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10/10/2016

Entre l'ascète et l'esthète.

J'aime les jolies choses et pourtant il m'importe peu de les posséder. Il suffit de savoir qu'elles existent, qu'elles perdurent et que je puisse les contempler même indirectement me suffit amplement. On me dira que le beau est souvent onéreux et qu'il est facile de jouer les dédaigneux et les indifférents quand on a des moyens limités. Peut-être, mais posséder c'est craindre de perdre, c'est devenir matérialiste, parfois mesquin. Conséquences paradoxales alors que la grâce et l'élégance doivent transcender, justement. Puisqu'il faut logiquement des propriétaires et qu'heureusement les volontaires ne manquent pas et je leur laisse bien volontiers les savoureux tourments de ceux qui détiennent.

 

Commentaires

C'est vrai que l'on peut trouver un vrai plaisir, une légèreté libératrice dans la simplicité matérielle, quand celle-ci est volontaire.

En revanche, quand le dénuement est imposé, par un vilain hasard de naissance ou à la suite d'un déclassement, le manque peut se révéler lourd.

https://youtu.be/-8WYfHQ-Njk

Écrit par : UnOurs | 10/10/2016

Quant aux choses matérielles qui auraient de toute façon échappé à mes capacités éventuelles d'acquisition, je ne déplore plus aujourd'hui leur disparition, comme par exemple quand, dans ma ville, on détruisait une sublime villa ancienne pour la remplacer par un immonde immeuble "de standing" (rien que d'écrire le mot, j'en ai un haut-le-coeur).

Car je suis désormais persuadé que ce qui a été, est pour toujours. Que le passé n'existe pas, que tout reste dans la mémoire de Dieu et que nous y aurons accès un jour.

Écrit par : UnOurs | 10/10/2016

Moins facile pour les personnes.
Avec certaines femmes, c'est comme si elles avaient des sortes de lames invisibles qui tournaient autour d'elles. Elles vous frôlent et vous continuez la route avec des morceaux en moins.
Et là, le manque, putain vous le sentez.

Écrit par : UnOurs | 10/10/2016

Les choses sont rarement entièrement désirées ou subies.

Moi aussi, avec le temps, je suis moins sensible à l'abrasion du monde par la laideur. Je mets ça sur le compte de l'âge et de la lassitude.

Par contre, bien qu'étant agnostique, je trouve ces mots magnifiques, sincèrement :
"Car je suis désormais persuadé que ce qui a été, est pour toujours. Que le passé n'existe pas, que tout reste dans la mémoire de Dieu et que nous y aurons accès un jour."

Écrit par : Pharamond | 10/10/2016

L'expression "une beauté presque douloureuse" a un sens, je te comprends. Il faut se dire que vivre avec ce genre de personne est encore plus cruel, peut-être.

Écrit par : Pharamond | 10/10/2016

Merci.
Je devrais préciser que je n'affirme rien, la "nuit de la foi" ne m'étant pas étrangère, en ayant également peu d'affinités avec les gens bétonnés dans leurs certitudes, qu'ils soient "croyants" ou athés (l'athéisme n'étant jamais qu'une autre forme de croyance).
J'aurais plutôt dû dire que mon sentiment sur la question résulte d'un mélange indistinct d'intuitions "océaniques" et de réflexions rationnelles (c'est la seule perspective métaphysique réellement intéressante, les deux options usuelles que représentant l'hédonisme ou le stoïcisme n'étant jamais que des cul-de sac, aussi agréables ou dignes qu'ils puissent paraître).

Écrit par : UnOurs | 11/10/2016

"A la racine de tout il y a un état de sensibilité. On s’efforcerait vainement d’établir la vérité pour la raison seule, puisque l’intelligence peut toujours trouver un motif de remettre les choses en question." disait Barrès. Je suis d'accord.
Moi, la divinité c'est parfois une sensation fugace, l'incroyable figure de Jésus, une brise en été, un paysage, la nef d"une cathédrale, mais dès qu'on m'explique, qu'on théorise ça s'étiole. Je suis agnostique sans l'avoir choisi.

Écrit par : Pharamond | 11/10/2016

Oh, que oui.
C'est ce qu'on appelle, en philosophie ou en neuroscience selon l'approche, le sentiment océanique.

Pour moi, c'est une forme d'intelligence particulière qui complète les autres, l'intelligence métaphysique, une sorte de conscience de l'être, extrêment fugace et fragile, qui donne (ou semble donner) une capacité à voir les choses à la fois de façon unique et de façon globale, sans relation au temps ni à l'espace. Et quand je dis "voir", le terme n'est pas adapté, il faudrait un verbe qui dise contempler du dehors et être dedans la chose en même temps, mieux, être la chose et la chose aussi peut-être devenir soi. C'est le dehors qui soigne, comme disait Artaud.
Evidemment, dit comme cela, cela paraît bien fumeux et confus, mais quelqu'un qui y a accès comprendra (et encore là, le verbe comprendre n'est pas adapté) le truc immédiatement. Une personne, même très intelligente, qui n'y a pas accès doit certainement en ce moment secouer la tête en se disant "mais quelles conneries".

C'est comme une sorte de prescience que le réel est bien au-delà de la connaissance et qu'un jour, quelqu'un viendra nous prendre la main pour sortir vraiment dans l'être, c'est à dire où la conscience et l'être ne seront qu'un (et c'est là que la perspective de l'Incarnation prend toute sa force).

C'est comme si l'on voyait l'ombre, de l'ombre, de l'ombre, de l'ombre, de l'ombre du Paradis. Qui est déjà ici et maintenant.
Pas un autre monde, mais ce monde, autrement.

Mais dès qu'on se met à rationaliser, et même pas, juste prendre conscience, pffff, plus rien, la porte s'efface.

Comme disait Heidegger: Le réel est un vase sacré: -qui le touche, le gâte, - qui le saisit, le perd. (1)

Je dis cela, évidemment, avec les restricitions déjà énoncées plus haut.



(1) pas lu, mais aborde probablement le sujet:

https://www.librairiecatholique.com/t_livre/heidegger-et-les-mystiques-jean-baptiste-porion-9782884820714-22304.asp

Écrit par : UnOurs | 11/10/2016

Le sentiment océanique, c'est déjà une belle formule. Cela me rappelle ces billets :
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2011/05/20/mai.html
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2009/07/14/sieste.html

Écrit par : Pharamond | 11/10/2016

C'est très bien dit, ce sont de belles descriptions "de la marche d'approche" ;-)

Écrit par : UnOurs | 11/10/2016

Hum... une marche d'approche suppose un acte volontaire alors qu'ici c'est comme si on se trompait de chemin sans le savoir et arrivait au bord du Paradis. Un peu comme la Grâce, peut-être, sauf qu'elle reste, elle. Enfin, c'est ce qu'on dit.

Écrit par : Pharamond | 11/10/2016

Je précise, chez moi, ce moment océanique est un instant extrêmement fugace, pas un état qui dure même seulement quelques minutes. Dès que je le sens, il part. C'est quelque chose de violent, comme est violente la sensation de perte qui s'ensuit.

PS: me fait penser à un truc que j'avais lu dans un évangile apocryphe du style : "quand vous verrez face à face, en supporterez-vous la grandeur ?"

Écrit par : UnOurs | 11/10/2016

Je mesure difficilement la durée de ces instants, j'avoue. Trop courts, en tout cas.

Écrit par : Pharamond | 12/10/2016

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