26/11/2017
Atavisme
Parmi les raisons évoquées pour expliquer pourquoi le peuple ne se révolte pas, au delà des contingences pratiques (avec qui ? avec quoi ? comment ? dans quel but ? etc.) et des raisons habituellement évoquées (manipulation par l'école et les médias, abrutissement généralisé, mode de vie, confort amollissant, individualisme, etc.) il y en a une rarement énoncée : le peuple a énormément de mal à admettre que ses chefs puissent le trahir. Il conçoit assez aisément que ceux-ci puissent être stupides, lâches, injustes, brutaux, corrompus, rapaces et exiger parfois des sacrifices cruels ou inutiles... mais imaginer qu'ils en arrivent à planifier froidement la disparition de ceux dont ils ont la responsabilité est au-dessus de son entendement. La confiance dans les chefs même écornée reste un sentiment fort parce que le peuple se souvient confusément que ceux qui se sont hissés au-dessus du commun sont censés être garants de tous, de l'enrichissement des uns à la simple survie des autres et, surtout, qu'en leur absence le chaos n'est jamais loin. Le peuple ne consent à les mettre à bas qu'à la seule condition que d'autres chefs crédibles soient parvenus à s'affirmer.
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Commentaires
Sauf à n'avoir absolument plus rien à perdre, les peuples ne bougent que manipulés par une nouvelle oligarchie désireuse de remplacer la précédente. Cette oligarchie sera plus ou moins malveillante, sans doute, mais dans tous les cas, elle aura le goût malsain du pouvoir, ce qui la condamne d'office : elle ne veut *jamais* le bien des individus libres, mais tout simplement leurs biens en exerçant un insupportable contrôle sur les esprits.
La moins pire d'une tyrannie, c'est encore une tyrannie.
La logique voudrait qu'on allât chercher, pour une assez brève période, un dictateur, au sens romain, chez les cerveaux qui n'ont aucun goût du pouvoir et qui n'auront qu'une hâte : faire leur temps au service de la civilisation pour n'avoir plus jamais à s'en soucier. L'intérêt leur dicterait d'ailleurs une conduite raisonnable, puisqu'ils seraient responsables sur leurs biens et sur leur vie de leurs décisions, même après avoir quitté la fonction.
Je veux bien qu'un état anarchiste minimum soit incompatible avec la sottise des masses, je veux bien qu'une organisation sociale soit nécessaire, mais personne ne devrait avoir la candeur de croire, contre le réel, que les maîtres sont bienveillants par nature, quand ils ne le sont que par accident -- et encore.
La Boétie et Spooner, au minimum, devraient être des lectures obligées.
Écrit par : Blumroch | 26/11/2017
A part quelques indécrottables naïfs, je ne sais pas si beaucoup ont la candeur de les croire bienveillants par nature, on (se) ment souvent pour justifier son vote et ne pas perdre la face. Mais de les croire malveillants au point de préparer leur dissolution/remplacement nos contemporains ont beaucoup de mal. Les chefs font partis du Système, en sont même les garants, et comme les gens aiment le Système...
Écrit par : Pharamond | 26/11/2017
Chamfort disait fort bien que les gens d'esprit faisaient beaucoup de fautes en conduite parce qu'ils ne croyaient pas les gens aussi bêtes qu'ils le sont. Autant dire que le camp du bon sens et de la rationalité a perdu. Cette cécité est quand même un mystère : même en sachant le Q.I. moyen, même en sachant que l'individu ordinaire est concentré sur sa petite personne (ce qu'on peut comprendre dans une certaine mesure), comment font-ils tous, ou presque, pour ne rien voir de ce qui se passe sous leurs yeux ? Au moins, dans ce chef-d'oeuvre méconnu qu'est le *They live !* (a.k.a. *Invasion Los Angeles*) de John Carpenter, les lunettes de soleil permettent aux riens (Nada) de voir le monde tel qu'il est et d'agir en conséquence !
Écrit par : Blumroch | 26/11/2017
1964. Le Queens, New York. Kitty Holden, une toute jeune femme, est poignardée à mort à 3h du matin devant son immeuble. La police n’a été appelée qu’à 3h35. Les habitants de l’immeuble ont tout vu du début jusqu’au coup de couteau fatal. Un meurtre en public, mais personne ne voulait d’ennui, personne ne voulait d’histoire, personne ne voulait s’impliquer. Ils avaient peur, ils étaient lâches, ils regardaient le spectacle derrière leurs fenêtres, lumières éteintes. Personne n’a rien fait pour la sauver.
