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19/07/2007

De blog à blog (2)

Lu sur le blog Et pourquoi donc ? :

 

La haine entre flics et citoyen

 

Après un vol à l’arraché, trois policiers nantais recherchent l’auteur, que la victime décrit avec le bras en écharpe. Ils interpellent un suspect dont ils constatent aussitôt que c’est un ivrogne qui porte simplement son manteau sur le bras et le libèrent.

L’ivrogne s’en va dans la nuit, longe un canal, bascule dedans et meurt d’hydrocution. Sans délai, les policiers sont mis en examen sur le soupçon d’avoir assassiné l’ivrogne maghrébin. Le procureur de la République de Nantes, Stephane Autin, proclame aussitôt que l’un des policiers a déjà été signalé pour des propos racistes, ce qui est faux, on le découvrira plus tard. Finalement l’inculpation se résume à l’imputation de "délaissement en un lieu quelconque d’une personne incapable de se protéger en raison de son état physique", et pour faire bonne mesure le parquet ajoute une accusation pour "faux témoignage" au motif que les fonctionnaires ne sont pas d’accord à quelques dizaines de mètres près avec les témoins sur l’endroit où ils ont déposé l’ivrogne.

A Corbeil-Essonnes, les policiers sont appelés pour prendre en charge un autre ivrogne que pompiers et Samu ont refusé d’assister. L’homme, emmené au poste, est ensuite libéré. Lui aussi va disparaître après qu’un témoin l’ait vu se jeter dans la Seine, nu, en poussant des cris d’ivrogne. La famille porte plainte avec constitution de partie civile. L’Inspection Générale de la Police Nationale est saisie et le Parquet se prépare à mettre les policiers en examen.

Cinq policiers du 93 poursuivent des jeunes voleurs qui se réfugient dans leur planque habituelle, un transformateur d’électricité dûment signalé comme dangereux. Les policiers ne procèdent à aucune interpellation par crainte d’une bavure. Deux jeunes s’électrocutent. Les policiers sont mis en examen du chef de "non-assistance à personne en danger".

Porte de Saint-Cloud, un policier hors service, en civil, tire avec une arme qu’il n’avait pas le droit de porter sur un groupe de supporters qu’il accuse ensuite d’avoir proféré des propos racistes. il en blesse un grièvement, en tue un autre. Il prétend faussement avoir été agressé par la foule (invisible sur les photos de l’incident).

Un lourd dossier judiciaire instruit à l’encontre du policier tueur (ayant volé et abusivement utilisé la carte de crédit de son beau-père il est convoqué devant le tribunal correctionnel en juin prochain pour escroquerie, faux, usage de faux) et qui aurait suffi à justifier sa mise à pied ou au moins sa suspension dans l’attente du jugement est étouffé.

Ce ripoux qui ne devrait même pas être gardien de la paix (il porte des verres correcteurs) est cependant salué en héros par la presse et la classe politique et ses victimes sont clouées au pilori au motif qu’on les aurait entendu crier «Le Pen Président ! » (ce qui se révélera faux dans la suite de l’enquête).

A Paris, un gang de flics agresse des SDF venus avaler une soupe gratuite offerte par l’association SDF. Les marmites sont renversées à coups de botte, la nourriture est détruite. Les cognes malmènent les clochards. L’organisateur de la distribution est frappé, menacé de devoir fermer son magasin (!). On le harcèle en occupant systématiquement et bruyamment le dit magasin, on l’emmène sous n’importe quel prétexte, menottes au poignet, passer quelques heures au poste. On envoie même une escouade de brutes en uniforme faire le siège d’un restaurant où il dîne et dont l’accès est interdit aux autres clients. Tout cela sur ordre du Préfet de police de Paris Mutz, qui a décidé que la présence de viande de porc dans les plats servis aux SDF est une incitation à la haine raciale.

Voilà cinq histoires qui éclairent puissamment l’idée que le pouvoir se fait des policiers, à la fois exécuteurs des basses oeuvres et boucs émissaires.

Il n’y a là aucun paradoxe. Au contraire, c’est la mise en oeuvre de la bonne vieille stratégie de la mâchoire : rendre les policiers infréquentables pour éviter toute "fraternisation" avec la population et les fragiliser au maximum pour prévenir toute velléité de pronunciamiento. Il est évident que l’automobiliste traqué à longueur de journée par des "gueules de vaches" qui le traitent en criminel potentiel ne va avoir aucune sympathie pour le policier lambda.

De même, le flic de base, harcelé par ses chefs pour "faire du chiffre". Sanctionné au moindre incident, soupçonné de racisme, d’antisémitisme, de corruption, livré aux boeufscarottes, dénoncé à la Justice pour la moindre bavurette, le policier va développer une manie de la persécution qui ne trouvera à s’exprimer que face à un citoyen mis dans l’impossibilité de répondre. On arrive ainsi, par manipulation sociologique et psychologique à un résultat que n’importe quel crétin des Alpes trouverait dément : les chiens de berger sont plus redoutés par le troupeau que les loups dont ils sont pourtant supposés le protéger et détestent plus les moutons qu’ils protègent que les loups qu’ils combattent.

Cette schizophrénie, entretenue par les médias, le pouvoir politique, la hiérarchie, crée un sentiment permanent d’insécurité dans une population qui finit par se demander, côté citoyen, si le plus dangereux est le flic ou le voyou et, côté policier, si l’ennemi le plus redoutable est le voyou ou le citoyen.

Sur quoi la Justice intervient et, comme dans l’affaire Clearstream où la racaille politicienne rivalise de chiennerie et de crapulerie, inculpe un seul et unique suspect : le journaliste qui a levé ce lièvre faisandé.

Après quoi, on voudrait que les Français aiment leur police et aient confiance dans la Justice de leur pays.

Commentaires

J'avais lu chez "Pourquoi donc" .. que dire ? les tentions montent .. et ce n'est pas fini ..

Écrit par : cile | 20/07/2007

Malheureusement.

Écrit par : Pharamond | 20/07/2007

Puissante analyse.

Écrit par : Thierry Manrique | 21/07/2007

Je trouve aussi.

Écrit par : Pharamond | 23/07/2007

Les commentaires sont fermés.