17/07/2020
L'effacement
"Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever leur mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre écrit d’autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est, et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite."
J'ignore dans quel contexte Milan Hübl (1927-1989) a écrit ce texte, je sais seulement de lui qu'il était tchécoslovaque, historien, homme politique et communiste réformateur. Peu importe qui il était, ces mots résonnent aujourd'hui de façon sinistre...
15:26 | Lien permanent | Commentaires (23)
Une explication
Pourquoi ? La question, toujours la même, revient, lancinante : comment se fait-il que nous soyons gouvernés par des incapables ? Quel est donc ce régime ? Une oligarchie, je veux bien, mais pourquoi une oligarchie d'incompétents et de fanfarons ? Pourquoi forcément des olibrius ? J'ai une réponse. S'il n'y a plus d'hommes d'Etat dignes de ce nom, c'est parce qu'il n'y a plus d'Etat. Dans n'importe quel manuel de sciences politiques, on lit qu'une communauté humaine est un Etat lorsque les cinq conditions suivantes sont réunies 1. Elle est la source unique et ultime de la loi sur son propre territoire 2. Elle maîtrise ses frontières 3. Elle rend la justice en dernier ressort 4. Elle a le pouvoir de battre monnaie 5. Elle décide souverainement de la paix et de la guerre Or, la situation est assez claire : la France ne possède plus aucune de ces prérogatives. Les lois sont faites ailleurs, par des pouvoirs non élus; les frontières sont ouvertes et l'immigration de masse est obligatoire; la justice est suspendue aux cassations supranationales; les politiques budgétaires et monétaires sont menées par une banque lointaine.; enfin les guerres -- ou guéguerres -- sont décidées par nos puissances tutélaires. La France n'est donc plus un Etat souverain. Disons plutôt une province de l'Empire. Dans ces conditions, il est aisé de comprendre que la politique n'attire plus les "capacités", comme disait Guizot. Puisqu'elle n'est plus, désormais, qu'une gigantesque illusion comique, elle attire tout ce que le pays compte de bonimenteurs incultes, d'histrions sans honneur et de voyous sans courage physique. Il serait faux toutefois d'affirmer que nous ne sommes plus gouvernés par les meilleurs. Le fûmes-nous jamais? Nous sommes, objectivement, gouvernés par les pires. Bien sûr, il y un mensonge dans la phrase que je viens d'écrire. Ces gens ne nous gouvernent pas. Ils nous animent. Comme on anime un banquet, une convention d'entreprise, un goûter de personnes âgées. Que faire? Il n'y a qu'une solution. Ramasser le tronçon brisé et rétablir les conditions d'existence même de la politique. Le programme est suffisamment décrit par la courte liste ci-dessus. Cela suppose de congédier cette troupe de pitoyables farceurs et de refaire un Etat. "Par tous les moyens, même légaux." |
Billet du 10 mars 2014 de Frédéric Becquérieux sur son blog "Mauvaises pensées" aujourd'hui diparu.
Merci à Blumroch
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