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17/07/2023

Musique (654)

Hymn

Luke Howard

Feel First Life

Jon Hopkins

Commentaires

Découverte récente grâce à je ne sais plus quel site de méchants -- apparemment, seuls les musicologues avertis connaissaient déjà (absent du Vuillermoz, mentionné dans une rafle dans le Rebatet). Bien des passages ne sont pas indignes de Mozart :
https://www.youtube.com/watch?v=9eEGeIIgJ8A
Un extrait d'un film à ce compositeur consacré :
https://www.youtube.com/watch?v=AeURwr-XESk

Écrit par : Blumroch | 17/07/2023

Blumroch > Je ne connaissais pas ce compositeur.

Dans l'extrait on notera l'indispensable mou hautaine du monarque ou noble - j'ignore de qui il s'agit ici - de service.

Écrit par : Pharamond | 18/07/2023

Apparemment, les réclames pullulent, à la radio, d'organisations et sociétés diverses (allant des hôpitaux aux fondations pour la promotion de l'invasion en passant par les associations plus classiques en faveurs des p'tites bêtes) qui voudraient bien bénéficier d'héritages, spoliant ainsi les héritiers légitimes quand ils existent. La rhétorique semble toujours la même, au détriment des idées de transmission et de famille : "laissez une trace", "nous étions là pour vous, soyez là pour nous"...
Je vois bien le développement commercial de ce comportement infect : d'abord, dénigrement des fondations s'occupant des animaux ou des monuments historiques ("c'est pas écolo", "c'est au détriment d'autres [autocensuré]"...), chantage larmoyant sur le thème "nous étions là à chaque étape de votre vie, soyez là pour nos actionnaires et notre personnel de direction". Inutile de laisser quoi que ce soit aux enfants et petits-enfants, voire aux amis : ils auront le RMI universel de Schwab, c'est déjà assez ("Mamie, tu as raison de priver papa et maman des sous qui te restent, ce sera tellement mieux de les donner aux gauchistes !"...). Et puis, l'héritage, c'est de l'injustice sociale épatatiépatata.
La mafia étatique devrait faire comme pour les cagnottes : en prélever d'office plus de la moitié, en plus des iniques prédations existantes.
Ultime bonne action sociale du mouton tondu toute sa vie puis écorché : laisser ses ultimes biens volontairement à un supermarché ou à un ministère.

Écrit par : Blumroch | 20/07/2023

La Longue Nuit risque fort de s'abattre brutalement sur tous les blogs de méchants à partir du premier jour de l'ère Ursula Breton (25 août 2023 de l'ancien calendrier), et pas seulement sur les zabominables rézossossiaux. La censure tarderait-elle d'ailleurs à se manifester, que les perspectives, à courte échéance maintenant, seraient sombres, surtout avec un bétail coopératif -- pour ne pas dire : collaborateur.
Voici donc par avance mon ultime recommandation de lecture qui sera, comme toutes les autres et comme toutes celles des autres, sans effet.

Jean d'Ormesson et Pierre Thuillier ont un point commun : une fois morts, ils ont été très vite oubliés. Celui-là méritait ce sort ; celui-ci non, qui aura été l'une des rares intelligences de nos pays et époque, également doté de l'esprit de géométrie et de l'esprit de finesse : s'il n'en fallait qu'une preuve dans son oeuvre -- on laissera les improbables curieux chercher seuls --, ce serait ce grand livre secret intitulé *La Grande Implosion* dont personne ne se souvient même parmi les ceusses, probablement rares, qui l'ont lu. A en croire *Rivarol*, l'ouvrage avait d'ailleurs fait l'objet, à sa discrète parution en 1995, d'une consigne universelle de silence dans toutes les rédactions. C'était, de la part du Système et de ses employés, sage décision et habile stratégie.
Pour ma part, le découvrant dès sa sortie chez Gibert, j'avais déploré non le propos, évidemment, mais la forme et le style, trop paisibles. J'aurais préféré un pamphlet incendiaire ; j'avais tort. Il en va de certains livres comme de certaines beautés : leur tranquille perfection ne les rend pas toujours perceptibles au premier regard. Ainsi de la Peta Wilson du feuilleton *Nikita* ; ainsi de *La grande implosion* -- malgré quelques rares réserves sans grande importance.

