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09/10/2021

Je plussoie (48)

"Ils ont oublié que la grandeur d'un peuple est d'abord faite de son égoïsme et que l'oubli de celui-ci le condamne à l'esclavage. Ils refusent de voir que, pour être magnanime, il faut d'abord être vainqueur. Ils sont sourds à ces simples cris."

Jean Cau

 

"Toute œuvre humaine est menacée, aucune ne subsistera intacte et toutes finalement périront. Mais j’ai vu à Olympie de grandes colonnes couchées dans l’herbe, et elles chantaient encore la gloire de l’inconnu qui, il y a 27 siècles, les avait dressées vers les dieux."

François Mauriac

 

"Il est naturel qu’un peuple qui se meurt ne veuille pas mourir. La vieillesse historique, comme la vieillesse individuelle, est un culte de la vie par manque de vie. C’est la flétrissure caricaturale du devenir."

Emil Cioran

 

"On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience. C'est comme aux huîtres le citron."

Léon Bloy

 

"Ce régime, où l'on gouverne à l'heure ou à la journée, faute de pouvoir vous donner la moindre assurance sur ce que vous serez demain, vous interdit bien de renouer avec ce que vous étiez hier."

Antoine Blondin

 

"Dénoncer le mal et faire le bien sont deux choses différentes."

Gaël Faye

 

"L’homme qui n’a aucune vie intérieure est l’esclave de son entourage."

Henri-Frédéric Amiel

 

"La patrie est comme la famille, on n'en sent bien le prix que lorsqu'on n'en a plus."

Gustave Flaubert

 

"Nos persécuteurs prospèrent sur nos vices."

Lounès Darbois

 

"Il est très dangereux de vivre en des époques sans danger. Elles sont grises, douceâtres, molles, ternes. Elles atrophient les caractères, elles énervent les volontés. Pour des âmes un peu noble, notre temps peut devenir un âge d'or, précisément parce que c'est un âge de fer exigeant une multiplicité d'efforts pour que la frénésie du progrès ne se retourne pas contre nous."

André de Maricourt

Commentaires

Gentil, le Mauriac : il oublie que la mélancolique contemplation des ruines, et pas seulement architecturales, exige un spectateur et même, un spectateur *intéressé*. Combien verraient, dans quelques colonnes abattues, vestiges de constructions colossales, de simples matériaux de construction à *recycler* ?
Lucidité, toutefois, du diagnostic sur le destin de bien des oeuvres : ainsi, l'engeance des amateurs de Mauriac romancier ou chroniqueur a heureusement presque totalement disparu, sauf sans doute dans le Bordelais, pour des raisons de snobisme provincial ; encore son culte est-il plus revendiqué que pratiqué. Je ne sache personne, même parmi ses admirateurs, qui aille le relire, et s'il devait subsister un peu dans les mémoires, ce serait à cause du magnifique *Mauriac sous de Gaulle* de Jacques Laurent, où il est exécuté de main de maître. Mais qui lit encore Jacques Laurent ?

Amiel gagnerait à être *mis à jour* : celui qui n'a aucune vie intérieure sera l'esclave de BFMWC -- un atout, d'ailleurs, dans la conduite ordinaire de l'existence.
Incidemment, le tyran se moque de la vie intérieure : tout ce qu'il exige, c'est la soumission extérieure.

Gustave a été mieux inspiré. Nul besoin de perdre une chose pour en connaître le prix, quand on a déjà payé pour l'acquérir -- ainsi de l'indépendance d'esprit, qui exige quelques sacrifices, à commencer par une immense et sereine solitude.

Légère incohérence d'une époque sans danger qui serait aussi un âge de fer. ;-)

Écrit par : Blumroch | 09/10/2021

Blumroch > Peut importe, les ruines chantent pour qui peut les entendre.

Etre l'esclave de son entourage et du tyran n'est pas tout à fait la même chose.

Flaubert faisait référence à des choses héritées et non acquises.

