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08/04/2022

Musique (613)

Spanxti

Oi ką kalba apynėlis

FAUN

Federkleid

Arkona

Tam Za Tumanami

Commentaires

[Zikalamar]
"In inventing and promoting the revolver, Colt transformed American society and seeded the soil for the triumph of democracy in the coming century, where massive attempts to transform humans into interchangeable parts in the machinery of state were met by resilient individualists who understood in their bones that a bullet could end a Hitler or Stalin just as easily as it could a common man." [1]

J'aime assez l'idée que le "Great Equalizer" était aussi le "Peacemaker". Quand j'aurai pris le pouvoir[2], ma première décision sera de restituer au peuple les moyens de se *défendre* contre tous les dangers par tous les moyens ; la seconde sera de lui rendre le droit de parler sans crainte. ;-) Les ricains n'avaient pas adopté le bon ordre. Faut d'abord être armé pour protéger le droit de parler.

Be not afraid of any man
No matter what his size
If danger threatens, call on me
And I will equalize. [3]

[1] https://thefederalist.com/2020/07/31/the-story-of-how-samuel-colt-made-men-equal/
[2] Just joking, mais dans un univers parallèle quantique, qui sait ?
[3] https://www.barrypopik.com/index.php/new_york_city/entry/be_not_afraid_of_any_man_no_matter_what_his_size_when_danger_threatens_i_wi

Écrit par : Blumroch | 08/04/2022

[Zikalamar]
La déesse Alea me faisait récemment tomber sur *Le courrier d'un biologiste* de Jean Rostand. Lire un très vieil auteur, c'est relire, et j'ai donc fait une nouvelle exception à mon programme de relectures, pour découvrir dans les essais rassemblés sous ce titre de nombreuses réflexions souvent subtiles, parfois trop mesurées, rarement irritantes (ainsi, Rostand est viscéralement hostile à la peine de mort), toujours présentées avec des arguments. Outre d'intéressants éléments d'histoire des sciences et de savantes considérations sur la biologie, l'ouvrage propose plusieurs pages d'inspiration réactionnaire qui pourraient avoir été rédigées par le Pierre Weité des *Propos d'un rétrograde* ou par l'Alphonse Crespo d'*Esculape foudroyé* -- la réaction n'ayant rien à voir avec la recherche de l'originalité, mais tout avec le service de la vérité.
En voici quelques extraits qui donneront peut-être envie d'y aller voir.
// On notera le "tout *conspire*"... ;-)
Extension du machinisme, normalisation, standardisation des activités, accentuation des contrôles exercés par les bureaucraties d'un État de plus en plus indiscret et tatillon : tout conspire à dévaluer l'individu, à le frustrer dans son besoin de spécificité, à l'humilier dans son narcissisme, à l'engloutir dans une masse où il se sent impuissant, anonyme, dédaigné. Un numéro, un dossier, une abstraction : voilà à quoi se réduit cet univers qu'est un être humain ! "Au suivant !"", chante Jacques Brel ; et c'est bien le morne refrain de nos existences banales et indistinctes !
Sans parler des moyens sans cesse perfectionnés d'une propagande qui, en distribuant à tous une même "vérité d'État", uniformise et asservit les consciences. A considérer ces troupeaux que, de plus en plus, deviennent les foules, à voir, de quelque côté que le regard se tourne, l'homme subjugué, conditionné, dressé, grégarisé, comment ne pas se demander avec inquiétude quel est le sort réservé à la personne humaine, et si un totalitarisme spirituel ne finira pas par avoir raison de cette fragile "catégorie du moi" dont Mauss disait qu'elle a si lentement "grandi au long des siècles, à travers de nombreuses vicissitudes" ?
// Des termites plutôt que des rhinocéros.
Tant qu'il nous est encore loisible de former et d'exprimer une opinion personnelle, hâtons-nous de proclamer que nous préférons une humanité mécontente à un troupeau de « rhinocéros » satisfaits.
// Il n'y a pas que l'informaticien pour être homme de bas calculs.
Mais, d'autre part, quel n'est le risque moral, et comme une défaite de l'esprit médical, que de commencer à donner assentiment la notion d'indignité biologique ? A qui s'en remettra-t-on de fixer le seuil d'intégrité, le minimum corporel ou psychique en deçà duquel se perd ou s'atténue le droit de vivre ? A quels glissements ne sera-t-on exposé, dès qu'on aura admis qu'un être humain est tuable, ou du moins livrable à la mort ?
"Si on commence, dit Paul Chauchard, où s'arrêtera-t-on ? Dans l'intérêt même des bien-portants, le respect de la vie humaine doit être absolu."
Sans parler des mobiles, conscients ou inconscients, qui pourraient peser sur la décision fatale, influer sur le terrible diagnostic de "déshumanisation". Sans parler des intérêts, des convoitises des vivants, gênés, frustrés, par la persistance du presque cadavre... Nous ne vivons pas parmi les anges...
Et, comme l'a bien dit Robert Spaemann, s'il fallait attendre de l'État l'autorisation de vivre, n'en résulterait-il pas, pour chacun, un douloureux sentiment d'insécurité, d'abandon, d'esseulement ?
// Revel se demandait "Pourquoi des philosophes ?", quand la question "Pourquoi tolérer l'existence des gauchistes ?" semble plus primordiale.
J'ai la faiblesse de penser que c'est l'honneur d'une société que d'assumer, que de vouloir ce luxe pesant que représente pour elle la charge des incurables, des inutiles, des incapables ; et presque je mesurerais son degré de civilisation à la quantité de peine et de vigilance qu'elle s'impose par pur respect de la vie.
// Eh, tant que les peuples trouveront normal d'être considérés comme du bétail...
[...] J'avoue que l'auteur, le brillant auteur de *La Mort a changé* [Fabre-Luce] me fait un peu peur (et pas seulement parce que je suis moi-même un septuagénaire) quand il écrit que, "pour les nonagénaires, le médecin ne devrait être qu'un accoucheur de la mort, prêt à saisir la première occasion favorable".
J'avoue que j'éprouve du malaise à entendre proclamer "le droit du plus vivant sur le moins vivant", car ce droit ressemble un peu trop au droit du plus fort ou du plus apte. J'avoue que je perçois en tout cela un léger relent de nietzschéisme qui n'est pas de mon goût, et je le perçois de même en certains passages de Teilhard de Chardin, où le Père nous laisse entendre qu'il faut parfois savoir abandonner les traînards sur la route pour courir plus vite au point oméga...
Oui, j'avoue que je ne verrais pas sans répugnance et sans tristesse s'instituer une éthique sociale où, la valeur de la moindre existence ayant cessé d'être infinie, on trouverait tout logique et tout naturel d'interrompre une perfusion salvatrice ou de ne pas réanimer un nouveau-né. J'avoue que je redouterais cette société trop rationnelle, trop réaliste, qu'on nous annonce ; cette société qui évaluerait mathématiquement le quantum de protection et de soins que mérite chaque individu, compte tenu de son âge, de sa santé, de son standing vital, de son efficience sociale, de son aptitude à jouir de l'existence ; cette société où chacun ne recevrait que la portion congrue d'assistance médicale, où, après avoir prononcé la déchéance d'un homme, des experts consciencieux mais anonymes signeraient froidement le bon pour le néant, comme un fonctionnaire d'hôpital signe un bulletin de sortie...
// Heureusement, on fera des exceptions pour l'oligarchie. A preuve, l'immonde Jaka, incohérent, ne s'est pas tué. Vrai qu'il n'a honte de rien, le petit attaché de presse.
Quand on aurait pris l'habitude de raréfier les nonagénaires, les octogénaires seraient jugés fort décrépits, en attendant que ce fussent les septuagénaires...
//

C'était dans les années 60, époque à laquelle un Rostand pouvait encore évoquer, sans d'ailleurs les approuver toutes, les idées du "grand biologiste Alexis Carrel" ou de Fabre-Luce (dont j'ai à cette occasion découvert père spirituel d'un Attali qui, considérablement moins intelligent, doit en ignorer l'existence).
Quand on voit ce qui est et ce qui a été, comment ne pas haïr (inutilement) l'époque ? Les anciens nazis, très méchants, voulaient préserver l'héritage des ancêtres parce qu'ils savaient pouvoir le préserver et même l'augmenter (qu'on le déplore ou non) ; les nouveaux nazis eurodavosiens, très gentils, eux, le veulent anéantir parce que, confusément, ils s'en savent indignes et donc en jalousent les exploits. Chez l'individu moyen, incapable de création, la destruction est toujours le succédané de la réussite.
Gaxotte voulait avec raison qu'on essayât de vérifier sur le passé les modélisations mathématiques ayant -- déjà ! -- la prétention de prévoir le futur. Dans le même esprit, une épreuve simple et décisive pour ces crétins à la Harar[abrut]i qui se rêvent des dieux, en tout cas des surhumains : la transformation d'un... singe (j'avais quelques autres mots à l'esprit) en homme (je n'ai pas dit : en progressiste, car ce serait trop facile).
Au passage, c'est l'occasion de rappeler l'excellent roman de Daniel Keyes, *Des fleurs pour Algernon*.