L'ouvrage se présente comme un *Rapport sur l'effondrement de l'Occident 1999-2002*, aux analyses et conclusions irréfutables, censé avoir été publié, après quatre ans de recherches, en 2081 par un "groupe de recherche sur la fin de la culture occidentale", groupe dont la composition est déjà un affront à la modernité : pour l'essentiel, des historiens, des humanistes et des poètes, tous chargés de résoudre une énigme plutôt qu'un mystère, savoir la disparition de cet Occident qui pourtant :
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[...] disposait pratiquement de toutes les informations, de toutes les connaissances et de tous les moyens d'action qui (en principe) lui auraient permis de réagir et d'assurer sa survie.
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Et Thuillier de prêter à l'équipe du professeur Dupin cette observation que tout esprit raisonnablement cultivé ira approuver (y compris pour *La Grande Implosion* qui se dispense de toute fausse "originalité") :
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[...] bien avant la Grande Implosion, tout ce qu'il y avait à dire avait été dit. Dans le cas de la France, auquel notre groupe de recherche s'est particulièrement intéressé, la chose est très nette : tout (ou presque tout) avait été dit sur les manifestations les plus grotesques du culte du Progrès, sur les délires de la gestion technocratique, sur l'espèce de paranoïa si visible chez les prétendues élites informatico-organisationnelles, sur l'impérialisme sans bornes des institutions économiques et financières, sur la recherche obsessionnelle de la mécanisation et de l'automatisation, sur les aspects répressifs du rationalisme occidental et de la science qui en était inséparable, sur l'incapacité des fameuses "instances dirigeantes" (qu'elles fussent industrielles ou étatiques) à conduire humainement les entreprises dont elles avaient la charge, sur le manque d'imagination, de sensibilité et de chaleur qui avait fini par caractériser l'activité de tous les partis politiques, sur la formidable montée de l'individualisme, sur les pièges de la "culture de l'information et de la communication" tant vantée par divers sociologues et médiatologues [...]
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Bainville disait qu'on aurait les conséquences -- une évidence que Dupin formulait ainsi :
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Toute culture naît de certains choix et, pour le meilleur et pour le pire, va jusqu'au bout de ces choix.
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Jusqu'à la passivité bovine des populations promises à l'abattoir qui faisait l'objet d'études inquiètes :
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Nous nous sommes également posé des questions à propos des citoyens ordinaires. Ils souffraient parfois durement des pathologies socioculturelles engendrées par le culte de la Modernité et du Progrès, de la Production et de la Consommation ; ils avaient de multiples occasions de constater combien était destructrice l'obsession du Rendement. Beaucoup d'entre eux, sans doute, percevaient plus ou moins nettement ce qu'il y avait de sec et de pauvre (du strict point de vue humain) dans le régime qui leur était imposé. Mais ils faisaient preuve d'une remarquable passivité. Ils grognaient souvent, revendiquaient lorsque leurs intérêts matériels leur paraissaient menacés, mais, finalement, acceptaient assez bien l'espèce de misère spirituelle propre à la "modernité".
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Comme tous les prophètes de malheur, Thuillier a presque toujours raison ; il peut faire erreur sur les dates, mais ni sur les causes, ni sur les effets. Les hypothèses hasardeuses, voire contestables existent, certes, qui ne sont pas nombreuses. Au reste, comme il le note :
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[...] la décomposition de l'Occident avait commencé longtemps avant la Grande Implosion. La date de 2002, assurément, est commode : elle marque le moment où, de façon brutale et spectaculaire, les grandes institutions se sont effondrées. Mais le processus de pourrissement avait commencé beaucoup plus tôt. La culture occidentale, autrement dit, était déjà morte depuis un certain temps. [...] une société pouvait continuer à fonctionner à peu près normalement tout en ayant perdu son âme.
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J'irais volontiers remplacer "âme" par "bon sens" ou "sens du réel", mais c'est un point de détail ; ce qui importe, c'est que :
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Les prophéties de Cassandre n'avaient pas empêché la chute de Troie.
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Rien que de très normal, d'ailleurs, quand de médiocres parasites persévérants et nuisibles, en tout petit nombre -- mais appuyés par des milichiens --, parviennent à donner aux médiocres productifs et candides, en immense nombre, l'illusion d'une supériorité intellectuelle de ceux-là sur ceux-ci, alors que l'unique atout des premiers sur les seconds, c'est l'absence de limites et de scrupules (le gang, sinistre et grotesque, rassemblé autour de foutriquet 2.0 en donne une illustration frappante) :
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[...] les politiciens, les responsables de l'économie, les grands technocrates et les décideurs en général se croyaient à la fois informés, conscients et compétents. [...] Indéniablement, les élites dirigeantes avaient de grandes prétentions ; elles laissaient croire ou faisaient croire qu'elles étaient capables d'assurer à la fois la survie du système et le bonheur des populations.
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(Les mafias financière et étatique -- qu'on irait bien rassembler au sein de the Schwabian Society, héritière de l'immonde Fabian Society -- ont enfin tombé le masque et ne prétendent plus faire le "bonheur des populations" asservies dont elles entendent, par tous les moyens, contrôler totalement et le nombre et l'ersatz de vie. C'est d'ailleurs normal : le bétail, composé de riens, ne saurait avoir aucun droit à part celui d'obéir sans jamais protester même par un regard noir.)
Dupin et ses collaborateurs attribuent la fin de l'Occident à la perte de tout sens poétique, à l'incapacité de créer de grands mythes. C'est sans doute la raison pour laquelle l'époque est incapable de lire *L'ontologie du secret* ou *L'art poétique*.
La thèse, simple mais pas simpliste, n'est d'ailleurs ni nouvelle ni surprenante. Dupin et son équipe ont beaucoup lu ; leurs références, comme celles d'un Debord, ne viennent pas d'Internet (plus utile pour retrouver que pour découvrir) :