Le texte est un peu ambigu voire maladroit, mais on devine se qu'il signifie. On peut penser à ce certain âge d'or des décennies d'après-guerre qui a engendrait notre époque. Il est difficile de s'endurcir quand tout va bien, c'est le danger de ces périodes ; le fer sous le velours.

Écrit par : Pharamond | 09/10/2021

@Pharamond : Je ne dis pas autre chose, précisant simplement que les réceptifs ne sont et seront pas légion. Comme disait Amende, "Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor".
Amende, c'est évidemment P. V. ;-)

Si, c'est être esclave de n'importe quelle influence extérieure, et quel entourage plus proche, pour le lambda moyen, que les moyens de propagande, et donc la parole du tyran ?

Nope. Patrie et famille, deux exemples parmi tant d'autres d'une réflexion qui se prétend universelle, à la Rochefoucauld, quand elle n'est que partiellement vraie. Gustave est toujours génial, mais pas toujours au même degré. ;-)

Les âges d'or, d'argent, d'airain, de fer et de fer-blanc (ce dernier, inédit, le nôtre, n'ayant été prévu ni par Hésiode ni par Ovide) ne sont pas concernés par la notion de danger mais par celle de *virtus*.

Au reste, tout cela est sans importance.

Écrit par : Blumroch | 09/10/2021

Je vais vous choquer ( comme le foc dans un coup de vent), le pentanat du minimicule makrout m'a semblé bénéfique
Je m'explique
Évidemment, je récuse ce qu'il est, je vomis son addiction à la popularité des rezozozios, et à la populace des kortiers, je vomis son clientélisme envers les retraités aisés, son cynisme écoeurant, sa momosessualite sournoise
Mais je bénis le ciel d'avoir accordé à la populace un homme qui n'a rien caché de ce qu'était le cirque étatique et politrouk
Si après la branlette de grivo sur le ternet, les dénégations embrouillées de diabète, ses formules alambiquées pour défendre son boss ou pour enterrer la petite Simone, les morsures de la députée k-ni-ball, le cynisme de son conseiller suggérant de"raconter une histoire, une autre et belle histoire" pour faire passer l'augmentation du gaz oil, toutes ces informations merdeuses, tronquées,menteuses, et pour finir, cette komission censée proposer des pistes pour lutter contre le komplotizm, komission dont l'intitulé "les lumières au temps d'internet" est incompréhensible pour la majorité des vronzais, komission dont chacun des membres participe à la légende dorée de vivrensemble qui alimente la recherche de la vérité ou d'une certaine vérité, laquelle recherche est renommée komplotizm par les intelligences qui nous gouvernent
Si après ça les partis de gubernamen engrangent encore des voix c'est à se demander si le vote n'est pas truqué

Écrit par : Kobus van Cleef | 10/10/2021

Kamerad Kobus, je partageais ton avis. Le ridicule de ce régime, avec ministres en pyjama, se masturbant sur les réseaux sociaux, député se vantant d'utiliser le mot boloss à l'assemblée dans le cadre de pari fait avec des animateurs de radio-poubelles, les mensonges autour du virus de la peste ###, venant se rajouter aux habituels scandales financiers, aurait dû finir de le discréditer. Et bien, non. nos cons de citoyens sont masqués même seuls dans leur voiture, s'enduisent de gel, se touchent le bras de peur de se contaminer (même si l'école enseignait à nos gosses à éternuer dans leurs manches pour éviter la contagion par les aérosols)....

Écrit par : Sven | 11/10/2021

Blumroch > Tant qu'il y aura au moins un amateur n'est-ce-pas suffisant pour exister ?

Le tyran veut bien sûr notre soumission extérieure, mais notre vie intérieure l'inquiète car cette petite flamme peut toujours mettre le feu mise en contact du matériau adéquat. Un convaincu est moins dangereux qu'un soumis de force.

Deux exemples me suffisent.

