30/09/2015
Raspail aussi
Notre civilisation est en train de disparaître
Entretien Écrivain, Jean Raspail décrivait en 1973, dans son roman le Camp des saints, la submersion de l’Europe par la multitude des migrants du tiers-monde.
Que vous inspire la situation actuelle ? Vous savez, je n’ai guère envie de me joindre à la grande ronde des intellectuels qui passent leur temps à débattre de l’immigration… J’ai l’impression que ces colloques ne servent à rien. Le peuple sait déjà toutes ces choses, intuitivement : que la France, telle que nos ancêtres l’ont façonnée depuis des siècles, est en train de disparaître. Et qu’on amuse la galerie en parlant sans cesse de l’immigration sans jamais dire la vérité finale. Une vérité d’ailleurs indicible, constatait mon ami Jean Cau, car celui qui la proclame est immédiatement poursuivi, condamné puis rejeté. Richard Millet s’en est approché, voyez ce qui lui est arrivé ! On dissimule aux Français la gravité du problème ? Oui. À commencer par les dirigeants politiques ! Publiquement, “tout va très bien, Madame la marquise”. Mais, la porte fermée, ils reconnaissent que “oui, vous avez raison : il y a un vrai problème”. J’ai sur ce sujet des lettres édifiantes de hauts responsables de gauche, de droite aussi, à qui j’avais envoyé le Camp des saints. “Mais vous comprenez : on ne peut pas le dire…” Ces gens-là ont un double langage, une double conscience. Je ne sais pas comment ils font ! Je pense que le désarroi vient de là : le peuple sait qu’on lui cache les choses. Aujourd’hui, des dizaines de millions de gens ne partagent pas le discours officiel sur l’immigration. Ils ne croient aucunement que ce soit une chance pour la France. Parce que le réel s’impose à eux, quotidiennement. Toutes ces idées bouillonnent dans leur crâne et ne sortent pas. Vous ne croyez pas possible d’assimiler les étrangers accueillis en France ? Non. Le modèle d’intégration ne fonctionne plus. Même en admettant qu’on reconduise un peu plus de clandestins à la frontière et qu’on réussisse à intégrer un peu plus d’étrangers qu’aujourd’hui, leur nombre ne cessera pas de croître et cela ne changera rien au problème fondamental : l’envahissement progressif de la France et de l’Europe par un tiers-monde innombrable. Je ne suis pas prophète, mais on voit bien la fragilité de ces pays, où s’installe une pauvreté insupportable et sans cesse croissante à côté d’une richesse indécente. Ces gens-là ne se retournent pas vers leurs gouvernements pour protester, ils n’en attendent rien. Ils se tournent vers nous et arrivent en Europe par bateaux, toujours plus nombreux, aujourd’hui à Lampedusa, ailleurs demain. Rien ne les en décourage. Et par le jeu de la démographie, dans les années 2050, il y aura autant de jeunes Français de souche que de jeunes étrangers en France. Beaucoup seront naturalisés. Ce qui ne signifie pas qu’ils seront devenus français. Je ne dis pas que ce sont de mauvaises gens, mais les “naturalisations de papier” ne sont pas des naturalisations de cœur. Je ne peux pas les considérer comme mes compatriotes. Il faudra durcir drastiquement la loi, en urgence. Comment l’Europe peut-elle faire face à ces migrations ? Il n’y a que deux solutions. Soit on essaie de s’en accommoder et la France — sa culture, sa civilisation — s’effacera sans même qu’on lui fasse des funérailles. C’est à mon avis ce qui va se passer. Soit on ne s’en accommode pas du tout — c’est-à-dire que l’on cesse de sacraliser l’Autre et que l’on redécouvre que le prochain, c’est d’abord celui qui est à côté de soi. Ce qui suppose que l’on s’assoit quelque temps sur ces « idées chrétiennes devenues folles », comme disait Chesterton, sur ces droits de l’homme dévoyés, et que l’on prenne les mesures d’éloignement collectif et sans appel indispensables pour éviter la dissolution du pays dans un métissage général. Je ne vois pas d’autre solution. J’ai beaucoup voyagé dans ma jeunesse. Tous les peuples sont passionnants mais, quand on les mélange trop, c’est bien davantage l’animosité qui se développe que la sympathie. Le métissage n’est jamais pacifique, c’est une utopie dangereuse. Voyez l’Afrique du Sud ! Au point où nous en sommes, les mesures que nous devrions prendre seraient forcément très coercitives. Je n’y crois pas et je ne vois personne qui ait le courage de les prendre. Il faudrait mettre son âme en balance, mais qui est prêt à ça ? Cela dit, je ne crois pas un instant que les partisans de l’immigration soient plus charitables que moi : il n’y en a probablement pas un seul qui ait l’intention de recevoir chez lui l’un de ces malheureux… Tout cela, c’est de la frime émotionnelle, un maelström irresponsable qui nous engloutira. Il n'y a donc pas d'autre solution que la soumission ou la coercition ? Il peut y en avoir une, mais