Ce qui est intéressant, c’est le discours du meurtrier, un afro-américain du nom de David Stewart : « J’avais bien compris que les gens à leurs fenêtres s’en foutaient et qu’ils ne diraient rien, qu’ils n’appelleraient pas la police, alors je l’ai liquidée,voilà ! »
ça date de quelques décennies donc. On peut transposer à nos sociétés occidentales de 2017, l’État sait que les peuples ne bougeront pas car la moitié est volontaire pour crier avec enthousiasme "padamalgame" et l’autre moitié est dans le déni. Les peuples sont canalisés, regardez le sort fait aux personnes qui se défendent lors de cambriolages, beaucoup sont mis en accusation et jetés en prison.
Écrit par : Noone | 27/11/2017
@Noone : Votre mémoire vous aura en partie trahi, car à en croire kikipedia, c'est une malheureuse Kitty Genovese qui a été tuée à Brooklyn par un certain Winston Moseley :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Meurtre_de_Kitty_Genovese
Mais c'était bien en 1964 ! ;-)
(j'ai cherché en vain dans gougueul les noms que vous citiez)
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
Ce sont les media qui ont monté l'affaire(NYT), laquelle ne s'est pas passée comme ceux qui en ont tiré des théories sur l'individualisme, la passivité (et le risque d'aveuglement des populations sur les risques totalitaires) voulaient nous aider à conclure. Un film et des livres ont depuis rappelé la vérité qui n'avait rien à voir
Ici par exemple
http://www.independent.co.uk/news/world/americas/kitty-genovese-murder-the-real-story-of-the-woman-killed-in-front-of-38-witnesses-in-queens-in-1964-a7118876.html
Écrit par : gotharte | 27/11/2017
Etonnant ce que vous me dites là, j'ai lu cette histoire récemment dans un livre qui répertoriait quelques meurtres fameux à New York. Je la trouvais très significative de la passivité et la lâcheté actuelles. Je vais faire une recherche.
Écrit par : Noone | 27/11/2017
Il est de la plus haute importance que le contribuable soit persuadé d'être isolé et sans recours face au chaos artificiellement mis en place par l'Etat, tous les moyens sont mis en oeuvre dans ce sens... D'où le rapport ambigu des Etats avec les nouvelles technologies: désirables lorsqu'elles renforcent les moyens de contrôle et d'atomisation de la société civile, combattues évidemment quand elles permettent à celle-ci de passer outre le joug étatique.
Écrit par : Benway | 27/11/2017
Les noms ont été changés dans le livre que j'ai lu, on se demande bien pourquoi, mais le fond de l’histoire est exact.
Aux USA, ils ont appelé ça le syndrome Genovese. 10 ans après, en 1974, Sandra Zahler a été battue à mort dans un appartement qui surplombait le lieu où Kitty Genovese a été poignardée. Les voisins ont entendu des cris et des luttes acharnées mais n’ont pas bougé.
En Europe, vous avez des femmes violées ou agressées sexuellement dans des trains ou le métro, et tout le monde regarde le bout de ses chaussures.
Écrit par : Noone | 27/11/2017
Désolé pour le second envoi. Erreur de manip.
@Noone
non, cherchez bien. Vous verrez. J'essaierai de retrouver quelque chose de plus précis
Écrit par : gotharte | 27/11/2017
Blumroch > Pas si étonnant que cela quand on se souvient que le système actuel est totalitaire, il ne s’annonce pas comme la meilleure voie à suivre, mais comme la seule et unique, balisée par les profonds ravins de l’extrémisme qui mène où l'on sait. Le seul choix sur cet étroit chemin est de voyager à droite, à gauche ou au milieu, le Système nous laisse généreusement ces libertés ; nous sommes en démocratie, que diable !
Et l'époque est à la vénération du cool, du fun, du festif, vous montrez la triste vérité et vous êtes perçu comme un sinistre, un rabat-joie qui ne sait pas s'amuser, une sorte de handicapé du plaisir.
Je me souviens de ce plaisant film du très gauchiste Carpenter qui y dénonçait l'emprise du capitalisme. Mais une relecture est possible. De toute façon les lunettes le "nada" les a, c'est le net, seulement il ne veut pas les chausser ; le monde est plus beau sans.
