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30/08/2014

L'Étranger

L'étranger qui passe mon portail,

Il peut être sincère ou aimable,

Mais il ne parle pas ma langue,

Je ne peux pas connaître son esprit

Je vois son visage et ses yeux et sa bouche,

Mais pas l'âme qui est derrière.

 

Les hommes de mon propre sang,

Ils peuvent faire le mal ou le bien,

Mais ils disent les mensonges que je connais.

Ils connaissent les mensonges que je dis,

Et nous n'avons pas besoin d'interprète

Lorsque nous allons acheter et vendre.

 

L'étranger qui passe mon portail,

Il peut être mauvais ou bon,

Mais je ne peux pas dire quel pouvoir le contrôle

Quelle raison gouverne son humeur ;

Ni quand les dieux de son lointain pays

Reprendront possession de son sang.

 

Les hommes de mon propre sang

Ils peuvent être très mauvais,

Mais au moins ils entendent les choses que j’entends

Et voient les choses que je vois ;

Et quoi que je pense d'eux et de leurs goûts

Ou qu'ils pensent de mes goûts.

 

C'était la croyance de mon père

Et c'est aussi la mienne :

Le grain doit former une seule gerbe

Et la grappe doit donner un seul vin,

Et nos enfants doivent se faire les dents

Sur le pain dur et le vin.

 

Rudyard Kipling

Commentaires

Illusion clanique. Dans mon expérience, nous sommes tous étrangers les uns aux autres et rien n'y fait : pas plus la race ou le sang qu'un autre "point commun" arbitrairement retenu. Parfois, le voile se déchire et un visage ami apparaît : ce peut être tout aussi bien un grain voisin que celui d'une grappe étrangère.

Écrit par : Agg | 30/08/2014

Encore votre relativisme... Kipling est un poète et s'exprime ainsi, je ne pense pas qu'il ait été raciste. Je suis d'accord avec lui en nos temps de xénophilie hystérique mais cela n'interdit pas de faire de belles rencontres. L'homme qui passe mon portail n'est pas forcément un ennemi mais c'est d'abord un étranger. Ensuite nous verrons.

Écrit par : Pharamond | 30/08/2014

Mon relativisme ?! Cet argument est décidément mis à toutes les sauces, ces temps-ci, au point qu'il en perd toute pertinence. Ce n'est pas du relativisme, c'est simplement le fruit de mon expérience personnelle, ni plus ni moins : bien des fois dans ma vie, je me suis senti plus proche d'"étrangers" que d'"hommes de mon propre sang", pour reprendre les mots de Kipling – qu'au passage je n'ai jamais traité de raciste. Et la seule conclusion que j'en tire, ce n'est pas du tout cette "xénophilie hystérique" que vous dénoncez à juste titre et qui n'est jamais qu'un clanisme inversé ; non, j'en conclus seulement que le fait de partager la même race, le même sang ou la même langue, ne constituent pas nécessairement un motif de rapprochement. Pour moi, il y a au moins autant de gros cons avec lesquels je ne veux rien avoir à faire chez les individus "de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne" (de Gaulle) que chez les étrangers ; et "vice-réciproquement", bien sûr ! Bref, une jolie rencontre, c'est une histoire d'âme à âme, pas de communauté à communauté.

Écrit par : Agg | 30/08/2014

Il y a les gros cons qui ont (globalement) les mêmes mœurs que moi et les autres gros cons. Les premiers me sont sensiblement plus supportables que les seconds.

Écrit par : Pharamond | 30/08/2014

« Chaque oiseau vole avec les oiseaux de son espèce. »
Un prophète étranger dont on n'a pas fini de parler.

Écrit par : Coach Berny | 30/08/2014

@Pharamond

>> Ah c'est drôle, voyez, parce que j'aurais dit l'inverse : dans une logique clanique, le gros con d'en face a justement l'excuse de ne pas être des miens, ce qui explique en partie sa connerie. Alors que le gros con qui est mon frère, lui, n'a aucune excuse et, en sus de m'insupporter, déshonore le clan (dans cette perspective, j'ai d'ailleurs pas mal d'exemples qui me viennent spontanément à l'esprit, vous aussi ? ;-)).

Écrit par : Agg | 30/08/2014

Coach Berny > D'où la volonté actuelle et irrationnelle à ce qu'il n'y ait plus qu'une seule espèce d'oiseau d'un gris sale. Ils pourront tous voler ensemble (ou en solitaire) dans tous les sens. Le bonheur.

Agg > Je suis d'accord, mais comme on a déjà fort à faire avec les nôtres, je ne vois pas l’intérêt dans importer.

Écrit par : Pharamond | 31/08/2014

Il faut faire très attention dans la lecture de beaucoup de textes de Kipling qui fut un homme très quantique et de pensées beaucoup plus profondes et mouvantes qu'on pourrait attendre d'un auteur qui fut toujours classé dans la série " british pour la jeunesse". En l'espèce, se demander si ce poème n'est pas une charge contre tout nationalisme (mais je n'en mettrai pas ma main à couper, aurait dit le serpent Kaa à Mowgli). Bien à vous.

Écrit par : Martin-Lothar | 31/08/2014

Martin-Lothar > "En l'espèce, se demander si ce poème n'est pas une charge contre tout nationalisme", je n'en ai pas l'impression, mais je peux me tromper. Ce n'est pas non plus un hymne au nationalisme, seulement une mise en garde.

Écrit par : Pharamond | 31/08/2014

Les commentaires sont fermés.