C'est le monde confortable et sans grands dangers (en 1962 s'achevait notre dernière "guerre") des Trente glorieuses et des deux décennies suivantes qui ont engendré le cloaque actuel.

Kobus van Cleef & Sven > Parfois je me dis qu'il faudrait voter pour les pires candidats (écolos ou gauchos) pour faire un choc salutaire, mais les électeurs ne suivent pas, ils préfèrent l'agonie douce des candidats du Système.

Écrit par : Pharamond | 11/10/2021

@Pharamond : Les pires candidats *sont* aussi des candidats du système. ;-)

Écrit par : Blumroch | 11/10/2021

Blumroch > Oui, c'est exact, j'aurais dû dire "des champions du Système".

Écrit par : Pharamond | 11/10/2021

"Les détails de l'histoire future nous sont cachés, non la marche générale de celle-ci. Quand monte la marée, je suis incapable de dessiner les profils successifs des vagues ; je sais pourtant qu'une heure plus tard la plage sera submergée."

C'est *après coup* que la catastrophe apparaît inévitable. Il n'y a pas de place dans le passé pour des possibles ; il n'y a de place dans l'avenir que pour des possibles. Le passé est unique ; l'avenir est infini.

"Les hommes se détestent ; les Anglais s'ignorent."

"Tout règlement qui néglige la nature humaine périra. L'homme, qui est un animal absurde et passionné, ne peut se complaire dans un système intelligent. Pour qu'une loi soit acceptée par le plus grand nombre, il est nécessaire qu'elle soit injuste."

"Il faut qu'un artiste soit un crétin. Les seuls parfaits sont les sculpteurs ; les paysagistes viennent ensuite ; puis les peintres, en général, puis les musiciens, puis les écrivains. Les critiques ne sont pas bêtes du tout, et les hommes vraiment intelligents ne font rien."

"Les institutions que nos ancêtres ont adoptées après six mille ans d'expérience, valent mieux que les constructions d'imbéciles hâtifs et prétentieux. Ce qui existe a une grande vertu, c'est d'exister."
Emile Herzog avait sans doute lu Chesterton :
https://fs.blog/2020/03/chestertons-fence/

Écrit par : Blumroch | 15/10/2021

C'est évidemment sans importance, mais pour les ceusses qui l'avaient oublié, l'Herzog dénoncé *supra* était évoqué ici :
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2019/11/28/le-jeu-des-deux-images-334-6194290.html

Donner le nom de l'auteur serait ici insultant :

"Le génie, en politique, consiste non à créer, mais à conserver ; non à changer, mais à fixer ; il consiste enfin à suppléer aux vérités par des maximes : car ce n'est pas la meilleure loi, mais la plus fixe, qui est la bonne."

"Il ne faut pas trop compter sur la sagacité de ses lecteurs ; il faut s'expliquer quelquefois."

"Les tyrans ne doivent jamais oublier qu'un écrivain peut recruter parmi des milichiens, et qu'un ministricule ne peut jamais recruter parmi des lecteurs."*

"Une sûreté entière, une propriété toujours sacrée de ses biens et de sa personne, voilà la vraie liberté sociale."

"Un peuple sans territoire et sans religion périrait, comme Antée, suspendu entre le ciel et la terre."

"Nous écrivîmes et nous parlâmes inutilement en faveur de la religion, de la morale, de la politique, et au nom de l'humanité et de l'expérience de tous les siècles. Notre voix se perdit dans la destruction universelle, nous nous tûmes."

"*Res eodem modo conservatur quo generantur*."

"Si Louis XVI était mort les armes à la main au 10 août, son sang eût bien autrement fécondé les lis. L'échafaud et le silence du peuple seront toujours flétrissants pour la nation, pour le trône, pour l'imagination même."

"De nos jours, si le pouvoir absolu d'un seul s'établit en France, la philosophie opposera moins de digues à la tyrannie que la religion."

"Nous sommes dans un siècle où l'obscurité protège mieux que la loi et rassure plus que l'innocence."

