30/05/2022
Je plussoie (60)
"La seule validation du jugement que vous portez sur vous-mêmes est celle que vous offrent les dispositifs de sélection institutionnels. Ce sont désormais les bourses prestigieuses, les stages et les diplômes qui calibrent votre auto-estime. On peut craindre que ce type de formation ne prépare pas vraiment les jeunes à l’indépendance d’esprit, à l’audace intellectuelle et à l’acquisition d’une forte personnalité."
Matthew Crawford
"La conviction, élevée au rang de religion, que tous les hommes sont nés égaux et que les tares et défauts du criminel sont dus à une éducation manquée par la faute des éducateurs, contribue à anéantir le sentiment normal du bien et du mal, en premier lieu chez le coupable, qui s’apitoie sur lui-même et se considère comme une victime de la société."
Konrad Lorenz
"N'oubliez jamais qu'un peuple qui cesse de prendre des risques et de consentir des sacrifices de sang cesse de vivre en tant que peuple."
Saint Loup
"La principale marque des gouvernements modernes est qu'on ne sait pas qui gouverne, de facto pas plus que de jure. On voit l'homme politique et non son commanditaire ; encore moins le commanditaire du commanditaire ; ou, ce qui est le plus important de tous, le banquier du bailleur de fonds."
J. R. R. Tolkien
"Nous allons tous mourir. Le but n'est pas de vivre éternellement, le but est de créer quelque chose qui le fera."
Chuck Palahniuk
"L'altruisme est souvent un alibi."
Jean Rostand
"La liberté n'a aucun sens lorsque le droit d'exprimer ses pensées et ses opinions n'existe plus. Ce droit, parmi tous les droits, est la hantise des tyrans. C'est le droit qu'ils attaquent en premier. Ils connaissent son pouvoir."
Frederick Douglass
"Parfois les gens ne veulent pas entendre la vérité, par ce qu'ils ne veulent pas que leurs illusions se détruisent."
Friedrich Nietzsche
"La joie est notre évasion hors du temps."
Simone Weil
"Regarder la beauté dans le monde est la première étape de la purification de l'esprit."
Amit Ray
"Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Antonio Gramsci
14:52 | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Je ne sache pas qu'on puisse *préparer* "à l'indépendance d’esprit, à l’audace intellectuelle et à l’acquisition d’une forte personnalité." On a ces qualités innées ou on ne les a pas -- et dans ce dernier cas, les simuler doit être *assez* difficile.
Au reste, l'organisation sociale n'a nul besoin de tels individus, qu'elle s'emploie plutôt à détruire et qu'elle veut même empêcher de naître.
"Apprendre à devenir rebelle, première leçon."
Celle de Lorenz, si elle est vraie, est fort juste.
Saint-Loup : rien à ajouter.
Celle attribuée à Tolkien sonne faux. La traduction la plus probable en angliche, soumise à Gougueule, la prétend extraite de la correspondance de JRRT. Vérification rapide faite dans deux éditions : le texte n'y est pas. Le site goodreads la propose, noyée parmi des citations qui, elles, viennent vraiment des lettres de JRRT. Le procédé, malhonnête, est un vieux classique.
Mulder was damn right : "Trust No One" !
Chuck P. ignore que seuls les diamants sont éternels. ;-) Combien de belles actions oubliées, définitivement ou non ?
"Presque toujours" plutôt que l'optimiste "souvent", pour Rostand.
S'exprimer librement n'est plus un droit depuis longtemps ; tout au plus une permission limitée autant que révocable -- sauf à vouloir en payer le prix.
Saint Nietzsche : rien à ajouter.
Ah, les graves sentences des intellectuels. On les détourne si aisément : "La tristesse est notre enfermement dans l'espace". ;-)
Qu'est-ce qu'un esprit purifié ?
Le nouveau monde est déjà là qui a jeté son manteau d'obscurité sur le monde et libéré les maigres Bêtes de la Nuit.
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Comme la dernière rubrique Musique est déjà fort longue, je case ici un des derniers zikalamars en forme d'extraits d'un petit livre que j'aime beaucoup.
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Personnage étonnant, Soulié de Morant[0], dans *Le trésor des loyaux samouraïs*, faisait raconter par le jeune Térasaka Kichiémonn l'histoire, célèbre au Japon, des quarante sept ro-ninns[1] -- histoire édifiante qu'on pourrait résumer par cette vieille formule : "Notre honneur s'appelle fidélité". En ces temps plus heureux, plus héroïques aussi, les nuisibles, même protégés par des milices, subissaient parfois un juste châtiment d'autant plus efficace qu'il ne passait ni par de sonores philippiques ni par de vains bulletins électoraux.