Écrit par : Blumroch | 09/04/2022

Blumroch > Le monde voulu par les progressistes est en train de voir le jour, quoi qu'on en dise, et pour l'instant je ne lui trouve aucun attrait, aucun.

Écrit par : Pharamond | 09/04/2022

Le monde voulu par les progressistes avorte sous nos yeux, rattrapé par la dictature implacable de la réalité
Assassinat du p'tit chouif un peu débile qui portait sa kippa par une bande d'on ne sait quoi, défenestration de vieilles chouives par d'improbables ouigres, échec total de mossieur bons zoffices en Ukraine, échanges de quolibets venimeux entre dirigeants vronzais et polaques, réélection triomphale de sa majestitude Viktor Orban en dépit du trépignement de la liftée Ursula, bref
C'est pour ça qu'il faut craindre la bête blessée

Écrit par : Kobus van Cleef | 09/04/2022

Kobus van Cleef > Je la crains, croyez-moi, je la crains, et insuffisamment encore, j'imagine.

Écrit par : Pharamond | 09/04/2022

[Musicalmar]
Réflexions parfois chestertoniennes et même *populistes*, trouvées dans un vieil *Eloge de l'ignorance*, opuscule dont l'auteur a été condamné à la *damnatio memoriae*.
// Back to past times !
Car il est une ignorance saine et il en est une autre malsaine. L’ancienne mirait en elle l’univers, la nouvelle est trouble et ne reflète plus rien. L’ancienne avait des silences pleins, la nouvelle n’a que des paroles vaines. L’ancienne était tutélaire, elle arrêtait les hommes au bord de ce qu’ils savaient. La nouvelle est toute mêlée à ce qu’ils croient savoir. L’ancienne protégeait les gens, la nouvelle les livre. Si l’on veut juger de la différence, qu’on se souvienne de la façon dont les paysans, dans une foire, se défendaient d’un charlatan. Il avait beau arriver dans un carrosse surdoré, comme une espèce de prince équivoque, il avait beau multiplier les prestiges, son auditoire rustique lui opposait une défiance sans fissure, jusqu’à le laisser dépité et exténué, entre ses lanternes. Qu’on regarde maintenant des électeurs écoutant un candidat qui brigue leurs voix. Il leur parle d’histoire, de philosophie, d’économie politique. Il faut qu’ils prêtent l’oreille à ces phrases, puisqu’il est entendu qu’ils ne sont plus des ignares. Ils ne pourraient se préserver des pièges qu’on leur tend qu’en avouant qu’ils n’entendent rien à tout cela. C’est trop demander à leur amour-propre. Tout les force à se laisser dindonner. Ce qu’ils prennent pour leur instruction n’est que le point faible de leur ignorance. C’est la brèche ouverte dans le rempart qui les abritait, c’est l’anse par où un charlatan les soulève. On les a retirés aux choses pour les livrer aux mots, et selon que la nature les a faits effrontés ou timides, on les a rendus capables de tout dire ou de tout croire. Voilà où nous venons aboutir : l’instruction, avec ce que cette parole comporte à la fois de vague et d’emphatique, c’est d’oser parler de tout. Le monde moderne est celui des mots, et pour se faire une idée de ce verbiage effréné, il suffit d’écouter des conversations qui touchent en même temps à tous les sujets, sans qu’on entende jamais personne se récuser, avouer une ignorance. Mais si l’on n’a pas formé la raison de ces bavards, on a tué en eux les facultés délicates de l’imagination et du rêve. Alors même qu’ils veulent se délasser, ils n’ont pour récréation que les mornes carnages des crimes, l’horreur terne des assassinats. C’est l’ignorant qui, en laissant sa charrue ou son outil, entrait d’un seul pas dans les mondes enchantés ; c’est lui qui vivait avec Charlemagne et les douze Pairs, qui frayait avec Viviane, avec Mélusine. Quelle pauvreté, quelle tristesse, quelle déchéance, d’avoir cessé d’être le filleul des fées pour devenir la dupe du journal !
// Le mouton moderne, anticonformiste comme presque tout le monde, et comme presque tout le monde, se bornant à répéter les sottises décapantes, disruptives et transgressives que lui dictent ces merdias qu'il prétend mépriser.
Il lui [à celui qui se croit instruit] faut des opinions qui ne soient qu’à lui, et conduit, pour prouver son indépendance, à prendre le contre-pied de tout ce que ses pères ont pensé, il ne lui reste bientôt plus d’autre ressource, au lieu d’être sage avec tous les siens, que d’être sot à lui seul. Un peuple qui, dans sa masse, n’était que bon sens, peut ainsi se morceler en une quantité de raisonneurs qui déraisonnent. C’est pitié de voir avec quelle gloutonnerie certains de ces individus égarés se jettent sur tout ce qui est imprimé.
// *Mutatis mutandis*, c'est le "It is not done well, but you are surprised to find it done at all." de Samuel Johnson.
Il est bon pour chacun de nous de réfléchir au danger d’apprendre. [...] Certaines gens ne semblent étudier que pour mieux montrer l’infirmité de leur jugement. On croit voir des boiteux qui mettent leur gloire à courir. Il en est dont l’instruction ne fait qu’armer la sottise. Ils lisent, ils travaillent, ils apprennent, ils apportent des munitions à un canon qui ne tirera jamais juste : mieux vaudrait tirer moins souvent.
Un instinct salutaire avertit de ces risques la plupart des hommes. Ils n’ont pas plus envie d’étudier que de voyager. Ils savent qu’il est des pays où le soleil est meurtrier, l’ombre traîtresse. Pourquoi y aller ? [...] L’expérience a ceci de bon, qu’elle ne fabrique pas de sots.
// Nécessaire préservation de l'héritage des ancêtres
La fonction des ignorants n’est pas seulement nécessaire, elle est pleine de grandeur et de poésie. En refaisant ce qu’ont fait leurs pères, en résistant au pouvoir des mots, ils empêchent une société de se dérégler. Ils font durer quelque chose de plus grand qu’eux. Sans ce poids au fond d’elle-même, l’humanité serait comme un navire sans lest, promis à un prochain naufrage.
// *Chemins qui ne mènent nulle part*, à l'allemande
L’instruction élémentaire peut être donnée dans un esprit de haine sourde pour toute supériorité, et, dans ce cas, on conçoit aisément les résultats qu’elle amène. Mais alors même qu’elle est répandue sans cette affreuse arrière-pensée, il semble qu’elle favorise surtout la médiocrité. Il est un fait que nous ne saurions nous expliquer autrement. C’est qu’autrefois, dans les sociétés où l’on prétend que tout conspirait contre le mérite, les hommes supérieurs fleurissaient en grand nombre, au lieu qu’aujourd’hui, quand, nous dit-on, les anciens obstacles sont renversés, partout s’annonce et se manifeste une sinistre disette d’hommes. On nous dit que tous les chemins sont ouverts, et nous ne voyons arriver personne.
//

Pour le dire avec les mots de Benjamin Gates : "Plus personne aujourd'hui n'écrit comme cela."
Autre époque, dont le mot d'ordre était "Je serai autant que vous et peut-être plus, si je le puis", quand la nôtre a pour principe "Vous ne serez pas plus que moi, même si vous l'êtes".

