24/02/2016
Constats
"Le discours de l'Occident est intimidé parce que qu'après la défaite de l'Allemagne nazie, tout un vocabulaire a été, par les vainqueurs, rendu terrible et parce que, de ce fait, son utilisation est coupable. Or, ce vocabulaire n'était jamais qu'un contenant. Ni coupable, ni innocent. Un contenant, rien d'autre (comme le mot démocratie en est un lui-même, sauf que le contenu n'est pas le même à Prague ou à Paris). Nous assistons alors à ceci: ce vocabulaire terrorisé et maudit n'est plus utilisé, mais les contorsions auxquelles nous nous livrons pour l'éliminer de notre discours par traductions affaiblies ne vont pas sans conséquences, car nous finissons par penser de manière non moins affaiblie. Et le contenant pourrit le contenu, de la même façon que naguère au cours de l'autre opération à laquelle nous nous livrâmes. Le résultat est clair: nous devenons les Précieuses terrorisées et sodomisées du langage et, par inexorable conséquence, de l'action."
Jean Cau
Réflexions dures sur une époque molle
1981
"Ils sont sourds. Ils baptisent les lions moutons. Ils croient que le monde est une bergerie dont ils seront les pasteurs humanistes. Ils ne veulent plus savoir que toute vérité est une guerre, toute vie un combat, toute survie une âpre lutte. Ils ont oublié que la grandeur d'un peuple est d'abord faite de son égoïsme et que l'oubli de celui-ci le condamne à l'esclavage. Ils refusent de voir qu'on ne gagne jamais si on n'est pas habité par la rage de vaincre et que, pour être magnanime, il faut d'abord être vainqueur et qu'on est vainqueur que si l'on est fort. Ils sont sourds à ces simples cris."
Jean Cau
La Barbe et la Rose
1982
19:59 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Comme un écho... pour le plaisir.
"Comment peut-on être démocrate ? Eh bien, c'est impossible et il faut faire semblant. La Démocratie est une apparence mais à trop en dénoncer « les mystifications » voici que cèdent les feuillages qui recouvraient la trappe au fond de laquelle on chute. Dans le trou, il est alors besoin d'une foi."
Jean Cau
L'Agonie de la vieille
1970
Écrit par : Danny | 24/02/2016
Dans ses mémoires quelques part, Jean Cau raconte qu'attablé dans un café parisien, il voit soudain entrer Ezra Pound :
"J'ai vu entrer un aigle"
Écrit par : Dia | 24/02/2016
On ne peut mieux dire.
Écrit par : Carine | 24/02/2016
Danny > Lucide comme beaucoup de nationalistes venus de la gauche ou de l’extrême gauche.
Dia > Pourtant si c'était après la guerre, l'aigle avait perdu quelques plumes.
Carine > Oui, et avec style.
Écrit par : Pharamond | 25/02/2016
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