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09/07/2006

Effets d'une politique du mensonge

L'actuelle crise politique et sociale a une vertu : elle révèle l'anachronisme d'une société abusée par des décennies de mensonges. Ils ont fait croire que le libéralisme était une calamité, l'accès aux diplômes pour tous un progrès, l'immigration du tiers-monde une chance. Ces falsifications s'entrechoquent autour du contrat première embauche, brandi comme un épouvantail par une gauche passéiste cornaquant des jeunes en révolte et cibles, dans leurs défilés, du racisme antiblanc. 

C'est une France anticapitaliste et fonctionnarisée qui a manifesté mardi, avec le soutien d'une partie de l'opinion. Il est vrai que seuls 36 % des Français feraient confiance à la libre entreprise, contre 74 % des Chinois, 71 % des Américains, 67 % des Britanniques (Le Figaro, 25-26 mars) : un sondage à rapprocher du fait que le quart des salariés travaille dans le secteur public et que le fonctionnaire, largement représenté au Parlement, reste l'idéal des 15-30 ans.

Cette peur de la concurrence est au coeur de la tension. Le patron est vu comme l'homme des turpitudes, et le Code du travail comme le livre sacré. Les anti-CPE se comportent comme s'ils redoutaient que ce contrat, en créant des emplois, ébranle leur croyance. Mais cette France immobile ne peut plus se contenter d'épousseter la momie du modèle socialiste. Même les anciens pays de l'Est, Biélorussie à part, se sont convertis au marché et au risque.

Depuis le non au référendum sur la Constitution, une perestroïka libère l'esprit critique. Si ces voix discordantes ont encore du mal à se faire entendre, la brutalité des réalités se charge de bousculer les conservatismes et le prêt-à-penser. Aussi l'intransigeance de la gauche, qui ne propose qu'un retour en arrière, peut-elle contribuer à la prise de conscience d'une rupture nécessaire avec un système caricatural, qui fait de la France un cas clinique.

D'autant que ce conflit dévoile aussi, avec ces diplômes sans valeur, la tromperie d'un enseignement ayant renoncé à la sélection. Quant aux agressions de manifestants par des voyous des banlieues, elles rappellent cette remarque d'Andreï Makine, dans son dernier livre (Cette France qu'on oublie d'aimer, Flammarion) : «La France est haïe car les Français l'ont laissée se vider de sa substance, se transformer en simple territoire de peuplement, en un petit bout d'Eurasie mondialisée.» 

Le temps des barbares 

A dire vrai, la France se laisse voir dans un état inquiétant. L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a fait un bon diagnostic, dimanche : «Le blocage des institutions démocratiques, l'intimidation, le vote forcé, les décisions enlevées à l'arraché, la destruction des outils intellectuels, livres et instruments de travail, tout cela a fonctionné en Europe au XXe siècle, en Allemagne et en Russie. Notre démocratie devrait avoir honte de voir resurgir en son sein les fantômes du totalitarisme.» 

Il y a de quoi être effrayé par le vandalisme des extrémistes qui ont mis à sac la Sorbonne, l'Ecole des chartes, l'Institut des hautes études en sciences sociales, et qui ont incendié une librairie à Saint-Germain. Effrayé aussi par les razzias de nazillons venus des cités et par leurs violences, y compris contre des femmes. L'école, apparemment, ne sait plus faire respecter les hommes, la culture, les livres. Faillite étourdissante. 

Voilà à quoi joue l'Education nationale : A Grasse (Alpes-Maritimes), au centre loisirs, éducation, culture des Aspres, un millier d'enfants d'une dizaine d'années sont invités à travailler sur le thème de la revendication (information fournie par SOS-Education). Il leur est demandé d'imaginer des slogans et de confectionner des banderoles, en vue d'une manifestation fictive, prévue le 4 avril. Ainsi se forme une génération de quémandeurs. Il y avait des 12-14 ans dans les défilés. 

Le dressage «citoyen» éveille-t-il au moins les consciences ? Après la mise à mort de Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive en octobre 2002, les indignations ont vite oublié la lapidation de Ghofrane Haddaoui à Marseille, l'agression au couteau contre l'enseignante Karen Moutet-Toutain, Chahrazad Belayni transformée en torche vivante, Jean-Claude Irvoas lynché devant sa famille, la femme handicapée aspergée d'essence dans un bus, les insultes contre le gendarme Raphaël Clin agonisant, le martyre d'Ilan Halimi, etc. Oui, le temps des barbares. 

Contre-manifestations ? 

C'est cette société à l'abandon qu'il faut changer. Or cette préoccupation semble étrangère aux milliers de manifestants, qui font trembler aujourd'hui l'UMP. Les opposants au CPE, fonctionnaires pour une large part, n'ont d'autre ambition que de préserver des mécanismes dont ils sont les bénéficiaires. Aussi la jeunesse en colère est-elle mal inspirée de joindre sa cause à ceux qui la victimisent pour défendre un système en panne. Pour ces raisons, Dominique de Villepin donne un bon exemple de résistance, en s'affranchissant de la tyrannie du consensus. Ces prochains jours diront si Jacques Chirac lui permettra d'aller au bout de sa «thatchérisation». Si la rue devait avoir gain de cause, d'autres Français pourraient bien y descendre à leur tour (certains manifestent déjà chaque dimanche après-midi devant l'Hôtel de Ville, à Paris) pour réclamer les indispensables réformes. 