Écrit par : Blumroch | 10/04/2022

[Zikalamar]
La tête des journalopes donne, bien avant l'heure, les résultats. A lire, chez hashtable, les commentaires des courageux qui ont jeté un oeil aux merdias, ce sentiment sera probablement général :
https://www.youtube.com/watch?v=vUoHG_mUVFw
https://www.youtube.com/watch?v=0Ftdu8yrKOw

Écrit par : Blumroch | 10/04/2022

[Zikalamar]
Je vieillis. J'ai à peine esquissé l'amorce du commencement d'un prolégomène à ce qui pouvait, avec beaucoup d'imagination, passer pour un ersatz de sourire :
https://www.youtube.com/watch?v=R5trz7pDwRE

Écrit par : Blumroch | 10/04/2022

[Zikalamar]
Vieux lecteur de *La gnose de Princeton*, de *Dieu des religions, Dieu de la science* et de *L'Utopie et les utopies*, j'avais un temps envisagé de consacrer un jeu des deux images à Raymond Ruyer, que je pensais presque parfaitement oublié. Cette émission m'a prouvé le contraire :
https://www.youtube.com/watch?v=6Gr5Ucu_UEY
Pour une fois, contrairement aux émissions de tvl consacrées à Boutang, Abellio ou Jünger, cette vidéo pourrait donner envie d'y aller voir : Ruyer le mérite.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Ruyer

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

P.S. : J'ai mentionné deux ou trois fois l'excellent *La jeune femme auteur de l'Odyssée*, dans l'énigme consacrée à Robert Graves, ainsi que dans ce billet :
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2018/10/23/mort-d-un-homme-courageux-6099247.html#c8817455
Presque certainement en vain. :-(

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

[Zikalamar]
Une des *Fusées* de Baudelaire :
//
Le monde va finir. La seule raison, pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : Qu’est-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel ? Car, en supposant qu’il continuât à exister matériellement, serait-ce une existence digne de ce nom et du Dictionnaire historique ? Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retournerons à l’état sauvage, et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher notre pâture, un fusil à la main. Non ; car ces aventures supposeraient encore une certaine énergie vitale, écho des premiers âges. Nouvel exemple et nouvelles victimes des inexorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien, parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges ou anti-naturelles des utopistes, ne pourra être comparé à ses résultats positifs. Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. De la religion, je crois inutile d’en parler et d’en chercher les restes, puisque se donner la peine de nier Dieu est le seul scandale, en pareilles matières. La propriété avait disparu virtuellement avec la suppression du droit d’aînesse ; mais le temps viendra où l’humanité, comme un ogre vengeur, arrachera leur dernier morceau à ceux qui croiront avoir hérité légitimement des révolutions. Encore, là ne serait pas le mal suprême.

L’imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres États communautaires, dignes de quelque gloire, s’ils sont dirigés par des hommes sacrés, par de certains aristocrates. Mais ce n’est pas particulièrement par des institutions politiques que se manifestera la ruine universelle, ou le progrès universel ; car peu m’importe le nom. Ce sera par l’avilissement des cœurs. Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l’animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d’ordre, de recourir â des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie ? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s’enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa, fondateur et actionnaire d’un journal qui répandra les lumières et qui ferait considérer le Siècle d’alors comme un suppôt de la superstition. — Alors, les errantes, les déclassées, celles qui ont eu quelques amants et qu’on appelle parfois des Anges, en raison et en remerciement de l’étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur existence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu’impitoyable sagesse, sagesse qui condamnera tout, fors l’argent, tout, même les erreurs des sens ! Alors, ce qui ressemblera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l’ardeur vers Plutus sera réputé un immense ridicule. La justice, si, à cette époque fortunée, il peut encore exister une justice, fera interdire les citoyens qui ne sauront pas faire fortune. Ton épouse, ô Bourgeois ! ta chaste moitié, dont la légitimité fait pour toi la poésie, introduisant désormais dans la légalité une infamie irréprochable, gardienne vigilante et amoureuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l’idéal parfait de la femme entretenue. Ta fille, avec une nubilité enfantine, rêvera, dans son berceau, qu’elle se vend un million, et toi-même, ô Bourgeois, moins poète encore que tu n’es aujourd’hui, tu n’y trouveras rien à redire ; tu ne regretteras rien. Car il y a des choses, dans l’homme, qui se fortifient et prospèrent à mesure que d’autres se délicatisent et s’amoindrissent ; et, grâce au progrès de ces temps, il ne te restera de tes entrailles que des viscères ! — Ces temps sont peut-être bien proches ; qui sait même s’ils ne sont pas venus, et si l’épaississement de notre nature n’est pas le seul obstacle qui nous empêche d’apprécier le milieu dans lequel nous respirons ?

Quant à moi, qui sens quelquefois en moi le ridicule d’un prophète, je sais que je n’y trouverai jamais la charité d’un médecin. Perdu dans ce vilain monde, coudoyé par les foules, je suis comme un homme lassé dont l’œil ne voit en arrière, dans les années profondes, que désabusement et amertume, et, devant lui, qu’un orage où rien de neuf n’est contenu, ni enseignement ni douleur. Le soir où cet homme a volé à la destinée quelques heures de plaisir, bercé dans sa digestion, oublieux — autant que possible — du passé, content du présent et résigné à l’avenir, enivré de son sang-froid et de son dandysme, fier de n’être pas aussi bas que ceux qui passent, il se dit, en contemplant la fumée de son cigare : « Que m’importe où vont ces consciences ? »

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

Blumroch > Il est curieux d'imaginer que c'est le monde d'avant, élitiste et plein de personnes sensées qui a engendré le chaos infernale actuelle. Que s'est-il passé ?

Écrit par : Pharamond | 11/04/2022

@Pharamond : Les gens raisonnables ont oublié, ou négligé, de tenir leur place. On commence, par humanité, par indulgence, par mépris, par indifférence, avoir des ménagement, à ménager les krons ordinaires, et on se trouve vite submergé par eux.
Une hypothèse parmi beaucoup d'autres.

Excellent, le commentaire global. ;-)

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

[Zikalamar]
D'Alphonse Rabbe (qui n'est pas que l'auteur de *L'album d'un pessimiste*), dans *Les Conspirateurs à Rome et les conspirateurs à Paris*, MDCCCXV :

// Mencken retrouvera cette idée que les nouveaux "Français" tiennent à illustrer plus que tous les autres peuples.
"On ne peut jamais aller trop loin, quand on spécule sur l'ignorance et la crédulité de la multitude."

// Se méfier de l'éloquence et même lui tordre le cou. Morosophistes !
"On disait de Carnéade qu'il n'avait jamais soutenu d'opinion sans l'établir, et n'en avait jamais combattu sans la détruire. Caton le censeur fit renvoyer sans audience une ambassade des Athéniens dont ce célèbre sophiste faisait partie, se fondant sur ce qu'il possédait au suprême degré l'art d'embrouiller la vérité et de rendre problématiques les choses les plus évidentes."

// Très lointaine époque... légèrement idéalisée quand même.
"A cette époque [celle des César, Cicéron... et Catilina], *Rome était encore dans, Rorne* ; c'était le peuple assemblé qui choisissait, dans les comices du champ de mars, ses premiers magistrats ; nommait ses généraux. On ne pouvait, donc le tromper, et lui persuader qu'il voulait une chose alors qu'il en voulait une autre."

// Divertissement qui n'aurait aujourd'hui aucun succès faute de lecteurs raisonnablement cultivés (voir *L'histoire de l'homme racontée par un chat*).
"Ce n'est pas une idée neuve que de chercher, dans les auteurs de l'antiquité, des passages qui s'appliquent, d'une manière frappante, à l'histoire de notre temps ; et de charger, pour ainsi dire, sa palette des mêmes couleurs qu'ils ont apprêtées pour peindre leurs désastres, quand on veut faire le tableau des nôtres. Il parut en1802, je crois, un petit ouvrage ayant pour titre : *Histoire de la révolution française écrite par une société d'auteurs latins*.. Cet essai réussit, et fit éclore depuis plus d'une imitation de ce genre."
(On peut toujours *adapter* les anecdotes, comme ici : Cyneas, interrogé sur ce qu'il avait vu de plus remarquable à Rome, répondit : "J'ai vu une assemblée de rois", faisant allusion au Sénat. Dans le Paris de foutriquet 2.0, il n'aurait vu qu'un ramas d'esclaves soumis.)

// Avec l'ennemi, pas de quartier !
"Point de grâce pour eux, ou point de salut pour nous."

// Pas de médaille pour la désobéissance même quand elle est heureuse (i.e. couronnée de succès).
Sur ce Manlius Torquatus qui fit mettre à mort son fils, coupable d'avoir combattu -- et vaincu -- contre son ordre : "Ce trait d'une sévérité de discipline militaire extra-rigoureuse, atroce même, a été beaucoup admiré et vanté par les enthousiastes stupides des vertus romaines. En revanche, il fut détesté des Romains eux-mêmes. Voyez Tite-Live."

// Méprisables, Schwab et ses amis n'ont rien de miltonien, rien de byronien, rien de luciférien -- ou alors à la sauce hollywoodienne.
"Sacrifier le bonheur de toute une nation et la vie de deux cent mille citoyens, aux intérêts d'une fortune particulière, dire que tout périsse pourvu que je reste, c'est l'effet d'un égoïsme tellement abominable et tellement vaste dans son vouloir, qu'il commence à devenir d'une grandeur infernale. Satan seul a pu dire que le monde s'abîme, et que je sois satisfait."

// Une idée pour foutriquet 2.0 version 2022 et suivantes.
Sur les excès de frénésie auxquels se livraient les sicaires du tyran : "Il fallait, sous le sabre levé, crier vive l'empereur, et le sabre frappait quand on n'avait pas crié assez fort, ou d'assez bonne grâce.

