06/11/2019
Peine capitale
Jean-Louis Harouel : « J’ai voulu démontrer la légitimité de la peine de mort » [Interview]
Jean-Louis Harouel est agrégé de droit et diplômé de Sciences Po, ayant enseigné aux facultés de droit de Poitiers et de Limoges ainsi qu’à l’université Paris II (Panthéon-Assas) dont il est professeur émérite. Il a publié une vingtaine de livres, parmi lesquels une moitié d’essais. Les plus récents sont : Le vrai génie du christianisme (2012), Revenir à la nation (2014), Les droits de l’homme contre le peuple (2016) et Droite-gauche : ce n’est pas fini (2017). De tous ces livres, le plus connu est Les droits de l’homme contre le peuple, qui a été publié en Italie (I diritti dell’uomo contro il popolo, Liberilibri) et va l’être en Hongrie et au Brésil. Son tout dernier ouvrage, Libres réflexions sur la peine de mort, s’inscrit dans la même logique de dénonciation des effets pervers pour les peuples européens des droits de l’homme érigés en religion séculière. Nous l’avons interrogé pour l’évoquer. Breizh-info.com : En quoi la peine de mort est-elle la clé de voûte d’un système pénal fondé sur la responsabilité de l’individu ? Jean-Louis Harouel : L’idée de responsabilité combine deux principes : réparation et expiation. Expiation suprême, la peine de mort s’inscrit dans une philosophie de la responsabilité de l’individu. Jusqu’à son abolition en France en 1981, la peine de mort, bien que très peu appliquée, constituait par sa simple présence dans la loi la clé de voûte d’une justice criminelle fondée sur l’idée de responsabilité. Placée au sommet de la hiérarchie des peines, la peine de mort légitimait toutes les autres peines, qui paraissaient douces par comparaison. L’abolition de la peine de mort, qui était fondée sans qu’on ait osé le dire clairement sur l’idée d’une irresponsabilité de l’individu, a délégitimé toutes les autres peines. D’où un ébranlement de l’ensemble de la justice pénale, pervertie par un humanitarisme anti-pénal et un laxisme judiciaire générateurs d’insécurité au sein de la société. Breizh-info.com : En quoi la perpétuité de 20 ans est-elle, selon vous, une imposture ? Jean-Louis Harouel : Aujourd’hui, en France, la durée moyenne d’enfermement réel des condamnés à perpétuité est de l’ordre de vingt ans. Or, du fait du grand allongement moyen de la vie humaine, un emprisonnement de vingt ans ou même de trente ans d’un criminel dangereux ne constitue pour la société qu’une protection provisoire. Des assassins atroces ayant fait preuve de la plus totale inhumanité, sont remis en liberté au nom du principe d’humanité, alors qu’ils constituent toujours un péril mortel pour la vie des autres. Quand il s’agit du risque pour les innocents que constitue la mise en liberté de terribles assassins, le fameux principe de précaution, qui obsède tant notre société dans tous les autres domaines, se trouve totalement bafoué. Breizh-info.com : La peine de mort existe, notamment aux USA. En quoi contribue-t-elle à dissuader, ou à faire baisser la criminalité ? Jean-Louis Harouel : Malgré la présence de la peine de mort aux États-Unis, la criminalité y est plus importante qu’en Europe occidentale. Mais c’est que, comme l’observe l’historien André Kaspi, les États-Unis sont marqués par une tradition de violence, individuelle comme collective, qui est inhérente aux mentalités de ce pays. Quoi qu’il en soit, la peine de mort, du fait qu’elle est la garantie la plus sure contre la récidive, préserve nécessairement la société d’un certain nombre de crimes. De plus, quand bien même la peine de mort n’aurait pas d’effet dissuasif global, reste qu’elle peut avoir un pouvoir d’intimidation catégorielle. Quand on sait avec certitude qu’en commettant un certain type de crime on sera forcément puni de mort, cela incite à chercher au maximum à ne pas prendre ce risque. Aussi bien l’argument de la dissuasion n’est-il pas, et de loin, la principale raison d’être de la peine de mort. Sa grande utilité, je le répète, est d’être la clé de voûte d’un système pénal juste, et donc de donner au citoyen confiance dans la justice de son pays. Breizh-info.com : Pourquoi ne peut-on plus débattre aujourd’hui de la peine de mort en Europe selon vous ? Jean-Louis Harouel : C’est à cause du règne d’une nouvelle religion séculière qui a pris le relais du communisme comme projet universel de salut terrestre : la religion des droits de l’homme. Avec celle-ci, les droits de l’homme cessent d’être avant tout les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques. Cette ancienne conception des droits de l’homme fait place à une nouvelle, marquée par l’obsession de traquer tout ce qui peut être perçu comme une discrimination et par l’utilisation des droits subjectifs au service d’une expansion illimitée des droits individuels. C’est sous l’effet de la religion séculière des droits de l’homme qu’est intervenue l’abolition totale de la peine de mort, inscrite depuis 2002 dans la convention européenne des droits de l’homme et depuis 2007 dans la constitution française. En conséquence, pouvoir tuer sans risquer d’être tué en punition de son crime est devenu un droit de l’homme. Un droit de l’homme immoral, destructeur de la confiance dans le pacte social et qui déshonore l’idée même de droits de l’homme. Or, toute contestation du bien-fondé des dogmes de la religion des droits de l’homme est prohibée par la police humanitaire de la pensée. Cela se traduit pour les Européens par une disparition progressive de leur liberté d’expression. La masse de la population se voit peu à peu bâillonnée. Ainsi, la critique des bienfaits de la « diversité » est de plus en plus considérée comme un crime. C’est un blasphème, puni par le droit pénal de la religion des droits de l’homme. À ce jour, la contestation des bienfaits de l’abolition de la peine de mort n’est pas encore sanctionnée pénalement. Mais elle fait l’objet d’une très forte réprobation qui stigmatise ceux qui oseraient s’aventurer sur ce terrain dangereux. L’abolition est sainte et Badinter fut son prophète. Telle est la vérité officielle, et toute autre opinion est hérétique. Sous l’effet de la religion des droits de l’homme, nous avons abandonné sans le dire le modèle classique de la démocratie libérale pour glisser vers une démocratie nouvelle manière. Comme il y a eu naguère les démocraties populaires (l’Union soviétique et ses satellites) qui étaient en réalité des totalitarismes, il y a aujourd’hui la démocratie droits-de-l’hommiste, laquelle est une forme plus feutrée mais bien réelle de totalitarisme. Dans nos démocraties perverties par la religion des droits de l’homme, comme naguère dans la prétendue démocratie qu’était le monde soviétique, les citoyens sont écrasés par des tabous idéologiques. Breizh-info.com : La légitime défense ne constitue-t-elle pas une forme de peine de mort ? Jean-Louis Harouel : Effectivement, le résultat est le même lorsque le criminel est tué par sa victime qui se défend ou par un tiers qui lui porte secours. Or, aujourd’hui, nous l’avons vu, du fait de l’inscription de l’abolition de la peine de mort dans des traités et dans la constitution, pouvoir tuer sans risquer d’être tué est devenu un droit de l’homme. En risquant de faire mourir un criminel, la légitime défense porte atteinte à ce nouveau droit de l’homme. D’où l’actuelle défaveur envers la légitime défense de la part du législateur et du juge, tous deux acquis aux dogmes de la religion des droits de l’homme. Cette interdiction non dite de la légitime défense par l’idéologie au pouvoir tue fatalement un certain nombre d’innocents. Breizh-info.com : Qu’avez-vous souhaité démontrer à travers votre livre ? Jean-Louis Harouel : J’ai voulu démontrer la légitimité de la peine de mort et le caractère antidémocratique de l’interdiction qui est faite au peuple français d’évoquer l’idée même de son rétablissement. Une société qui remet en liberté des assassins atroces ayant commis des crimes monstrueux est une société barbare, car elle fait passer la vie des criminels avant la vie des innocents. Une société vraiment civilisée doit faire passer la vie des innocents avant celle de criminels abominables. Pour reconstruire un système pénal juste, fondé sur l’idée de responsabilité de l’individu, il faut rétablir la peine de mort au sommet de la hiérarchie des peines. Si on refuse cette possibilité au peuple français, la souveraineté du peuple n’est qu’un vain mot, et la justice aussi. Propos recueillis par YV |
Source : Breizh-info
21:20 | Lien permanent | Commentaires (19)
Commentaires
J'ai lu ces deux livres
- Les droits de l’homme contre le peuple
- Droite-gauche : ce n’est pas fini
Approche intéressante sur la continuité entre les vieilles hérésies et la gauche actuelle.
