02/12/2017
Il me semble (67)
Parmi ceux qui culpabilisent la "France d'en bas" en lui reprochant d'être réactionnaire, frileuse, égoïste, crispée sur ses acquis, d'avoir une mentalité bourgeoise, de ne pas vouloir s'ouvrir aux autres ni partager, nombreux considèrent normal voire indispensable pour eux-mêmes de mener des trains de vie princiers parce qu'ils ont travaillé dur pour cela et qu'ils le méritent.
09:55 | Lien permanent | Commentaires (30)
Commentaires
travaillé dur pour cela ? la plupart de ceux qui fustigent "la France d' en bas" sont des gros branleurs qui ont toujours vécu en parasites sur le dos du contribuable ! je veux parler des élus , boboïstes associatifs , artistes bidons subventionnés etc .. toute une caste de profiteurs qui se permet encore d' afficher son mépris pour le populo ! Chirac , en est un exemple emblématique ! super menteur , super voleur , le Barabas de la politique .. (s'il n'y avait que lui!) habile en "communication" et corrompu jusqu' à la moelle .
Écrit par : EQUALIZER | 02/12/2017
Je suis d'accord, mais quand on leur fait remarquer que la Ferrari en plus de la Mercedes c'est peut-être superflu ils arguent que c'est leur droit, qu'ils paient des impôts, qu'ils sont de gauche/généreux et qu'ils font ce qu'ils veulent de l'argent qu'ils ont. Après tout dans notre république laïque et fraternelle il n'y a qu'à se bouger le c.. pour faire partie de ceux qui existent au lieu de rester dans la pauvreté qui rend haineux.
Écrit par : Pharamond | 02/12/2017
@Pharamond : "Ceux qui existent", écrivez-vous fort à propos : autrement dit, "*they* live !" (et pendant ce temps, les autres dorment devant un téléviseur). On en revient à Carpenter. ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/12/2017
"ceux qui existent" .. et ceux qui ne sont rien , en même temps ? :D
Écrit par : EQUALIZER | 02/12/2017
@EQUALIZER : Sophie Coignard avait concentré en une formule toutes les crapules que vous évoquiez *supra* : l'oligarchie des incapables.
Pour quelle raison les escrocs devraient-ils respecter les pigeons et les malfaiteurs les victimes ?
Le vrai problème, c'est d'être pris comme dans une tenaille entre ces deux catégories aussi méprisables les unes que les autres : les exploiteurs et ceux qui les confortent dans leur pouvoir.
Écrit par : Blumroch | 02/12/2017
Il existe un livre de Olivier Toscer qui n'a pas eu beaucoup de publicité médiatique à sa sortie en 2002, on se doute un peu pourquoi :
"Argent Public, Fortunes Privées"
Olivier Toscer a révélé dans son livre, comment, en France, la plupart des milliardaires doivent une partie de leur fortune aux contribuables. L’État, la providence des riches.
"Au temps de sa splendeur, le Crédit lyonnais public a fonctionné comme une fabrique de nouveaux milliardaires. MM. François Pinault, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Jean-Charles Naouri, et nombre d’autres membres du Top 25 des grandes fortunes françaises, ont dû à la générosité du Lyonnais de pouvoir développer leurs affaires. Avec, par la suite, des centaines de millions de moins-value pour les finances publiques.
"Le désastre du Crédit Lyonnais, encore public au début des années 1990, se solde par une facture d’une quinzaine de milliards d’euros, la somme des fonds publics consacrés au renflouement de la banque."
En France, il n'y a plus de grands hommes d'Etat, il n'y a que des étatistes et des connivents qui se gavent d'argent public. Et qui réclament le libéralisme pour les smicards !
http://www.amazon.fr/Argent-public-fortunes-priv%C3%A9es-favoritisme/dp/2207253716
Écrit par : Noone | 02/12/2017
@Noone : Merci pour cette référence que j'ignorais.
Les séries policières américaines, qui sont autant de documentaires terrifiants quand on les sait voir, nous ont appris la belle devise de leurs flics : "To serve and protect", savoir "Servir et protéger" -- noble ambition, mais c'est souvent quand la chose fait défaut qu'on invoque le mot.
Nos énarques, nos incapables et nos autres parasites l'ont traduite ainsi : "Se servir et se protéger" -- la version "Nous servir et nous protéger", c'est pour les valets qui s'interposent entre eux et la légitime colère des spoliés (voir, là encore et toujours, La Boétie et Spooner, indépassables).