"Les visions ont un heureux instinct : elles ne viennent qu'à ceux qui doivent y croire."

"Le covidiste croit aux visions d'autrui : le résistant ne croit qu'aux siennes."*

"Il y a deux grandes traditions dans l'antiquité qu'on n'a pas assez remarquées : Satan, le premier des anges, veut détrôner son bienfaiteur ; le fruit de la science du bien et du mal donne la mort. L'une enseigne que l'ingratitude est inhérente à tout être créé, l'autre que les lumières ne rendent pas les peuples heureux."

"La raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire."

"Celui-là est toujours libre qui fait, quoique forcé, les choses dont il a besoin, comme un valet sert pour vivre ; mais celui-là est esclave, qui est contraint de faire ce dont il n'a aucun besoin."

"Quand on a raison vingt-quatre heures avant le commun des hommes, on passe pour n'avoir pas le sens commun pendant vingt-quatre heures."

"Il faut faire, pour valoir quelque chose en ce monde, ce qu'on peut, ce qu'on doit et ce qui convient."

"La plus mauvaise roue fait le plus de bruit."

Écrit par : Blumroch | 17/10/2021

Blumroch > Il semblerait que les citations ne soient pas toutes de Rivarol, mais ce n'est peut-être qu'une impression trompeuse.

Écrit par : Pharamond | 17/10/2021

@Pharamond : En deux occasions, la transcription est fautive, qui respecte quand même l'esprit de l'original. ;-)

Écrit par : Blumroch | 17/10/2021

Sommé de donner son sentiment sur Rivarol, je ne sais plus quel aristocrate avait eu ce joli mot, aimablement flatteur pour l'auteur comme pour ses lecteurs : "Plus on a de l'esprit, plus on lui en trouve". C'est une bonne raison pour cette ultime livraison de réflexions pour tous et pour personne, prises dans articles, discours et lettres. D'éventuels curieux ou désoeuvrés pourront lire avec profit, chez Gallica, deux intemporels : *De la philosophie moderne* et *De la souveraineté du peuple*.

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Si les hommes naissaient égaux, on n'aurait point besoin de lois pour les déclarer tels : aucun tribunal n'a encore proclamé que les hommes sont mortels.

L'identité du but est la preuve du sens commun parmi les hommes ; la différence des moyens est la mesure des esprits ; et l'absurdité dans le but est le signe de la folie.

En législation comme en morale, le bien est toujours le mieux. Les hommes s'attroupent, parce qu'ils ont des passions ; il ne faut les traiter ni comme des moutons, ni comme des lions, mais comme s'ils étaient l'un et l'autre ; il faut que leur faiblesse les rassemble et que leur force les protège. Le despote qui ne voit que de vils moutons, et le philosophe qui ne voit que des lions indomptés, sont également insensés et coupables.

Il n'est point de siècles de lumière pour la populace ; elle n'est ni française, ni anglaise, ni espagnole. La populace est, toujours et en tout pays, la même : toujours cannibale, toujours anthropophage, et quand elle se venge de ses magistrats, elle punit des crimes qui ne sont pas toujours avérés, par des crimes qui sont toujours certains.

Il faut plutôt, pour opérer une révolution, une certaine masse de bêtise d'une part, qu'une certaine dose de lumière de l'autre.

Il faut attaquer l'opinion avec ses armes : on ne tire pas des coups de fusil aux idées.

Les proverbes sont le fruit de l'expérience de tous les peuples, et comme le bon sens de tous les siècles réduit en formules.

Tout homme qui s'élève, s'isole : et je comparerais volontiers la hiérarchie des esprits à une pyramide. Ceux qui sont vers la base, répondent aux plus grands cercles et ont beaucoup d'égaux. A mesure qu'on s'élève, on répond à des cercles plus resserrés. Enfin, la pierre qui surmonte et termine la pyramide, est seule et ne répond à rien.

Pour arriver à des choses neuves en littérature, il faut déplacer les expressions ; et en philosophie, il faut déplacer les idées.

