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21/08/2010

Dame sobriété

 

Les vertus de la crise se font de plus en plus sentir. Il était temps. J’imagine que cette manière de voir est quelque peu insultante pour ses victimes, qui sont certainement innombrables. J’imagine que ce sont les petits qui ont payé les premiers, les humbles qui ont fait les frais de cette gabegie. Au vrai, nous en avons tous fait les frais. Mais maintenant que le masque est tombé, maintenant que le roi que nous étions, nous, homme occidental maître de la vie, maître de la nature, est nu, désespérément nu sous le vent de l’histoire, un vent qui ne nous rendra pas notre manteau dont il disperse les derniers lambeaux dans les sables, il est temps que des profondeurs monte notre cri. De profundis, domine.

Nous n’étions les maîtres de rien en vérité, mais les esclaves de beaucoup, c’est certain. Esclaves de l’argent au premier chef, ce maître dur, ce maître froid, ce maître tranchant qui n’en supporte aucun autre à ses côtés, mais qui délègue à des demi-dieux factices les reliefs de l’adoration qui lui est due. Demi-dieu le spectacle, demi-dieu le confort, demi-dieu la science satisfaite, demi-dieu la technologie aliénante, demi-dieu le pouvoir, demi-dieu le satisfait mépris du prochain. Et c’est de cela, de tous ceux-là que peut-être, si Dieu veut et si nos volontés sont prêtes à se forger assez vaillamment dans le feu, la crise générale peut nous délivrer. Que la crise soit propice. Mais pour cela, que nous renoncions, tous, à nos faux discours qui sont sempiternellement doubles, comme le cœur de l’homme tenté. La propitiation, c’est d’abord le sacrifice, on l’a trop oublié. Le sacrifice non comme un holocauste, non comme une hécatombe, car Dieu se fiche de l’odeur de la graisse des taureaux. Nous pouvons nous pavaner de savoir cela. Mais nos aïeux qui, eux, ne le savaient pas, avaient au moins la décence de tuer à tout hasard le veau gras, d’offrir l’agneau parfait, l’agneau sans tache. Nous avions perdu, jusque-là, la décence élémentaire du sacrifice immédiat. Non pas mourir pour la patrie, mais mourir à l’image de statue intouchable que nous avons édifiée. Cette statue n’existe pas, elle est un fantasme auto-construit de l’humain occidental qui a cru que rien ne lui résisterait. « J’ai dit : Je suis un dieu », et il ne m’en est rien resté. Plus puants que Job sur son tas de fumier qui lui n’avait commis aucune faute contre Dieu, il nous faut venir tremblants devant toi, Seigneur.

Au feu, les émoluments mirobolants des anciens ministres chargés de mission ! Au feu, le salaire des adolescents footballeurs à qui l’on donna les clés de la ville ! Au feu les privilèges des dignitaires de l’État ! Mais au feu aussi les appétits de fric, de puissance et de jouissances des gamins des cités qui ne sont en dernier ressort que les petits-enfants des soixante-huitards ! Au feu les révoltes de playstation ! Au feu les leçons de ces hommes d’ancien régime qui ne réclament, syndicats dévastés, partis de gauche atteints de psittacisme ou intellectuels en retard de deux guerres, qu’un peu plus de facilité, de débraillé, de fange, de bauge, de gourmandise et de luxure !

A nous au contraire un avenir libre, un avenir pauvre, d’une pauvreté volontairement choisie, où l’on n’est plus obligé de compter ni le rendement de ses actions ni le nombre de tonnes de ses émissions de carbone. À nous un avenir qui ne ressemble pas au passé, à aucun passé mais qui, né d’une réalité angoissante, soit comme un enfant aux vertus apaisantes.

Un avenir qui n’adviendra jamais sans une vraie révolution, foncièrement non-violente, c’est-à-dire pleine de force, ici et maintenant, mais dont l’inspiration est venue d’ailleurs.

 

Jacques de Guillebon

 

In La Nef n°217 juillet-août 2010

 

Commentaires

Je vous suis quant à l'adoration du veau d'or symbolisé par la TV.
Mais, concernant notre appauvrissement touchant les classes les plus modestes, j'aurais souhaité que vous précisiez l'alliance du grand patronat avec tous les partis politiques (sauf les Nationalistes) pour organiser une immigration de masse - 20 000 000 d'individus d'origine extra-européene – dans le but d'avoir une main d'œuvre corvéable à merci et de faire taire toute revendication salariale des Français travaillant dans le secteur privé.

Écrit par : National-Libertaire | 22/08/2010

Ce texte n'est pas de moi, je l'ai reproduit parce que je le trouve bien écrit, polémique et globalement en accord avec ce que je pense.

Écrit par : Pharamond | 22/08/2010

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