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03/08/2009

Histoire... (21)

 

Les trains de la misère

 

Une guerre placée sous le signe de l’exode et de la déportation devait naturellement se terminer par de nombreux déplacements de population : retour, rapatriement.

 

L’heure enfin a sonné où les exilés peuvent songer à rentrer chez eux. Dans toute l’Europe on ne parle que de convois, de transports, et la traversée de l’Allemagne en offre actuellement un bien curieux spectacle.

 

Le cadre, c’est la gare allemande, restes écroulés de lourds bâtiments modernes ou gothiques qui dressent vers le ciel des pans de murs, amas de pierres et de ferrailles, rails tordus, ponts qui plongent dans les rivières et que remplace une étroite passerelle de bois.

 

Seuls changent les noms de ces gares. Mais inlassablement aux yeux du voyageur défilent des ruines anonymes qui s’appellent incendie, destruction, châtiment.

 

Seulement, ici, la catastrophe paraît plus récente qu’ailleurs, et bien qu’à travers le brouillard d’une aube terne et la crasse d’un pays minier on puisse voir s’agiter sur le sol, sur les toits, des hommes, des femmes et des enfants qui, en silence, relèvent et se passent de main en main des pierres, le bombardement semble dater d’hier.

 

A droite, un train qui brûla encombre encore de ses carcasses de wagons ce qui fut le quai d’une gare, plus loin, toutes les vitres d’une verrière sont encore écrasées sur les voies. Les fils électriques forment des lassos, et des torches seules éclairent la nuit, ou bien ces feux de bois qu’allument entre quatre pierres les innombrables réfugiés qui habitent ces lieux d’enfer.

 

Je dis bien habitent, car ce sont des stations de dix, douze, vingt-quatre heures parfois que doivent faire dans les gares les trains de civils allemands.

 

Triste spectacle vraiment, et bien assorti au cadre des villes ruinées qui l’entoure, que celui de cette humanité vaincue, transportée dans ce silence et la rancune, spectacle comparable seulement à celui que nous donna durant quelques semaines la France de juin quarante.

 

Je ne crois pas, en cette longue traversée d’Allemagne avoir rencontré un train de voyageurs. Les civils n’ont droit qu’aux trains de marchandises, en surcharge des wagons déjà pleins. Si bien qu’on croise de noirs amas de houille couverts de corps grelottants, transis de froid par l’air humide de la nuit, raidis, s’éveillant avec peine dans le brouillard, ou bien des trains de madriers entre lesquels roulent et s’endorment des corps d’enfants et de femmes vêtues de pantalons masculins, à peine distinctes de leurs compagnons, eux couverts des uniformes verts ou gris de la Wehrmacht « démobilisée » !

 

[...]

 

Anne Jacques

 

Source : Le Monde du 30.10.1945 in ENA

 

Commentaires

Une bande de vermines habitait trois appartements d'un immeuble qui en comportait six. Ils voulaient tout le bâtiment pour eux seuls, afin de se droguer et de dealer sans soucis, alors ils ont menacé un locataire qui leur tenait tête. Ils ont fini par l'agresser et la police les a laissé faire.

Mais quelques jours après ils ont reçu la visite la plus inattendue et la plus effrayante qu'on puisse recevoir dans leur ville. Encore deux ou trois jours et ils eurent déménagé en catastrophe. Ils ont commencé la guerre mais sont partis en débâcle; eux aussi se sont senti "démobilisés".

Fallait pas commencer.

Écrit par : Ben | 05/08/2009

quelle est cette histoire? quelle visite?

Écrit par : loupiot | 06/08/2009

C'est un secret.

Écrit par : Ben | 06/08/2009

Ben => Il s'agit sans doute d'une métaphore mais l'histoire de la Seconde guerre est plus complexe me semble-t-il.

Écrit par : Pharamond | 07/08/2009

C'est une métaphore mais une histoire vraie. Fallait pas commencer.

Écrit par : Ben | 07/08/2009

Dans ce cas là... (Euh... c'était qui, la visite ?)

Écrit par : Pharamond | 07/08/2009

Limitez-vous à savoir que cela fut fait sans lâcheté, ni injustice, ni ingratitude.

Écrit par : Ben | 07/08/2009

Je m'en tiendrais donc là... même si mon imagination galope dans tous les sens.

Écrit par : Pharamond | 08/08/2009

Les commentaires sont fermés.