24/08/2023
Pépiements (110)
Même si adolescent j'ai été moi aussi séduit quelque temps par l'énigmatique aventurier aux tribulations souvent abscons, je n'ai jamais compris pourquoi le personnage de Corto Maltese était devenue une icône chez nombre de personnes de "notre bord", le longiligne marin se révélant en fait qu'un apatride sans attaches et ni idéaux qui vit sa vie selon ses propres intérêts, une sorte de champion de l'individualisme cosmopolite. Qu'on puisse lui concéder un certain sens de l'honneur et de l'amitié ne fait pas de lui pour autant un exemple.
21:33 | Lien permanent | Commentaires (12)
Commentaires
Un vague côté Henri de Monfreid ? C'est peut-être à cause de l'album qui se passe pendant la révolution russe et dont un chapitre met en scène le baron Ungern. Une amie très droitiste me l'avait prêté, qui avait attiré mon attention sur cette vignette :
https://live.staticflickr.com/4107/5203382009_3c6d269eaf_b.jpg
"En avant ! ... A la recherche de nos folies et de nos gloires !"
Autre version trouvée chez des admirateurs de Nimier :
https://3.bp.blogspot.com/-QHYL3dFwJT4/U7ltAmvLbKI/AAAAAAAAAqA/4lsKjbw94sc/s1600/sconta34vf.jpg
Un lointain héritier contemporain pourrait être le Toretto des films *Fast and Furious* : on célèbre la famille, on prétend avoir un grand sens de l'honneur, on oublie être simplement le chef d'un gang.
Écrit par : Blumroch | 24/08/2023
Blumroch > Sans doute le fait de croiser dans ses aventures les grandes figures qui ont contribué à faire le monde tel qu'on le connait - le début du XXe siècle est une période importante de ce point de vue - et des personnages démesurés et romantiques à la Ungern, le dandysme et le désabusement du héros à la Drieu et sa position en retrait digne de l'anarque de Junger, ont-ils contribué à le faire apprécier de notre camp, qui oublie que Corto ne tire aucune pensée politique de ses expériences, aucune leçon commune ; il se contente de survivre. Personnage qui devrait plutôt plaire au camp d'en face amoureux des individualistes portés par le vent.
Écrit par : Pharamond | 25/08/2023
@Pharamond : Ta thèse est déjà rédigée. ;-)
Toutefois, le camp d'en face n'aime pas les *vrais* individualistes, seulement les moutons nomades.
Écrit par : Blumroch | 25/08/2023
Blumroch > Je ne sais pas, les moutons qui paissent à l'écart du troupeau ne dérangent pas les bergers, à l'heure de rentrer les chiens iront les chercher.
Écrit par : Pharamond | 25/08/2023
Dans l'autre camp, un individualiste certainement oublié maintenant l'écrivain Roger Vaillant (325000 francs) membre du PC (?), élitiste, dandy, séducteur, il détonnait.
Écrit par : AFORISSIER | 27/08/2023
Pourriez-vous préciser quel est votre bord pour savoir si j’adhère.
Écrit par : Brindamour | 28/08/2023
AFORISSIER > Je ne connais pas assez le personnage pour avoir un avis sur lui.
Brindamour > Vous me lisez de temps en temps, me semble-t-il, vous n'avez pas une petite idée ?
Écrit par : Pharamond | 28/08/2023
Mitterrand le grand initié sans doute y a contribué.
Écrit par : NICOLAS BONNAL | 29/08/2023
Ne pas tomber dans le manichéisme comme le fait Corto Maltese, avoir un certain nombre de principes, et mettre à l'honneur certaines grandes figures comme Ungern ou d'Annunzio (dans la fable de Venise), la richesse culturelle de l'Europe, ses grands mythes (Atlantide, Graal), c'est déjà respectable. Pas d'engagement, c'est vite dit. Il aide le Sinn Fein pendant la première guerre mondiale. Il est plus un témoin qu'un acteur. Je suis d'accord avec toi quand tu le rapproches, toute proportion gardée, de Drieu ou de Jünger. Je ne comprends pas comment il peut plaire au "camp d'en face".
Écrit par : Sven | 31/08/2023
NICOLAS BONNAL > Les époques correspondent, mais j'ignore si Mitterrand était amateur des aventures du marin maltais.
Sven > Je ne crois pas avoir lu ses aventures avec le Sinn Fein, mais Corto Maltese intervient parfois pour la bonne cause plus par amitié pour un protagonique de l'histoire ou intérêt commun que par idéalisme politique.
Écrit par : Pharamond | 01/09/2023
Hugo Pratt n'était pas un des nôtres. Il était ouvert d'esprit. Ses lecteurs gauchistes (j'en connais) ont manqué certaines allusions pour cause d'hémiplégie (la complémentaire de la "nôtre"). Ils défailliraient à la lecture de la première phrase de l'intro des Ethiopiques, dans une édition publiée par le Corriere della sera, trouvée lors d'un voyage en Italie:
"Nel 1940 Hugo Pratt ... era il piu giovane soldato di Mussolini",
Écrit par : Sven | 02/09/2023
Sven > C'est dans sa fiche Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Pratt#cite_ref-GEO_3-2
Ceci dit le gauchiste d'alors était plus instruit et "intéressant" que celui d'aujourd'hui.
Écrit par : Pharamond | 03/09/2023
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