qui n'aura qu'un temps: la constitution de communautés, d'isolats où trouverait refuge une population ethniquement et culturellement menacée par d'autres communautarismes. Du reste, cela commence déjà : on voit bien que les Français de souche fuient les quartiers dits sensibles. Les manifestations contre le mariage homosexuel sont aussi une forme de communautarisme : elles témoignent du refus par des millions de Français du "changement de civilisation" promis par la gauche et par Christiane Taubira. Aujourd'hui, tout le monde condamne le communautarisme, mais ce peut être une solution, au moins temporaire. Ces communautarismes opposés se renforceront mutuellement par l'animosité qu'ils se porteront et cela débouchera, à terme, sur des affrontements très sévères. Même s'il ne faut pas souhaiter qu'un malheur arrive. Vous ne croyez pas à un sursaut, comme on en a vu souvent dans l'histoire de France ? Non. Il fallait un esprit épique, le goût des destins élevés pour rendre possible un sursaut national. Il faudrait que des gens croient encore en leur pays, je n'en vois plus beaucoup. À moins de réformer de fond en comble l'Éducation nationale et les médias audiovisuels en privant de tribune les enseignants et les journalistes qui participent à la désinformation... On a désacralisé l'idée de nation, l'exercice du pouvoir, le passé du pays. On a fendillé la statue de la France, on l'a défigurée (surtout la gauche!) au point que plus rien n'inspire le respect. La puissance des idées fausses que diffusent l'Éducation nationale et les médias est incommensurable. Mais moi, je vis en France depuis 1 500 ans, j'y suis bien, avec les miens, et je n'ai pas envie que cela change... Propos recueillis par Fabrice Madouas et Pauline Quillon |
Source : Valeurs Actuelles 23 octobre 2013
18:57 | Lien permanent | Commentaires (18)
Commentaires
Ce type m'a toujours semblé louche, pour ne pas dire plus.
C'est quand même lui qui a écrit le mode d'emploi, il ne manquait qu'un petit coup de pouce logistique de Georges Soros (toujours lui).
Il a l'air de penser que les choses se font d'elles-mêmes, sans que personne n'y soit pour rien.
Un jour un type se dit "tiens, si j'achetais un cannot pneumatique". Pourquoi pas il y a 6 mois, un an, deux ans ?
Sa situation n'était pas meilleure.
Ce qui a changé, c'est que quelqu'un a donné le signal, et quelques millions de dollars.
Merkel exige immédiatement 800'000 réfugiés.
Deux jours plus tard, elle ferme sa frontière.
Ce n'est pas parce qu'il y a des donneurs d'ordres, et qu'ils ne sont pas toujours d'accord entre eux ?
Écrit par : Jazzman | 30/09/2015
Et toujours le fameux : il n'y a rien à faire.
Ben si, tirer dans le tas, ça refroidit les candidats suivants.
C'est à ça que servent les armées.
Écrit par : Jazzman | 30/09/2015
c'est à cela qu'on reconnait les grands hommes, ils voient loin devant
Écrit par : Paul-Emic | 01/10/2015
Il a été interviewé tout récemment pour Le Point.
"Que les migrants se débrouillent"
Là je crois que c'est clair.
http://www.lepoint.fr/politique/jean-raspail-que-les-migrants-se-debrouillent-29-09-2015-1968909_20.php
Écrit par : Popeye | 01/10/2015
Jazzman > Raspail ne me parait pas louche. Il le dit lui-même : si on dépasse certaines limites on est ostracisé.
Oui, il y a des gens qui tirent les ficelles mais comme vous dites ils ne sont pas toujours d'accord entre eux, on parfois des intérêts divergents et le peuple bien que moribond bouge encore et c'est lui qui vote...
Tirer dans le tas ? Mais vous voulez être excommunié par le Vatican, Bruxelles et bombardé par l'OTAN ?
Paul-Emic > Le camp des saints fait partie des très rares livres réellement profétiques.
Popeye > Oui, c'est très clair.
Écrit par : Pharamond | 01/10/2015
Je campe sur mes positions (c'est l'occasion rêvée).
Je suis toujours étonné de voir tous ceux qui tiennent à ce qu'on voie Raspail comme un prophète. Rien que ça.
Moi je croyais voir une ignoble manoeuvre sioniste de Soros et compagnie, mais non, j'assiste à la réalisation d'une prophétie et mon côté mécréant gâche la fête...
Alors évidemment, Kalergi c'est le super-prophète, 50 ans d'avance sur Raspail ça pose son homme.
Écrit par : Jazzman | 02/10/2015
Que Raspail ait écrit un livre prophétique ne fait pas de lui un prophète ou occasionnellement et en aucune façon dans le sens religieux. Il a eu l'intuition et l'analyse nécessaire pour le faire, c'est tout. Je ne le crois pas en de mèche avec Soros.
Rien à voir non plus avec quelqu'un qui appelait à une union de l'Europe comme Kalergi, Raspail ne souhaitait pas l'invasion.
Écrit par : Pharamond | 02/10/2015
En 74 Raspail n'a fait que tirer la logique "jusqu'au bout" de ce qu'il constatait déjà à cette époque, lui faire un procès me semble plus qu'étrange. D'accord avec Pharamond .
