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11/12/2023

Je plussoie (85)

"Pour annihiler un peuple, n'importe lequel, il ne faut pas nécessairement jeter des bombes atomiques sur son territoire. Il suffit de faire des fils les ennemis de leurs pères, de monter les femmes contre les hommes."

Vasili Belov

 

"Le pouvoir, aujourd’hui, c’est avant tout le pouvoir d’imposer un récit - en général une fiction, un roman, un conte de fées, une histoire d’horreur, peu importe."

Renaud Camus

 

"La grande aventure de l'existence, c'est de trouver là où on est bien."

Sylvain Tesson

 

"Font partie de l’élite tous ceux qui, venus au monde dans n’importe quel milieu social, accomplissent leur tâche quotidienne,si modeste soit-elle,en voyant plus haut que leur intérêt personnel,en pensant au bien commun de la portion de société où leur action s’exerce."

Gabriel Auphan

 

"Les vieillards d’hier avaient la tristesse de laisser leur monde durer après eux. Une mélancolie plus subtile est réservée à quelques-uns d’entre nous: c’est d’avoir vu leur monde finir avant eux."

Abel Bonnard

 

"Nous n'avons plus de grands hommes, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l'incompétence qui force le respect."

Pierre Desproges

 

"Un navire dans un port est en sécurité. Mais ce n'est pas pour cela que les navires ont été construits."

John A. Shedd

 

"De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’une autre pensée."

Charles Maurras

 

"Les sociétés sont plongées dans la dépravation lorsque la tolérance est considérée comme bénéfique en soi, sans égard à ce qui est toléré."

G.K. Chesterton

Commentaires

ces citations me plaisent bien ; j'en rajoute une de mon cru:

La parole donné par un progressiste est par définition à durée déterminée : le temps suffit à l'en libérer sans qu'il vous prévienne

Écrit par : jmespe | 11/12/2023

Celle de John A. Shedd est vraiment terrible (dans le sens le plus tragique du terme).

Écrit par : La Bleue | 11/12/2023

Belov : Me semblait que le prophète d'une religion ancienne proclamait être venu pour réveiller Eris : "Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison." ;-)

Camus : Les récits, quelle qu'en soit la nature, ont besoin de la collaboration des auditeurs qui, moins crétins, ne confondraient pas les fables avec la vérité et sauraient reconnaître les discours trompeurs.

Tesson : Sénèque, évidemment bien plus intelligent que le tessonide, le disait en substance : on est bien partout ou mal partout.

Auphan : C'est juste, mais c'est aussi une attitude très ancienne qui n'est plus pratiquée. Le bien commun, dans un monde tarécoloschwabien régi par le fric et la kronnerie...

Bonnard : La seconde observation est excellente ; la première, moins : quitter la partie en sachant que le jeu continuerait avec d'autres joueurs du même groupe, à la même table, avec les mêmes règles, devait être une consolation au moment d'entrer dans le néant.

Desproges : Description cocasse d'une réalité qui ne l'est pas.

Shedd : C'est presque la formule, ordinairement attribuée à Clarke sous une forme un peu différente, de Tsiolkovski : "Une planète est un berceau pour l'esprit, mais on ne saurait passer sa vie dans un berceau".

Maurras : Mieux vaut en effet un régime qui repose sur le Sang qu'un régime qui repose sur l'Or. C'était une des raisons qu'avait Bardèche pour n'être pas entièrement hostile à certaines formes politiques.

Chesterton : On ne tolère que ce qu'on ne peut ni ne veut interdire : impuissance ou complaisance.

jmespe : La parole donnée par un progressiste n'a, par définition, aucune valeur. Ainsi, le charabia proféré par un foutriquet 2.0 n'a aucune importance ; c'est ce qu'il fait qui compte.

Écrit par : Blumroch | 11/12/2023

edit/fix : (Auphan) "régi par le fric, la kronnerie et la malveillance". (Très importante, la malveillance.)