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Pourquoi une société a-t-elle un besoin vital de poésie ? L'Allemand Novalis l'avait expliqué dès 1798 en des formules très denses (et peut-être trop denses pour les Européens modernes). Par exemple : «La poésie élève chaque élément isolé par une connexion particulière avec le reste de l'ensemble, du tout.» [...] Friedrich Nietzsche, lui aussi poète, avait répété le message vers la fin du XIXe siècle : «Seul un horizon circonscrit par des mythes confère son unité à une civilisation. [...] Les images du mythe doivent être les anges gardiens invisibles mais omniprésents sous la protection desquels la jeune âme grandit, sous le signe desquels l'homme donne un sens à sa vie et à ses luttes.»
Sans poètes, pas de mythes ; et sans mythes, pas de société humaine ; c'est-à-dire pas de culture.
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Langage évidemment incompréhensible pour les marchands, les industriels et les technocrates :
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A notre grande surprise, nous avons constaté que ce refus de l'idéal (c'est-à-dire de la poésie) était fièrement et cyniquement affiché. Pour réussir, pour conquérir du pouvoir, pour gagner de l'argent, pour être moderne, il fallait être réaliste. Autrement dit, il fallait nier ou ignorer tout ce qui n'était pas suffisamment grossier pour être matériellement ou économiquement mesurable.
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Et de citer un Durkheim ayant pressenti le projet des despotes modernes :
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Dès 1912, ce sociologue-poète avait su discerner les aspects négatifs de ce qu'il appelait l'«individualisme radical» : «Une société n'est pas simplement constituée par la masse des individus qui la composent, par le sol qu'ils occupent, par les choses dont ils se servent, par les mouvements qu'ils accomplissent, mais avant tout, par l'idée qu'elle se fait d'elle-même.»
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L'Occident mythoclaste a tenté de détruire toutes les croyances susceptibles de donner un sens à l'existence, au nom d'un mythe plus mensonger que tous les autres : la rationalité prétendue objective incarnée dans les sciences capables de soumettre le réel, après avoir condamné au silence tous les autres discours -- ceux des poètes comme ceux des prophètes. Dès que la technique (les ricains disent, sans rire, "computer science", osant ainsi conférer à un simple artisanat le prestige d'une "science", alors que bien des programmeurs se prennent volontiers pour... des sorciers !) qui en donnera les moyens, la nouvelle religion scientiste aura inévitablement la prétention de diriger "rationnellement" le troupeau humain.
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[...] être civilisé consistait à être rationnel. D'un côté il y avait le rationalisme, où s'incarnaient la Vérité et le Bien ; de l'autre, un ramassis de croyances irrationnelles. Cette pédagogie était d'une robuste simplicité. Partout et toujours, il fallait faire régner la raison. Les mythes et les légendes n'étaient que rêveries délirantes. Cette condamnation de la poésie remontait loin. Dès le IVe siècle avant Jésus-Christ, un dénommé Platon, disciple du dénommé Socrate, avait tranché. Hésiode, Homère et les autres poètes, selon lui, ne racontaient que des fables menteuses. Il fallait donc les exclure de la Cité. En Occident, hélas, cet exemple avait été largement suivi.
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Comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, la fausse rationalité, après avoir chassé la vraie science, n'a qu'une utilité pour les maîtres :
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L'idéal de rationalité, à la veille de la Grande Implosion, servait essentiellement à légitimer les pires formes de l'activisme technique, de l'activisme organisationnel, de l'activisme industriel et commercial : mécanisation à outrance, culte du rendement, licenciements, etc. D'où l'inévitable interrogation : «Comment les populations ont-elles pu si longtemps accepter cette forme distinguée du despotisme ? Pourquoi ne percevaient-elles pas l'épouvantable indigence, sur le plan humain, de ces pratiques dites rationalisatrices ?» [...] «Une culture, disait le professeur Dupin, est une oeuvre d'art. Une société industrielle, dans le meilleur des cas, n'était qu'une fourmilière hyper-rationalisée.»
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Les chefs de la fourmilière pour mille ans et plus se rêvent dieux, et donc immortels, qui veulent
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voir la mort comme un événement strictement physiologique dont l'échéance, grâce à la biologie et à une médecine scientifique, pouvait être indéfiniment retardée. Ceux qui refusaient cette vision myope et réductrice étaient, comme d'habitude, qualifiés de réactionnaires ou d'obscurantistes. Ces réactionnaires et ces obscurantistes, rétrospectivement, nous semblent pourtant avoir été perspicaces.
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L'idée lovecraftienne d'une mort de la mort, reprise par de pauvres krons technocrates, a d'ailleurs des conséquences cocasses, qui :
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donn[e] parfois lieu à de singuliers lapsus : dans la ville nouvelle du Mirail, près de Toulouse, les responsables avaient oublié de prévoir un cimetière !
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Thuillier confirme que les modernes n'ont absolument rien inventé, comme en témoigne la persistence de l'irrationnel à travers les siècles (voir aussi Muray) :
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Pourquoi n'ont-ils [les représentants les plus officiels de la modernité occidentale] pas vu qu'il exprimait une vigoureuse revendication poétique ?
Car, indéniablement, toutes ces manifestations de "mysticisme" avaient un sens : elles visaient à rétablir un dialogue entre les hommes et l'univers. Lorsque la culture de la Grèce classique s'était délitée, quelque chose de semblable s'était produit : il y avait eu de violentes réactions contre la science abstraite, contre les abus de pouvoir des rationalistes. [...] Aussi les hommes, pour survivre spirituellement, s'étaient-ils tournés vers "l'irrationnel" ; ils avaient recouru à l'intuition mystique, aux mystères théosophiques, aux prestiges de la magie. La liste serait interminable: astrologie, alchimie, zoroastrisme, hermétisme, oracles chaldaïques, pythagorisme, orphisme...
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Et bien évidemment, une population qui ignore ses propres ancêtres va les chercher ailleurs, s'imaginant que l'herbe spirituelle est plus verte si elle est étrangère :
