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23/09/2007

Déboulonnage (2)

 

 

Histoire d'un boucher : la face cachée du Che

 

Toujours idôlatré par une jeunesse prétendument rebelle (et par les commerçants qui distribuent chaque année tee-shirts et posters à son effigie par millions) la véritable personnalité du Che reste mal connue du grand public. C'est bien dommage. Personne n'aurait idée d'exhiber un tee shirt de Himmler, de Pol Pot ou d'un autre bourreau sanguinaire. Ou alors pour aller à un concert de black metal ou tenir le service d'ordre du FN. Pourtant, dans toutes les grandes capitales des pays libres, de jeunes touristes se balladent en Che sans aucune honte. le plus sérieusement du monde.

 

Il faut dire qu'une certaine intelligentsia parisienne de notre pays voue presque un culte au Cuba rouge. Danielle Mitterrand, Jack Lang, les ex-patrons d'Attac et l'actuelle direction du Monde Diplomatique n'ont jamais caché leurs sympathies pour Castro et le communisme cubain. Philippe Séguin a déroulé le tapis rouge pour accueillir Castro au sein de nos institutions démocratiques dans un faste digne des plus grands hommes d'Etat. Difficile ensuite d'affirmer que ce régime est sanguinaire, que Castro a du sang sur les mains et que le Che était le pire de tous. Lorsque les manifestations se tiennent devant l'ambassade de Cuba à Paris et que des brutes du régime viennent tabasser les manifestants pacifiques devant des CRS immobiles, pas un homme politique ne dénonce ces exactions commises sur notre territoire.

 

Le livre signé Jacobo Machover, "La Face cachée du Che", va bientôt livrer un portrait bien documenté de cet assassin tortionnaire. Il sera ensuite difficile aux adorateurs du Che de continuer à jouer les vierges effarouchées en se parant d'un lâche "je ne savais pas". Je pourrai enfin demander des explications aux salauds qui continueront à porter de telles effigies sur leurs vêtements (exception faite des piliers de rugby que je respecte trop pour de telles tracasseries). Voici une courte présentation, dans les Echos du week-end, de cet ouvrage que je vous invite à acheter rapidement :

 

Régis Debray, qui fréquenta les rangs de la guérilla bolivienne, rencontra le Che, théorisa sur son combat, et qui est revenu de tout cela, a sans doute fait le point, une fois pour toutes. « A Cuba, au sein de la direction, il ne penchait pas du côté des indulgents - et dans les dilemmes brutaux de la «justice révolutionnaire» (exécution ou pas, arrestation des suspects ou pas), tranchait plus du côté de Robespierre que de Danton

[...]

Le Che aime avant toute chose l'odeur de la poudre et du sang. « La guerre... La guerre... Nous sommes toujours contre la guerre, mais quand nous l'avons faite, nous ne pouvons vivre sans elle. A tout instant, nous voulons y retourner », disait-il.

[...]

Tous les ennemis de la révolution cubaine - homosexuels, catholiques, adeptes de la « santeria » (le vaudou cubain), fans des Beatles - sont invités - ils n'ont pas le choix - à faire un passage par les Unités militaires d'aide à la production. Le Che inaugure, rayonnant, les premières Umap, abréviation du goulag tropical.

 

Si le sujet vous passionne et que vous êtes à Paris à la fin du mois, allez à la Maison de l'Amérique Latine jeudi 27 septembre, à 18h30, pour une présentation du livre par son auteur, exilé cubain qui vit en France depuis 1963. Historien-journaliste et maître de conférence à l'université d'Avignon, il a aussi écrit pour Libération. Voici un chat assez court avec les lecteurs de Libé que je vous recommande et dont je me permets de citer un passage :

 

Bjorn: quels sont les avantages et les désavantages des 47 ans de règne de Castro selon vous ?
Les avantages, on peut les compter sur les doigts d'une main. Même les “conquêtes” où les "acquis" des premiers temps de la révolution, se sont estompés par la suite ou ont dégénéré. C'est le cas de la santé par exemple. L'éducation s'apparente à mon avis davantage à un endoctrinement politique plutôt qu'à une élévation du niveau culturel de la population. Du côté des désavantages, pour ne pas dire des crimes ou des atteintes aux libertés, il y a des milliers de fusillés, des milliers de prisonniers politiques qui ont passé 20 ou 30 ans en prison, et des centaines de milliers d'exilés, une économie en banqueroute, et des aventures militaires sur tous les continents. Ce n'est là qu'une petite partie du bilan du castrisme qui est malheureusement fort méconnu.