Qu'on se rassure : tous ces amusement arrivent à leur terme. ;-)

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

Blumroch > Et c'est peut-être inéluctable.

Écrit par : Pharamond | 11/04/2022

@Pharamond : Je n'avais à l'esprit que la fin de mes interventions. ;-) Pensais-tu à la fin du monde, en tout cas de l'Internet encore un peu libre et que Schwab prétend maintenant contrôler ?

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

Blumroch > Je pensais plutôt à ton hypothèse en réponse à ma question.

Pour la censure, j'espère qu'il restera toujours des îlots pour se réfugier.

Écrit par : Pharamond | 11/04/2022

@Pharamond : Faudra faire passer les messages par des moyens détournés, comme y parvenaient les bandits de je ne sais plus quel James Bond avec Timothy Dalton (*License to kill* ?), qui utilisent un jeu télévisé pour communiquer à leurs clients le prix des marchandises.
Les prix délirants de certains objets (livres, films, jeux) sur penthesilee tient peut-être à quelque chose du même genre.

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

@Pharamond : Suggestion pour *Dernière ronde avant la nuit* :
https://hermann-balck.tumblr.com/image/677139897436520448

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

Blumroch > Ce chaton a déjà l'œil féroce, il est sans doute fanatisé ;-)

Écrit par : Pharamond | 11/04/2022

@Pharamond : N'empêche, je l'espère chez Freyja avec mother et mauser. ;-)

[Zikalamar]
Ma mémoire est de plus en plus défaillante, mais je crois bien n'avoir pas vu cité ici ce film, d'inspiration très probablement gauchiste, qui semble un lointain parent de *Cube* en plus espagnol, c'est-à-dire en plus horrible (does *La secte sans nom* ring a bell ?) :
https://www.youtube.com/watch?v=Q6kEozJ4nrw
https://en.wikipedia.org/wiki/The_Platform_(film)
Ai vu la référence chez Bonnal dans un des billets roboratifs, positifs et réconfortants dont il a le secret.

Écrit par : Blumroch | 11/04/2022

@ Pharamond

Je n'avais plus écouté Arkona depuis très longtemps. Ce n'est pas encore censuré?

@ Blumroch
Terrible de constater, une fois de plus, que des esprits supérieurs comme Rostand, Bernanos, les frères Jünger, Carrel, .. avaient posé les bons diagnostiques sur la modernité et qu'ils n'ont malheureusement pas été suivis.
Implicitement Rostand sous-entendait que si les incurables devaient être maintenus en vie, ils devaient être exclus de tout processus décisionnel.

Écrit par : Sven | 13/04/2022

@Sven : L'intelligence n'a aucun avenir, seulement un passé. :-(
Parasites et nuisibles devraient n'avoir aucune voix au chapitre. Je n'ai pas une estime exagérée pour George Bernard Shaw, mais il a très justement observé ceci : "A government that robs Peter to pay Paul can always depend on the support of Paul." Dans un monde normal, les lubies devraient être payées par ceux qui les soutiennent ; on verrait alors nettement moins de crétins gauchistes et assimilés.

Écrit par : Blumroch | 13/04/2022

P.S. : La réflexion, comme beaucoup d'autres, est attribuée à Shaw, sans autre précision.
Il aurait aussi et ainsi prévu l'époque : "We have not lost faith, but we have transferred it from God to the medical profession." -- ce qui mériterait un développement dangereux par nos temps de covidémence. Quant à "Let no one suppose 'that the words doctor and patient can disguise from the parties the fact that they are employer and employee.", c'est un rappel risqué. Dans le même registre, certains moutons ont l'illusion que les bergers sont à leur service, montrant qu'ils n'ont rien compris à la situation.
Une dernière pour la route, qui montre qu'un végétarien peut n'être pas nécessairement un abruti (c'est toutefois rare) : "Liberty means responsibility. That is why most men dread it."

Écrit par : Blumroch | 13/04/2022

Blumroch > Je n'aime pas les films gores/trash avec ou sans alibi. Plus jeune j'en ai regardés, mais en prenant de l'âge on constate que les pires horreurs ont lieu dans la vrai vie.

Sven > Pourquoi voudrais-tu que cela soit censuré ?

Écrit par : Pharamond | 13/04/2022

Sven > Oups ! je viens de constater que c'est russe. J'ai vu d'autres vidéos avec des artistes russes précédés par un avertissement sur fond de drapeau ukrainien dénonçant l'invasion injuste du pays.

Écrit par : Pharamond | 13/04/2022

@Pharamond : Faute de savoir suggérer, on montre. On ne ferait plus aujourd'hui cette scène de *La féline* de Tourneur, où l'on voit une porte bouger un peu sous les coups avant qu'un filet de sang ne dise l'horreur qui se passait derrière.
Pour le truc espagnol, Bonnal semblait penser qu'il était une bonne allégorie de l'époque. Pour plus de précisions, on allumera sa tivi pour apprendre que le tyran dénonce le caractère autoritaire de sa complice blonde. :-(

Écrit par : Blumroch | 13/04/2022

[Musicalmar]
Maintenant, je fais, comme tout le monde, l'éloge de vidéos que je n'ai pas vues (vieille définition des critiques "littéraires" : des gens qui célèbrent des livres qu'ils n'ont pas lus, que les auteurs n'ont pas écrits, pour un public qui ne les achètera pas). Faut dire que c'est La Mite. ;-)
https://www.youtube.com/watch?v=K7RrKjJZclU

Écrit par : Blumroch | 13/04/2022

Blumroch > C'est dans le cadre de limites que le talent se déploie en étant créatif ; voire par exemple les immondes réalisations architecturales actuelles alors que la technique permet presque tout.

Prenons-en de la graine, il faudra peut-être tous y passer.

Écrit par : Pharamond | 13/04/2022

[Zikalamar inspiré par le billet "Totem"]
Péri n'est pas seulement un nom propre dans cet *Héliopolis* qui avait inventé l'optiphone bien avant *Star Trek*, mais aussi un prénom féminin exotique. J'aurais bien vu, dans une des fantaisies de Fruttero & Lucentini, une héroïne pas très intelligente, disciple d'un Aristote mal compris à partir d'une traduction en moldo-poldève, lancée à la recherche de son âme, ayant pour nom en forme de *private joke* : Péri Psykhônne.

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

Le Kamerad Blumroch partageant régulièrement ses saines lectures, j'en fais de même avec les miennes. Rostand étant quelque peu suranné, je vous laisse découvrir ses avatars modernes:
https://www.sorbonne-universite.fr/sites/default/files/media/2022-04/Recits_athropocene_version_publiee.pdf

Pour que vous compreniez bien, une idée du niveau d'études dans les faits (pas dans les textes pour les 3 premières catégories).
assistant ingénieur : bac+3
ingénieur d'études: bac+5
ingénieur de recherche: bac+8
chargé de recherche/maître de conférences: bac+8
directeur de recherche/professeur des universités: le dessus du panier de la classe précédente avec une habilitation à diriger des recherches

Écrit par : Sven | 14/04/2022

Merci Blumroch pour les références aux auteurs latins. Je suis en train de te répondre.

Écrit par : Sven | 14/04/2022

@Sven : Quand on a un peu lu, trois ou quatre passages pris au hasard permettent de se forger un avis qui ne risque pas d'être démenti. Je ne me suis donc infligé ici qu'une bonne dizaine de pages -- y compris le magnifique poème final, d'un lyrisme soutenu honorant sa rédactionneuse -- ; je crois néanmoins pouvoir en tirer cette conclusion : c'est une forgerie du G.I.C. Jalons. J'irais jusqu'à avancer que chaque témoignage a été rédigé par une personnalité *qualifiée* -- fouteux, mannequin, journalope, collégien engagé pour Gaïa...
Quoi qu'il en soit, ça décourage le sarcasme. Fut un temps où les savant, pour rire ou nous faire rire, avaient le *Journal of Irreproducible Results* et les *Annals of Improbable Research*.
Que les Kameraden en jugent, des terribles effets d'une double ablation : de la honte d'abord, de la cervelle ensuite :
//
Dès mes premiers balbutiements de conscience sociale durant mon enfance, j'ai entendu parler, au sein de mon foyer, du souci de l'environnement, de la qualité de l'air que nous respirons, de l'eau que nous buvons, de l'impact de nos activités et de nos déchets sur l'écosystème.
//
Parce que je suis femme,
Je vois que le changement non préparé se fait souvent au dépend des désarmés.
Parce que je suis européenne,
Je porte des valeurs du vivre ensemble dans la diversité.
//
C'est un thème à la mode [la réchauffance climatesque à prétexture anthropisante], les sous pleuvent sur les projets le prenant comme sujet d'étude. Quelqu'un lâche : «C'est une belle opportunité de décrocher des financements, il y a des sous à se faire». Mes larmes coulent. Je me sens ridicule, je ne veux surtout pas qu'on les voit, je me concentre pour les retenir... Mais elles coulent.
Tristesse infinie.
//
Joie, joie, joie, pleurs de joie.[1]
//

[1] On touche, là aussi, au *sublime*, quand bien même l'extrait ne vient pas du livre recommandé par le Kamerad Sven. L'auteur était d'ailleurs un savant assez connu. ;-)

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

P.S. : Dans un monde normal bien que *moderne*, cette mièvrerie et cette sottise devraient être associées aux titulaires de faux diplômes farcesques en psycho, socio et autres. Que les zoteurzéotrisses appartiennent au monde des sciences dit assez la progression du wokisme militant. On croirait lire des extraits du *Journal d'un crétin*, de Stéphane Hoffmann.
Evergreen for ever.
Rire, rire, rire, pleurs de rire -- jaune.