Il y a généralement plus d'esprit que de talent en ce monde : la société fourmille de gens d'esprit qui manquent de talent.

Le génie des idées est le comble de l'esprit ; le génie des expresions est le comble du talent.

Que, dans le siècle où nous sommes, un homme se trouvant sans esprit, sans imagination et sans talent, prenne un fourneau, un alambic, une machine électrique, et se fasse chimiste ou physicien : on entendra parler de lui ; on verra éclore ce nom inconnu, dont on sera forcé de se charger la mémoire, la plupart des gens du monde ne sauront jamais jusqu'à quel point on doit estimer ou mépriser ce manoeuvre. Il n'est est pas ainsi en littérature : quatre lignes de prose ou quelques vers classent un homme presque sans retour : il n'est pas là de dissimulation.

Les Grecs, avec leur mythologie, ont baptisé toutes les passions, et avec leur philosophie tous les systèmes.

Les moyens de la peinture sont immenses, et ses résultats sont bornés. Les moyens de la poésie sont bornés, et ses résultats sont immenses. Virgile dans vingt beaux vers donne autant de sensations et d'idées, que Raphaël dans toutes ses loges du Vatican.

Le seul grand homme qu'il y ait aujourd'hui en Europe, depuis la mort de Frédéric II, est la femme extraordinaire qui gouverne la Russie.

Les nobles d'aujourd'hui ne sont plus que les mânes de leurs ancêtres.

Mon frère serait l'homme d'esprit d'une autre famille, et c'est le sot de la nôtre.

Un livre qu'on soutient est un livre qui tombe.

Les idées de L... ressemblent à des carreaux de vitre entassés dans le panier d'un vitrier : claires une à une et obscures toutes ensemble.

Ce qui afflige le plus dans les révolutions, c'est ce manque de respect pour la vieillesse, pour l'enfance, pour l'exil et pour le malheur.

L'origine de la servitude est dans le mot même. Servus est un abrégé de servatus.

La dissimulation peut mener à l'esprit : G... dit si souvent le contraire de ce qu'il pense que cela lui fait attraper de jolies choses.

On tue l'ignorance comme l'appétit : on mange, on étudie, et c'est ainsi qu'on arrive vers cet état qui rend la mort si nécessaire.

Différence des procédés de la nature et des nôtres ; n'ayant que le même spectacle à nous offrir, elle change les spectateurs, et nous changeons le spectacle.

Vivre dans l'aisance, avoir de la patience, de la prudence et de la santé, voilà le bonheur de l'homme : si avec tout cela, il n'est point heureux, c'est qu'il n'est pas digne de l'être.

Ce qu'il y a d'horrible en général dans ce monde, c'est que nous cherchions avec une égale ardeur à nous rendre heureux, et à empêcher les autres de l'être.

La nature n'ayant plus rien de nouveau à offrir à l'homme qui pense et qui vieillit, et la société encore moins, il ne doit demander que l'air et l'eau, le silence et l'absence, quatre éléments de la vie, quatre choses sans goût et sans reproche.

Malheureusement il y a des vertus qu'on ne peut exercer que quand on est riche.

Les hommes les plus sages sont toujours ceux qui ont le moins d'ascendant sur les autres hommes, parce qu'ils ont le moins de rapports avec eux ; c'est comme les plus ingénieux.

L'homme de la nature est trompé par les sensations, et l'homme social par les opinions. Sans ces deux sortes d'erreur, il ne pourrait exister et ne saurait pas vivre.

Il faut toujours avoir affaire, ou à la malice des hommes si les temps sont calmes, ou à leur barbarie, s'il y a révolution.

Le martyr d'une vieille religion a l'air d'un entêté ; le martyr d'une religion nouvelle a l'air d'un inspiré.

L'homme a une tranquille inattention et une ingratitude habituelle pour les jouissances les plus essentielles de la vie, comme la vue, la santé, etc. Dans la privation, il sent l'horreur et le regret. Il a de l'enthousiasme pour les jouissances accidentelles et imprévues, comme celles des arts, les spectacles, etc., et dans la privation, l'oubli ou une facile indifférence.