Écrit par : Blumroch | 02/12/2017
Et ô miracle de la novlangue, alors que les anglo-saxons disposent d'un mot-concept pour appréhender le phénomène décrit par Noone ci-dessus (à savoir le crony capitalism, dont les bénéficiaires ne sont rien d'autre que des apparatchiks 2.0 en somme), notre langue si riche en invectives contre la Bêtimmonde s'avère bien dépourvue... Et je ne crois pas qu'il s'agisse là d'un hasard, merci au 5ème pouvoir.
Comme le héros du Horla, nous ne pouvons combattre ce que nous ne sommes pas en mesure d'identifier. Dans le cas où un apparatchik encombrant est jeté en pâture à la justice, l'ultralibéralisme est fustigé et on exige à grand cris plus de contrôle étatique, plus de collectivisme...
En France, le combat mené contre le fascisme fantôme converge parfaitement avec la lutte livrée à un libéralisme tout aussi ectoplasmique. La part manipulable du populo ferraille avec des chimères sans se rendre compte que la guerre réelle est menée avec son argent, contre lui, et par ses apparatchiks adorés...
Écrit par : Benway | 02/12/2017
@Benway : "Capitalisme de connivence" n'est pas trop mal trouvé -- même si trop de gauchistes l'emploient.
Les responsables peuvent parfaitement être identifiés, dans ce domaine comme dans d'autres. C'est la sanction qui fait défaut, en raison de complaisances multiples (Leopardi a écrit sur la solidarité des incapables et des canailles, prompts à se protéger les uns les autres, au besoin en lâchant l'un des leurs pour servir de bouclier et pour rappeler l'ensemble du groupe de crapules à une cohésion sans failles).
Écrit par : Blumroch | 02/12/2017
@Blumroch: Sur la solidarité des canailles, je pense que chacun aura pu l'observer à son échelle dans le monde du travail: comment des emplois plus ou moins fictifs, qui passent leur temps libre surnuméraire à monter les uns contre les autres des cabales aussi ridicules que haineuses, peuvent-ils se serrer les coudes aussi efficacement lors des coups durs (nouvelle direction qui opère un nettoyage salutarte des effectifs, audit interne...)?
Ils arrivent même dans ces circonstances à trouver à leur ennemi mortel d'hier des qualités injustement passées sous silence par la masse, s'érigent en défenseurs des talents injustement méconnus, ils vous font des éloges de la racaille des trémolos dans la voix... Lorsqu'un de ces persifleurs s'emploie, une fois n'est pas coutume, à vous faire le panégyrique de quelqu'un, vous pouvez être sûr qu'il s'agit d'un branleur certifié... Courteline, au secours ;-) Il y en aurait des livres à écrire sur l'esprit de corps des parasites...
L'expression "capitalisme de connivence" me dérange un peu car, comme vous le soulignez, elle sert à dénoncer avant tout le capitalisme (pensée économique occidentale par excellence) et pas la connivence (= collectivisme, anti-occidental par essence); on se retrouve encore une fois piégé par les mutilations opérées sur notre langage ;-)
Leopardi, précurseur de Nietzsche et Cioran selon Kikipedia...? Merci encore une fois pour cette référence que je ne connaissais pas du tout, va falloir que je creuse ce sujet.
Écrit par : Benway | 02/12/2017
@Benway : Généralement, quelques aphorismes et réflexions bien frappés suffisent pour décrire une situation. ;-) -- Situation dont vous semblez avoir eu à connaître, à considérer votre vivacité. ;-)
Faut quand même admettre que dans bien des domaines, y compris la langue, nous vivons sur des approximations, parfois asymptotiques à la vérité.
Ah, de grâce, ne citez pas le saint nom de Nietzsche avec, dans la même phrase, celui de ce rentier du désespoir littéraire facile que fut Cioran ! Il n'eut pas même eu le cran de se tuer ("La vie ne vaut rien, prenons tous *nos* pistolets et allez donc *vous* tuer -- moi, je vais reprendre une tasse de thé avec Matzneff.").
Leopardi, c'est à une autre hauteur : s'il n'y avait votre banquier, j'irais bien vous conseiller ses quelques *Pensées* et *Le massacre des illusions* (ces deux titres chez Allia). Vous devriez alors en avoir une assez bonne idée générale. Mais le bankster sera certainement plus enthousiaste à l'idée de vous voir acheter chez lui le dernier optiphone d'Apple avec abonnement chez sfr ou france telecom ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 02/12/2017
Je continue avec le livre de Olivier Toscer, je suis intarissable sur le sujet !