Écrit par : Blumroch | 12/12/2023

Il est plus facile de dégommer ou de taxer un navire dans un port qu'en pleine mer.

Écrit par : NICOLAS BONNAL | 12/12/2023

jmespe > Qui écoute un progressiste mérite ce qui lui arrive.

La Bleue > C'est le drame de l'être humain partagé en l'envie de confort et de sécurité et celle d'aventure et de découvertes.

Blumroch > C'est à ne pas prendre au pied de la lettre.

Le groupe c'est la sécurité c'est vieux comme l'être humain, vieux comme el troupeau. le tout est de discerner quand le troupeau devient fou et court à sa perte.

J'aime bien la tournure de Tesson qui d'ailleurs ne signifie pas la même chose.

-

Bonnard parlait d'un temps mois invivable, je ne suis pas de son temps, mais j'ai connu une époque qu'il m'aurait été pénible de quitter.

NICOLAS BONNAL > C'est vrai, mais peut-on se passer d'escale ?

Écrit par : Pharamond | 12/12/2023

@Pharamond : C'est toujours semer la division.

Pas dit que Sénèque disait la même chose que le tessonide en mode Paulo Coelho, mais que son propos était plus intelligent que celui du wannabe coach de vie à la recherche du meilleur emplacement pour sa tombe.

La partie a un début et une fin -- la même pour tous, à de rares exceptions près documentées dans plusieurs récits fantastiques peu fiables et probablement forgés. ;-) En éprouver de la tristesse n'a aucun sens, quand avoir été le maillon d'une chaîne devrait permettre de s'éteindre dans la sérénité. C'est le sens du "main stream" des anthropologues -- remarque sur ce sujet dans *Le dernier pape*.
Dans un monde normal, évidemment, pas dans la chiennerie progressiste.

Écrit par : Blumroch | 12/12/2023

Outre le nihiliste Ecclésiaste[1], pas mieux qu'Epicure et Lucrèce[2] :
//
Supposons enfin que prenant soudain la parole, la Nature adresse à l'un de nous ces reproches : « Qu'est-ce donc qui te tient si à cœur, ô mortel, pour que tu t'abandonnes à tant de douleur et de plaintes ? Pourquoi la mort te fait-elle gémir et pleurer ? Si la vie jusqu'à ce jour t'a été douce, si tous tes plaisirs n'ont pas été s'entassant dans un vase sans fond et si donc ils ne se sont pas écoulés et perdus, que ne te retires-tu de la vie en convive rassasié ? Es-tu sot de ne pas prendre de bonne grâce un repos qui ne sera plus troublé ! Mais si toutes tes jouissances se sont consumées en pure perte et si la vie n'est plus pour toi que blessure, quelle idée de vouloir la prolonger d'un moment, lequel à son tour finirait tristement et tomberait tout entier inutile. Ne vaut-il pas mieux mettre un terme à ta vie et à ta souffrance ? Car des nouveautés pour te plaire, je ne puis en inventer désormais : le monde se ressemble toujours. Si ton corps n'est plus abîmé par les ans, si tes membres ne tombent pas de langueur, tu ne verras cependant jamais que les mêmes choses, même si ta vie durait jusqu'à tromper les âges ou même si tu ne devais jamais mourir. »