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A tort ou à raison, l'Orient les [les Occidentaux] faisait rêver. Aussi l'historien français Raymond Schwab avait-il forgé cette formule : «notre besoin d'Orient». «A l'Asie, écrivait-il, les Européens demandent ce qu'ils n'ont pas ou ne sont plus : aujourd'hui, d'être à nouveau la magie et la contemplation.»
[...]
Mais que penser de toutes ces divagations orientalisantes qui se multipliaient de façon inquiétante ? Objections et critiques pleuvaient. Pour les modernes, la question était vite réglée. Non seulement la plupart des ouvrages à bon marché sur le bouddhisme, le yoga et le Tao étaient inauthentiques et bourrés d'erreurs, mais ils s'adressaient nécessairement à des esprits faibles (sinon à des débiles mentaux).
[...]
S'ils avaient bien voulu prendre au sérieux le «besoin d'Orient», les Occidentaux auraient peut-être fini par se rappeler que l'homme n'était pas seulement un homo rationalis. Peut-être même auraient-ils relu Blaise Pascal : «La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent.»
[...]
«Le grand échec des Occidentaux, affirmait le professeur Dupin, ce n'est pas qu'ils n'aient pas su trouver des solutions ; c'est qu'ils n'aient même pas été capables de percevoir les problèmes.»
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Certaines questions idiotes permettaient déjà aux demi-habiles ricains ou ricanisés de s'illustrer en racontant des sornettes sur des sujets dont ils ignoraient, dans la pratique, tout :
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Rappelons que de nombreux experts et de nombreux intellectuels, à l'époque, discutaient le plus sérieusement du monde pour savoir si oui ou non les ordinateurs pensaient.
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Les mêmes crétins, au pouvoir, sous les prétextes les plus farfelus ou les plus mensongers ("l'intérêt général", par exemple, autrement dit : l'intérêt des maîtres -- voir le principe de Blumroch : "Si c'est bon pour eux, ce n'est pas bon pour nous") persistaient dans l'ancienne l'obsession du contrôle total sur les populations qu'ils comptaient asservir sans en avoir encore, à l'époque, les moyens :
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Toujours est-il que de nombreux citoyens, concrètement, ressentaient comme de véritables agressions certaines mesures technocratiques, administratives, fiscales, policières ou autres.
[...]
Cette prétendue "culture", en fait, n'avait pour tout horizon que la recherche scientifique et technique, l'activisme économique et les sempiternelles stratégies organisationnelles. Ce qui nous a beaucoup frappés, c'est la volonté sans cesse affichée de tout orienter et de tout contrôler de façon consciente.
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Une zone géographique a été choisie par les Zinférieurs Zinconnus pour expérimenter la douce tyrannie planétaire et le bienveillant camp de concentration, sous la direction d'une poignée de krétins korrompus et parfois kriminels :
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Il est vrai que les modernes, parfois, concevaient des programmes de grande ampleur. Mais sans allégresse, sans ardeur, sans enthousiasme spirituel ou poétique. Selon le professeur Dupin, rien n'illustrait mieux cette misère culturelle que la Grande Union Technocratique et Économique Européenne. Uniquement fondée sur une communauté d'intérêts matériels, elle n'était qu'une espèce de consortium sans âme dont les gestionnaires étaient obsédés par la rationalisation et la normalisation.
Leur ambition majeure avait le mérite d'être strictement et quantitativement définissable : faire en sorte que les boîtes de petits pois, les cigarettes, les machines à laver et les toilettes publiques, à Heidelberg, à Brindisi, à Limoges, à Bilbao, à Oxford et à Bruges, soient totalement soumises à un seul et unique système "rationnel" de normes et de réglementations. Comment de prétendues "démocraties" avaient-elles pu en arriver là ? Nous ne sommes pas parvenus à résoudre cette énigme historique.
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Organisée au profit des banquiers, des ingénieurs et des technocrates, la société moderne a beau n'avoir aucune sensibilité, elle donne dans la sensiblerie. Incidemment, France le savait, qui avait prévu que les financiers au pouvoir auraient des distractions grossières voire vulgaires, loin de l'image de patriciens qu'ils aiment à usurper sans en avoir les moyens. Suffit de voir, de loin, en quoi consistent les fêtes, et les invités, de l'élite autoproclamée.
Thuillier/Dupin contemple avec un mépris contenu une époque ayant recours à des "communicationnistes" et à des "animateurs" pour diffuser ce qui lui tient lieu de pensée et rétablir des relations irrémédiablement détruites :
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Comment ont-ils [les modernes] pu voir là un triomphe de la rationalisation ? Croyaient-ils vraiment que leurs fameux "liens sociaux" seraient resserrés grâce à d'aussi pauvres méthodes ? Mais les Occidentaux avaient fait mieux encore en créant un nouveau corps de spécialistes : les animateurs. C'est-à-dire, littéralement, des professionnels chargés d'infuser une âme aux divers secteurs de la société qui n'en avaient plus. [...] Comment politiques et technocrates avaient-ils pu inventer une telle guignolade ? Pas plus que la "communication", l'"animation" ne pouvait être le résultat d'une opération menée de l'extérieur par des techniciens spécialisés. Les modernes, d'ailleurs, ne croyaient plus à l'âme. Alors, comment comprendre cette initiative saugrenue ?
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Je ne m'explique pas, chez Thuillier, l'aversion pour le nucléaire (ni d'occasionnelles réflexions gauchistes), mais il tapait juste à propos de "l'appel de Heidelberg" qui allait faire des tarécolos les pauvres idiots utiles des scientisme et progressisme triomphants :
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C'était une sorte d'encyclique qui avait été diffusée à la veille du Sommet de la Terre organisé à Rio de Janeiro en juin 1992. Signé par cinquante-deux prix Nobel et toute une kyrielle d'hommes de science, cet "appel" était destiné aux chefs d'État et de gouvernement. On y apprenait que le militantisme écologique était «opposé au progrès scientifique et industriel». Il fallait donc que l'écologie (au sens politique du mot) soit soumise au strict contrôle des hommes de science.