Pour le catho ayant quelques connaissances théoriques de la religion que je suis, ça me parle !
Écrit par : Philippe Dubois | 06/11/2019
"règne d’une nouvelle religion séculière qui a pris le relais du communisme comme projet universel de salut terrestre : la religion des droits de l’homme"
déjà le gars prend la hauteur nécessaire.
Écrit par : Il Popolo d'Italia | 06/11/2019
Saint Thomas, qui n'est pas entièrement cohérent sur le sujet[0], tient quelques propos d'élémentaire bon sens dans l'article 2 de la question 64[1] :
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Si donc quelque individu devient un péril pour la société et que son péché risque de la détruire, il est louable et salutaire de le mettre à mort pour préserver le bien commun ; car "un peu de ferment corrompt toute la pâte" (1 Co 5, 6)
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Voilà pourquoi, s'il est mauvais en soi de tuer un homme qui garde sa dignité, ce peut être un bien que de mettre à mort un pécheur, absolument comme on abat une bête ; on peut même dire avec Aristote qu'un homme mauvais est pire qu'une bête et plus nuisible.
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Dans une société normale et rationnelle, l'infra-humain devrait obtenir ce qu'il a *mérité* -- et la loi du talion est encore excessivement généreuse dans certains cas. C'est trop facile, d'oublier les victimes et de compter sur l'hypothétique rédemption future des crapules (joli thème de films et séries télévisées, mais qui relève, dans la réalité, du fantastique).
[0] Ainsi, à l'article 7, il condamne la légitime défense prétendue disproportionnée en des termes qui raviraient les juges gaucho-droidlomistes :
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Cependant un acte accompli dans une bonne intention peut devenir mauvais quand il n'est pas proportionné à sa fin. Si donc, pour se défendre, on exerce une violence plus grande qu'il ne faut, ce sera illicite. Mais si l'on repousse la violence de façon mesurée, la défense sera licite.
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Traduction : quand un métaphysicien du désert, animé par l'amour de la paix et de la tolérance, vous agresse au couteau pour vous trancher *délicatement* "la veine du coeur", vous ne devez *pas* riposter avec vos amis Smith et Wesson (si vous avez la chance d'en avoir, ce qui situe l'action aux Etats-Unis), qui seraient *trop* efficaces, mais vous avez encore, par chance, le droit de sortir le cri qui tue : "Vous n'aurez pas ma haineuuuuuu !" ou de vous souvenir des leçons de karaté que vous n'avez jamais prises.
Primaire assumé, je préfère la philosophie de M'sieur Colt, dont le grand Egalisateur de chances a plus fait pour l'ordre social que les considérations métaphysiques humanitaristes.
Je ne sais plus où j'avais lu un joli conte chinois qui montrait l'escalade allant du "simple" fait de jeter un papier dans la rue à celui de tuer son prochain, en passant par toutes les étapes intermédiaires. La conclusion, terrible et à peine excessive, était que la peine de mort devait tout châtier. Solon a eu tort d'abroger les lois de Dracon (chez Plutarque, *Vie de Solon*, XXII) :
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Il [Solon] commença par abroger toutes les lois de Dracon, excepté celles qui regardaient le meurtre : excessivement sévères dans les punitions, elles ne prononçaient qu'une même peine pour toutes les fautes, c'était la peine de mort. Ceux qui étaient convaincus d'oisiveté, ceux qui n'avaient volé que des légumes ou des fruits, étaient punis avec la même rigueur que les sacrilèges et les homicides. Aussi, dans la suite, Démade disait-il avec raison que Dracon avait écrit ses lois non avec de l'encre, mais avec du sang. Quand on demandait à ce législateur pourquoi il avait ordonné la peine de mort pour toutes les fautes, il répondait : "J'ai cru que les moindres fautes méritaient cette peine, et je n'en ai pas trouvé d'autre pour les plus grandes."
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Théorème de la vitre brisée. On laisse faire, et en face, c'est l'escalade.