"En France, le plus sûr moyen de bâtir rapidement fortune repose sur la capacité de transformer l’argent public en dividendes privées »
La réputation entrepreneuriale de nos grands capitaines d’industrie, par exemple Ernest-Antoine Seillière, multimillionnaire en euros, pourrait-il mener le Medef « flamberge au vent » si en 1978, le gouvernement Barre n’avait nationalisé les usines sidérurgiques de sa famille, en pleine déconfiture ?
Bernard Arnault serait-il « le roi du luxe » si,en 1984 le gouvernement Fabius ne lui avait livré sur un plateau la maison Christian Dior,joyau de l’empire Boussac ?
Avant sa chute, le sémillant Messier n’avait pas été le dernier à transformer l’argent public en une réussite privée … bradage des licences de téléphone de la troisième génération. Messier aura économisé, d’après l’impitoyable calculette de Toscer, 16 milliards d’euros de contribution publique.
Là où Toscer est le plus ravageur, c’est quand il s’en prend aux « marchands d’honneur » et autres experts de la « probité sur facture » qui défendent les intérêts pécuniaires des « favoris d’Etat »."
A suivre, peut-être, si vous n'êtes pas gavés par le sujet ;o)
Écrit par : Noone | 03/12/2017
Blumroch > C'est exact ;-)
Noone > Merci pour tous les extraits, et ne vous inquiétez pas nous ne sommes pas encore gavés ;-)
Benway > Je crois que la danger du libéralisme est réel seulement celui-ci a mis ses pions au pouvoir et le seul élément capable de nous défendre contre lui, l'Etat, travaille aujourd'hui contre lui grâce aux tentacules socialisantes qui pénétraient notre société. C'est paradoxale et mortel.
Écrit par : Pharamond | 03/12/2017
@Noone : Je me joins à Pharamond pour en demander, de ce Toscer, "toujours plus", comme disait l'autre. ;-)
Écrit par : Blumroch | 03/12/2017
Toujours Olivier Toscer
"Au temps de sa splendeur, le Crédit lyonnais public a fonctionné comme une fabrique de nouveaux milliardaires. MM. François Pinault, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Jean-Charles Naouri, et nombre d’autres membres du Top 25 des grandes fortunes françaises, ont dû à la générosité du Lyonnais de pouvoir développer leurs affaires. Avec, par la suite, des centaines de millions de moins-value pour les finances publiques.
Le désastre du Crédit Lyonnais, encore public au début des années 1990, se solde par une facture d’une quinzaine de milliards d’euros, la somme des fonds publics consacrés au renflouement de la banque.
Ce favoritisme érigé en politique gouvernementale a permis, par exemple, à la famille Dassault, désormais actionnaire du Figaro et de L’Express, de vendre à l’armée française son avion de chasse Rafale 30 % plus cher que le budget voté par la représentation nationale. Ou encore à M. Vincent Bolloré de racheter en 2002 la Société française de production (SFP) pour seulement 4,5 millions d’euros. Tout en obtenant que l’Etat assume le coût du plan social, une charge financière dix fois plus importante.
Les grandes entreprises bénéficient également de largesses fiscales quotidiennes. Le groupe Vivendi, alors dirigé par M. Jean-Marie Messier, a profité de plus de 8 milliards d’euros d’exonération d’impôts sur les plus-values au moment de l’acquisition du groupe Universal. La législation offre assurément au ministre des finances, à l’époque M. Laurent Fabius, le pouvoir discrétionnaire de délivrer des dispenses de ce genre. Mais comment justifier cette largesse fiscale accordée à un groupe français quand elle intervient au moment même où ce groupe fait basculer son activité vers les Etats-Unis ? Le ministre a bien exigé, en contrepartie, l’engagement que M. Messier conserverait le siège social du groupe dans l’Hexagone. Pendant... trois ans. !!!!!!"
Écrit par : Noone | 04/12/2017
@ Noone: Merci pour cette intéressante référence, ici vous ne risquez pas de gaver qui que ce soit avec de saines lectures, on serait plutôt tendance boulimique...