«Ici, chez nous» 

Dans Libération, hier : Le café La Mer à Boire (XXe) a vu son exposition de caricatures sur les religions saccagée par des «jeunes». Les «grands frères» ont prévenu les responsables du bistrot : «Vous êtes ici chez nous, vous devez faire ce qu'on veut. On va aller chercher les Frères musulmans de Belleville.» Les loups sont entrés dans Paris. 

Yvan Roufiol in Le Figaro du 31 mars 2006 

Commentaires

Il parle, ou plutôt écrit bien , mais ce ne sont que des paroles. Tant qu'on n'aura pas une demi douzaine d'hommes politiques mis en prison voire assassinés pour leurs convictions nationalistes, il ne se passera rien.
Chacun murmure son amertume, mais aucun ne veut passer en premier.
Ces jours-ci il y a eu une polémique à peine relevée par les médias sur la commémoration des Français martyrisés par le FLN en juillet 1962 que certains ont voulu rapprocher ou au contraire éloigner de celle des exécutions de quelques membres de l'OAS à peu près à la même époque.

Quoiqu'on pense de Degueldre ou de Bastien-Thiry, et personnellement je n'en pense que du bien, au moins il faut reconnaître qu'ils ont eu le courage d'aller au bout de leurs convictions. Un comportement relativement commun chez cette génération à droite comme à gauche.
Qui est encore prêt à aller au bout de ses convictions dans ce monde consummériste qui navigue entre la repentance et l'amende pénale? D'ailleurs a-t-on encore vraiment des convictions ?

Il faut des chefs, des meneurs qui montrent le chemin mais où sont-ils, où sont-ils donc ?

Écrit par : Paul-Emic | 10/07/2006

Je ne suis pas entièrement d'accord avec ce qu'il dit, mais l'ensemble me semble aller dans le bon sens. Quand à un changement, je n'y crois guère, nous allons vers des futurs cruels et absolument rien ne peut y changer quelque chose. Cela ne me réjouit guère, mais c'est comme ça.

Écrit par : Pharamond | 10/07/2006

Je crois que ce qui fait peur, ce n'est pas la concurrence, la vraie, mais l'exploitation sous couvert d'une idéologie de la concurrence...
Depuis que le capitalisme financier a pris le pouvoir au détriment du capitalisme industriel, le profit pur et dur est le seul objectif et les humains une simple variable comptable.
Le malentendu vient en partie de ce qu'on appelle "concurrence" qui n'est aujourd'hui qu'un moyen supplémentaire d'asservir.
Que l'on résiste à ce genre de concurrence me semble plutôt sain...

Écrit par : schleuder | 11/07/2006

Je crains que le capitalisme financier et industriel ne soient intimement liés voire imbriqués. Enfin, je doute que les manifestants anti-CPE lutte conscienciemment contre quoi, ils font ce que les organisations gauchistes leur dit de faire, histoire de déstabiliser la droite.

Écrit par : Pharamond | 11/07/2006

Concernant la dernière remarque (les caricatures au café La Mer à Boire) : les caïds de quartier ne comprennent rien à l'Islam pour la simple raison que l'initiation religieuse ne se fait pas par une autorité institutionnelle mais par un grand-frère ou un oncle. Le Coran étant écrit en arabe classique, il faut déjà être capable de le lire. L'Islam est un prétexte pour ces abrutis, j'en suis de plus en plus persuadé. Pour répondre à Paul-Emic : non, il n'y a rien d'organiser. Des superstitions se répandent de bouche à oreille. On regarde la télé, on voit ou on croit voir que les Musulmans sont victimes de l'impérialisme occidental : en Irak, en Palestine. Les discours de l'autre imbécile de Bouteflika sur le génocide des algériens sont tout à fait porteurs (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je considère les accords d'Evian comme une bonne chose). La vie dans les banlieues n'est pas drôle, il faut le reconnaître (infrastructures, cadre de vie, etc.), et les tentations matérielles dans notre société sont très présentes (je veux mon iPod, mon appareil photo numérique, le super portable dernier cri, parce que je suppose que le "cefran" forcément plus riche que moi l'a aussi). Toutes les conditions sont réunies pour que ces jeunes des banlieues se sentent lésés. Je n'ai pas dit qu'ils ne pouvaient pas s'en sortir. Il y a de très bons exemples de réussite et beaucoup plus qu'on ne le croit.