[1] IIa IIae : http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/sommes/3sommetheologique2a2ae.htm#_Toc476936921
Écrit par : Blumroch | 06/11/2019
Le sujet du billet est évoqué dans une anecdote extraite de cette page instructive (*California Nightmare*, la chanson que les Beach Boys n'auraient pas eu à écrire) :
https://www.takimag.com/article/california-dems-show-us-the-future-run-for-your-lives/
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I doubt any other state’s voters have been more emphatic about their support for the death penalty than Californians, voting for it in statewide initiatives in 1972, 1978, 2012 and again in 2016 — just three years ago.
But earlier this year, Gov. Newsom flagrantly disregarded the voters’ repeated endorsement of capital sentences and single-handedly imposed a moratorium on the death penalty.
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Principe de la tyrannie (u.e. ou autre) : Quand la population souhaite quelque chose (de bon sens ou non d'ailleurs), faire l'exact *contraire*. C'est ainsi qu'on croit prendre des "initiatives courageuses" et surtout qu'on se sent appartenir à l'*élite*. Ne pas rire, surtout ne pas rire.
Écrit par : Blumroch | 07/11/2019
Philippe Dubois > Je n'ai rien lu de récent d'Haruel, mais les titres que j'ai lu "Cultures et Contre-Cultures" et "La Grande Falsification : l'art contemporain" m'avais bien plu même si je trouvais l'écriture un peu "froide".
Il Popolo d'Italia > Assimiler le fait que notre société est devenue religieuse jusqu'à la bigoterie dans l'adoration des nouvelles idoles de pacotilles est nécessaire pour comprendre notre monde paradoxal et dément.
Blumroch > Je suis d'accord avec Harouel, il faut conserver la peine de mort et ne l'appliquer qu'à de très rares exceptions. Sa simple existence dans le code pénal suffit à "légitim[er] toutes les autres peines".
La Démocratie c'est la liberté pour le peuple de voter dans le sens du pouvoir en place.
Écrit par : Pharamond | 07/11/2019
@Pharamond : Je comprends la logique, d'ailleurs sans originalité, de cet Harouel, mais le châtiment proposé par Dracon, appliqué à *presque* tous les crimes (avec peut-être une forme de loterie, d'ailleurs), a ma préférence. Je suis un méchant dépourvu d'indulgence et je réserve ma compassion aux victimes. On perd toujours son temps à vouloir réparer un programme qui fonctionne mal parce que sa conception est viciée. Mieux vaut repartir à zéro, et correctement. Y'a des BIOS qu'on doit effacer. ;-)
Écrit par : Blumroch | 07/11/2019
Dostoïevski disait "qui a trop pitié du coupable n'a pas assez pitié de la victime".
Écrit par : Pharamond | 07/11/2019
Je suis "Draconien" ... les 110 propositions de Mitterrand (1981) comportait l' abolition de la peine de mort (et l' open-bar pour l' immigration) ce fut ma raison de voter Giscard (quand même!) .. et pour "Kolwezi" ! les "français" ont donc voté majoritairement en connaissance de cause .. et à répétition pour qu' on en arrive là ! qu' ils aillent se faire foutre (ils adorent ça!) Personnellement , je n' ai pas aboli la peine de mort ...
Écrit par : EQUALIZER | 07/11/2019
On porte bien secours aux personnes qui tentent de se suicider même quand ils refusent l'aide et insultent leurs sauveurs ;-)
Écrit par : Pharamond | 07/11/2019
@Pharamond : On ne devrait pas porter secours aux ceusses qui ont fait le choix de se tuer. C'est leur nier tout libre arbitre et tout sens des responsabilités. *Vivre et laisser mourir*, c'est mieux qu'un titre de film, c'est un programme social. ;-)
Écrit par : Blumroch | 07/11/2019
Je serai moins catégorique : une période difficile peut mener à certaines extrémités ; doit-on laisser une personne qui n'est pas dans un état de sujet objectivement en finir avec son existence ?
Écrit par : Pharamond | 07/11/2019
@Pharamond : A mon sens, oui. La prise en compte d'un état mental prétendu plus ou moins perturbé mène vite, dans d'autres circonstances, à plaider le "déséquilibre" -- évidemment toujours *temporaire* -- pour absoudre, voire justifier les théologiens chirurgiens cherchant où est l'bar.
Liberté et responsabilité -- même en cas d'attaque noircissique.
