03/10/2025
Pépiements (433)
Le consommateur par excellence est l'enfant. Il ne produit rien, dépend totalement de ses parents et ne fait que consommer ce qu'on lui donne (nourriture, vêtements, etc.) sans se poser la question de la provenance de l'objet. Le génie de la société capitaliste est de maintenir l'enfant dans ses habitudes de consommation lors de son passage à l'âge adulte. En effet, le parcours initiatique traditionnel vise à faire comprendre à l'enfant que c'est l'effort du producteur qui lui permet d'avoir tout ce qu'il possède, mais par une utilisation magique (facilitée) des objets, l'enfant est maintenu dans son état de consommateur. L'enfant devient adolescent et se met à jouer aux jeux vidéo. La production de ces jeux vidéo nécessite de la mécanique, de l'électricité, de l'électronique, autant de disciplines qui sont également nécessaires à la production au sens sérieux du terme, c'est-à-dire à la production de ce qu'il nous faut pour manger, se vêtir, se chauffer, etc. Or l'ensemble de ces disciplines ont été réunies dans un jeu. Comme pour ridiculiser ces disciplines aux yeux de l'adolescent, afin qu'il ne s'intéresse pas à la production sérieuse, on lui fait utiliser ces machines pour passer un bon moment. C'est pourquoi ce jeu prend au sérieux sa frivolité pour témoigner de la frivolité du sérieux, comme l'écrit Michel Clouscard. [...] On ne peut s'empêcher de penser au concept de tittytainment développé par Zbigniew Brzezinski, contraction des mots tits (seins en anglais) et entertainment (divertissement). Il consiste pour les élites à trouver un moyen de garder le peuple sous contrôle en lui procurant les besoins primaires élémentaires et du divertissement qui le garde dans une satisfaction mêlée d'abrutissement. En résumé, il faut maintenir le peuple dans l'état de l'enfant qui tète sa mère. Les séries TV et leur rôle idéologique (2025) de Mohamed Ridal |
09:27 | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
Mouais.
On développerait qu'on tomberait assez vite sur la critique de l'Art et de la Culture, enfin des composantes ne correspondant pas au camp qu'on se choisit ou auquel on veut assigner ceux qui nous déplaisent.
Pas besoin d'aller chercher les jeux vidéos (ou les séries TV).
Quiconque a élevé des enfants se trouve face à la difficulté d'expliquer pourquoi il faut éteindre la lumière ou ne pas laisser couler l'eau.
Les loisirs sont évidemment utilisés pour l'ingénierie sociale mais la laisse, c'est l'électricité, le pétrole (surtout le pétrole et tout ce que ça implique sur les changements de population), l'eau courante. À côté de ça, l'entertainment est vite réduit a l'essentiel : les artifices.
D'ailleurs, l'Arabie Saoudite vient de racheter l'entreprise de jeux vidéos Electronic Arts. L'Occident continue de se vendre à la découpe.
Écrit par : An | 04/10/2025
Panem et circenses est devenu subvention et smartphone.
On la société qu'on mérite en fait.
PS : Au fait, à propos de jeu, Pharamond, je vous ai envoyé deux images pour quoi vous savez.
Écrit par : GjG | 04/10/2025
Ouais. C'est bien, de redécouvrir avec ravissement la vieille recette "Du pain et des jeux" révisée, à la moderne, en "Cafarden und Videoluden" ; c'est moins bien de n'avoir pas compris cette évidence expérimentale démontrée : nul besoin de *maintenir* le peuple, présumé bon quand il n'est que kron, dans l'enfance puisque c'est le *destin* de l'immense majorité -- et les jeux vidéo n'y sont pour rien, pas plus que les feuilletons télévisés : l'ordre social tout entier, dans *toutes* ses manifestations, *rappelle* le bétail à l'obéissance, non tant par réelle nécessité que par précaution probablement inutile. La courbe en cloche l'illustre : seule une infime proportion des individus parviendra, *peut-être*, à goûter la haute culture et surtout à faire preuve d'esprit critique. A preuve, la grossièreté de la plupart des distractions à toutes les époques, dans tous les pays, dans toutes les classes sociales. Que les sceptiques aillent lire Zeldin sur les amusements goûtés par les grands bourgeois, une fois délivrés de l'obligation de s'infliger, par souci de se distinguer des *hoi polloi*, pièces de théâtre et concerts : ils ne valaient pas mieux que ceux de la plèbe, parfois de la pègre. France l'avait d'ailleurs noté dans sa géniale *Ile des pingouins* :
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Comme ils [les maîtres] employaient toute leur intelligence dans les affaires, ils ne recherchaient pas les plaisirs de l'esprit. Le théâtre, qui avait été jadis très florissant chez eux, se réduisait maintenant à la pantomime et aux danses comiques. Les pièces à femmes étaient elles-mêmes abandonnées ; le goût s'était perdu des jolies formes et des toilettes brillantes ; on y préférait les culbutes des clowns et la musique des nègres et l'on ne s'enthousiasmait plus qu'à voir défiler sur la scène des diamants au cou des figurantes et des barres d'or portées en triomphe.