@Blumroch: Oh, vous savez, mon banquier a mieux à faire actuellement, quitter Raqqa avec tous ses Pauwels, en vie si possible, le voilà bien emmerdé... Mais on peut toujours compter sur l'inventivité de nos Garcimore de la phynance: http://lesobservateurs.ch/2017/07/23/les-jihadistes-de-letat-islamique-essayent-de-fuir-en-se-maquillant-et-en-portant-des-robes/
Je crois qu'un profond malentendu subsiste au sujet de Cioran, pour ma part je l'ai toujours considéré comme un auteur comique tellement son attitude négative était punk et/donc surjouée... Et puis" être, c'est être coincé" :-) Sérieusement...
@Pharamond: Le libéralisme s'appuyant sur le principe d'Etat strictement régalien et sur celui de subsidiarité, je vois mal comment un systéme dans lequel l'Etat se mêle de phynances et d'industrie (pour rester dans le thème évoqué par Noone, le Leviathan ne s'arrête malheureusement pas là...) peut avoir quoi que ce soit de libéral... Mais c'est ce que certains aimeraient nous faire croire, on nous vend comme remède à notre empoisonnement le poison qui nous ronge...
Écrit par : Benway | 04/12/2017
Benway > L'économie française devient libérale, elle ne l'était pas. D'autre part même aux USA l'Etat se mêle de finances et d'industrie sauf que chez nous c'est à nos dépends pour enrichir les copains.
Écrit par : Pharamond | 04/12/2017
@Benway
Bien d’accord avec votre paragraphe. Il faudrait également parler des PPP, les partenariats public-privé qui s’organisent par contrat pour que les profits juteux aillent dans leurs poches et pour que les pertes reposent entièrement sur les épaules des contribuables français.
Quelques exemples de PPP
Notre-Dame des Landes, les portiques Ecotaxe, l’hôpital Sud-France-ilien : un gouffre financier, corruption et malfaçons, l’université Paris 7, idem, le palais de justice de Paris, le scandale du PPP entre Vinci et la ville du Mans qui va devoir verser des millions d’euros à Vinci, constructeur et exploitant du stade le Mans FC, etc …
Les PPP ont été plusieurs fois épinglés par la Cour des Comptes, ce sont de grosses arnaques qui coûtent les deux bras aux contribuables et dont on soupçonne fortement que le montage permet le financement des campagnes électorales.
Écrit par : Noone | 04/12/2017
@Benway : Caraco ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 04/12/2017
@ Pharamond
Penchez-vous sur l'exploitation du gaz de schiste aux USA et vous verrez que les contribuables US ont été largement mis à contribution. Vous avez les habituels subsides de l'Etat américain d'une part, et il faut savoir que ces multinationales de shit sont exonérées des conséquences financières des dégâts écologiques considérables liés à cette industrie, d'autre part.
Il faudrait parler également du Complexe Militaro-Industriel US, des centaines de milliards d'aides du gouvernement. Le peuple américain est directement impacté par le financement des guerres d'Irak, d'Afghanistan, Syrie ... et des proxy-wars comme celle du Yémen via l'Arabie Saoudite , etc ... D'où une dette abyssale des USA.
Écrit par : Noone | 05/12/2017
@Benway : Il n'y a pas que Leopardi dans la vie. Voici quelques passages de Caraco l'imprécateur qui, contrairement à Cioran, n'était pas un risible petit commerçant du désespoir littéraire de salon :
"J'élève un chant de mort sur ce qui va périr et face à nos régents de balle, face à nos imposteurs mitrés et face à nos savants, dont la plupart n'atteignent pas l'âge d'homme, moi, solitaire et méconnu, prophète de ma génération, muré vivant dans le silence au lieu d'être brûlé, je les prononce, les paroles ineffables et que demain les jeunes gens répéteront en choeur. Ma seule consolation, c'est que la fois prochaine ils mourront avec nous, les régents et les imposteurs et les savants, il ne subsistera de souterrain où ces maudits pourront se soustraire à la catastrophe, il ne subsistera pas d'île en l'océan à même de les recevoir ni de désert en état de les engloutir, eux, leurs trésors et leur famille. Nous roulerons unis dans les ténèbres sans retour et le puits d'ombre nous accueillera, nous et nos dieux absurdes, nous et nos valeurs criminelles, nous et nos espérances ridicules. Alors et seulement alors, justice sera faite et l'on se souviendra de nous, ainsi que d'un modèle à ne plus imiter et sous aucun prétexte, nous serons l'avertissement des générations montantes et l'on viendra les contempler, les restes hideux de nos métropoles, ces filles du chaos engendrées par quel ordre !"
