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06/07/2018

Bribes d'Occident (47)

la-toscana-front-doors.jpg

J'ai découvert cette image par hasard, tout y est : la campagne toscane sous le ciel bleu, les menuiseries et le carrelage d'un autre âge, le chat dans l'ombre fraîche, les couleurs, la table où l'on ira discuter dans la soirée jusqu'à la nuit tombée et plus encore pour essayer d’arrêter le temps...

Commentaires

Le charme fou de la campagne toscane et tout ce qui va avec: climat, paysages, patrimoine, art de vivre et vie tout court, fièrement assumée par ce chat qui profite de l'ombre et de la torpeur de l'après-midi.

Écrit par : Carine | 06/07/2018

Ambiance délicieuse qui me fait penser au début de "Much Ado About Nothing" (que j'adore, malgré quelques éléments "perturbateurs"que nous aurons tous remarqués ici ;-) )

https://youtu.be/glnOybkdU5M

Écrit par : UnOurs | 06/07/2018

Les grands yeux verts constellés d'étoiles de mon matou sont rivés sur la chatte allongée à l'ombre de l'entrée - comme je le comprends ;o)

Écrit par : téléphobe | 08/07/2018

Carine > L'Europe est belle, unique et si fragile...

UnOurs > Kenneth Branagh situe l'Aragon un peu trop au sud.

téléphobe > Une chatte et non un chat, le félin ont vraiment des yeux perçants.

Écrit par : Pharamond | 08/07/2018

Cette photo pourrait illustrer la description que donne Raspail dans le "camp des saints", quand il décrit le Village et plus particulièrement la maison habitée par le dernier des mohicans du Village.
Je me souviens de l'expression "trois siècles de certitudes héréditaires...écoeurant"

La patine des vieilles portes de bois est admirable.

Écrit par : Popeye | 09/07/2018

Ma mémoire ne me joue pas trop de tour : il me semblait me souvenir que le dernier habitant du village était un professeur en retraite.

C'est bien le cas, et il s'appelle monsieur Claguès dans le roman.

Quelques clics de recherche sur Internet suffisent pour confirmer, ou non, un vague souvenir.

Écrit par : Popeye | 09/07/2018

La description de la porte dans le Camp des Saints :
"...le vieil homme frotta sa paupière fatiguée puis dirigea tout naturellement son regard vers la porte de sa maison. C'était une porte de chêne massif, une sorte de masse immortelle articulée sur des gonds de forteresse, où apparaissaient, gravés dans le bois sombre, le nom patronymique du vieux monsieur et l'année qui vit l'achèvement de la maison par un aïeul en ligne directe : 1673. ..."

Écrit par : Popeye | 09/07/2018

et au même endroit j'ai retrouvé les "quatre siècles de certitude héréditaire"

https://booknode.com/le_camp_des_saints_091528/extraits?offset=6

"...Il se servit un large verre pour la soif et un autre pour le goût, conscient du superflu et s'en pourléchant avec un rien d'ostentation. Il coupa le jambon en tranches minces qu'il aligna joliment sur un plat d'étain, arrangea quelques olives, posa le fromage sur une feuille de vigne, les fruits dans un grand panier plat, puis il s'assit devant son souper et sourit, heureux. Il aimait. Comme tout amant comblé, il se retrouvait seul avec celle qu'il aimait. Ce soir-là, ce n'était pas une femme, ni même un être vivant, mais une sorte de projection de lui-même faite d'images innombrables auxquelles il s'identifiait. La fourchette d'argent, par exemple, aux dents usées, avec les initiales presque effacées d'une aïeule maternelle, un objet tout à fait étrange si l'on songe que l'Occident l'inventa par souci de dignité alors que le tiers des hommes plongent encore leurs mains dans ce qu'ils mangent. Le verre, cristal inutile, on en aligne quatre pour quoi faire ? Fallait-il vulgairement ne plus aligner de verres parce que le Sertao mourait de soif ou que l'Inde avalait le typhus avec la boue de ses puits taris ? Les cocus peuvent frapper à la porte, menacer, se venger, en amour on ne partage pas et l'on se moque du reste du monde : en fait, il n'existe pas. Les cocus du bonheur s'avançaient par milliers? Parfait ! Le professeur aligna quatre verres et déplaça la lampe pour mieux les éclairer : il en jaillit des étoiles. Plus loin, un bahut paysan, énorme, massif, intransportable, quatre siècles de certi­tude héréditaire comme disait le jeune homme et dans ce bahut, tant de linge accumulé, nappes, serviettes, draps, taies, torchons, lin inusable, fil d'autre temps, en piles si épaisses, serrées, extérieures, cachant d'autres trésors domestiques parfumés de lavande, que le pro­fesseur ne se souvenait pas avoir jamais eu recours aux piles intérieures que sa mère ou sa grand-mère avaient rangées là, il y avait si longtemps, ne distrayant au profit de leurs pauvres - les chères femmes au bon cœur si prudent ! Charité débridée n'est-elle pas d'abord péché contre soi-même? - que le linge usagé, honnêtement rapiécé mais pouvant encore servir. Puis les pauvres étaient devenus trop nombreux. C'est-à-dire qu'on ne les connaissait pas. Ils n'étaient pas d'ici. Ils n'avaient plus de noms. Ils envahissaient tout, ils devenaient trop malins. Ils pénétraient dans les familles, les maisons, les villes. Par milliers ils se frayaient passage de mille façons infaillibles. Par les boîtes aux lettres, ils appe­laient au secours, leurs photos épouvantables jaillissaient chaque matin d'une enveloppe et revendiquaient au nom de collectivités. Ils se glissaient partout, par les journaux, la radio, les églises, les factions, on ne voyait plus qu'eux, des nations entières qui n'avaient même plus besoin de linge mais de comptes chèques postaux, hérissées d'appels déchirants, presque comminatoires. Il y eut pire. A la télévision, voilà qu'ils s'étaient mis à bouger, on les voyait mourir par milliers, l'hécatombe anonyme devenait spectacle permanent, avec ses chantres professionnels et ses meneurs de jeu. La terre était envahie par les pauvres. Le remords s'installait partout, le bonheur devenait une tare et que dire du plaisir ? Même au village de Calguès, donner un peu de linge propre, de la main à la main, était pris comme une in­sulte. Bref, on ne se sentait même plus meilleur en don­nant, mais au contraire diminué, honteux. Alors le professeur avait fermé définitivement au monde ses armoires, bahuts, cave et garde-manger, le jour même, il s'en souvenait fort bien, où le précédent pape avait bradé le Vatican. ..."

Écrit par : Popeye | 09/07/2018

Merci pour l'extrait, j'ai lu "Le Camp des Saint" il y a bien longtemps et et j’étais loin d'imaginer que ce que je prenais alors pour une allégorie allait se transformer en réalité moins d'un demi siècle plus tard.

Écrit par : Pharamond | 09/07/2018

Les commentaires sont fermés.