Inutile de rédiger une introduction à ces quelques extraits de l'édition de 1985 éditée chez Guy Trédaniel, qui pourraient inciter à y aller voir de plus près : de telles vertus n'existent plus guère que dans les vieux livres et, de loin en loin, dans les films.
// p. 11 -- On se passerait quand même de certaines épreuves.
Sous la neige, la verdeur éternelle des sapins de la montagne humilie de sa vigueur la déchéance des arbres dépouillés par l’hiver. Ainsi les qualités les plus fortes de l’homme apparaissent resplendissantes parmi les ruines que laisse l’adversité. Les admirables vertus du clan d’En-ya seraient passées inaperçues sans les malheurs dont le destin frappa notre daimio.
// p. 14 -- Encore faut-il avoir un héritage à sauver, et des héritiers...
Ainsi, quand, dans les jours les plus clairs, un ouragan s’élève soudainement détruisant villages et moissons, les âmes fortes ne songent pas à gémir ou à se lamenter : elles s’efforcent seulement de sauver en hâte tout ce qui peut être arraché au désastre.
// p. 22 -- "Rendre", terme de marine, ou simplement "défendre" ? Se replier, oui, mais où ?
-- Livrer notre forteresse sans combat ?...
-- Un brave ne rend pas une position intenable : il l’évacue avant l’arrivée de l’ennemi.
// p. 47 -- Pourquoi diable se soucier d'un troupeau stupide quand il n'est pas en plus ingrat ?
La mémoire d’un samouraï est entachée gravement si l’on peut dire de lui qu’il a reculé, pour accomplir son devoir, devant une action utile, quelle qu’elle fût. Quand son devoir est clair devant lui, rien ne compte plus : ni amour-propre, ni famille, ni souci de soi-même. Telle est la règle, telle est la voie pour ceux qui veulent guider le troupeau humain vers des destinées de plus en plus heureuses, hors des marécages infâmes de l’injustice, de l’oppression et de la haine.
// p. 49 -- Elémentaire et intemporel secret du commerce.
Les marchands, toujours un peu jaloux de nous [les samouraïs], me félicitèrent de ma décision [abandonner l'ingrat métier de samouraï], me vantant les joies de la fortune et de la liberté. Ils m’aidèrent à former mon ballot, et me donnèrent en riant la règle bien simple de leur profession : pour acheter, payer le plus bas prix en déclarant que la marchandise est inférieure de qualité, abîmée, et n’est pas à la mode. Pour vendre, calculer un gros profit et crier que l’objet est de première qualité, et précisément ce qui est le plus demandé à la Cour et à la capitale. Une petite réduction consentie à la dernière minute, presque en secret, assure toujours la vente.
// p. 59 -- "La plupart des gens ne se connaissent pas eux-mêmes. C'est une chance pour eux dont ils ne se doutent guère."
A nos actions les plus simples, l’on peut toujours attacher les interprétations les plus contradictoires. Bien rares d’ailleurs sont les personnes qui connaissent les véritables et profonds motifs de leurs actes, alors même qu’elles pensent ces actes accomplis seulement en vue d’atteindre au but très clair qu’elles se sont fixé.
// p. 68 -- La Grèce avait ses grands sophistes ; le Japon aussi, manifestement. C'est *parfois* que la fin justifie les moyens.
Vous avez écouté des rumeurs déraisonnables et vous pensez savoir. N’oubliez pas que, pour connaître la véritable valeur d’une action, il faut en attendre le résultat, le résultat qui permet seul de juger les moyens employés.
// p. 87 -- "Live free, die well, and let die."
Si l’opprimé supporte lâchement, sans une révolte, la main traîtresse de l’oppresseur, s’il préfère une vile existence de chien à la mort glorieuse d’un défenseur de la Justice et de l’Honneur, rien, certes, n’impose à d’autres de mourir à sa place. C’est un devoir de soutenir et d’aider ceux qui luttent jusqu’au dernier souffle pour la bonne cause. C’est aussi un devoir de laisser périr les lâches qui ne font pas un effort pour sortir du fossé bourbeux où ils sont tombés.
// p. 116 -- Mais ça, c'était *avant*...
Car nulle renommée jamais n’égalera celle de braves qui sacrifient leurs sentiments et leur vie afin de faire régner la Justice et l’Honneur.
// p. 127 -- Bienveillance authentique de la véritable supériorité.