Noone > J'avais découvert cette histoire avec Bellemare et quand m'en souvenant bien des années après et voulant faire des recherches je me suis aperçu qu'elle avait été bidonnée comme beaucoup d'histoires de l'ami Pierrot.
Sans cherché si loin le cas des enfants battus est beaucoup plus choquant quand voisins, instits, services sociaux déclarent que quand la petite fille est morte sous les coups du beau-père l'affaire suivait son cours, "vous savez faut y aller avec des pincettes dans ce genre d'histoire, mon bon Monsieur !".
Benway > Alors que personne en haut lieu ne s’alarme des dégâts de de la télé lobotomisatrice, c'est normale elle est aux ordres.
Écrit par : Pharamond | 27/11/2017
Passivité, résignation et lâcheté sont de *toutes* les époques. En témoignent notamment ces anecdotes exemplaires du temps de Gengis-khan, rapportées par un certain Ibn al-Athîr cité dans l'irremplaçable *Empire des steppes* de René Grousset (guide d'ailleurs plus sûr sur ce sujet qu'il ne l'est à propos des Croisades) :
"On m'a raconté des traits qu'on a peine à croire, si grand était l'effroi qu'Allâh avait jeté dans tous les coeurs. On rapporte par exemple qu'un seul cavalier tartare entra dans un village très peuplé et se mit à en tuer les habitants l'un après l'autre, sans que personne osât se défendre. J'ai ouï dire qu'un Tartare, n'ayant sur lui aucune arme et voulant tuer un individu qu'il avait fait prisonnier, lui ordonna de se coucher à terre, alla chercher un sabre et tua ce malheureux qui n'avait pas bougé. Quelqu'un m'a raconté : «J'étais en route, avec dix-sept personnes ; nous vîmes arriver un cavalier tartare qui nous ordonna de nous lier les uns aux autres les mains derrière le dos. Mes compagnons se mirent en devoir de lui obéir ; je leur dis : Cet homme est seul, il faut le tuer et nous enfuir. -- Nous avons trop peur, répondirent-ils. -- Mais cet homme, repris-je, va vous tuer. Tuons-le ! Peut-être qu'Allâh nous sauvera ! -- Par ma foi, aucun d'eux n'osa le faire. Alors je le tuai d'un coup de couteau, nous prîmes la fuite et nous nous sauvâmes.»"
En ces temps brutaux mais heureux, une réaction humaine de survie n'était pas encore condamnée par la conscience internationale. Combien aujourd'hui iraient imiter le mahométan de la dernière anecdote ?
Incidemment, l'inhumain goût des massacres de masse est éternel, ce qui rend certaines prétentions à l'unicité dans l'histoire assez étonnantes : "Au moment de la dernière campagne de Gengis-khan au Kan-sou, un général mongol fit observer à celui-ci que ses nouveaux sujets chinois ne lui seraient d'aucune utilité, attendu qu'ils étaient impropres à la guerre, et qu'en conséquence il vaudrait mieux exterminer toute la population -- près de dix millions d'âmes -- afin de tirer au moins parti du sol qui serait converti en pâturages pour la cavalerie."
Mahométans et Chinois étaient alors, comme *tous* les autres peuples, victimes d'une terreur élaborée en système depuis cet Attila qui avait ainsi défini la joie suprême : «tailler en pièces ses ennemis, les chasser devant soi, s'approprier leurs biens, voir en larmes les êtres qui leur sont chers, presser dans ses bras leurs femmes et leurs filles !».
Notons que le propos du général pourrait être celui d'une crapule de l'énarchie, justifiant économiquement aux yeux d'une opinion publique éblouie le futur massacre des chômeurs -- un mien ami a un plan en ce sens. ;-)
Nos contemporains n'ont même pas cette excuse de la terreur physique généralisée, qui tremblent devant des tyrans de papier, quand le rire des dieux et le silence du mépris devraient anéantir leurs maîtres et leurs méprisables partisans.
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@Blumroch : Carpenter a beau être gauchiste, il a un certain talent (*Prince des ténèbres*, *L'antre de la folie* et même *The thing*). D'amusante manière, il tonne contre certaines interprétations de *They live* pour le réduire à une simple charge contre Reagan, mais c'est en vain : comme souvent, le propos va bien plus loin que l'auteur ne le pensait ou ne le voulait.