Écrit par : Paul-Emic | 02/10/2015
Je n'ai pas dit que Raspail était de mèche avec Soros, et je ne lui fais pas de procès. Kalergi voulait un métissage de l'Europe.
J'ai dit que je trouvais Raspail louche (son parcours d'écrivain globe-trotter, sa façon de ne pas voir de responsables à ce qui nous arrive et qui ressemble au plan de Kalergi...)
Les prophètes bibliques annonçaient la venue du Messie, aujourd'hui ils annoncent la venue de Soros. On vit une époque formidable.
Écrit par : Jazzman | 02/10/2015
On peut être globe-trotter et nationaliste, il n'y a pas d'incompatibilité, au contraire même, pourrait-on dire.
Il connaît très bien les responsables mais comme il le dit celui qui en parle est censuré, il n'y tient pas. Peut-on lui donner tort ?
Là encore c'est son livre qui est prophétique, cela ne fait pas de lui un prophète. Si le terme vous parait excessif on peut dire visionnaire ou inspiré. Mais là aussi le souffle de Dieu n'est pas loin quant à l'origine des termes, je n'y peux rien.
Écrit par : Pharamond | 02/10/2015
Raspail serait tout aussi "louche" qu'Orwell écrivain 1984...
Mouaif... (onomatopée écrite personnelle exprimant le doute)
C'est avant tout un voyageur, un aventurier au sens marin du terme (CF Deniau dans "Tadjoura", celui qui part à l'aventure étant celui qui fait quitter le convoi à son bateau)
Il a écrit pour raconter ses voyages. Il a écrit pour exorciser ce qu'il devait ressentir comme une inadaptation au monde moderne de la consommation de masse. Il me semble avoir lu qu'il se sentait solidaire des cause imperdables mais perdues : celles du passé. (sudistes, Chouans. Antoine de Tounens roi de Patagonie...)
Donc en faire un agent d'influence de Soros...belle pirouette intellectuelle parce que le lien n'est pas intuitif.
Écrit par : Popeye | 02/10/2015
@Pharamond
Je préfèrerais "inspiré" en continuant à trouver le terrain de son inspiration un peu...louche. Mais je suis pour la liberté d'expression.
@Popeye
Je ne crois pas qu'il soit un agent d'influence de Soros, je pense plutôt que Soros a trouvé l'idée excellente, à condition d'utiliser des canots pneumatiques beaucoup moins coûteux...
Avec l'avantage de pouvoir faire passer cela comme la réalisation d'une prophétie. Cela fait plusieurs années que des inuits me conseillent de lire Le Camp des Saints, il n'y a pas de hasard. On en parle même sur certains blogs.
On pourrait parler d'Orwell, bien sûr, et aussi de la responsabilité de Wilhelm et Paul Mauser dans l'assassinat de Kennedy. Bref.
Écrit par : Jazzman | 02/10/2015
Ha
Natio ET globe trotter ,c'est compatible
Mon frangin était internationaliste pendant ses études
Il est devenu ntio depuis qu'il parcours le globe terraqué
Deux tours du monde par an depuis 15 ans pour son bizness, toutes les avanies et les emmerdes possibles de la part de gnoules ou de noiches corrompus, des pépites d'humanité et de demerderie incroyable là où tu ne les attend pas....
Les peuples les plus agréables pour le bizness, les amerlot ( lorsque c'est signe ,c'est signé ! les mecs perdraient leur chemise plutôt que de t'estamper ,peut-être aussi la trouille des tribunaux ?)
Puis les slaves, plaques ,serbes ,slovaques... t'as signé, t'es un frère !
Les pires ? les algériens et de façon générale, tous les nord afwicains
Les hollandais, qui sont dénommés dans le bizness "les arabes du nord "
Écrit par : kobus van cleef | 02/10/2015
kobus van cleef > Oui, ça confirme : on peut aimé les voyages et aimer rentrer chez soi.
Merci pour le tour du monde par votre frère. Curieux pour les Hollandais...
Écrit par : Pharamond | 04/10/2015
Pour les hollandais ?
Ha non, pas du tout !
Sur le plan scientifique, c'est pareil !
Pire même !
D'après mon voisin, presque nobelisable ,ils sont tous pareils
Souvenez vous aussi de leurs manigances sur les eaux du 16 au 18 ème siècle, ils étaient nommés "les chiens de mer "
Écrit par : kobus van cleef | 24/10/2015
Je n'en ai que peu côtoyé au cours de mon existence et de cette maigre expérience je n'en ai tiré aucune conclusion. Certes ce n'était pas pour affaire aussi je tendrais à vous faire confiance sur le sujet et surtout à votre savant voisin.
Quant aux "chiens des mers" je les croyais sujets de Sa Gracieuse Majesté.
Écrit par : Pharamond | 25/10/2015
Bof Hollandais et Anglais c'est du pareil au même.
Écrit par : Paul-Emic | 25/10/2015
Juste séparés par quelques kilomètres de flotte...
Écrit par : Pharamond | 26/10/2015
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