Dans la nature, la liberté de choisir se paie au prix fort.
Écrit par : Blumroch | 07/11/2019
Il est vrai, mais le propre de l'homme n'est-il pas de se hisser tant bien que mal au-dessus de l'état "naturel".
Écrit par : Pharamond | 07/11/2019
@Pharamond : C'est plutôt l'art de se raconter de belles histoires, dans l'esprit du mot de Monteilhet sur le christianisme, art de s'inventer des batailles intérieures. ;-)
Écrit par : Blumroch | 07/11/2019
@ Pharamond
"Ne l'appliquer qu'en de très rares exceptions".
A terme, quand on aura retrouvé une population normale et faiblement criminelle. A l'heure actuelle, je réviserais bien un grand nombre de peine pour désengorger les prisons et limiter la multitude de crimes racistes impunis.
@ Blumroch et Pharamond
Vivre dans une société "normale" limiterait le nombre de suicides.
Écrit par : Sven | 08/11/2019
Quand le Kamerad Sven, optimiste à l'excès [0], écrit "A terme, quand on aura retrouvé une population normale", je suis tenté de citer, en la détournant[1], cette réplique rapportée par Chamfort : "Ah ! nous voilà dans les romans." (autrement dit : c'est de la science-fiction d'*avant* !) ;-)
[0] Ce *me* *semble*, en tout cas -- mais je suis atteint de sinistrose aiguë. ;-)
[1] Voici le contexte, légèrement différent, plutôt dans le ton de Guitry :
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Je causais un jour avec M. de. V...., qui paraît vivre sans illusions, dans un âge où l’on en est encore susceptible. Je lui témoignais la surprise qu’on avait de son indifférence. Il me répondit gravement : "On ne peut pas être et avoir été. J’ai été dans mon temps, tout comme un autre, l’amant d’une femme galante, le jouet d’une coquette, le passe-temps d’une femme frivole, l’instrument d’une intrigante. Que peut-on être de plus ?
-- L’ami d’une femme sensible.
-- Ah ! nous voilà dans les romans."
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Occasion de rappeler deux anecdotes figurant dans les pages voisines :
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-- M...., qu’on voulait faire parler sur différents abus publics ou particuliers, répondit froidement : "Tous les jours, j’accrois la liste des choses dont je ne parle plus. Le plus philosophe est celui dont la liste est la plus longue."
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-- M..., à qui on offrait une place dont quelques fonctions blessaient sa délicatesse, répondit : "Cette place ne convient ni à l’amour-propre que je me permets, ni à celui que je me commande." (j'aime beaucoup cette formule, fort utile dans les lettres de démission qui deviennent nécessaires quand un patron de presse exige que la réclame guide la plume).
Écrit par : Blumroch | 08/11/2019
Blumroch > Pas seulement, le propre d'une civilisation avant de mourir de gangrène sénile comme la nôtre en ce moment est d'élever l'homme.
Amusante la réflexion sur les femmes sensibles personnages de roman, et sans doute excessive ;-)
Sven > Parfois l'exception devient pléthorique, il faut agir en conséquence ;-)
Il est vrai que notre société sans repère et schizophrène n'aide pas à l’équilibre mental.
Écrit par : Pharamond | 08/11/2019
@Pharamond : Je ne dis pas le contraire (voir la conclusion du *Trésor des loyaux samouraïs* raconté par Soulié de Morant). S'inventer des romans et des batailles, c'est peut-être notre seul intérêt et la seule manière de s'élever un peu. Clifford Simak avait écrit une jolie nouvelle (dont j'ai la flemme de chercher le titre) sur ce thème : on y apprenait que de toutes les races galactiques, nous étions les seuls à pouvoir mentir et imaginer. D'où, dans *Galaxy Quest*, les séries télévisées prises pour autant de "documents historiques" (vrai que pour nombre de contemporains, la différence n'existe pas).
Écrit par : Blumroch | 08/11/2019
Et que faites-vous des tours des cathédrales et des donjons des châteaux-forts ? L'homme dès qu'il a su empiler des pierres à chercher à se hisser au dessus du niveau du sol pour atteindre Dieu ou surplomber ses ennemis parallèlement à son ascension morale.
Écrit par : Pharamond | 08/11/2019
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