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
Blumroch > Je me méfie toujours des témoignages médiévaux, ou de tous temps d'ailleurs, quand ils sont trop extraordinaires. Que des personnes surestiment leurs adversaires et fassent preuve de docilité injustifiable, soit, mais quand la mort certaine est au bout il y aura toujours quelqu'un pour ruer dans les brancards. Deux billets anciens qui pourront intéresser :
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2016/06/05/le-rat-est-un-homme-ordinaire-5811303.html
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2006/09/21/soumission.html
Écrit par : Pharamond | 27/11/2017
J'oubliais : j'aime bien la plupart des films de Carpenter tout gauchiste qu'il soit.
Écrit par : Pharamond | 27/11/2017
@Pharamond : Le Grousset mentionne d'assez nombreux exemples. Je veux bien que l'Orient soit parfois menteur ou qu'il exagère, mais symboliquement, ce n'est pas faux. ;-) Au reste, en règle générale, c'est surtout sur les chiffres que les vieux textes racontent des calembredaines.
Vive Carpenter... quand même ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@Pharamond : Le premier texte, dont je me souvenais (j'ai des archives !), me rappelle cette réflexion de Konrad Lorenz : "L'homme est une colombe pour l'homme". Le paradoxe n'est qu'apparent, puisque ces rats ailés sont d'une férocité qui passe celle attribuée, à tort, aux loups. Je crois me souvenir d'un article de *Planète* sur ce sujet, il y a mille ans... ;-)
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@Pharamond: Mieux vaut un gauchiste avec un cerveau qu'un droitard lobotomisé... Jean Cau fut en son temps qualifié de gauchiste, m'est avis qu'en 2017 il serait assimilé à la fachosphère insatiable ;-)
Un membre très proche de ma famille a senti les balles lui siffler aux oreilles en cette nuit où une bande de zombislamiques ont transformé le Bataclan en succursale de l'Enfer, de parfaits inconnus l'ont planqué sans rien exiger en retour. Il faut réapprendre aux occidentaux (et plus particulièrement aux français) à être bienveillants envers les leurs, la force de l'exemple pouvant, sait-on jamais, et à plus forte raison en une époque où les plus précieux témoignages ne seront pas ou mal lus, faire des prodiges. Avant d'attendre des autres ce qu'ils ont été toute leur existence durant conditionnés à ne pas faire, la décence minimale nous impose d'être exemplaires.
Écrit par : Benway | 27/11/2017
Blumroch < Mouais, les témoignages sur les sorcières, les lycanthropes et les animaux invraisemblables ne manquent pas non plus avec moult témoignages et études d’érudits.
Benway > Puisque le nationalisme est devenu impossible (trop d'éléments inassimilables) il ne nous reste plus que le communautarisme, un communautarisme à "nous" pour sauver ce qui peut l'être encore. Mais là encore nous avons un train de retard...
Écrit par : Pharamond | 27/11/2017
@Pharamond: Bien d'accord avec vous, mais si rien n'est tenté comment alors ne pas baisser les yeux lorsque les représentants de la génération suivante poseront LA question, vous savez... J'aime pas baisser les yeux, encore moins devant de jeunes cons ;-) Et puis sans être catholique, l'Ancien Testament avait vu juste sur certains points, parmi lesquel le plus important: chaque homme est censé être le berger de son frère.
Sur ce je retourne à mes amourettes avec les femmes de dictateurs ;-)
PS: J'ai découvert Stepiz grâce à vous, et je suis entre 2 commentaires en train d'y regarder The Circle: vous devriez y jeter un oeil si ce n'est déjà fait, très pertinent sur l'idéologie néo-communiste véhiculée par les GAFAM.
Écrit par : Benway | 27/11/2017
@Pharamond : Vous frappez fort, mais à côté : s'agit pas ici d'histoires fantastiques façon Olorim avec un djinn par le bois duquel on passe et où s'entasse de l'effroi !
No kidding : lisez ne serait-ce que Grousset.
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@ Benway
Dans le Nouveau, LA question que posera la génération future est largement assimilable à la parabole des Talents.
"qu'as tu fait de ton talent?"
La méditation que fait Pierre Schoendorfer par l'intermédiaire du personnage du Commandant (d'ailleurs, a-t-il un nom, dans le roman comme dans le film?) joué par Jean Rochefort est admirable.
