19/08/2006
L’empreinte du Diable
Pour un esprit occidental le mal absolu existe et c’est le régime hitlérien. Partant de ce postulat ( je ne veux en rien minimiser les actions des nazis mais je ne crois pas que l’absolu existe) toute action condamnable se lit à travers une grille de lecture qui la classe non en raison de sa gravité objective mais selon un rapprochement (souvent arbitraire) qui pourra être établi avec le nazisme, en bref on y recherche l’empreinte du Diable.
Il est de ce fait plus grave de punaiser un drapeau du IIIme Reich au-dessus de son lit que d’agresser une personne pour la voler. Ainsi les communistes par leur lutte contre les fascistes auront obtenu un sauf-conduit pour traverser les décennies et trouver toujours, sinon des défenseurs, au moins de l’indulgence. Les millions de morts des régimes soviétique, chinois et de leurs imitateurs ne provoqueront jamais l’émotion suscitée par la simple vue d’une croix gammée.
De la sorte porter un tee-shirt "CCCP" est actuellement fashion et gentiment provocateur alors que les fabricants de maquettes n'osent plus fournir de décalcomanies de svastika avec les modèles d'avions allemands de la Seconde guerre mondiale. De même, personne ne trouve à redire des liens qui lient la France à la Chine ou de l’étrange amitié de Danielle Mitterrand et de Fidel Castro mais l’arrivée démocratique de Jorg Haider au gouvernement autrichien a provoqué bien du tumulte dans l’Hexagone même si on peut noter que depuis on dénombre plus d’actes antisémites dans la patrie des Droits de l’Homme que dans le pays natal d’Adolf Hitler.
Comme il est répété qu’Hitler était de droite, toute velléité de réforme de la droite actuelle sera analysée pour y trouver des indices aussi ténus soient-ils qui pourraient établir un cheminement qui conduirait jusqu’aux « heures les plus sombres de notre histoire ». Dans l’autre sens les actions de la gauche même si elles débouchent sur des situations sociales et humaines dramatiques seront absoutes car par essence réalisées au nom du progrès et du bien de l’humanité.
Il est remarquable que la condamnation des nazis se soit étendu à tous les régimes autoritaires de droites quelque soit la période et englobé sous le terme commode de fascisme, et que celle du communisme et de ses différentes mis en œuvres pratiques se soit au contraire réduite au régime stalinien.
Le problème est que le mal est protéiforme et que se focaliser sur une de ses incarnations nous rends vulnérables aux autres.
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Le tour de France des monuments (choix absolument arbitraire) : France
13:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
03/08/2006
Pause

Walter Lazzaro
Invitation to solitude
18:40 | Lien permanent | Commentaires (7)
Parenthèse
Pour diverses raisons, et principalement à cause d'une interruption de ma connexion Internet (dont je suis en partie, bien qu'involontairement, responsable), je ne pourrai pas enregistrer de nouvelles notes avant fin août. Utiliser un cybercafé comme je suis en train de le faire ayant ses limites.
En attendant, je vous souhaite de bonnes vacances et à bientôt.
18:35 | Lien permanent | Commentaires (8)
La malédiction
J'ai eu droit pendant des mois à un voisin qui mixait de la musique techno ; quand je l'ai vu déménager, j'ai cru que mes supplices auditifs touchaient à leur fin. Or, j'ai constaté peu de temps après qu'une nouvelle locataire qui a emménagé dans un appartement proche du mien reçoit régulièrement une autre personne pour s'adonner avec elle à des exercices vocaux et répétitions diverses. D'après la teneur des paroles, elle doit appartenir à une chorale religieuse. J'aime beaucoup les chants religieux, mais entendre répéter des dizaines de fois "alléluia" pour trouver le ton juste est tout de même assez irritant, sinon angoissant.
18:30 | Lien permanent | Commentaires (7)
Face au syndrome de l'aboulie
Pourquoi, dans un pays puissant et organisé comme le nôtre, ne peut-on pas se saisir de quelques centaines de casseurs, les juger et les punir ?
Depuis tant d'années, c'est l'impunité qui contribue à la réitération et au développement du vandalisme.
Le côté fascinant de cette situation se trouve dans ce qu'elle révèle chez nos gouvernants : cette aboulie, qui avait été si bien décrite par Démosthène chez les gouvernants grecs du IVe siècle av. J.-C.
L'aboulie est l'incapacité de vouloir. On désire, on parle, on voudrait, on peut aussi... mais on ne veut pas. Le vouloir implique de passer à l'acte.
L'aboulique se trouve incapable d'agir, alors il parle. Beaucoup. Il parle d'autant plus qu'il n'agit pas. Comme si les mots, pour lui, remplaçaient les choses. Il parle avec d'autant plus de force, de hargne, d'ardeur, qu 'il demeure dans son bureau sans prendre de vraies décisions, faible et indolent.
Nous sommes dans un système de type magique où l'incantation remplace la réalité. Il n'est pas de ministre qui ne dise régulièrement « il n'y aura pas de zones de non-droit ». Il n'est pas de ministre qui veuille vraiment les faire disparaître.
Le gouvernant sans courage s'imagine qu'il suffit de parler pour gouverner. Non pas parler d'autorité, ou donner un ordre, ce qui serait pour lui agir, mais parler pour analyser, pour juger, pour promettre, pour s’indigner, pour supplier.
La guérilla urbaine s'étend chaque nuit : pendant ce temps, un aréopage de ministres et de parlementaires se querellent pour savoir si l'on a le droit moral de traiter les fauteurs de troubles de "racaille" ; le président de la République appelle gentiment au calme; les promesses fusent.
En vérité, ces gouvernants ont oublié ce qu'est la politique : une activité, et non une méditation sur le monde. Ainsi se creuse un fossé entre la réalité et le discours.
Nous assistons à un déni de la réalité, porté par la classe politique tout entière, de droite comme de gauche (la gauche parce que ce déni fait partie de sa culture, la droite parce qu'elle a peur de la gauche).
Dans un cas pareil, les choses se passent toujours de la même façon : pendant que le discours officiel occulte vertueusement les faits désagréables et même dramatiques, la réalité, elle, ne se tasse pas pour autant dans les ténèbres d'où elle n'aurait jamais dû sortir : elle poursuit sa course, et comme personne ne lui fait face, elle s'exacerbe et devient de plus en plus dramatique.
Ainsi le fossé s’accroît-il est entre les mots et les choses. Dans ce fossé mijote une explosion future. Un jour ou l'autre survient un événement gravissime qui livre au grand jour l' épaisseur de la réalité et la profondeur des mensonges, et l'Histoire repart sur ses deux pieds.
Jusqu'où supporterons-nous ces affronts à la citoyenneté et à la civilisation, nous qui nous croyons civilisés ? Après tout, nous contemplons depuis des années des films sur les viols collectifs dans les banlieues, l'antisémitisme qui monte, le meurtre de tel père de famille innocent, et rien ne semble entamer notre mauvaise conscience ni notre cécité.
Quel drame faudra-t-il pour que nous prenions enfin la mesure de la réalité ? Je crains le temps proche où cette réalité interdite, refoulée, bannie, viendra s'imposer à nos consciences sonnées, comme la statue du Commandeur.
Chantal Delsol in Valeurs actuelles du 11 novembre 2005
18:25 | Lien permanent | Commentaires (4)
Le tour de France des monuments (choix absolument arbitraire) : France
18:20 | Lien permanent | Commentaires (0)