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23/08/2019

Cahier

Aujourd'hui, en mettant un peu d'ordre j'ai retrouvé un cahier aux grands carreaux pâles et aux pages légèrement ternies par le temps dans lequel il n'y avait qu'une seule phrase. J'ai reconnu mon écriture, un peu différente, un peu plus jeune, mais incontestablement la mienne. Je ne me souvenais plus avoir écrit ces mots et j'ai éprouvé une impression curieuse et intense ; comme si c’était l’œuvre d'un autre moi délaissé qui m'adressait un signe à travers les années. Peut-être avais-je commencé un recueil de "pensées" ou m'étais-je défoulé sous le coup d'une émotion, quoi qu'il en fût le reste des pages était resté vierge. Ainsi donc, il y a longtemps, j'avais écrit pour une raison oubliée :

« Est-ce que nos instants de bonheur s'inscrivent quelque part pour toujours ? »

Commentaires

Jolie question, à laquelle Khayyam avait apporté, dans tous ses quatrains, une réponse désolée, savoir que tout ce que nous avons pu faire ou éprouver, en "bien" comme en "mal", meurt avec nous.

We are but chessmen, destined, it is plain,
That great chess player, Heaven, to entertain;
It moves us on life's chess-board to and fro,
And then in death's box shuts up again.

Adaptation d'un certain Edward Whinfield[1], dont voici une adaptation française citée par Debord :

Pour parler clairement et sans paraboles,
Nous sommes les pièces du jeu que joue le Ciel ;
On s’amuse avec nous sur l’échiquier de l’Être,
Et puis nous retournons, un par un, dans la boîte du Néant.

Ordinairement, rien de plus flou que les adaptations de poèmes. Tout le monde n'est pas Boutang (*Art poétique*).

[1] https://en.wikisource.org/wiki/Quatrains_of_Omar_Khayyam_(tr._Whinfield,_1883)/Quatrains_201-300

Écrit par : Blumroch | 24/08/2019

Jolie, je l'ignore, mais naïve en tout cas. Sans doute avais-je déjà la triste réponse à l'époque à laquelle je l'ai écrite et plus qu'un questionnement s'agissait-il d'une prière.

Esprit brillant et courageux que celui de Khayyam, mais même si le quatrain est élégant je n'adhère pas à l'idée d'être le jouet d'une quelconque divinité/entité.

Écrit par : Pharamond | 24/08/2019

@Pharamond : Pas besoin d'être manipulé pour être contrôlé. Les limites qui nous sont imposées, *volens nolens*, (ainsi de la sottise de nos contemporains dont le nombre fait la force) suffisent, malheureusement.
Le plus important, dans le quatrain, c'est sa chute :
"Et puis nous retournons, un par un, dans la boîte du Néant."

Ce qui me rappelle une mémorable nouvelle d'Heinlein intitulée *The Year Of The Jackpot*[1]. On peut la trouver aisément sous la forme d'un abominable PDF en interrogeant ainsi Gougueule : "heinlein year of the jackpot".

"What good is the race of man ? Monkeys, he thought, monkeys with a spot of poetry in them, cluttering and wasting a second-string planet near a third-string star. But sometimes they finish in style."

Nous n'aurons pas la chance d'avoir une si belle fin, et universelle encore.

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/The_Year_of_the_Jackpot
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ann%C3%A9e_du_grand_fiasco

Écrit par : Blumroch | 24/08/2019

On ne peut qu'adhérer à la chute du quatrain. La vie est absurde par essence et ce sont nos convictions qui lui donnent un sens.

Écrit par : Pharamond | 24/08/2019

Où s'inscrivent les instants de bonheur, si déjà ils s'inscrivent quelque part ?
Ma foi, il faudrait déjà que nous ayons des instants de bonheur
Et là, dans le moment, c'est pas gagné

Écrit par : Kobus van cleef | 27/08/2019

C'était mon questionnement.
Pour les instants de bonheur : j'ai écrit cette phrase il y a plus de 20 ans, peut-être en était-il autrement alors. et puis je parle bien "d'instants" de bonheur, pas si naïf que cela ;-)

Écrit par : Pharamond | 27/08/2019

@Pharamond : incidemment, avec horreur, je m'aperçois que ce titre de Montherlant, *Encore un instant de bonheur*, c'était aussi un titre pour le déjà oublié Jeando. ;-)

Écrit par : Blumroch | 27/08/2019

Les commentaires sont fermés.