[...] l’ignorance qui désire une explication est respectable. Il est aussi lâche d’abuser de sa science que d’abuser de sa force.
// p. 141 -- Toujours avoir plusieurs plans de rechange, c'est du *Leverage*. ;-)
Les ruses les mieux ourdies sont déjouées souvent grâce à d’insignifiantes négligences. Il ne suffit pas d’imaginer un plan subtil : il faut encore en prévoir la réalisation dans les plus infimes détails.
// p. 145 -- Belle image, et réconfortante. Les futurs Gilets jaunes[2] quittant les ruines fumantes de tous les palais de la mafia républicaniste et de toutes les maisons de ses fort nombreux laquais...
Le pâle jour d’hiver se levait, quand, un à un, appuyés sur des bâtons ou sur des lances, les héros franchirent lentement le portique du yashiki, laissant derrière eux la mort, l’incendie et la désolation, justes rétributions du crime et de la lâcheté.
// p. 160 -- Voir p. 116.
Votre devoir est de vivre le plus longtemps possible, et de témoigner sans cesse de la gloire acquise par les héros, afin que leur exemple entretienne dans la nation entière le feu brûlant de l’Honneur, de la Justice, de la Loyauté, du Dévouement, par lequel notre race se distingue entre toutes.
// p. 160 -- Voir p. 116.
Ils sont morts, mais leur mémoire ne périra jamais, car tous les coeurs, même les plus vils, ont admiration et respect pour les nobles sentiments qui, seuls, élèvent l’homme au-dessus de la bête.
[0] https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Souli%C3%A9_de_Morant
[1] Vieille orthographe. Si elle était assez bonne pour un sinisant d'élite d'avant, elle est assez bonne pour tous les ceusses d'après. Quand un militaire évoque un civil, il parle d'un pékin, pas d'un beijing.
[2] Roman de fiction spéculative, ou univers parallèle invérifiable. Dans la réalité, le bétail acceptera *tout* au nom de Gaïa, de Panacée et des valeurs, ineptes autant que floues, de la maudite u. dite "e.". On en serait presque à compter sur la résistance -- pour de très mauvaises raisons -- des populations premières...
Écrit par : Blumroch | 30/05/2022
Saint Loup se trompe : nous avons souvent fait le sacrifice du sang dans l'histoire et pourtant nous ne sommes plus un peuple.
Écrit par : Fredi M. | 30/05/2022
Blumroch > Je n'ai pas vérifié l'authenticité des citations...
Je ne crois pas qu'on puisse avoir un esprit purifié, mais on peut commencer sa purification des monstruosités de l'époque. La beauté y participe.
Fredi M. > Il ne se trompe pas, il manque peut-être de précision ou l'extrait est trop court. Qui peut deviner ce qu'il adviendra dans un siècle, il faut se contenter de travailler pour ses enfants voire ses petits enfants, après... Mais en œuvrant pour ses descendants proches en espérant qu'ils feront de même - leur inculquer ce principe est essentiel - on peut croire qu'ainsi la nation vivra autant que faire ce peut. il ne s'agit pas d'être assoiffé de sang, mais force est de constater que n'ayant pas connu de guerre depuis 60 ans nous courons à notre perte comme jamais dans notre histoire. et les futurs effusions de sang seront, je le crains, épouvantables.
Écrit par : Pharamond | 30/05/2022
@Pharamond : On ne saurait passer sa vie à tout vérifier. Au reste, on voit maintenant de fausses citations données avec un titre, parfois une page, pour inspirer confiance.
Autre solution envisageable, dont Kevin Solvay était adepte dans ses compilations : la citation sans auteur. Après tout, c'est l'idée qui, le plus souvent, est importante -- ou alors le contraste entre le propos et l'auteur.
Écrit par : Blumroch | 30/05/2022
Blumroch > C'est l'idée qui est toujours importante. Combien de fois ai-je vu des fadaises ou simplement des platitudes être rapportées avec fierté et accepté comme vérité éternelle parce que c'était le Dalaï-Lama, Martin Luther King, Churchill, Thomas Pesquet ou je ne sais quel personnage consensuel. A contrario si Staline, Mao ou Landru ont jadis prononcé quelque chose d'intéressant, pourquoi les censurer ?
Écrit par : Pharamond | 30/05/2022
@Pharamond : Qui voudrait censurer un expert comme Landru parlant avec flamme de la femme au foyer ? ;-)
Écrit par : Blumroch | 30/05/2022
Blumroch > :-D
Écrit par : Pharamond | 30/05/2022
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