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Pour ce qu'on en peut savoir, ce qui distrait les maîtres n'est pas si différent de ce qui distrait les esclaves, même si les premiers ont l'illusion d'échapper au sort intellectuel des seconds, alors qu'ils bénéficient des mêmes enseignements et que leur capital intellectuel inné ne vaut pas mieux -- qui, ayant vu Paniernullachier, présentée comme supérieurement intelligente, comme son maître, en pourrait douter ?
Le temps du jeu est en dehors de la production ; alors l'implicite numéro de prétendue analyse marxisante directement inspiré par les propos du -- ne pas rire, surtout ne pas rire -- "maître du Logos" admirateur de Peter "Palantir" Thiel transformé par la grâce égalitaire et réconciliatrice en *philosophe* de haute volée... Y'en a qui seraient mieux avisés de lire Caillois -- *Les jeux et les hommes* -- au lieu de Clouscard, et peut-être aussi de s'intéresser au rassemblement de talents requis pour créer la plupart des bons, voire des grands, jeux vidéo ; ils seraient alors obligés de renoncer au simplisme combazien faisant croire que le vidéoludisme se borne à GTA et à Pacman. Vrai qu'Elgozy affirmait avec raison qu'une ignorance encyclopédique des principes du moteur à explosion n'empêchait personne de goûter aux joies de la voiture. Dans le même registre, les petits crétins utilisant leurs doigts pour contrôler leur magique optiphone ne savent rien de la programmation.
La condamnation globale des jeux est bien un procédé digne des gauchistes qui, haïssant les hiérarchies, aiment à mettre sur le même plan les oeuvres de haute culture et les bandes dessinées. Le sujet mériterait un billet.
Je m'étais récemment infligé, à vitesse 1,33x, le "Pourquoi tant de haine ?" consacré au livre de l'auteur sur les feuilletons, par curiosité. Je n'ai pas été impressionné : au mieux, des évidences et des banalités, et une connaissance des seuls succès d'audience, ce qui limite singulièrement la portée du propos (autant évoquer la littérature française avec les seuls Houellebecq et Jeando).
Écrit par : br | 05/10/2025
An > Le jeu vidéo a été choisi comme exemple symbolique il n'est pas le seul coupable de l'immaturité de la population actuelle.
GjG > Je mets l'énigme en ligne. Merci.
br > Je te ferai le même commentaire que pour An. Quant aux auteurs marxisants ils font parfois une très bonne critique du capitalisme même si leurs solutions sont plus que douteuses.
Je suis en train de lire le livre de Ridal et si son analyse aurait pu être plus complète l'histoire de HBO et de Netflix est emblématique du fait de leur importance et en conséquence de leur impact sur la population.
Écrit par : Pharamond | 05/10/2025
Ayant aussi écouté le sieur Ridal, j'ai eu la même impression que br: il a sacrément pompé le maître du logos. Et je pèse mes mots.
Écrit par : Sven | 05/10/2025
@Pharamond : Si enfoncer des portes béantes, c'est maintenant de l'analyse décapante... Autant reprendre le bouquin[1] qui faisait de *Dallas* une illustration moderne des tragédies grecques, ou faire de *Buffy* un guide de vie buffylosophique.
L'examen des feuilletons limité aux seuls succès, c'est analogue à une histoire de la littérature française réduite aux gros tirages déjà oubliés.
