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15/12/2011

Non événement

 

Ainsi donc Jacques Chirac a été jugé coupable "de détournements de fonds publics", "d'abus de confiance" et "de prise illégale d'intérêts", ce qui n'est pas rien pour celui qui a tenu les rênes de la France pendant 12 années. La justice serait-elle devenue indépendante ? La société arrêtait-elle sa lente décomposition ? La corruption et les passe-droits reflueraient-ils ? Je ne crois pas. Cette condamnation est bien sûr une première, mais elle n'est peut-être qu'un simple gage de bonne conduite de la magistrature, trop souvent accusée de pratiquer une justice pour les petits et une autre pour les puissants, donné au peuple pour le satisfaire, ou elle a été décidée pour une toute autre raison qui nous échappe. Mais d'ailleurs, c'est une condamnation à quoi ? À deux ans avec sursis, c'est à dire à rien pour un homme presque octogénaire vivant de ses rentes, il ne connaîtra pas les douces geôles républicaines où l'on hésite pas à jeter jeunes ou vieux pour délit d'opinion, racisme supposé ou acte d'auto-défense. Peut-être cette peine est-elle horriblement infamante pour l'ancien chef de l'État ? Faudrait-il encore que Chirac ait un honneur pour qu'il puisse en souffrir et les Français ont maintes fois montré qu'ils avaient la mémoire courte et qu'ils pardonnaient facilement aux hommes politiques leurs incartades diverses mêmes faites au détriment de leur porte-monnaie.

Commentaires

Cet article est excellent. Merci!

Enfin jugé et condamné, ce n'est pas trop tôt!
Je n'y croyais plus.
La peine est très douce, il ne connaîtra pas la prison.
Il a bien profité du système, lui et sa femme, alors qu'il se taise mainteant et ne parle pas de son "honneur".
L'honneur, c'est comme les allumettes, ça ne sert qu'une fois.

Écrit par : Gaëlle Mann | 16/12/2011

une petite remarque sur ceux qui s'offusquent que le jugement intervienne si tard - sous entendu "la justice a tant traîné qu'elle n'aurait plus le droit de sévir".
Il faut rappeler que c'est Jacques Chirac lui-même qui a organisé sa non justiciabilité.
2 ans avec sursis c'est de la roupie de sansonnet quand on voit que pour pensée incorrecte, c'est à dire pour délit politique, on peut prendre plusieurs années fermes et être ruiné.
Enfin ! Chirac est l'homme des premières : premier maire élu de Paris, premier Premier ministre à devenir Président, premier Président à avoir organisé sa propre impéritie en dissolvant l'assemblée hors de propos, premier Président à être demeuré au pouvoir en état d'incapacité mentale avérée, premier Président à être condamné au pénal.
L'homme qu'il ne nous aurait vraiment pas fallu ces 30 dernières années. Les 30 infamantes.

Écrit par : Paul-Emic | 17/12/2011

@ Paul-Emic, rien à ajouter, je suis entièrement de votre avis sur tous les points.

Écrit par : Gaëlle Mann | 17/12/2011

a posteriori je vois que peut-être vous auriez pu croire que ma première phrase vous visait, Gaëlle.
Il n'en est rien, je pensais aux donneurs de leçons qui sévissent sur les médias officiels tenant des propos dont on nous a rebattu les oreilles ces derniers jours.

Écrit par : Paul-Emic | 18/12/2011

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