Écrit par : Popeye | 27/11/2017
Il y en a un petit bout là
https://www.youtube.com/watch?v=6b1Ct5TqODA
Écrit par : Popeye | 27/11/2017
@Popeye : Une référence sur le talent, en passant, référence que je crois avoir déjà donnée : à la fin du chapitre V de son *Empreinte du Ciel*, Monteilhet estime que Judas est condamné pour avoir consacré une intelligence assez vive à des sujets bas et sans intérêt, ce qu'il juge plus grave et surtout : sans remède.
On peut quand même préférer cette déclaration de Chamfort : "Je n’étudie que ce qui me plaît ; je n’occupe mon esprit que des idées qui m’intéressent. Elles seront utiles ou inutiles, soit à moi, soit aux autres. Le temps amènera ou n’amènera pas les circonstances qui me feront faire de mes acquisitions un emploi profitable. Dans tous les cas, j’aurai eu l’avantage inestimable de ne me pas contrarier, et d’avoir obéi à ma pensée et à mon caractère." ;-)
(Incidemment, jolie adresse au camarade Pharamond, dans *Huit ans après*.)
@Benway : Que faire si l'on ne souhaite ni la position de berger, ni celle de mouton, ni celle de chien de garde ?
Intervenir pour rétablir l'équilibre, c'est envisageable et même *décent*. Mais intervenir pour sauver des ceusses qui n'entendent rien faire pour se sauver, c'est autre chose. Je crois me souvenir d'une scène dans *Le grand suicide* de Dun, où le narrateur n'intervient dans un combat que parce que l'agressé a le cran de se défendre, et par tous les moyens (une fourchette, sauf erreur), malgré l'infériorité numérique.
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@ Blumroch
Vous m'aviez indiqué le "tam tam de Jonathan".
Je vais me contenter de le trouver en bibliothèque : entre 49 et 110 euros d'occase sur amazon!!!
Écrit par : Popeye | 27/11/2017
@Popeye : La référence à cette réflexion de *L'empreinte du Ciel* était plus ancienne et générale. Monteilhet comme Raspail méritent d'être lus (j'aimerais d'ailleurs les voir dans une collection de type Omnibus, pour les rares textes d'eux que je n'ai pu trouver à des conditions raisonnables), mais les prix que vous citez sont délirants !
Pour *Le tam-tam de Jonathan*, je verrais plutôt les quais ou Gibert, si vous en avez la possibilité. La bibliothèque qui pouvait proposer cet ouvrage aux lecteurs a certainement *déjà* fait l'objet d'un signalement aux autorités concernées avant d'être incendiée et de voir les ruines saupoudrées de sel de Guérande !
Damn, aurais-je, comme le mythe errant, fait un investissement judicieux avec mes quelques livres de méchants ? ;-)
Écrit par : Blumroch | 27/11/2017
@Popeye: Voilà un film dont j'ai trop longtemps repoussé le visionnage, merci de me pousser à réparer cette erreur... Par contre un conseil: si vous suivez les recommandations-lecture/achats de Blumroch, préparez-vous à connaître des fins de mois difficiles faites de cassoulet mangé à même la boîte ;-)
@Blumroch: le rôle du berger consiste aussi parfois à glander en regardant les nuages, un bon fromage à la main ;-) Je suis aussi individualiste qu'un autre, mais comme nous ne faisons qu'emprunter le sang qui court dans nos veines, je ne me sens pas de me comporter en locataire indigne qui emménage dans un palais pour le restituer dévasté.
Néanmoins je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il ne faut pas disperser ses efforts en essayant de faire boire l'âne qui n'a pas soif, un minimum de discrimination s'impose sur ce point... Nietszche avait écrit une parabole intéressante là-dessus, avec celui qui cherche à sauver le suicidaire voulant sauter d'un pont et qui ne parviendra au mieux qu'à être entraîné avec lui au fond du fleuve.
Le côté positif de tout ça, c'est que la distinction entre les ceusses qui sont Charlie et les personnes encore dotées d'un instinct de conservation s'avère de plus en plus facile à faire dans notre société radicalisée (quel mot ignoble!)... En règle générale quelques minutes de dialogue et d'observation suffisent...
Écrit par : Benway | 28/11/2017
@Benway : Vous exagérez. Dans certains cas, chez les jeunes, y'a le "streaming" ! ;-) (Incidemment, votre banquier a-t-il dénoncé le contrat qu'il avait lancé sur moi ? J'suis pas John Wick !)