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

[Zikalamar en mode Combaz]
Contrairement au héros d'*Un jour sans fin*, celui d'*Un quinquennat[1] sans fin* ne s'améliore[2] pas, bien au contraire[3].

[1] Ou septennat. Ou présidence à vie façon Jalons.
[2] Concession à la mièvrerie, parce que faire des efforts pour Andie MacDowell, bof. Au moins, dans *Edge of Tomorrow*, c'est pour mener une guerre.
[3] On peut considérer qu'être de plus en plus une ordure démente sans limites, c'est, pour une ordure démente sans limites, s'améliorer. "S'aventurer avec arrogance et cynisme[3a] au-delà de toutes les limites de la décence à un degré encore inconnu des hommes et des dieux", c'est une profession de foi qui en vaut d'autres.
[3a] C'est d'ailleurs injuste pour les vrais cyniques.

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

[Zikalamar]
Le héros philosophe de *Bienvenue à Zombieland* conseillait d'apprécier les petits bonheurs. *Carpe diem*, tout minuscule qu'il est. Dans le même esprit, cette révélation (découverte grâce à un commentaire chez hashtatable) qui pourra *divertir* d'une situation de cauchemar :
https://www.profession-gendarme.com/divulgation-extraterrestre-quy-a-t-il-dans-lacierie-ilych-a-marioupol/
Pulvérisés, *Détective* et *Infos du monde*. ;-)

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

@Sven : Si rien ne vaut les livres, un bon site tel que celui-ci, irremplaçable, peut avoir son utilité :
http://remacle.org/index1.htm

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

Sven > J'ai lu quelques extraits au hasard : c'est assez pauvre au niveau du style et très puéril dans le propos.

Écrit par : Pharamond | 14/04/2022

@ Blumroch

Je savais que tu apprécierais ce recueil de mièvreries à sa juste valeur. C'est mon quotidien. Et encore, dans les extraits cités, point de technicité. Sinon, cela donne:
T'as downloadé les nouvelles data? Faut qu'on les merge avec les anciennes. Comme ça on pourra les cross-correlatées avec les rainfall et finir le paper. On propose qui comme reviewers?
Heureusement qu'ils pleurnichent car le sénateur s'est fait sortir et que la mémère à chats castrés est de retour.
Comme c'est la rubrique musique, on démentira Bo Diddley (vidéo mal-synchronisée):
https://www.qwant.com/?t=videos&q=book+cover+bo+diddley&o=0%3ALch0o4wwGyw
Lorsqu'on voit une couverture comme celle-ci, on fuit.
Merci pour le site!

Écrit par : Sven | 14/04/2022

@ Pharamond

Tu ne risques pas d'avoir eu mal à la tête. Je peux t'en rajouter une puissante réflexion de ce midi: "Marine, non seulement elle est raciste mais en plus elle s'en fout du changement climatique". Je n'ai pas pu lui répondre: "Et toi la gourde avec ton menu végétarien, le bilan carbone de ton quinoa de Bolivie, il est pris en compte dans le label "fair trade" (faut bien se faire comprendre, cf. ci-dessus)? Et l'épuisement des ressources en eau des Boliviens, tu y penses? Non seulement, la fonte des glaciers réduit leur approvisionnement en eau, mais en plus, il faut rajouter l'irrigation pour les produits d'exportation.

Écrit par : Sven | 14/04/2022

Sven > Le problème est que ces gens parlent avec les lieux communs véhiculer par les médias. En quelques mots ils sont compréhensibles par la grande majorité et approuvés car consensuels. Par contre, toute contradiction nous entraine à des démonstrations et des explications fastidieuses pour en fin de compte pas grand chose. Je ne sais plus qui à dit : "le con a toujours raison parce qu'il est nombreux."

Écrit par : Pharamond | 14/04/2022

@Pharamond : "Nous sommes seuls, et eux, ils sont tous".

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

[Zikalamar]
J. P. Sears, "awaken but not woke", a obtenu la faveur d'un entretien avec l'une des marionnettes les plus en vue (les marionnettistes sont plus malins, qui préfèrent encore la pénombre) :
https://www.youtube.com/watch?v=OwQ3fW0dgNo
Qui, voici quelques décennies, aurait imaginé que son existence serait contrôlée par... *ça* et ses amis ? :-(

Écrit par : Blumroch | 14/04/2022

[Zikalamar]
Je me demandais quand les scénaristes des mafias étatique et pharmaceutique allaient y penser. C'est fait.
https://www.francesoir.fr/afp-afp-france/allemagne-un-groupe-dantivax-radicalises-projetait-des-attentats
Y'a plus qu'à trouver une vidéo de Rémi Daillet dans un de leurs ordinateurs[1] pour [prétendre] établir un lien avec le parti Reconquête qui pourra être interdit dans la foulée.
Force restera à la nouvelle u.e.r.s.s.

[1] Surtout si les claviers comportent une lettre Z isolée, lettre qu'on sait doublement démoniaque, de soutenir Poutine et de désigner Zemmour. Tout se tient.

Écrit par : Blumroch | 15/04/2022

Internet permet de satisfaire d'inutiles curiosités et d'encombrer sa mémoire de connaissances inutiles. Ainsi de ce morceau que Brasillach jugeait, dans *Notre avant-guerre*, "admirable" :
https://www.youtube.com/watch?v=pvp9YMQlrRc
Faut peut-être avoir du sang catalan ou trouver quelque intérêt aux Espagnes...

Écrit par : Blumroch | 15/04/2022

[Zikalamar]
C'est, je crois, dans le *Journal documentaire* de Philippe Billé que j'avais découvert ces cinq règles de vie attribuées à John Wayne ou à la sagesse irlandaise :

Wayne’s 5 rules you should be remembering in your daily life.

1. Money cannot buy happiness but its more comfortable to cry in a Mercedes than on a bicycle.
2. Forgive your enemy but remember the bastard's name.
3. Help someone when they are in trouble and they will remember you when they're in trouble again.
4. Many people are alive only because it's illegal to shoot them.
5. Alcohol does not solve any problems, but then again, neither does milk.

Pas certain que l'argent n'achète pas le bonheur pour ceux qui sont dépourvus de cerveau et de sens de l'ironie.
Tant qu'à se souvenir du nom d'un salopard, autant ne pas lui pardonner.
Comme l'ont noté quelques vieux moralistes, la règle n°3 souffre des exceptions : le fardeau de la reconnaissance peut obliger des gens très délicats à oublier ceux qui leur ont rendu service. C'est parfois une bénédiction.
La règle n°4 est bien vue. De même que bien des gens sont la triste conséquence d'un avortement omis ou de l'irrespect d'une vieille coutume grecque appelée exposition, bien des gens sont encore en vie parce que leurs ennemis ou leurs victimes sont trop lâches -- l'ordre social peut aussi n'être pas encore assez chaotique. Valéry avait noté que si les regards pouvaient tuer, les rues seraient jonchées de cadavres.
La règle n°5 évoque une réflexion classique : si le même néant attend, *post mortem*, le juste et le salaud, autant avoir été un salaud. Une vérité que foutriquet 2.0 et l'oligarchie auront redécouverte seuls, sans l'aide de l'inutile culture classique.

Écrit par : Blumroch | 15/04/2022

[Zikalamar]
L'essentiel de ce papier
https://eurolibertes.com/politique/eric-zemmour-ou-la-chronique-dune-cuisante-defaite-annoncee/
tient dans sa conclusion qui ne devrait étonner personne :
//
[...] force est de constater qu’il n’y a plus rien à attendre de ce peuple de France que 40 ans de libéral-socialisme et d’Éducation nationale progressiste ont, dans une large majorité, rendu totalement acquis à l’immigration de masse, à l’islamisation et à la servitude volontaire. Nous ne faisons plus «peuple», tant notre décrépitude intellectuelle, spirituelle et morale se trouve considérablement avancée. Nous sommes désormais entrés dans une très longue nuit que d’aucuns ont pu appeler «déclin» (Oswald Spengler), voire «décadence», comme Julien Freund.