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"Ordre [tyrannique] et progrès [contestable]", devise comtienne d'une époque d'abrutis amis du changement pour le changement, de la nouveauté pour la nouveauté -- seuls les indispensables chefs grands et petits ne changeront pas, qui toujours doivent rester au pouvoir pour imposer leurs lubies à une population de boeufs en prétendant oeuvrer pour le bien planétaire. "Mort aux néophobes", "Changierung durch Freude" seront les slogans de l'euroReich (yep, ce serait plutôt "Veränderung", mais comme j'ignore la langue naziste...)
L'équipe de Thuillier a suivi les traces de l'intemporelle sottise à travers les siècles, notamment chez Condorcet, délirant mystagogue du progrès présenté comme "une loi générale de la nature" ! De fait, une sereine ignorance des mathématiques et de la physique permet d'énoncer des sottises déjà marquées du sceau de la sottise informaticienne, en y ajoutant la haine des ancêtres, si caractéristique d'une époque faite par et pour le Crétin amnésique :
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L'utilisation des mathématiques constituerait une garantie supplémentaire : «L'application du calcul des combinaisons et des probabilités à ces mêmes sciences promet des progrès d'autant plus importants qu'elle est à la fois le seul moyen de donner à leurs résultats une précision presque mathématique et d'en apprécier le degré de certitude et de vraisemblance. » Déjà était annoncée l'espèce de tyrannie culturelle qui se déploierait si visiblement à la fin du XXe siècle, celle des économistes distingués, des énarques, des spécialistes de l'ingénierie sociale, des stratèges en organisation, des planificateurs, etc. C'était cela, la philosophie du Progrès : croire qu'il existait «une science de prévoir les progrès de l'espèce humaine, de les diriger, de les accélérer». On comprend que tous les laudateurs de la modernité aient voué un culte à Condorcet.
[...] «Nos préjugés, les maux qui en sont la suite, n'ont-ils pas leur source dans les préjugés de nos ancêtres ?»
[...]
Dans les sociétés archaïques, à en croire Condorcet, il n'existait que «deux classes» d'hommes : celle des imposteurs et celle des dupes. Les imposteurs, évidemment, c'étaient les potentats et les prêtres, plus fourbes et plus vicieux les uns que les autres, seulement capables de «perfectionner l'art de tromper les hommes pour les dépouiller». Et les dupes, c'était la masse de leurs congénères, complètement abrutis et totalement crédules.
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Que la caste des imposteurs parasites exploiteurs soit celle des maîtres ne vient jamais à l'esprit des maîtres et de leurs relais, dont les capacités intellectuelles sont assez dites par ces désopilantes prévisions de Renan valant bien celles des sociologues de ce temps :
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«L'Islamisme périra par l'influence seule de la science européenne, et ce sera notre siècle qui sera désigné par l'histoire comme celui où commencèrent à se poser les causes de cet immense événement. La jeunesse d'Orient, en venant dans les écoles d'Occident puiser la science européenne, emportera avec elle ce qui en est le corollaire inséparable, la méthode rationnelle, l'esprit expérimental, le sens du réel, l'impossibilité de croire à des traditions religieuses évidemment conçues en dehors de toute critique.»
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Thuiller/Dupin explique les délires transhumanistes avant même que la notion ne soit connue :
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«Il doit arriver un temps, écrivait Condorcet, où la mort ne serait plus que l'effet ou d'accidents extraordinaires ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales.» Certes, l'homme ne deviendrait pas immortel. Mais «la durée moyenne de la vie humaine» pourrait être allongée de façon indéfinie. [...] Le problème de la mort se transformait donc en une question mathématique et technique : comment mettre au point des méthodes biomédicales qui permettraient de reculer indéfiniment l'instant de la mort ?
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Dans un monde dirigé par de souvent anonymes financiers, c'est le règne de la quantité et du commerce. Dupin de citer un Dictionnaire économique et social destiné aux étudiants :
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«La société de consommation n'est évidemment ouverte qu'à ceux qui peuvent payer pour accéder à ses délices.»
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Les gauchistes et autres tarécolos n'ont toujours pas compris que dans le nouvel ordre social "rationnellement" organisé par et pour les maîtres, la société de consommation sera limitée aux heureux milliardaires qui continueront à vivre comme avant, tout en donnant, ô chutzpah !, des leçons de morale aux *hoi polloi* ramenés à une société de privations qui les fera maigrir après avoir éclairci leurs rangs.
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[se posaient des questions] concernant la pollution de l'environnement, le gaspillage des ressources naturelles et de l'énergie. Mais la malice des marchands était sans limites, et les thèmes "écologiques" immédiatement récupérés. Dès qu'une lessive, un insecticide, un vaporisateur ou une machine quelconque envoyait un peu moins de poison ou de salissure dans l'air, l'eau ou la terre, le peuple dit moderne était sommé d'acheter. Grâce à quoi il participerait activement à la protection de la nature. Rien de plus moral et de plus civique : consommer devenait littéralement une bonne action.
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L'équipe de Dupin cite Voltaire qui, avec humour ou avec cynisme, commentait ainsi le tremblement de terre de Lisbonne en 1756 :
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«Tout est bien ; les héritiers des morts augmenteront leur fortune ; les maçons gagneront de l'argent à rebâtir des maisons ; les bêtes se nourriront des cadavres enterrés dans les débris. [...] Votre mal particulier n'est rien, vous contribuez au bien général.»
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Autrement dit : "Vous pouvez crever, nous en profiterons ; vous autres riens, vous autres nos nouveaux esclaves, vous vivrez misérablement une longue et triste agonie, pendant que nous mènerons en riant la vraie vie des dieux. Nous vous prendrons tout, au point que les termites seront plus libres et plus heureux que vous. Nous vous avons tous envoûtés, pauvres rats, pauvres crétins, avec le chant de Gaïa et de la Conscience planétaire."