Qu'aurions-nous à répondre, sinon que la Nature nous fait un juste procès et qu'elle plaide la cause de la vérité. Mais si un malheureux plongé dans la misère se lamente sans mesure parce qu'il lui faut mourir, la Nature n'aurait-elle pas raison d'élever la voix pour l'accabler de reproches plus sévères ? « Chasse ces larmes, fou que tu es, et arrête tes plaintes. » Et si c'est un vieillard chargé d'ans : « Toutes les joies de la vie, tu les as goûtées avant d'en venir à cet épuisement. Mais tu désires toujours ce que tu n'as pas ; tu méprises ce que tu as, ta vie s'est donc écoulée sans plénitude et sans charme ; et puis soudain la mort s'est dressée debout à ton chevet avant que tu puisses te sentir prêt à partir content et rassasié. Maintenant il faut quitter tous ces biens qui ne sont plus de ton âge. Allons, point de regret, laisse jouir les autres ; il le faut. »
[...]
Et repaître sans cesse les appétits d'une âme ingrate, la combler de biens sans parvenir jamais à la rassasier, comme font à notre égard dans leur retour annuel les saisons qui nous apportent leurs productions et tant d'agréments, sans que nous ayons jamais assez de ces fruits de la vie, c'est bien là, je pense, ce qu'on raconte de ces jeunes filles condamnées dans la fleur de leur âge à verser de l'eau dans un vase sans fond, un vase que nul effort jamais ne saurait remplir.
[...]
Voici encore ce que tu pourrais te dire à toi-même. Le bon roi Ancus lui aussi ferma ses yeux à la lumière et pourtant comme il valait mieux que toi, canaille ! Depuis lors, combien d'autres rois, combien d'autres puissants du monde sont morts, qui gouvernèrent de grandes nations ! Celui-là même qui jadis établit une route à travers la vaste mer et qui ouvrit à ses légions un chemin sur les flots, qui leur apprit à traverser les abîmes salés à pied sec et de ses escadrons foula dédaigneusement les eaux grondantes, celui-là aussi a perdu la lumière et son corps moribond rendit l'âme. Et Scipion, ce foudre de guerre, la terreur de Carthage, a rendu ses os à la terre comme le dernier des esclaves. Ajoute les inventeurs des sciences et des arts, ajoute les compagnons des Muses ; un des leurs, unique entre tous, Homère, a tenu le sceptre ; pourtant avec eux tous il repose dans le même sommeil. Enfin Démocrite, lorsque le poids de l'âge l'avertit que les ressorts de la mémoire faiblissaient en lui, alla de lui-même offrir sa tète à la mort. Épicure en personne a succombé au terme de sa carrière lumineuse, lui qui domina de son génie le genre humain et qui rejeta dans l'ombre tous les autres sages, comme le soleil en se levant dans l'éther éteint les étoiles.

Et toi, tu hésiteras, tu t'indigneras de mourir ? Tu as beau vivre et jouir de la vue, ta vie n'est qu'une mort, toi qui en gaspilles la plus grande part dans le sommeil et dors tout éveillé, toi que hantent les songes, toi qui subis le tourment de mille maux sans parvenir jamais à en démêler la cause, et qui flottes et titubes, dans l'ivresse des erreurs qui t'égarent.
[...]
Mais pourquoi donc vouloir plus longue vie ? qu'en serait-il retranché du temps qui appartient à la mort ? Nous ne pourrions rien en distraire qui diminuât la durée de notre néant. Ainsi tu aurais beau vivre assez pour enterrer autant de générations qu'il te plairait : la mort toujours t'attendra, la mort éternelle, et le néant sera égal pour celui qui a fini de vivre aujourd'hui ou pour celui qui est mort il y a des mois et des années.
//

[1] https://info-bible.org/lsg/21.Ecclesiaste.html
[2] http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucrece/livre3.htm

Écrit par : Blumroch | 12/12/2023

Blumroch > Pendant des siècles les Ecritures ont été garantes de l'unité familiale, il faut croire qu'elles sont comme le Code pénal on y trouve ce qu'on y cherche.

Je ne prends pas Tesson pour un grand penseur, mais il a roulé sa bosse et ça met certaines idées à l'endroit quand on a un peu de jugeote et il en a.
Cuelho est un crétin prétentieux.

Toute la philosophie du monde n'éloignera pas cet étrange vertige que l'on éprouve quand on pense à la mort ou quand on la sent proche.

Écrit par : Pharamond | 12/12/2023

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