"Le monde, que nous habitons, est dur, froid, sombre, injuste et méthodique, ses gouvernants sont ou des imbéciles pathétiques ou de profonds scélérats, aucun n'est plus à la mesure de cet âge, nous sommes dépassés, que nous soyons petits ou grands, la légitimité paraît inconcevable et le pouvoir n'est qu'un pouvoir de fait, un pis-aller auquel on se résigne. Si l'on exterminait, de pôle en pôle, toutes les classes dominantes, rien ne serait changé, l'ordre instauré voilà cinquante siècles n'en serait même pas ému, la marche à la mort ne s'arrêterait plus un seul jour et les rebelles triomphants n'auraient plus que le choix d'être les légataires des traditions caduques et des impératifs absurdes. La farce est terminée, la tragédie commence, le monde se fera toujours plus dur, plus froid, plus sombre et plus injuste, et malgré le chaos envahissant, toujours plus méthodique : c'est même l'alliance de l'esprit de système et du désordre qui me paraît son caractère le moins contestable, jamais il ne se verra plus de discipline et plus d'absurdité, plus de calcul et plus de paradoxes, enfin plus de problèmes résolus, mais résolus en pure perte."
"Nous sommes déjà trop nombreux et comme les miracles ne sont pas dans l'ordre, on ne pourra jamais donner aux sept milliards d'hommes, que nous serons peut être en l'an DEUX MIL, ce que nous n'assurons présentement à la moitié : l'idée paraît claire et distincte, mais de nos jours, les idées claires et distinctes ne sont plus à la mode. L'esprit européen a perdu son tranchant avec sa cohérence, il a prouvé qu'il n'était pas à la mesure de ses oeuvres en les communiquant au reste des humains. Les Africains et les Asiatiques n'attachent pas le même sens aux mots qu'ils nous empruntent et leur vengeance est de nous faire douter de nous-mêmes, en se servant de nos vocabulaires. L'Europe est riche et faible, l'Histoire nous enseigne que le devoir du riche est d'être plus fort que le pauvre ou de s'attendre au pire. Nos spirituels et nos intellectuels éprouvent cependant un sentiment de culpabilité si prononcé, qu'ils persévèrent dans l'erreur, qui les enivre, parce qu'elle est généreuse, ils craignent de tomber dans le Racisme, en cas de désabusement. Je suis persuadé que nous nous désabuserons trop tard et que le Racisme a de l'avenir."
"Il n'est pas bon d'avoir raison trop tôt en l'univers où nous ne sommes toujours pas contemporains les uns des autres. Il n'est pas bon d'avoir raison trop tôt et de mourir honteusement, par voie de conséquence. Les Africains et les Asiatiques ont découvert le Nationalisme, et le Racisme ne leur est pas étranger. Ces hommes marchent sur nos traces et si nous attendons qu'ils veuillent se désabuser, nous deviendrons leurs serfs ou leurs victimes, nos femmes, leurs prostituées et nos biens, leur dépouille. Ils ne nous pardonneront pas de les avoir humiliés, sans les avoir exterminés ensuite. Ils ne nous pardonneront pas de les forcer à s'abdiquer eux-mêmes. En l'espoir de nous vaincre, ils nous vaincront. Si nous avons raison trop tôt, ils s'aident à la fois de nos spirituels, sous l'ombre de l'oecuménisme, et de nos intellectuels, sous le manteau de l'objectivité : nous sommes perdus, si nous tombons dans le piège. Nous parlons de fraternité, nous oublions que ceux d'en face sont des mendiants et des vengeurs, laids, malsains, vicieux, cruels et despotiques, plus méchants que les pires d'entre nous et plus menteurs que nos sophistes les plus décidés."