Voilà où mène la sotte habitude, pour des esprits faibles, de se plonger dans les malheurs du lointain, de consacrer un temps précieux à absorber des informations sans intérêt, à regarder la tivi, subissant ainsi *volontairement* un "choc informationnel" peu propre à susciter la réflexion. Phénomènes admirables dans la civilisation de la peur organisée : les *mêmes* pauvres krons jadis indignés quand leurs curés journalopes pleuraient sur les récoltes et la nourriture détruites par les méchants capitalistes au lieu d'en faire cadeau aux pauvres de la planète, applaudissent aujourd'hui les mêmes capitalistes qui détruisent des terres agricoles et des élevages au nom de Gaia !
Rappels si peu originaux que Thuillier/Dupin les formule, lui aussi, après tant de mauvais esprits ayant alerté leurs contemporains en vain. Si seulement les Occidentaux, incapables de distinguer le réel de la fiction, n'avaient pas perdu le sens des réalités... Sur ce point, le film *Ready Player One* -- un navet -- offre une mémorable scène d'ouverture. Pour que des PNJ habilement programmés semblent avoir plus de personnalité que bien des contemporains, il faut que l'humanité soit devenue d'une pauvreté affligeante. Thuillier/Dupin aurait pu puiser dans les jeux vidéo pour dresser le constat désolé de la folie moderne, heureuse d'être coupée du réel.
Et la folie n'est ni drôle ni joyeuse :
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[...] cette époque semble avoir pratiqué la religion du Progrès sans véritable joie. [...] l'Occident du déclin passait son temps à innover, à informatiser et à robotiser dans la morosité ; s'il était frivole, il n'était pas gai. [...] Cet âge, selon le professeur Dupin, était sépulcral et négatif, c'est-à-dire voué aux refus, aux conduites d'évitement ou de fuite. [...] Le poète Amiel, dès le XIXe siècle, avait compris que le problème était à la fois politique et spirituel : «L'Etat fondé sur le seul intérêt et cimenté par la peur est une construction ignoble et précaire.» Mais, répétons-le, les avertissements ne servaient à rien. [...] Poètes et prophètes prêchaient donc dans le désert.
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Ces extraits proviennent du premier chapitre, "Réflexions liminaires. Homo Occidentalis.". Suivent "Homo Urbanus", "Homo Economicus", "Homo Corruptus", "Homo Technicus", "Homo Scientificus" et pour finir, une bibliographique d'ouvrages manifestement lus et compris -- les références dans le texte le démontrent --, quand ordinairement cette section n'est proposée que pour la décoration intellectuelle.
*La Grande Implosion* est à découvrir, ne serait-ce que pour ses propos sur les sciences, dont l'auteur était un excellent connaisseur. Plusieurs développements sont, comment dire ?, d'une *actualité* navrante :
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«La Science, disait encore le professeur Dupin, éfait la théologie de la Technocratie.» On discerne donc pourquoi toutes les critiques adressées aux méthodes dites "scientifiques" étaient jugées inacceptables et en tout cas dangereuses. Elles risquaient de saper la foi du bon peuple et étaient donc potentiellement subversives : qu'arriverait-il si Durand et Duval ne croyaient plus aux polytechniciens, au corps des Mines, aux énarques, aux planificateurs, aux économistes, aux instituts de sondage, aux psychiatres, etc. ? [...] entretenir l'idée que théoriciens et mathématiciens étaient aptes à contrôler "rationnellement" l'évolution globale de la société. [...] Mais enfin, comment cette esbroufe a-t-elle pu faire illusion aussi durablement ?
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Thuillier, ayant lu les textes qu'il commente, peut s'offrir le luxe de réviser le portrait ordinaire de Comte et même, dans une certaine mesure, celui d'un Descartes abusivement utilisé par la modernité :
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Sélectionner les élites par les mathématiques constituait à ses yeux [ceux de Comte] une grave erreur. Assurément, comparé aux études de type humaniste, l'apprentissage des mathématiques avait l'avantage d'être aisé: «L''illusoire prépondérance des géomètres est d'une acquisition beaucoup plus facile, puisqu'elle ne demande pas la moindre préparation étrangère à leurs propres études, que leur simplicité caractéristique rend d'ailleurs aisément accessibles à tant de médiocres intelligences, au prix de quelques années d'application régulière.» [...] Il nous a paru stupéfiant qu'Auguste Comte, en dépit de ses violentes et nombreuses déclarations anti-technocratiques, ait servi couramment d'alibi culturel aux partisans du scientisme le plus fruste et de l'ingénierie sociale la plus rudimentaire.
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L'un des signes les plus certains de la kronnerie, c'est la haine affichée pour Nietzsche, que Thuillier, dont la bêtise n'est pas le fort, n'hésite pas à citer dans sa conclusion :
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Avec perspicacité, il [Nietzsche] discernait au fond de l'entreprise scientifique «un principe destructeur, ennemi de la vie» : «Vouloir le vrai, ce pourrait être, secrètement, vouloir la mort.»
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("Vouloir le vrai", c'est faire trop d'honneur aux minuscules qui sont au pouvoir.)
Finissons-en avec un texte que seuls connaissent, ordinairement, les bons sorbonnards. Le choc de la découverte a sans doute été comparable, pour certains, à la lecture des *Olympica* :
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Nous savons aujourd'hui que les pessimistes avaient raison. Les sociétés industrielles, de plus en plus soumises à l'argent et à la machine, de plus en plus minées par l'individualisme et de plus en plus coupées de la vie universelle, ont subi, dans la violence, le même sort que les autres civilisations. Notre groupe de recherche, non sans une certaine amertume, a découvert un ultime paradoxe : Descartes, celui-là même qui a joué un si triste rôle dans l'histoire spirituelle de l'Occident, avait écrit en septembre 1645 une fort belle lettre à la princesse Élisabeth de Bohême. Ici, plus d'animaux-machines, plus de rationalisme desséchant, mais une sobre poésie, un authentique sens de la justice et de la générosité : «Bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet État, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier. [...] Si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente.» Mais cette lettre était privée. Et même si elle avait eu la plus large publicité, aurait-elle changé quoi que ce soit au destin de l'Occident ? Aurait-elle empêché la catastrophe ? «Assurément non», eût répondu le professeur Dupin.
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J'irais volontiers reprendre la formule de La Mite en remerciant qui aura eu la patience de lire jusqu'ici. Je me suis parfois demandé quel serait le dernier texte que j'irais recommander ici pour rien. Curiosité satisfaite et, je le pense, avec un fort bon livre et un fort bon auteur.