À ce propos, il importe de préciser que nous n’en sommes plus aux gémissements et aux lamentations. C’est trop tard et il eut fallu mener, jadis et naguère, des combats autrement plus radicaux – sinon violents – pour endiguer ce qui advient.
//
Le Dominic Flandry inventé par Poul Anderson disait bien cette terrible prescience, à ceci près qu'il faisait son possible pour reculer l'échéance fatale :
//
[...] he [Flandry] is painfully conscious of the impending fall of the Terran Empire and the subsequent "Long Night" of a galactic dark age. His career is dedicated to holding it off for as long as possible.
//
Sans Spartiates, point de Sudistes. La chute de Rome est un malheur de chaque jour. :-(

Écrit par : Blumroch | 15/04/2022

@ Blumroc

Notre Kamerad Philippe Dubois tire la même conclusion que Philippe Randa. On met trop d'espoir dans les élections et il en résulte, malheureusement, beaucoup de d'amertume. Il n'y a pas à être déçu car les élections sont truquées. Les sondages manipulés ont fait croire à une possible présence du Z au deuxième et, ensuite, ont fait en sorte, en faisant monter le sénateur de la révolution et la mémère à chats castrés, à avoir un vote utile à "gauche" comme à "droite". Perso, j'ai été voté Z pour le remercier d'avoir parlé de remigration. L'important est là. Préparé les gens à l'inéluctable. En 2007, identité nationale, vers 2015, grand remplacement, en 2022, remigration. Et la majorité de la population y est favorable.

Écrit par : Sven | 16/04/2022

[Zikalamar]
Sur le modèle du slogan "Save a tree, burn a book !" : "Empêche un barrage : mange[1] un castor !".

[1] Comme s'exprimer sera de plus en plus dangereux, s'impose le choix de l'étape suivante ; on peut aussi penser, pour le castor, à un autre sort que l'ensevelissement sous la mahonnaise[1a].
[1a] Fine allusion à une réflexion rigolote attribuée à Shaw[1b] : "Les architectes dissimulent leurs erreurs sous du lierre, les médecins sous la terre, les cuisinières sous de la mayonnaise et foutriquet 2.0 sous du charabia[1c]."
[1b] Le nom, pas le prénom de celui qui s'appelle Brothers. ;-)
[1c] Le texte original semble avoir été corrompu.

Écrit par : Blumroch | 16/04/2022

@Sven : "Et la majorité de la population y est favorable." : c'est peut-être vrai, en tout cas à en croire les sondages[1], mais la traduction dans les urnes ou ailleurs se fait attendre. C'est le paradoxe qui voit nos chers krontemporains affecter, à 80%, de mépriser des journalopes qu'ils ne lisent pas, écoutent peu et regardent à peine, alors qu'"en même temps", ils obéissent à leurs ordres.

[1] Deux exemples :
https://www.breizh-info.com/2022/03/25/184154/selon-un-sondage-ifop-66-des-francais-soutiendraient-le-projet-de-remigration/
https://www.valeursactuelles.com/politique/sondage-exclusif-55-des-francais-daccord-avec-zemmour-sur-la-creation-dun-ministere-de-la-remigration/

Écrit par : Blumroch | 16/04/2022

[Zikalamar]
Un rappel incitant à reprendre le sobre commentaire universel du philosophe pragmatique Jack Slater :
//
Without the French support in money and ships, great Americans like Washington, Jefferson, and of course Franklin, men born Englishmen, would not have died as Americans, but as Englishmen.[1]
//
"Monumentale erreur", "Big mistake" en effet. La création de l'ennemi ingrat tient parfois à bien peu.

[1] https://www.takimag.com/article/yes-men-and-strongmen/

Écrit par : Blumroch | 16/04/2022

"La création de l'ennemi ingrat tient parfois à bien peu."

Hummm...
Vous croyez vraiment qu'un empire purement Britannique eut été moins toxique que nos chers Amerloques?
Il est vrai qu'ils sont "bien mûrs", billet et commentaires édifiants...
https://turcopolier.com/ltg-mark-hertlings-assessment-14-april-2022-ttg/

Écrit par : realist | 16/04/2022

[Zikalamar]
On sait, grâce aux feuilletons et aux journaux, que le bon "profiler" doit se mettre *dans la tête du tueur* qu'il pourchasse afin de le pouvoir attraper. Jadis, on disait, avec moins de prétention, qu'il fallait savoir se mettre à la place d'autrui pour le comprendre, mais l'expression était trop simple.
Quoi qu'il en soit, à titre de divertissement pour oublier une légère migraine, on a tenté d'imaginer ce qu'un foutriquétiste irait rédiger comme nécrologie pour le jour, évidemment espéré lointain[0], où son gourou foutriquet 2.0 perdrait -- injustement -- la vie, comme [1] ou [2].
Cet *improbable* membre de la secte covidiste n'est évidemment pas l'auteur des notes.
//

foutriquet[3] 2.0[4]

En vérité je ne suis pas digne de célébrer notre cher disparu foutriquet 2.0 ; j'aurai toutefois l'audace d'évoquer ses vie et actes sans un *{p|b}athos* qu'il aurait détesté.

foutriquet 2.0 était un très grand homme : un guerrier au service de l'humanité oligarchique, et aussi un apôtre prêchant l'évangile de la justice davosienne pour toutes les nations sans frontières[5]. Il était, au plus haut degré, destiné à changer la France, l'Europe, le monde, le système solaire, la vie elle-même ; hélas ! pour son malheur et pour le nôtre, les destins l'ont fait vivre à une époque maudite, marquée par la montée d'une esstrème drouate fâchiste-raciste-populiste-complotiste-antisémite-et-naziste qui a empêché notre beau modèle de mener à bien le beau projet[6] qui était le sien.

Tel est le portrait de lui qui doit rester dans la mémoire des Européens ordinaires[7]. Quant à nous, ceux du cercle rapproché, ses disciples, ses admirateurs, ses obligés, ses clients, confrontés à sa mort odieuse et injuste, affligés par cette perte immense, nous ne pouvons que courber encore plus notre tête.

K. Noutammeseune.

//
[0] Skifopadiretoudmême. Mais bon, toujours former des voeux pour assurer au tyran une longue vie car son successeur pourrait être pire encore -- surtout si le tyran se succède à lui-même, grâce à la faveur des oligarques, des merdias et d'une populace imbécile autant qu'aveugle (sans oublier de menus stratagèmes dans le décompte des voix, pour rendre plus éclatante la victoire). Au reste, la prudence commande de préférer le démon qu'on connaît à celui qu'on ne connaît pas. Ainsi, qui diable voudrait essayer une Li-Poûng inexpérimentée[0a] quand foutriquet 2.0 a, lui, *fait ses preuves* -- aux yeux de ses marionnettistes.
[0a] D'autres adjectifs viendraient bien à l'esprit, mais le péril est trop grand pour dire la vérité.
[1] Par exemple et par hasard : un communiste roumain.
[2] N'importe lequel des nombreux empereurs romains aidés, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, à rejoindre leurs ancêtres.
[3] L'emploi d'une capitale pourrait passer pour une expression de respect, voire d'ironie.
[4] Giscarat sans destin pouvait avec raison être considéré comme un lointain héritier de Thiers ; le modèle de foutriquet 2.0 ne pouvait être qu'un médiocre contemporain, savoir Giscarat -- d'où le 2.0. Le premier était une tragédie, le second n'est qu'une farce -- on sait que le grotesque et l'horreur vont de pair.
[5] Yep, ça ne veut rien dire, mais c'est un foutriquétiste qui parle.
[6] Ou brochet. On hésite.
[7] Ils le sont tous, sauf les fonctionnaires de l'u.e.r.s.c., extraordinaires d'être les maîtres -- hommes, femmes et autres -- sans qualités.

Écrit par : Blumroch | 16/04/2022

[Zikalamar]
Les suggestions de m'sieur ioutube sont rarement pertinentes, qui parfois suscitent la perplexité. Celle-ci, de manière étonnante, n'était pas idiote, bien qu'ayant une origine gauchiste :
https://www.youtube.com/watch?v=eLyF04zdSXE
Les occasions de sourire ne sont pas si nombreuses.
Quand même, elle n'a honte de rien -- comme eux tous.

[Zikalamar]
Bergier a consacré quelques pages intéressantes aux livres maudits ; un mauvais esprit pourrait en rédiger d'instructives sur les villes maudites, propices à corrompre encore plus de jeunes esprits malléables et conformistes pour les mettre (sans difficultés excessives) au service de la médiocrité sociale en général et politique en particulier. On verrait alors bien ce passage en guise d'épigraphe : "Tout normalien pouvait passer ses vacances, gratuitement, à Genève, sous prétexte "d'information", aller l'hiver à Davos, et on espérait ainsi l'attirer vers les doctrines orthodoxes et le soutien du régime." Cet [autocensuré] qu'était Briand avait déjà organisé son programme de Young Local Leaders prétendus radicaux et surtout socialistes.