A l'occasion, tu nous diras si l'auteur mentionne *Le prisonnier* qui a des chances de rester plus longtemps dans les mémoires que *Sx and the City*, *Les sopranos* ou *GoT*. ;-)
Faudrait pas surestimer l'effet de la propagande, quelle qu'en soit la forme, sur les populations : non seulement les gens oublient vite -- ainsi, les *prophétionnels* du shoatisme militant s'en émeuvent régulièrement --, mais encore et surtout, c'est parfaitement inutile, à considérer la kronnerie *naturelle* du bétail qui a obéi, obéit, obéira à tous les ordres de ses maîtres sans avoir besoin d'être "conditionné" pour cela. Dommage, on n'en fera jamais l'expérience.
On nous raconte que 80% de la population éprouve une légère aversion pour foutriquet, mais dans le même temps, 80% du bétail redouterait le méchant Russe et serait prêt à entrer en guerre contre lui. Deux sondages, deux manifestations de propagande aussi vaines l'une que l'autre.
[1] *Homère et Dallas* par Florence Dupont, qui considérait avec le même oeil morne la culture savante et la "culture" populaire.
Écrit par : br | 05/10/2025
@Sven;@Pharamond : Apparemment, le *Maître du Logos* se croit à la tête d'une nouvelle collection "Que sais-je ?" avec la formule : "Comprendre... les feuilletons, la vie, le soralisme, le debordisme, les pipeuls, les dextro- et sinistrojudaïsmes...", comme il aime à se prétendre plagié par tout le monde -- à commencer par Zemmour (avec d'ailleurs des variations dans la gravité de l'acte d'accusation). Il ne doit pas savoir qu'un grand magazine de la presse micro des années 90 comportait, pour expliquer la vie aux acheteurs, une rubrique au titre clair : "Comprendre", bien avant l'empire et et l'époque.
Écrit par : br | 05/10/2025
br > Il m'importe peu que Soral copie l'un ou l'autre. Presque tout a été écrit, mais il n'est pas négligeable de vulgariser et de réactualiser.
Écrit par : Pharamond | 06/10/2025
@Pharamond : "Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent." (un constat parmi des dizaines d'autres). Alors se prendre pour *le* grand original subversif du siècle... A croire qu'il reproche aux autres ce qu'il pratique.
Les vulgar*a*isateurs modernes sont, comme tous les intermédiaires, parfaitement inutiles. De Cham Fort l'Apocryphe :
-- Le soral, disent les soralients et soralistes éblouis, est un intermédiaire entre le Logos et le peuple...
-- Oui, comme l'intellectuel est un intermédiaire entre le gourou et les pigeons.
Fallait l'entendre vociférer contre Hillard qui avait osé ce titre : "Comprendre l'empire loubavich". Crime de lèse-soralité. On aurait cru Roger Minne s'en prenant à Jean-Louis Curtis (celui-ci un peu plus important que celui-là) pour avoir osé mentionner, lui aussi, le nom d'Andromède qu'il croyait sa propriété, quand il avait pourtant de nombreux prédécesseurs à commencer par Crichton.
Les autodidactes et incultes sont déjà ridicules ; quand ils sont en plus susceptibles sur leurs "emprunts", ils deviennent pénibles.
Écrit par : br | 06/10/2025
"vulga*i*risateurs", évidemment. La fatigue...
Écrit par : br | 06/10/2025
br > Je l'ai déjà dit : je ne suis pas un admirateur de Soral, loin s'en faut, mais je lui reconnais un certain courage et une utilité certaine.
Écrit par : Pharamond | 06/10/2025
@Pharamond : Courageux, sans doute ; utile... ni plus ni moins que tous les autres. Je donne tout Soral pour un seul Bardèche. Les trésors sont dans les rayons où reposent les livres morts. ;-)
Écrit par : br | 06/10/2025
br > Utile, oui, ne serait-ce que parce qu'il réédite Bardèche ;-)
Écrit par : Pharamond | 06/10/2025
@Pharamond : Contribuant ainsi à faire perdre de leur valeur marchande à mes exemplaires originaux ! ;-)
Heureusement que je ne les ai jamais vus comme des investissements -- my name is not francisque 2202 !
Écrit par : br | 06/10/2025
br > Quand je dis qu'il est utile ;-)
Écrit par : Pharamond | 06/10/2025
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