"Et c'est pourquoi l'ordre, que nous abominons, et la morale, que nous méprisons, l'ordre caduc et la morale irrecevable que nous n'avons toujours su remplacer ni l'un ni l'autre, nous allons les défendre, hélas ! les armes à la main. Car ceux d'en face se préparent à nous attaquer, au nom de la morale indéfendable et sous les étendards de l'ordre condamné. Je le demande à tous : qu'allons-nous opposer à ces Barbares ? La tolérance et le laxisme ? Ils nous écraseraient, en se riant de nous. Et si nous marchons au-devant de leurs armées, ornés de fleurs et les mains nues, en leur prêchant la paix, ils feront comme les Mongols au Moyen-Age, quand trente mâles pèlerins bouddhistes désarmés s'offrirent à leurs coups, en l'espérance de toucher leur coeur. Ils les exterminèrent tous, après un moment de surprise. Et quand on me dirait que les Mongols sont devenus bouddhistes, je répondrais à cela que les pèlerins sont morts. Puisqu'il nous faut mourir, ne tendons pas la gorge et ne mourons pas dupes de nos sentiments, prouvons à nos contraires que nous sommes leurs égaux par la vaillance et traitons-les comme ils nous traiteraient, vaincus."
"Nos maîtres sont des amuseurs ou des sophistes, des exorcistes ou des endormeurs, ils cherchent à gagner du temps sur le chaos et sur la mort, mais ils n'empêchent plus l'irréparable et nous allons droit à la catastrophe. Les idées les plus meurtrières nous attendent au passage et nous ne sommes plus à même de les éluder, quand les besoins nous prendront à la gorge. Et pour nous métamorphoser en fauves, nous approchons du bord fatal, et dès que nous y serons confrontés, nous abdiquerons toutes nos illusions humanitaires et nous culbuterons nos adversaires dans le précipice. L'extermination sera le dénominateur commun des politiques à venir et la nature s'en mêlant, ajoutera ses fureurs à la nôtre. La fin du siècle verra le Triomphe de la mort, le monde accablé d'hommes se déchargera du poids des vivants en surnombre, il ne subsistera pas d'île où les puissants pourront se dérober à l'enfer général qu'ils nous préparent et le spectacle de leur agonie sera la consolation des peuples qu'ils ont égarés. L'ordre futur sera le légataire universel de nos faillites et les prophètes, au milieu de nos ruines, rassembleront les survivants."
Une prose évidemment déconseillée à ceux qui ont encore des illusions ou de la famille, ou les deux.
Écrit par : Blumroch | 05/12/2017
Noone > N'allez pas croire que je me leurre sur les USA, je sais que le capitalisme y fait des ravages. Cependant ils demeurent une nation, l'élection d'un Trump en France est inimaginable, et hors des grandes métropoles je crois qu'on y pense encore relativement sainement. Ici, strictement plus rien est fait pour le Français de souche, c'est la guerre ouverte à la France moisie. On aura l'économie libérale à l'anglo-saxonne et la bureaucratie soviétisante de Bruxelles, la précarité et les impôts, l'insécurité et l'interdiction de se défendre...
Écrit par : Pharamond | 05/12/2017
@Noone: Les PPP, les "incubateurs" de start-up, les logements sociaux, les votes achetés (les micmacs du sieur Dassault avec les grands frères locaux par exemple), la Sécu que personne ne nous envie ni ne copie, les arnaques à la formation professionnelle ... La liste serait trop longue des domaines dans lesquels les pseudopodes visqueux de l'Etat se sont insinués, et le temps trop rare pour dresser une liste d'accusations et de cas précis; la preuve par le hentai: admettons que le Leviathan soit la créature tentaculaire et le peuple français la jouvencelle sauvagement auscultée par ledit mollusque, au bout d'un moment, lorsqu'il y a plus de mollusque dans le corps de la malheureuse victime que d'organes lui appartenant, il ne sert plus à rien de tenter de la sauver... J'espère que vous n'êtes pas en train de manger ;-)
@Blumroch: C'est tout de même nettement moins drôle que du Cioran ;-) Ca me fait penser à du Bloy en plus rythmé, du Harlan Ellison en moins maniéré, du Houellebecq qui pousserait de la fonte... Merci encore pour la référence, en ce qui me concerne rien ne me déprime autant qu'un bon vieil Orwell...
On sent chez Caraco une rage, on le voit presque en train de scander en bavant cette prose dans le métro bondé, menaçant l'auditoire de sa perche à selfies ;-) il lui subsiste de la vitalité, une forme d'énergie... Chez Orwell tout est froidement exposé, sans passion, et la lente disparition de l'espoir présent chez ses personnages est plus douloureuse qu'une absence totale d'espoir...