[Musicalmar]
En d'autres temps plus heureux, quand la vraie culture n'était pas encore un délit, Jean-Louis Curtis a pu raconter l'histoire du maudit mois de mai 68 avec d'éblouissants pastiches, et Gérard Vincent celle de l'humaine engeance avec un délicieux récit dont presque chaque phrase était une citation ou une référence[1].
Avant eux, en 1802, deux lettrés -- Antoine-Marie Héron de Villefosse et Charles-François Durozoir -- avaient eu l'idée de commenter, dans leurs *Essais sur l'histoire de la Révolution française, par une société d'auteurs latins*[2], l'immonde chiennerie que l'on sait, au moyen d'extraits judicieusement choisis dans les oeuvres des auteurs latins classiques : le résultat est saisissant, qui rappellerait, si besoin était, combien les situations ne sont pas originales (contrairement aux moyens techniques permettant aujourd'hui aux salauds de parvenir à leurs mauvaises fins sans laisser aux victimes la moindre possibilité de résistance efficace). Mieux : de nombreux constats concernent notre grande époque.
On pourra mesurer le prétendu progrès de l'instruction en apprenant que nos deux historiens érudits étaient polytechniciens. Quand on pense que cette école, après nous avoir donné des personnalités telles que Detoeuf et Abellio, en est arrivée à produire du Giscarat et de la Fiasco-Morizet...
La préface de ce tour de force est faite de considérations et citations judicieuses, auxquelles des remarques n'ajouteraient rien :
//
Frappés de se reconnaître dans ces tableaux, quelques-uns croiront qu'on leur impute [à eux-mêmes] des crimes commis par d'autres.
//
Lorsqu'une multitude d'imaginations échauffées, réunies par le même intérêt et la même volonté, vient à être enflammée par l'enthousiasme, la superstition, le fanatisme ; il ne faut plus qu'un ambitieux habile pour diriger à son gré les fureurs de cette machine infernale. Alors les villes et les campagnes ne présentent plus que des monceaux de ruines qui couvrent des tombeaux. Les plus puissants Etats sont bouleversés : ils tombent dans l'anarchie. Le fer et le feu, les atrocités de toute espèce transforment la raison en férocité. Les annales des nations en conservent des monuments dont nous ne pouvons perdre le triste souvenir. Ces époques sont humiliantes pour nous, puisque les acteurs de ces horribles scènes étaient des hommes, et quelquefois nos compatriotes.
//
Annoncer des vérités, proposer quelque chose d'utile aux hommes, c'est une recette sûre pour être persécuté. Il est dangereux d'avoir raison dans des
choses où des hommes accrédités ont tort.
//
Un prophète qui aurait fait cette prédiction :
"Un temps viendra où l'on muselera les hommes, où on les chargera de coups de bâton, où on les réduira en servitude, après les avoir abrutis ; et dans ce temps, les hommes ainsi muselés, ainsi assommés, diront grand merci à ceux qui les auront traités de cette manière, et les regarderont comme les bienfaiteurs de l'humanité."
Un autre prophète qui aurait ajouté :
"Et alors, les mots signifieront chose contraire à ce qu'ils avaient signifié auparavant ; les actions produiront un effet opposé à celui qu'elles doivent produire ; quand on prêchera la licence, on croira qu'il s'agit de subordination ; quand on armera le fort contre le faible, le fripon contre l'honnête homme, le valet contre son maître, on criera vive la justice ; quand on bouleversera tout, qu'on encouragera tous les vices, qu'on brisera tous les liens de la société, chacun s'écriera : Voilà le rétablissement de l'ordre ; tous les hommes vont être heureux."
Ces deux prophètes auraient été regardés comme des insensés, et cependant ces insensés auraient prédit exactement, et les effets magiques de la moderne philosophie, qui fascine les esprits, et la docilité des esprits qui se laissent fasciner par la philosophie moderne !
Et véritablement il est aisé de faire voir, par de bons exemples, que les prétendus philosophes du siècle, en se disant les zélateurs de l'humanité, en s'annonçant pour la lumière des peuples et les vengeurs de la raison, ont trouvé moyen de se faire croire et de se faire bénir, tandis que la plupart de leurs maximes ne respirent que trouble, sédition, renversement, et ne sont propres qu'à rendre le genre humain plus malheureux. Feuilletons leurs livres.
On les regarde comme les gens qui rendent la santé, qui inoculent la raison ; on les écoute comme des discoureurs qui amusent ; on les glorifie comme des astres qui éclairent les nations, sans s'apercevoir que l'influence de ces astres noircit,
dessèche, corrompt et brûle partout où elle se fait sentir. Et si, par hasard, il s'élève quelques voix citoyennes et courageuses pour dévoiler le prestige et dissiper l'aveuglement général, les corrupteurs et leurs disciples se liguent pour décrier ces voix, pour les étouffer, tandis que le petit nombre de ceux qui ont résisté à la contagion, et qui sont les plus intéressés à en arrêter les progrès, négligent de les encourager, et craignent même de leur applaudir ouvertement.
//
L'homme de guerre méconnaît les rapports qui le lient aux autres hommes ; il plongera si l'on veut l'épée dans le sein du citoyen, de son frère, de son ami ;
en un mot, l'homme de guerre, de même que le dévot fanatique, ne se croit pas fait pour penser. Il devient cruel , inhumain sans pitié ; il commet le crime sans remords, quand ses chefs lui disent qu'il faut commettre le crime.
//
Celui qui a en main la milice d'un Etat, celui qui a en main les finances, est despote dans toute la force du terme ; et s'il n'achève pas de tout courber, c'est qu'il ne convient pas toujours à ses intérêts d'user de sa toute puissance.
//
Je ris de pitié en voyant donner tant de beaux projets de politique sur l'agriculture et la population ; tandis que les impôts, plus énormes que jamais, achèvent d'enlever au peuple le prix de sa sueur.
Ce pauvre peuple a une patience qui me fait admirer la force des lois et de
l'éducation.
Il n'est point aujourd'hui de nation qui murmure plus que la française, qui obéisse mieux et qui oublie plus vite.
//
Les hommes réfléchissent peu ; ils lisent avec négligence ; ils jugent avec précipitation ; ils reçoivent les opinions comme on reçoit la monnaie, parce qu'elle est courante.
//
O mes concitoyens ! non, vous ne ressemblez pas à vos pères, vous étes polis et cruels ; vous n'avez que les apparences de l'humanité ; lâches et fourbes, vous n'avez pas même le courage des grands forfaits ; vos crimes sont petits comme vous.
//
C'est une étrange rage que celle de quelques messieurs, qui veulent absolument que nous soyons misérables. Je n'aime point un CHARLATAN qui veut me faire accroire que je suis malade pour me vendre ses pilules.
//
La force et le courage appartiennent à tous les peuples de la terre ; mais les causes qui les mettent en action et les soutiennent, dérivent de certaines circonstances qui tantôt sont promptes, tantôt lentes à se développer, mais qui tôt ou tard ne manquent jamais d'arriver. Heureux le peuple qui par lumière ou par instinct saisit l'instant !
A certains Etats, il est une époque qui devient nécessaire, époque terrible et sanglante ; mais le signal de la liberté, c'est la guerre civile.
//
Dans les calamités actuelles qui désolent l'Europe, ce que je trouve de plus avantageux est la dépopulation ; du moins, puisque les hommes doivent être si malheureux, il y aura moins.d'infortunés.
//

[1] Refusant tout crédit au lecteur ordinaire, l'auteur en donnait malheureusement la liste à la fin de son livre, privant ainsi les ceusses ayant un peu lu et retenu du plaisir d'être les seuls à apprécier l'exploit, inattendu chez un professeur officiant à "sciences" pipeau, où il devait être atypique.
[2] On trouvera[2a] le texte, d'ailleurs mal numérisé -- c'est une habitude qui dit aussi les compétences, sans doute "délocalisées", mises en oeuvre --, chez Gallica. La version proposée par l'université de Stanford est un peu meilleure.
[2a] Plus exactement, on le trouverait si, prenant en compte mes suggestions, on allait y voir. ;-)

Écrit par : Blumroch | 17/04/2022

[Zikalamar]
Constat de bon sens dans un article du *Pamphlet* :
http://www.pamphlet.ch/?article_id=1647
"Il y a des jours où on se réjouit d’être bientôt mort."