Écrit par : Blumroch | 21/07/2023

@BR

Merci pour la démonstration de la PARFAITE INUTILITÉ de vos propos et de vos références, tous ces "bons livres" et "bons auteurs" n'ont eu AUCUNE INFLUENCE sur le déroulé des événements.

Écrit par : realist | 21/07/2023

Blumroch > Les particules portées par le vent que nous sommes censés devenir ne peuvent rien hériter ni transmettre. Ce doit être cela la liberté...

Écrit par : Pharamond | 21/07/2023

@Pharamond : Si le groupe Kansas existe toujours et qu'il écrit "Particles In The Wind", il aura une dette envers toi. ;-)

Écrit par : Blumroch | 21/07/2023

Blumroch > Joli titre d'ailleurs, repris par d'autres depuis.
https://www.youtube.com/watch?v=tH2w6Oxx0kQ

Écrit par : Pharamond | 21/07/2023

@Pharamond : J'avions découvert la chanson grâce à un épisode d'*Highlander*, quand le monde était jeune, que Schwab n'évoquait rien à personne, et que nul ne pouvait imaginer le numérique camp de concentration et d'extermination... :-(

Écrit par : Blumroch | 21/07/2023

Blumroch > Je ne me souviens plus comment je l'ai découvert.

Écrit par : Pharamond | 21/07/2023

Celle-ci, c'est via fdesouche qui en a signalé la censure récente pour des raisons assez évidentes :
https://www.youtube.com/watch?v=b1_RKu-ESCY
Les ricains de l'Amérique profonde ("Deep U.S. of A." ?) ont cette chance que d'être armés ; pas nous.

Écrit par : Blumroch | 21/07/2023

De nombreux candides ont cru le [***] muské favorable à la liberté d'expression. En paroles, seulement en paroles car dans les faits, il a promis de respecter toutes les l...ubies d'Ursula Breton. Démonstration :
https://leblogdepaysansavoyard.wordpress.com/2023/07/21/suspension-de-mon-nouveau-compte-twitter/
La censure épargne, pour l'heure, la méchanceté subtile ou indirecte qui fait [trop] confiance aux derniers *lecteurs* :
https://www.takimag.com/article/hive-mentality/
Pour combien de temps ?

Écrit par : Blumroch | 22/07/2023

William Tenn -- un nom de plume -- est l'auteur d'une nouvelle de S.F. intitulée "Null-P" dont voici l'idée politique authentiquement révolutionnaire : quand la logique est non-aristotélicienne, quand la géométrie est non-euclidienne, le système politique doit être non-platonicien. Dans l'histoire racontée par Tenn, c'est évidemment l'Amérique qui donne l'exemple, théorisé *a posteriori* par un sorbonnard français au patronyme baroque :
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"Since the time of Socrates," wrote Monsieur Fouffnique, "Man's political viewpoints have been in thrall to the conception that the best should govern. How to determine that 'best,' the scale of values to be used in order that the 'best' and not mere undifferentiated 'betters' should rule -- these have been the basic issues around which have raged the fires of political controversy for almost three millennia. Whether an aristocracy of birth or intellect should prevail is an argument over values ; whether rulers should be determined by the will of a god as determined by the entrails of a hog, or selected by the whole people on the basis of a ballot tally -- these are alternatives in method. But hitherto no political system has ventured away from the implicit and unexamined assumption first embodied in the philosopher-state of Plato's Republic.

"Now, at last, America has turned and questioned the pragmatic validity of the axiom. The young democracy to the west, which introduced the concept of the Rights of Man to jurisprudence, now gives a feverish world the Doctrine of the Lowest Common Denominator in government. According to this doctrine as I have come to understand it through prolonged observation, it is not the worst who should govern -- as many of my prejudiced fellow-delegates insist -- but the mean : what might be termed the 'unbest' or the 'non-elite.' "
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L'évangile de "Monsieur Moyen" n'est toutefois pas celui d'un certain Monsieur Blot. Quoi qu'il en soit, dans la nouvelle, le mouvement prend rapidement de l'ampleur :
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But the word was preached. Shamans appeared in the population, ordinary-looking folk who were called "abnegos." [d'après le nom du fondateur] Tyrants found it impossible to destroy these shamans, since they were not chosen for any special abilities but simply because they represented the median of a given group : the middle of any population grouping, it was found, lasts as long as the group itself. Therefore, through bloodshed and much time, the abnegos spread their philosophy and flourished.
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Ce beau programme est peut-être déjà appliqué en partie avec notre gouvernement des gentils médiocres, par des médiocres nuisibles, au profit de médiocres plus nuisibles encore.
Le texte, dont la fin est sinistre, figure dans les *Histoires de fins du monde* (au Livre de poche) sous le titre "Un système non-P".
Je découvre à l'instant cette fiche de police française :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_syst%C3%A8me_non-P
Sa consultation est déconseillée avant d'avoir lu le texte.

Écrit par : Blumroch | 22/07/2023

Le dernier avertissement des importés et de leurs collaborateurs étatiques vu de l'étranger :
https://counter-currents.com/2023/07/its-not-a-revolt-sire-its-a-secession/

Écrit par : Blumroch | 24/07/2023

Blumroch > Le salut ne viendra pas de l'extérieur, il viendra de nous c'est à dire qu'il ne viendra pas.