Quant au Charlie, il se détecte souvent dès sa poignée de mains, ou en deux répliques, voire une seule : hier, dans une boucherie, trompant l'attente en regardant la liste des bons morceaux du cochon, j'ai énoncé à voix haute avec le plus grand sérieux (le boucher pense bien) "Manque le règlementaire #BalanceTonPorc, voire un #BalanceTaVache". Tête de quelques dindes. ;-)
Écrit par : Blumroch | 28/11/2017
Benway > Oui, mais tenter quoi en pratique ? La dissidence est une cour de récréation de l'école primaire. Ses membres me font penser aux trotskistes de la grande époque, vous en rassembliez une dizaine et ils fondent 3 ou 4 partis en s'excommuniant mutuellement.
PS : Pour The Circle je tenterais peut-être, mais je suis assez allergique à la tête de suffragette d’Emma Watson.
Blumroch > Je n'ai rien contre Grousset, mais la limite entre le réel et le merveilleux, l'extraordinaire, est mince dans de nombreux récits médiévaux. Remarquez , certaines histoires de la Seconde guerre...
Écrit par : Pharamond | 28/11/2017
@Pharamond : J'aime bien ces grands démocrates que furent Attila, Tamerlan et Genghis-khan, mais les preuves de leur froide cruauté sont légion, qui avaient érigé la terreur en système de gouvernement et qui aimaient tant les déserts qu'ils en faisaient partout où ils passaient, par *commodité* administrative -- à en croire Grousset et quelques autres.
Mais d'accord avec vous : l'histoire est aussi, parfois, un genre de la littérature fantastique. ;-)
Écrit par : Blumroch | 28/11/2017
L'Ancien Testament quoique très loin d'être un récit historique nous éclaire tout de même sur l'esprit du temps : le génocide y était monnaie courante, mais les peuples exterminés ne comprenant pas des millions d'âmes les siècles ont effacé leur mémoire.
Écrit par : Pharamond | 28/11/2017
Mon simple témoignage va peut être paraître vulgaire mais à part quelques très rares personnes, les gens ne se révoltent et n'expriment même pas leur mécontentement pas parce qu'ils sont cons comme des manches, sourds, aveugles et jacassant des conneries télévisuelles ;o)
Écrit par : téléphobe | 28/11/2017
@ Pharamond: Votre description de la "dissidence" m'évoque irrésistiblement le sketch des Inconnus avec les Tranxen200 ;-) Je n'ai pas connu tant de réacosphériques que ça IRL, je vous crois donc sur parole; le groupe étant de toute manière multiplicateur de connerie (ou diviseur de QI), plus celui-ci est important, plus les couillonnades fleurissent...C'était la même à la sombre époque où j'étais un Charlie.
Plus concrètement, je passe le plus clair de mon temps dans les Territoires Occupés, les occasions d'exercer une bienveillance sélective (surtout), discrète mais active ne manquent pas: coups de mains divers et variés (déménagements, mécanique dans la mesure de mes modestes compétences), s'interposer lorsqu'il y a bagarre en prenant soin de se placer du bon côté, aide aux démarches administrative, etc... Le bouche-à-oreilles du tchartié, je l'espère fait le reste... De petites choses, mais qui, j'en suis persuadé, redonnent un peu d'espoir à ceux qui sont livrés à la loi de la jungle.
Ce qui n'est pas incompatible avec le fait d'être un salopard d'individualiste anarcho-libéral (on m'a une fois traité de "capitaliste à cigare", la rigolade!) ;-)
Concernant Emma Watson j'ai dû prendre sur moi-même pour suivre le film mais son côté clairement imbitable sert bien le scénario... M'est avis que le réalisateur de celui-ci doit avoir la même opinion d'elle que nous ;-)
@Blumroch: mon banquier se tape actuellement toute l'oeuvre de Louis Pauwels, persuadé qu'il est qu'y figure votre adresse ;-) ; m'enfin se procurer tout ça actuellement à Raqqa semble assez compliqué... Il connaitra aussi les fins de mois difficiles et le cassoulet en boîte (halal) finalement ...