Écrit par : Blumroch | 17/04/2022

[Zikalamar]
Personne[1] pour relever, *supra*, cet admirable sophisme digne d'un poème de Leconte de Lisle : l'élimination des riens, des inutiles, des surnuméraires (on trouve déjà le mot chez Rabbe) pour leur épargner des souffrances, tandis que les 500 millions (un milliard pour les moins sanguinaires) de l'oligarchie, de ses milichiens et de ses laquais, assumeront seuls toute la douleur de l'existence. ;-)
Pour les ceusses qui croient encore aux dieux, aux démons et aux fées, le Combaz d'avant la fin du monde :
https://www.youtube.com/watch?v=jxhzv-mztQU
puis
https://rumble.com/c/c-1026346
ou
https://odysee.com/@campagnoltvl:2
J'attends avec amusement celui du lundi d'après la fin du monde.

[1] "We are not surprised."

Écrit par : Blumroch | 18/04/2022

Blumroch > Sympa les 5 règles de vie.

Sven > Je n'attendais rien de ces élections sinon compter les électeurs de Zemmour et éliminer MLP. Pas terrible dans les deux cas, mais comme je m'en moque et que depuis quelques années je m'attends au pire à chaque fois...

Écrit par : Pharamond | 18/04/2022

@Pharamond : Damn, tu n'as même pas vu ce qui précédait et suivait, ou alors c'était si dépourvu d'intérêt que le mieux était de faire une réponse à la Wittgenstein. :-(
J'allais lancer un sondage pour savoir si ça valait le coup de continuer. Un de mes rares lecteurs a déjà répondu. ;-)

Écrit par : Blumroch | 18/04/2022

Blumroch > C'est à dire que je ne sais pas quoi dire.

Écrit par : Pharamond | 18/04/2022

@Pharamond : Le silence, comme le sommeil, est une opinion. ;-)

Écrit par : Blumroch | 18/04/2022

Pour les deux ou trois lovecraftiens qui fréquentent le site, cette chaîne ioutube baroque presque entièrement consacrée au Mythe (avec quelques infidélités en faveur d'airs à la Star Wars assez réussis pour les ceusses qui aiment) :
https://www.youtube.com/c/GrahamPlowmanComposer
Compositeur découvert grâce à un honnête petit film de série B (très joli générique de fin) :
https://en.wikipedia.org/wiki/Arthur_and_Merlin

Écrit par : Blumroch | 18/04/2022

Blumroch > Je ne mésestime pas le savoir faire du monsieur, mais c'est tout de même (logiquement) assez sinistre.

Écrit par : Pharamond | 18/04/2022

@Pharamond : Tu l'as dit : "logiquement". ;-) On voit (ou entend) mal des airs guillerets entonnés en l'honneur de Cthulhu, de Crom ou des Dieux *de* Lankhmar.

Écrit par : Blumroch | 18/04/2022

Blumroch > Tiens à propos du dormeur de R'lyeh :
https://www.youtube.com/watch?v=nM1Xucoxxmk

PS : La chaîne n'est d'ailleurs pas désagréable à consulter.

Écrit par : Pharamond | 18/04/2022

@Pharamond : Excellent ! C'est même mieux que voter Gandalf car "Why vote for the lesser evil ?".

(Et c'est bien que les cthulhtistes se soucient des chats.)

Écrit par : Blumroch | 19/04/2022

[Zikalamar]
Asselineau prendrait bien 30 à 90 minutes pour dire sensiblement la même chose. Là, c'est en moins de 5 minutes :
https://www.youtube.com/watch?v=9owCmpfSZl0

Écrit par : Blumroch | 19/04/2022

Blumroch > Drôle et synthétique.

Écrit par : Pharamond | 19/04/2022

[Zikalamar]
Tout le monde a reconnu l'auteur de *L'éloge de l'ignorance* et celui, démarqué, de l'éloge funèbre. Ou alors tout le monde s'en moque. Dans un cas comme dans l'autre, y'a une conclusion à en tirer : fin des musicalmars et zikalamars, sauf pour les éventuels signalements de vidéos (La Mite, surtout). Et hop, un peu de temps récupéré. ;-)

Écrit par : Blumroch | 20/04/2022

Un air guilleret pour accompagner la fin du monde d'après dimanche (d'où le choix de la version, qui n'est pas la meilleure, mais la plus appropriée d'être celle de *Knowing* a.k.a. *Prédictions*) :
https://www.youtube.com/watch?v=OAZB-CmLuSQ
Joli tour de force à l'orgue :
https://www.youtube.com/watch?v=TO7raJnBXtQ

Écrit par : Blumroch | 22/04/2022

Joli tour de force à l'orgue que cette marche de Radetzky qui change de celles jouées dans *The Prisoner* et au concert du nouvel an :
https://www.youtube.com/watch?v=lQ5v-5FkLts
Un peu trop rapide à mon sens, mais c'est à cause des versions déjà écoutées :
https://www.youtube.com/watch?v=ukA2xvsA1qg

Écrit par : Blumroch | 25/04/2022

Blumroch > On ressort les grands classiques ;-)

L'organiste est doué, mais je ne trouve pas que le 7me passe bien avec cet instrument, le violon est si évocateur.

Écrit par : Pharamond | 25/04/2022

@Pharamond : On finirait par oublier que les classiques ne sont pas devenus tels par hasard. ;-)
L'organiste a bien du talent, qui avait aussi adapté avec art du Wagner et du Poledouris.

Écrit par : Blumroch | 25/04/2022

Blumroch > Je me souviens de la musique de "Conan", si c'était bien lui.

Écrit par : Pharamond | 25/04/2022

@Pharamond : Par Crom, ton souvenir est exact !

Écrit par : Blumroch | 25/04/2022

Incidemment, pour les ceusses dont le Firefox refuse d'afficher en mosaïque la galerie "Dernière ronde avant la nuit", voici un moyen de remédier au problème :
https://www.tumbex.com/derniererondeavantlanuit-blog.tumblr/posts

Écrit par : Blumroch | 26/04/2022

Blumroch > Cela m'arrive parfois.

Merci.

Écrit par : Pharamond | 26/04/2022

Une découverte via le site "L'échelle de Jacob" :
https://youtu.be/tZagLYZHW-8

Écrit par : Blumroch | 26/04/2022

Ils ont des millions, voire des milliards. Ils prétendent avoir des informaticiens géniaux. Ils sont hostiles à tous les discours opposés aux -- ou simplement différents des -- leurs. Ils sont assistés par de vigilants gardiens de l'ordre moral progressiste, rémunérés ou bénévoles. Ils ont les moyens de leur projet consistant à imposer la muselière universellement.
Et pourtant, d'incompréhensible manière, ils laissent passer cette abomination de la désolation de l'horreur du sacrilège :
https://www.youtube.com/watch?v=4EyGGVFfsJg
(découverte via le site "Riposte laïque")
Et c'est visible depuis... 2016 !
En un mot, c'est : z'honteux.
Ursula, tu dors, quand une de tes missions, c'est d'éradiquer tous les discours, même chantés, qui n'ont pas l'agrément de tes maîtres. Que fais-tu donc pour remédier à cette intolérable situation ?
Et puis, musicalement et vocalement, ce n'est pas très heureux. ;-)

Écrit par : Blumroch | 27/04/2022

Blumroch > Pastiche assez réussi.

L'implacable machine a ses failles.

Écrit par : Pharamond | 27/04/2022

@Pharamond : Dans le monde de la prétendue nouvelle normalité, trouver "renaud camus" (ou, entre autres exemples, "richard millet"), que la mention soit élogieuse ou non, devrait entraîner l'effacement automatique et immédiat. C'est un principe mahométan énoncé par je ne sais plus quel calife : si c'est en accord avec ze book ou ze doxa, c'est inutile ; si c'est opposé à ze book ou à ze doxa, c'est encore plus inutile ; dans tous les cas, au nom du principe de précaution, on supprime.
Rha mais.

Écrit par : Blumroch | 27/04/2022

Blumroch > Heureusement Elon contre-attaque ;-)

Écrit par : Pharamond | 27/04/2022

@Pharamond : A partir de ce nom baroque, on passe vite au pronom "iélon", inclusif jusqu'au neutre, puis au "félon" bien français et même au "fiélon" ricain -- lequel est un très méchant démon dans l'univers de Dungeons & Dragons[1]. ;-)
L'individu expert en subventions publiques et en petits arrangements secrets pour éviter les procès qui joue maintenant au défenseur de la liberté d'expression, c'est un peu trop beau.

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Fi%C3%A9lon

Écrit par : Blumroch | 27/04/2022

Blumroch > Je n'ai aucune confiance dans ce bonhomme, mais si pour une quelconque raison il apporte sa pierre à la dissidence, pourquoi pas ?

Écrit par : Pharamond | 27/04/2022

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