Écrit par : S. | 13/07/2006

Bravo pour la lucidité de ton discours. Le problème des banlieues est très complexe, je n'ai pas la situation en poche, à supposer qu'elle existe (ce dont je doute fortement). Mais de victimiser leurs habitants en les dédouanant de tout n'est surement la chose à faire, elle n'arrange rien et aggrave même terriblement la situation qui n'a pas besoin de ça. Le Coran, par essence, n'est malheureusement pas non plus une religion qui adoucit les friction entre culture.

Écrit par : Pharamond | 15/07/2006

La Lecture* n'a rien à voir à l'affaire
Faudrait-il encore l'avoir lue pour ce faire
Si tu en veux en français quelque échantillon
Je t'invite sur mon blog sans aucun baillon.

chayR.

* La Lecture (al qour'an) que les néologistes nomment Coran.

Merci à "aulanus" l'iconoclaste pour cette mise en vers
http://annoncer.hautetfort.com

Écrit par : chayr | 15/07/2006

Bon, je vais aller voir. Mais pour la lecture, j'ai lu le Coran, en français bien-sûr.

Écrit par : Pharamond | 15/07/2006

Ah, parce que l'Ancien Testament adoucit les frictions ? Bigre... J'ai de la chance d'être athée et de ne me sentir guère que culturellement lié au christianisme. Et ce n'est pas une coquetterie boboïsante de ma part...

Écrit par : S. | 16/07/2006

L'Ancien Testament a été remis en question par le Nouveau... En ce qui concerne le christianisme, on peut considérer que les textes sont laissés à la libre interprétation de chacun ; il faut savoir saisir l'"esprit". Il n'est nullement question de prendre les textes au pied de la lettre, d'en faire une lecture littérale. Ce ne sont que des parôles d'hommes plus ou moins inspirés. Tel n'est pas le cas du Coran qui est à prendre comme verbe de Dieu, incréé, valable partout et de tout temps... la différence est considérable.

Écrit par : profdisaster | 16/07/2006

S. : "Ah, parce que l'Ancien Testament adoucit les frictions ?" Ais-je dit une telle chose ? Accuser le Coran n'ai pas dédouanner les autres Livres sacrés. Curieuse attitude de toujours ajouter "...oui, mais les autres ce n'est pas mieux !"
De plus, l'Ancien Testament, tout guerrier qu'il soit, n'appelle pas au prosélytisme combattant comme le fait le Coran, que je sache.
Je suis agnostique, mais moi aussi culturellement lié au Catholicisme.
Pour le reste Profdisaster à très bien répondu dans son commentaire.
Profdisaster : D'accord avec toi.

Écrit par : Pharamond | 16/07/2006

Oui, Profdisaster a raison. Dans la Bible, Dieu n'appelle pas ses fidèles à tuer les mécréants, il s'en charge lui-même et il se montre drôlement sévère dans son entreprise punitive. Voilà la différence. --- Bref... J'ai beaucoup appris de la lecture de l'Ecclésiaste. C'est un très beau texte, qui réconforte.

Écrit par : S. | 16/07/2006

Je suis d'accord l'Ancien Testament est empli de meurtres et autres joyeusetés, et Dieu y un une divinité jalouse et cruelle dans laquelle il est difficile de reconnaître le Dieu de Jésus, mais il s'agit d'une religion chargée de garder l'unité d'un peuple et non une religion destinée à être le futur de l'humanité.

Écrit par : Pharamond | 17/07/2006

Et quand bien même c'est écrit, les fidèles sont-ils obligés d'y croire ? Ne peuvent-ils pas comme les Chrétiens se tailler une religion sur mesure, si je puis dire ? J'en connais beaucoup des Musulmans, personne n'a essayé de me convertir. Votre vision me semble très influencée par la contexte international et la présence sur le devant de la scène d'islamistes radicaux. Et dans un climat de tensions politiques, le Musulman lambda au fin fond des quartiers populaires a vite fait de se radicaliser, les médias étant là pour nourrir son ressentiment à l'égard de la société, qu'il vive en Algérie ou en France. Enfin, ni vous ni moi sommes spécialistes de philologie islamique. Il faudrait lire l'arabe classique pour comprendre toutes les subtilités du texte.

Écrit par : S. | 17/07/2006

Le Coran étant la parole de Dieu, il doit être pris dans sa globalité, y changer quelque chose est un péché. De plus c'est une religion tatillone qui entend régler la vie des croyants dans ses moindres détails même les plus triviaux.
La parole évangélique est beaucoup plus libre d'adaption.
Il est évident que le musulman de base n'essaiera pas de convertir personne, il a autre chose à faire, l'esprit de l'Islam est une chose la réalité quotidienne une autre. Quant à la tarte à la crème de "on ne comprend pas le Coran parce qu'on ne parle pas l'arabe classique" permettez-moi de vous faire remarquer que l'on peut apprécier la philosophie grecque sans la lire dans le texte. La traduction peut nous priver de certaines "sonorités" ou de certaines particularités idiomatiques mais pas du sens général. Un appel au meurtre reste un appel au meurtre quelque soit la langue dans lequel il est proféré et les subtilités de langage qu'on y ajoute.

Écrit par : Pharamond | 17/07/2006

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