Vous savez faire taire une file d'attente vous ;-) ... Un moyen efficace, c'est aussi de rassurer le Charlie en retraite, inquiet de la cure d'amincissement qu'elle subit, en lui expliquant qu'avec tous les ingénieurs et autres chirurgiens syriens qu'on accueille par wagons entiers, l'inquiétude n'a pas lieu d'être ;-)
Écrit par : Benway | 29/11/2017
Dans la vraie vie moi non plus, dans ma jeunesse la dissidence c'était le FN. Celle qu'on connait aujourd'hui est née de la perte de crédibilité du FN, de l'accélération de la désintégration du pays et avec la naissance du net.
Je vous tire mon chapeau, ma "résistance" se borne à ce blog, à essayer avoir un comportement conforme à ce que je pense et à participer le moins possible au Système. Pas grand chose. Si cela ne vous ennuie pas pouvez-vous m'indiquer la région où vous habitez ?
Écrit par : Pharamond | 29/11/2017
@Benway : Chapeau bas ! Comme Pharamond, je vous salue -- tout ancien Charlie que vous dites être ! ;-) Pour ma part, je me borne à limiter autant que possible les contacts avec un monde qui m'inspire de plus en plus au mieux indifférence écoeurée, au pire violent dégoût.
Votre banquier ne devrait pas se lancer dans l'*intégrale* de Pauwels : quelles que soient ses qualités... *vita brevis*.
Mon épouse pense que je finirai dans un camp de rééducation. En tout cas, dans la provocation, je ne ferai jamais aussi bien qu'Alphonse Allais qui, croisant des parents avec leurs deux fillettes, les interrogea aimablement : "Et laquelle de ces deux jeunes personnes destinez-vous à la prostitution ?". ;-) Aujourd'hui, je remplacerais le deuxième plus vieux métier du monde par "énarchie" ou "journalisme", méprisables, eux.
Écrit par : Blumroch | 29/11/2017
Merci à Blumroch pour cette phrase : "Pour ma part, je me borne à limiter autant que possible les contacts avec un monde qui m'inspire de plus en plus au mieux indifférence écoeurée, au pire violent dégoût." dont je partage le sens sans restriction ;o)
Écrit par : téléphobe | 30/11/2017
@ Pharamond: Rien que le fait de joindre l'attitude, voire les actes, aux paroles est subversif actuellement. C'est loin d'être rien, s'éloigner de la posture pour vivre selon ses valeurs... Xavier Eman l'écrit bien mieux que moi.
Un simple blog peut donner envie à un Charlie déjà intimement convaincu qu'il y a "autre chose" que ce que ses repères culturels et éthiques lui ont appris à considérer comme absolu de sauter le pas... Pour les agnostiques comme vous et moi surtout, l'adhésion à une culture et ses valeurs constitue une colonne vertébrale essentielle, une raison de garder le feu sacré pour mener les combats du quotidien...
Pour répondre à votre question, je suis un bon gros Périphérique du Nord-Est, cette Interzone nommée poétiquement le Grand Est par nos journalistes ayant regardé trop de westerns ... Nos peaux-rouges causent avec l'accent belge ou luxembourgeois ;-)
@Blumroch: # BalanceTonAlphonseAllais! Merci pour cette courageuse délation citoyenne camarade :-) !
Écrit par : Benway | 01/12/2017
Benway > J'aimerais croire comme vous qu'un blog puisse avoir ce pouvoir. Je pense surtout qu'au delà des infos, des échanges, des matières à réflexions cela nous permet de savoir que nous ne sommes ni fous ni seuls.
Ce seront sous peu tous les Souchiens les Peaux Rouges.
Écrit par : Pharamond | 01/12/2017
@Benway : A Matzneff qui n'appréciait pas qu'on lui rappelât ses turpitudes (pourtant étalées avec complaisance dans ses oeuvres) et qui tonnait contre les policiers ayant des fiches, Quadruppani (oublieux de ses propres turpitudes) répondait que tout intellectuel possédait un fichier qui avait pour nom : bibliothèque. *Citer*, de nos jours, c'est donc *balancer* ! ;-)
Écrit par : Blumroch | 01/12/2017
Une explication simple de mon point de vue : 40 ans de clientélisme soit presque deux générations. Le peuple est aussi corrompu que ses (ces) pseudo-élites.
Le foot, la bouffe industrielle et le porno gratuits grâce aux allocs, que peut-il rêver de mieux?
Écrit par : gd19 | 02/12/2017
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