La Grande Mièvrerie

On peu éprouver du plaisir en lisant un livre d'Albert Jacquard ou de BHL, c'est joliment écrit, habilement consensuel et parfois pertinent. Mais le livre refermé que reste-il ? Rien, le fond est toujours le même : il suffirait d'être moins égoïste et plus solidaire, moins ethnocentrique et plus ouvert aux autres cultures, et toutes les autres vielles lunes soixante-huitardes remises au goût du jour. Presque convaincants dans la critique négative ils ne proposent que des utopies pour changer les choses ; on détruit allégrement ce qui existe et on battit des chimères. On devrait s'inspirer de telle tribu amérindienne qui se contente de peu et vit heureuse avant que notre épouvantable société mercantile ne la pervertisse. La bonne blague ! Ils oublient d'aller leur demander à leurs braves indigènes s'ils ne troqueraient pas leur pagne contre un jean ou leur feu de case contre une télévision. Je ne dis pas que les changements de moeurs de ces peuples soient une bonne chose je dis qu'elles sont irréversibles. Et nos pourfendeurs tous azimuts renoncent-ils, eux-mêmes, à prendre l'avion ? à occuper les plateaux de télé entre deux pubs ? à utiliser l'électricité ou leur voiture ? Bien sûr que non ; faites ce que je dis et pas ce que je fais. À moins qu'ils ne se sacrifient pour avoir les moyens d'être entendus pour le bien de l'humanité. Hérauts auto proclamés d'âges nouveaux qui ne verront jamais le jour, ils vivent comme ceux qu'ils honnissent et sont pires qu'eux parce qu'ils nous font la morale, nous culpabilisent et préparent le terrain de nos maux futurs.