Les enfants font des cris, aiment le bruit, le feu, etc. ; ils font tout ce qu'ils peuvent pour s'avertir de leur existence. Les gens bornés aiment le mouvement. Il n'y a que les hommes exercés à la méditation qui aiment le silence et le repos : leur vie est une suite d'idées.

Les bourses se vident pour un chanteur et un danseur ; tout est de glace pour l'homme qui pense et qui redresse les idées de son siècle. C'est que celui-ci ne donne que de la fatigue et humilie les gens médiocres, tandis que le chanteur ne donne que du plaisir et n'humilie jamais. Les idées perdront toujours leurs procès contre les sensations. Il n'y a que les excellents esprits qui quittent tout pour suivre une tête pensante.

L'inscription de la bibliothèque égyptienne était admirable : Trésor des remèdes de l'âme.

Un moyen sûr de reconnaître un bon esprit, et même un grand esprit d'avec un simple bel esprit, c'est de voir si un homme est plus enclin aux analogies et aux rapprochements qu'aux antithèses.

Du jour où les Anglais craindront plus pour leur liberté que pour les propriétés, le gouvernement sera perdu.

Le goût des nouveautés tue l'amour et le génie. Voyez ceux qui changent de livres et de femmes tous les jours. La passion est préférence ; il faut pour être amoureux aimer toutes les femmes dans une seule, et pour avoir quelque génie, méditer et ne relire que les modèles qui sont les archives du goût : c'est avoir profité que de savoir s'y plaire.

Non seulement il y a beaucoup d'esprits bornés, mais même leurs bornes sont mal posées.

Une armée dont on se sert pour asservir, est déjà asservie elle-même, et le marteau reçoit autant de coups que l'enclume.

N'est-il pas plaisant et bien effronté que Bonaparte qui a révolutionné au nom de la liberté, opprime cette même liberté, et que l'insurrection qui fut vertu contre le roi soit un crime contre le consul. Le Français est souvent bien ridicule.

"Gouvernement révolutionnaire" : expression indéfinissable, monstrueuse alliance de mots.

La liberté de la presse a tout commencé et tout achevé dans la révolution ; seul fléau dont Moïse oublia de frapper l'Egypte.

Malheureusement, le monde est plein de criminels rusés qui, moins éclatants que Cromwell, jouissent comme lui du fruit de leurs complots conduits avec art ou avec bonheur.

Écrit par : Blumroch | 22/10/2021

Toujours de Rivarol, cette réflexion que je n'avais pas sélectionnée dans la seconde livraison de citations, *supra*, mais qui répond à celle sur le héros et la victime dans le "Je plussoie" suivant (numéro 49) :

L'antiquité donna le nom de héros, demi-dieu, homme au dessus de l'humanité à ceux qui faisaient tout par eux-mêmes ; tels que les Hercule, les Thésée, etc., qui n'étaient soutenus que par leurs vertus. Elle accorda aussi ce nom à ceux qui dans les armées payaient sans cesse de leur personne, comme Achille, Ajax, César ou Alexandre. Ainsi, Enée fut le héros de la piété filiale, pour avoir porté lui-même son père sur ses épaules à travers les flammes ; mais il n'était plus héros s'il l'eût fait porter par ses esclaves. On est encore héros toutes les fois qu'on dompte une grande passion, qu'on fait un sacrifice immense au public, puisqu'en ce cas, on ne s'appuie que sur sa propre force et sur sa vertu. Mais il n'y a que la flatterie qui ait prodigué le titre de héros à des rois et à des généraux qui n'employaient que la tête ou les bras d'autrui. On peut être un grand roi ou un grand homme sans être un héros, et Louis XIV et le cardinal de Richelieu ne sont pas plus héros qu'Homère ou Aristote.

Écrit par : Blumroch | 26/10/2021

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