17/08/2012
Plus que quelques siècles à tenir...
Notre époque a bien des points communs avec celle de la fin de l'Empire romain : invasions massives, hédonisme compulsif, crise économique, insécurité, mouvements sociaux, émeutes, incurie des dirigeants coupés de peuple, désintérêt pour la chose publique et militaire, instrumentalisation des exogènes etc. On pourra toujours rétorquer que cela a tout de même fini par donner naissance à une société originale et brillante, celle de l'Europe médiévale.
Peut-être bien, mais il a fallu d'abord en passer par les quelques siècles de recul civilisationnel du Haut Moyen Âge suite à l'effondrement de la puissance romaine, période appelée très justement par les Anglo-Saxons : Dark Ages. Ainsi, pour le citoyen lambda qui subissait le passage des hordes ostrogothes ou hunniques et la misère du temps le présent devait être suffisamment accaparant et angoissant pour que le futur de l'humanité ou la redistribution des rôles dans la géopolitique européenne soient des notions plus que floues.
Différence notable : les "nouveaux arrivants" de l'époque admiraient malgré tout les réalisations de la civilisation qu'ils envahissaient alors qu'actuellement c'est très loin d'être le cas. Enfin, la religion chrétienne a permis la sauvegarde d'une partie de l'héritage gréco-romain à l'ombre des murs monastiques et avait suffisamment de puissance pour faire se convertir les maîtres du moment permettant ainsi une certaine assimilation. Aujourd'hui, les élites dilapident jour après jours notre patrimoine identitaire et les "nouveaux européens" qui n'ont que mépris et esprit de revanche envers notre société importent leur propre religion autrement plus dynamique et prosélyte que la nôtre.
08:46 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
sûr qu'on ne verra pas la fin de la transition.
Écrit par : Paul-Emic | 18/08/2012
Je me serais bien passé d'en voir le début.
Écrit par : pharamond | 18/08/2012
Ce tableau de l'antiquité tardive souffre de quelques représentations à la vie dure : non, le bas-empire ne connut pas un "hédonisme compulsif". Ce serait plutôt le contraire. Comme l'a montré Paul Veyne, le "citoyen lambda" du temps était même bien plus père de famille et pot-au-feu que ses aïeux néroniens. On ne voit pas non plus que les dirigeants (lesquels ? les élites civiques locales ? l'administration impériales ? le clergé chrétien ?) y fussent plus "coupés du peuple" que celles des siècles précédents.
Mais la spéculation sur les "Romains de la décadence" reste un thème favori d'une certaine réaction, notamment chez la gent catho-tradi, depuis Thomas Couture, Fabiola et Quo vadis. Curieuse dilection d'ailleurs, qui doit plus à Gibbon qu'à l'apologétique, fustigeant une civilisation qui aurait décliné en devenant chrétienne.
Écrit par : Nathanaël | 25/08/2012
Il n'y a pas non plus que la fatalité dans la chute des empires.
Certains disent que la religion chrétienne est une des causes de la chute, d'autres que ça n'en n'est qu'une conséquence. Ce qu'on sait sans trop de risque de se tromper, c'est que le sens civique s'est étiolé, que le citoyen romain était de moins en moins citoyen parce que de moins en moins libre, donc ayant de moins en moins l'envie de se battre pour la sauvegarde de sa condition. Après tout s'enchaine.
Écrit par : Paul-Emic | 25/08/2012
Nathanaël > Il est vrai que ma liste est un raccourci et comme tel sujette à controverse. Je ne parle pas de décadence pour Rome mais de la fin de l'Empire et si on trouvait des édiles, des généraux ou des ecclésiastiques honnêtes et dévoués beaucoup d'autres et surtout dans les plus hautes sphères de l'état ne pensaient qu'au pouvoir et à ses avantages. La notion de bien commun et de semblant de république était de l'histoire ancienne, les derniers empereurs tenaient plus du despote orientale que du princeps du siècle d'or. Quant au citoyen il était tellement pot au feu qu'il ne prenait plus les armes pour défendre sa patrie.
Écrit par : pharamond | 25/08/2012
Pensez-vous que la république romaine du Ier siècle av. J.-C. était un modèle de dévouement au "bien commun", quand les Sylla, Pompée, César etc... se tapaient dessus de batailles rangées en proscriptions et assassinats ? Qu'un Caligula ou un Commode valaient mieux qu'un Gratien ou un Théodose ?
Comme vous l'avez justement relevé plus haut, les Barbares eux-mêmes n'envisageaient pas de vivre en dehors de l'Empire. Le titre de "rex" leur étaient d'ailleurs donné par Rome. On se rappelle que Clovis reçut la chlamyde de l'empereur Anastase. C'est donc qu'à leurs yeux il ne s'agissait pas d'une réalité décadente.
Quand j'entends parler de "décadence romaine", je sors mon Henri-Irénée-Marrou.
Écrit par : Nathanaël | 27/08/2012
Quand la République a sombré dans les guerres civiles le système était à bout de souffle pour un territoire aussi grand ce qui convenait à une nation établie sur un territoire réduit ne convenait plus à un empire. La notion de bien commun n'évite pas les querelles d'individus.
Quand je parle de fin d'Empire je parle globalement du dernier siècle.
Encore une fois, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dis et je n'ai jamais parlé de décadence.
Écrit par : Pharamond | 27/08/2012
Vous n'avez pas parlé de décadence. Soit. Pax sit vobiscum.
Erratum: "le titre de rex leur était...". J'enrage.
Écrit par : Nathanaël | 29/08/2012
N'enragez pas, Nathanaël, la phrase restait compréhensible.
Écrit par : Pharamond | 29/08/2012
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