@Pharamond: souvent l'étatiste et le libéral ne se distinguent que par l'opinion des historiens qu'ils ont respectivement lus ;-)
Écrit par : Benway | 05/12/2017
@Benway : "la preuve par le hentaï", vraiment ! ;-) Grâce à la proto-S.-F., on aura donc aussi la preuve par les monstres aux yeux pédonculés (Bug-Eyed Monsters). Voir les illustrations, habilement détournées, qui ornent l'excellent *Pulp libéralisme* que vous connaissez sans doute.
Ami de la paix sociale et de la concorde, je n'irai pas donner mon sentiment sur Ellison et Houellebecq. ;-)
Quand même, je vous fais faire des économies : vous n'irez pas faire un raid chez Gibert pour y trouver du Caraco !
Écrit par : Blumroch | 05/12/2017
ça brille sur ce blog
Écrit par : Paul-Emic | 06/12/2017
Un bilan actuel des US qui intéressera probablement un bon nombre de commentateurs:
http://epsilontheory.com/pecking-order/
Écrit par : realist | 06/12/2017
Benway > Je crois aussi, la limite est parfois plus floue qu'on ne le croit.
Paul-Emic > Tant que ce n'est pas un miroir aux alouettes.
realist > Merci pour le lien.
Écrit par : Pharamond | 06/12/2017
@realist : Site intéressant. Bien aimé ce développement :
http://epsilontheory.com/sheep-logic/
Écrit par : Blumroch | 06/12/2017
@realist: Merci pour la découverte, c'est le genre d'article que j'aurais aimé écrire...
@Blumroch: vous verrez, la science molle de l'avenir se forme devant nos yeux: les étudiants du futur se plongeront dans les shemales vengeurs comme allégorie de l'éternel retour, la cougar kidnappée par les aliens ou l'émergence des BRICS comme force politico-économique, les singes mutants ou la géopolitique du Moyen-Orient après Obama ;-) Pulp Libéralisme (un excellent cadeau de Noel ;-)) en sera la pierre fondatrice, un peu comme l'oeuvre de l'omniprésent Bourdieu actuellement...
Détrompez-vous, Caraco m'intéresse, j'adore les imprécateurs comme modèles d'hygiène à suivre; l'imprécation est nécessaire à l'honnête homme de la même façon que l'activité physique: on s'y purge de ses humeurs malsaines... Pour Houellebecq je comprends (même si Soumission, comme EDDDLL, s'avère étrangement lisible je vous assure...), mais je serais curieux de savoir ce que vous reprochez à Ellison... Il est parfois énervant avec son côté "je-suis-trop-dingue-si-si-t'as-vu" mais l'époque s'y prêtait aussi...
Écrit par : Benway | 09/12/2017
@Benway : Vous devriez vous associer avec le camarade Paul-Emic (voyez les réjouissantes améliorations qu'il a suggérées pour quelques films dans le billet "Sorties cinéma") afin d'écrire des textes qu'on dit aujourd'hui, ce me semble, "déjantés" : vous les iriez ensuite rassembler sous ce titre : *Pulp Alt-Rightism*. ;-)
Je sais qu'un membre de la famille des Ursidae rôde ici, qui ne comprend pas qu'on *ose* ne pas adhérer à sa vision neptunienne du monde, et qui se sent donc investi d'une mission : attaquer, sans la moindre raison, plus ou moins directement (car l'animal est fourbe), au moyen d'hypothèses bien hardies, la *cohérence* d'esprits qu'il ne saurait comprendre (de plus intelligents que lui n'y parviennent pas davantage, qui au moins s'abstiennent de forger des chimères et qui ne vont *pas* chercher noise à qui ne leur en cherche *pas*). Ne pas assimiler le sieur d'Ormesson à une étoile de première grandeur semble encore admissible à ses yeux, mais ne pas tenir son Jauni pour *sacré* suscite son ire, même si le fanatique se défend (mal) d'être "fan" : et si d'aventure c'était aussi le cas pour Houellebecq et Ellison ? Le choix de son masque suggère un prédateur féroce, fort éloigné de l'image qu'en ont trop de gens à cause des trompeurs criminels Disney et autres Annaud. Faute de pouvoir l'obliger à méditer la profonde devise du grand Newton, *Hypotheses non fingo*, je vais m'inspirer de Karl Kraus pour déclarer : "A propos des Houellebecq et Ellison, je n'ai rien à dire". Non seulement mes développements ne manqueront à personne, mais encore je n'entends pas nourrir le trollours et nuire à l'atmosphère agréable d'un club que j'apprécie. ;-)
Écrit par : Blumroch | 10/12/2017
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