 

 

  • Et la quatrième de couverture de l'ouvrage :

 

 

Innombrables sont les intellectuels qui ont chanté le Che, sans avoir lu une seule ligne de ses écrits. Il semble déverser leurs propres fantasmes sur un personnage réduit à deux photos, celle d'un homme coiffé du béret à l'étoile solitaire, regardant au loin vers un avenir qu'il imaginait sans doute radieux, et celle d'un cadavre torse nu, ressemblant vaguement au Christ gisant du tableau du peintre italien du quattrocento, Andrea Mantegna. Ces images de Che Guevara visent, avant tout, à occulter ses paroles. Jacobo Machover a choisi pour sa part de s'immiscer dans les aspects les plus secrets de sa vie, dans ses pensées les plus profondes, à travers l'analyse de ses textes et des témoignages de certains de ses proches. Il tente de percer à jour ses contradictions. Il montre ainsi le révolutionnaire à la fois dans sa dimension utopique et dans son insensibilité et sa cruauté quotidiennes. Tour à tour rebelle, bourreau et victime. Jamais univoque, ce livre démonte l'immense malentendu qui s'est greffé autour du mythe du Che. Et l'on découvre, derrière le libertaire romantique, un stalinien fanatique, simple pièce dans l'échiquier de Fidel Castro.

 

Machover est né à La Havane en 1954. Exilé en France depuis 1963, écrivain, journaliste, traducteur, maître de conférences à l'université d'Avignon, il enseigne également à l'université de Paris-XII et à l'École supérieure de gestion. Il agit en faveur du rétablissement de la liberté et de la démocratie à Cuba.

Commentaires

Che Guevara est une figure pour ces jeunes en manque de repère, rebelle à la mondialisation, en quête de leur indentité certainement. Je m'y suis intéressé plus jeune, mais j'ai pas porté de tee-shirt : )
Ayant des restes de cours d'histoires et de livres de chevet de ma jeunesse, Le Che n'y était pas présenté comme un Saint.
Un révolutionnaire ayant renversé le dictateur Batista, sous la gouverne de Castro. Il aimait les armes, et s'en servait sans aucune réserve.
Ce qui a contribué à sa popularité est je pense son assassinat.
Je me rapelle aussi de quelques anecdotes à son sujet dont une sans aucun intérêt. Son médecin lui avait dit d'arreter de fumer ou de se restreindre à une cigarette par jour. Che Guevara avait répondut ok une par jour. Il s'était fait fabriquer des énormes cigares qui en les fumant duraient toute une journée. Comme on dit vulgairement "un barreau de chaise".

Écrit par : Poudre | 24/09/2007

"Che Guevara est une figure pour ces jeunes en manque de repère, rebelle à la mondialisation, en quête de leur indentité certainement." Oui, mais avec la bénédictions des intellectuels, des politiques, et des médias et pas seulement pour les jeunes.
"j'ai pas porté de tee-shirt" Parce que la mode est relativement récente... non, je plaisante.
"Le Che n'y était pas présenté comme un Saint." Non, certes, mais pas sous son vrai jour non plus.
"Ce qui a contribué à sa popularité est je pense son assassinat." Sans aucun doute.
"Je me rapelle aussi de quelques anecdotes à son sujet dont une sans aucun intérêt." Pas du tout, cela prouve que c'était un vrai rebelle... même à la médecine :-)

Écrit par : Pharamond | 24/09/2007

Pour toute une jeunesse en manque d'aventure révolutionnaire, pas très éclairée sur ce qui se passait en coulisses et ne cherchant pas vraiment à l'être, l'image pop de Guevara incarnait, jusqu'à l'aveuglement, l'idéal du héros romantique, l'exact opposé des lourds staliniens Brejnev et Kossyguine. Certains voyaient déjà s'ouvrir, avec lui, grandes les portes de la révolution mondiale. Heureusement sa fin, assez minable au fond, d'aventurier à la sauce latino écrasa dans l'oeuf ce rêve criminel.

Écrit par : Novalis | 24/09/2007

Ah bon, Che Guevara n'est pas une marque de vêtements, ni un chanteur à la mode ?!!!

Écrit par : Ezrah | 24/09/2007

Juste une dernière remarque sur le cas d'Ernesto (pas très romantique comme prénom !) :
tous les groupuscules gauchistes (O.C.I., F.A., Ligue communiste, L.O., maos, C.N.T., ...) savaient à différents degrés de leur appareil, sans parler du P.C."F". que l'icône d'une certaine jeunesse n'était qu'un aventurier sanguinaire. Mais dans cette engeance on n'est pas à quelques pintes de sang près !

Écrit par : Novalis | 24/09/2007

Novalis : Tout à fait d'accord avec toi.
Et les pintes de sang sur le drapeau rouge ça ne se voit pas trop.

Ezrah : Non, je t'assure il y avait un homme comme toi et moi à l'origine. Enfin quand je comme toi et moi c'est pas vraiment exact.

Écrit par : Pharamond | 24/09/2007

Les grands esprits se rencontrent... J'ai moi-même commis une petite note sur ce boucher rouge.

Écrit par : CCRIDER | 26/09/2007

;-)

Écrit par : Pharamond | 26/09/2007

Les commentaires sont fermés.