avérée il serait au moins coupable d'une traîtrise pour ce cas. Mais comme toute cette histoire est plus que douteuse...

Écrit par : Pharamond | 08/02/2013

C'est trop facile de juger des choix aussi difficiles.

Si vous avez en face de vous des ennemis en sang et que votre hiérarchie vous ordonne de les abattre vous le feriez sans hésiter ? Sans même vous poser de question ?

Écrit par : Jean-Pierre | 09/02/2013

Un mec qui viendrait pour brûler vif ceux qui me sont chers en se justifiant que mon peuple est fondamentalement mauvais et doit être éradiqué, ouais sans problème, je l'achèverais, même en parachute.

Écrit par : Le blaireau-garou | 09/02/2013

sana aller jusque là, difficile, j'imagine, pour un Allemand d'éprouver quelque compassion pour des gens qui venaient de larguer des bombes au phosphore sur une ville.

Écrit par : Paul-Emic | 10/02/2013

Quelque soit la réaction que l'on aurait eue (ou qu'on croit que l'on aurait eue) je ne pense pas que l'on s'attendrit sur des ennemis qui bombardent des civils. Je maintiens que de les laisser partir est, sinon une traîtrise, au moins une faute difficilement compréhensible, et que l'on pouvait sans trop de difficulté l'obliger à se poser.

Écrit par : pharamond | 10/02/2013

Je la trouve plutôt bien, cette histoire. Après tout, c'était la norme entre combattants d'Occident, un reste de chevalerie au XXème siècle. Pour le coup, c'est une réaction spontanée et l'honneur qui parle. Si on se met à se comporter comme des sauvages sous prétexte que le camp d'en face fait pareil…

Écrit par : tyrsson | 12/02/2013

Au début de la guerre, je veux bien ; mais en 43...

Écrit par : Pharamond | 12/02/2013

Certes… Mais il faut savoir garder son honneur, après tout. C'est comme si on se mettait, à notre époque, à se comporter comme le premier Vladimir venu…

Écrit par : Tyrsson | 13/02/2013

garder son honneur c'est d'abord défendre son pays quand on est sous les drapeaux non ?
Le Baron rouge, le fameux Manfred Von Richtoffen, souvent présenté comme l'archétype du chevalier du ciel, n'engageait que des combats qu'il était quasiment certain de gagner : avions isolés ou surclassés en nombre ou en qualité, avions de reconnaissance, etc, non pas par lâcheté ou pour se faire une réputation à bon compte, mais parce que son boulot de chasseur c'était de faire le ménage. Il en a abattu 80 avant de se faire descendre.

Écrit par : Paul-Emic | 13/02/2013

Il a croisé le triplan avec un certains nombre d'as alliés et donc des combats qu'il n'était pas certain de gagner… D'ailleurs, quel combat est réellement sûr du point de vue de la victoire? Quant au reste, je vous servirais cette maxime : «L'important n'est pas de gagner, c'est de ne pas perdre». L'histoire fourmille de combats qui n'ont pas été des victoires mais se sont déroulés avec honneur, voire panache, et qui, paradoxalement en sont devenus des victoires. Au débotté, je citerais les Thermopyles et la fascination qu'ont souvent les fan-mili de tout bord pour l'armée allemande, pourtant perdante…

Écrit par : Tyrsson | 13/02/2013

Tyrsson > je suis d’accord pour ne pas verser dans l'abomination mais : primo, dans l'histoire présente, il suffisait de faire poser l'appareil en territoire occupé, cela faisait une victoire en plus pour l'Allemand et l'équipage prisonnier ne pouvait plus revenir bombarder le Reich ; secundo, si on est attaqué dans le déshonneur, je crains qu'il ne faille lutter dans le même registre, car seule la victoire compte et malheur aux vaincus, il n'y a cas voir ce qu'on met sur le dos des perdants de la Seconde guerre à longueur de temps et peu importe la vraie manière dont ils se sont battus.

Écrit par : Pharamond | 13/02/2013

Von Richtoffen avait la réputation auprès des aviateurs anglais peut-être plus imprégnés d'une vison surannée des combats aériens, de refuser les duels. Mais c'est lui qui avait raison de mon point de vue.
Je respecte votre vison chevaleresque de la guerre, mais pour ma part j'appliquerais une autre maxime de mon cru :
"la guerre est une chose sale qu'il faut faire salement." quitte à se faire plaisir de temps en temps avec un "beau geste" dès lors que l'essentiel n'est pas en cause.
Il suffit de lire les témoignages honnêtes des guerres depuis un siècle pour se convaincre de la justesse de ma maxime.
Et puis l'important c'est bien de gagner. On voit où nous mène le poulidorisme, le culte du second, voire du troisième.

Écrit par : Paul-Emic | 13/02/2013

Je suis bien d'accord sur votre maxime. De toute manière, c'est effectivement le point de vue «utilitariste» qui a gagné donc, effectivement, seul la victoire importe. Le panache est mort, il reste la mécanique. Et pour Richtoffen, il n'y a pas de honte à refuser un combat si on le sait perdu d'avance ou qu'on ne se sent pas d'aller au bout de ses moyens.
--> Cher Pharamond, d'accord avec vous, c'est juste savoir ce que l'on souhaite finalement…

Et pour conclure, je préfère rester un indécrottable romantique!

Écrit par : Tyrsson | 14/02/2013

Tyrsson > je crois bien que sans romantisme il n'y a plus rien de grand.

Écrit par : Pharamond | 14/02/2013

Triste époque j'en conviens, ce qui est symptomatique du manque de romantisme et de chevalerie, c'est cette nécessité d'enjoliver les actes parfois triviaux voire détestables.
Ceci étant dit si on décortique les textes anciens, on voit que la réalité n'avait souvent rien à envier à celle d'aujourd'hui.
En fait c'est de tout temps qu'on a magnifié l'horreur.
A Azincourt, par exemple, la chevalerie française piétinait son "infanterie" pour aller se faire écharper par les archers anglais. Puis quand les Anglais ont cru que le sort de la bataille allait tourner, ils ont égorgé les chevaliers prisonniers pour éviter d'être pris à revers.
Pourtant Azincourt est cité comme un haut fait de guerre .

Écrit par : Paul-Emic | 14/02/2013

Si on veut parler de petits oiseaux et de fleurs il est vrai que Azincourt n'est pas forcément approprié mais si on veut parler de courage et de tactique Azincourt est un haut fait de guerre, il suffit juste de savoir de quoi on parle. la cruauté est inhérente à la guerre, l'admissible c'est quand elle est justifiée et en miroir de celle de l'adversaire.

Écrit par : Pharamond | 15/02/2013

un haut fait de guerre réaliste et une tactique adaptée pour les Anglais qui avaient une petite longueur d'avance sur nous . Pour nous ce fut une lamentable boucherie qui a étêté la noblesse française, donc la puissance militaire pour une génération, tout cela au nom de principes surannés.
Eh voui, les faits sont durs pour le rêve.

Écrit par : Paul-Emic | 15/02/2013

Je crois aussi.

Écrit par : Pharamond | 17/02/2013

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