23/03/2016
Perspectives
« Je pense que la société métissée va vaincre, qu’elle a pour une grande part déjà vaincu. Je pense que la France sera bientôt un quartier comme un autre du village universel, avec, pour mettre les choses au mieux, un dosage ethnique et culturel peut-être original. De même qu’ont été progressivement et plus ou moins heureusement intégrés les juifs, beaucoup moins étrangers toutefois à notre culture ancienne, de même seront intégrés les musulmans, les Arabes et les Noirs. Mais ils ne seront pas intégrés aux Français de souche, et les Français de souche ne seront pas intégrés à eux : tous seront intégrés ensemble à une société et peut-être une civilisation qui est en train de naître sous nos yeux, et que nous voyons déjà à l’œuvre dans les banlieues, les lycées, les discothèques et les films publicitaires.
Cette société est pour moi sans charme, et certes réciproquement. Je ne suis pas capable de l’aimer, elle n’est pas capable de me comprendre - c’est moins grave pour elle que pour moi. Son apparition, qui n’est que celle, presque normale, quoique un peu précipitée, du futur, m’attriste moins que la disparition du monde ancien, ce monde français, au sens étroit désormais, qui est celui qui m’a nourri, pour lequel j’avais été préparé, et que je trouve éteint lorsque arrivé à l’âge mûr je pouvais espérer me fondre harmonieusement en lui. Peut-être devrons-nous fonder, par nostalgie, et par désir de nous comprendre encore, une amicale des "Vieux Français", comme il y eut en Russie les "Vieux Russes"… »
Renaud Camus
La Campagne de France - Journal 1994
2000
« De la France morte quelques Français, il est permis de l’espérer, garderont l’héritage. Ils suivront l’exemple de ses héros et de ses saints. Ils s’enchanteront de la beauté de ses monuments. Ils méditeront les œuvres de ses écrivains. Ils seront ainsi consolés au milieux du désert. Leurs descendants trouveront-ils la même consolation ? Cela n’est guère probable. Il est très possible, en effet, que, dans le paroxysme de la barbarie montante, toute cette sagesse et toute cette beauté soient jetées au rebut comme des vieilleries inutiles, ou bien cessent d’être comprises et deviennent aussi énigmatiques et muettes que les statues de l’île de Pâques. Dans l’un et l’autre cas, la France mourrait ne seconde fois. Mais il est aussi de l’ordre des choses possibles qu’un jour les vestiges de l’héritage français soient exhumés des décombres, pieusement recueillis par quelques nouvelle civilisation, et ranimés par une nouvelle cité dont le peuple serait français comme nous-mêmes, autrefois, nous avons été grecs et latins. »
Jean de Viguerie
Les Deux Patries, essai historique sur l'idée de patrie en France
1998
20:22 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
En gros la seule résistance possible est de devenir un homme-livre à la Farenheit 451 (je me permets d'ores et déjà de réserver les Possédés de Dosto), d'entretenir le feu et de le transmettre. Ca me va; à défaut d'autre chose.
Y a pas qu'Orwell et Huxley dans la vie, le grand Bradbury avait déjà prédit bien des choses en son temps.
Écrit par : Benway | 24/03/2016
Benway > C'est une forme de résistance, se cultiver et être passeur.
Écrit par : Pharamond | 28/03/2016
Les commentaires sont fermés.