Écrit par : Pharamond | 25/07/2023

Magnard, symphonie n°3 :
https://www.youtube.com/watch?v=KZt7GbwJCm0

Écrit par : Blumroch | 25/07/2023

Habileté commerciale chez Counter-Currents qui publiait hier, dans la catégorie des articles gratuits, la première partie ("part 1 of 2") d'un texte consacré au *Talon de fer* -- sans révélations bouleversifiantes, mais ce n'est pas la question.
Aujourd'hui, la seconde partie ("part 2 of 2") apparaît dans la catégorie des articles payants. Le coup et le coût n'étaient pas annoncés (je ne pense pas avoir loupé un éventuel avertissement).
C'est petit.
Aussi petit que ces [autocensuré] de l'assemblée gamellarde apparemment désireux de faire du "climato-scepticisme" un délit -- et ils osent médire d'une Inquisition dont ils ignorent d'ailleurs tout.

Écrit par : Blumroch | 26/07/2023

Les khâgneux connaissent cet exercice idiot et artificiel qu'est le commentaire comparé. On y peut aussi jouer avec des citations d'écrivains sans relation aucune les uns avec les autres.
Ainsi, à "L’intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu’à ce qu’il nous ait prouvé le contraire." (*La France contre les robots, VII) répond "Any priest or shaman must be presumed guilty until proved innocent." (*The Notebooks of Lazarus Long* dans le très mauvais *Time Enough for Love* d'Heinlein).

Écrit par : Blumroch | 26/07/2023

Ha, climatoscepticisme, c'est ce qui me défini assez bien
Avant, on disait non pas les négationnistes ( marque déposée) mais les "négateurs"
J'eusse préféré lire les "nez goûteurs", "nez goutteux" ou "nez bouchés"
Car lors de l'épisode du couilles vides 19, nous fûmes, tous tant que nous étions, suspects d'avoir le nez goutteux

Écrit par : Kobus van Cleef | 26/07/2023

Circule, apparemment un peu partout, cette vidéo :
https://youtu.be/pw8j7WwnUuc?t=1133
La conclusion devrait emporter une universelle approbation :
"Tout ça, ça doit se payer à un moment donné".

Je me suis rapidement infligé plusieurs dizaines de commentaires : tout le monde le félicite, évidemment, mais *personne* ne cherche à savoir le nom de ce journaliste courageux, la chaîne où il a commis ce crime de lèse-foutriquet, encore moins son sort -- en droite logique, le licenciement pour faute lourde envers celui que le gauchiste Poulin appelle le présiroi.
Etonnant mépris pour les circonstances exactes. Manquerait plus qu'on apprenne que c'est un canular.

Écrit par : Blumroch | 26/07/2023

Ah, l'à peine lisible, le logo 442 m'a incité à regarder sur le site de Marcel D. pour y trouver ceci :
https://lemediaen442.fr/choc-sur-canal-10-le-presentateur-denonce-le-bilan-catastrophique-du-pire-president-de-tous-les-temps-emmanuel-macron/
Reste que partout ailleurs, personne ne se soucie de ces précisions indispensables, pas même l'animateur de Juste Milieu qui, comme beaucoup d'autres, ne donnait pas la sacro-sainte *source*.
Le mépris des références précises et vérifiables (je n'ai pas écrit : vraies) est inquiétant.

Écrit par : Blumroch | 26/07/2023

Blumroch > Il en est de même pour l'origine d'une image, même avec Google Lens il y a tant de reprises sans références que parfois c'est impossible.

Écrit par : Pharamond | 27/07/2023

On y vient, on y vient... pour sauver zobinsky, pour sauver foutriquet 2.0, pour sauver la planète, pour sauver le collectivisme progressiste, pour faire plaisir au WEF et complices :
https://www.youtube.com/watch?v=YZTz7UwmPiE
La définition classique du kron moyen, animal qui s'habitue à tout, est de moins en moins satisfaisante. De fait, le kron moyen majoritaire, c'est l'infra-humain qui a toujours tout accepté et qui acceptera toujours tout.

Écrit par : Blumroch | 27/07/2023

Blumroch > Amusant, dommage que les références soient toujours les mêmes.

Écrit par : Pharamond | 27/07/2023

@Pharamond : On est au moins certain qu'elles seront comprises. ;-)
Parlant de références, j'évoque *La grande implosion*, et une notoriété de citer Thuillier en affectant de le connaître depuis une éternité. Même coup, auparavant, pour *L'île des pingouins*. En d'autres temps, on avait l'élégance de remercier pour les découvertes.
Autre chose : y'a une nouvelle vidéo de La Mite qui ne vaut pas d'être mentionnée -- paradoxe, eh eh.

Écrit par : Blumroch | 27/07/2023

Blumroch > C'est le piège, nous utilisons le vocabulaire de l'ennemi pour être compris, mais c'est lui qui en garde le contrôle annihilant notre discours.

Écrit par : Pharamond | 27/07/2023

@Pharamond : Bah, suffit de traduire. Vieille leçon de Boileau : "J'appelle un chat un chat, et Rollet un fripon[, et [autocensuré] une crapule]".
Dans *Rire avec les savants*, Bergier avait expliqué comment on devait lire es publications scientifiques ("Les meilleurs résultats ont été obtenus par X" = "X est un copain"). Dans les faits divers, on sait comment comprendre l'absence de certains renseignements.
Inutile de chercher à imposer des mots nouveaux ou avec une acception différente de la norme -- suffit de voir le succès limité du stupide "francocide". Mieux vaut encore se glorifier des accusations de l'ennemi, façon Neville Sinclaire (*The Rocketeer*) : "Fasciste, moi ? Oui, j'en suis fier !".

Écrit par : Blumroch | 29/07/2023

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