03/12/2015
La route du Paradis
Aujourd'hui, alors que les puissants atteignent des sommets de mépris pour les petites gens celles-ci n'ont pour la grande majorité aucune velléité de révolte ni même de changement. On peut se demander par quel astucieux procédé nos maîtres sont arrivés à obtenir un résultat que même les plus zélés despotes n'ont jamais pu atteindre. Tout simplement grâce à une variante moderne de l'indémodable technique de la carotte et du bâton.
Le bâton c'est la sanction légale s'il me vient la fantaisie incompréhensible de quitter les confortables sentiers battues - nous ne parlons pas ici de la fausse dissidence pleinement tolérée et même entretenue comme exutoire au mécontentement populaire. Tant que je pense démocratie libérale libertaire mondialiste je peux m'exprimer. Mais si je dis autre chose le glaive de la justice s'abattra sur moi avec la plus grande sévérité et dans l'indifférence générale car toute déviance réelle mène à la Shoah ; c'est historiquement vérifiable et humainement intolérable, tout le monde le sait.
La carotte c'est l'espoir d'accéder au paradis bobo idéalisé continuellement vanté par les médias. Paradis accessible non seulement par mon travail mais plus encore par mon talent inné enfin reconnu à la faveur d'un coup de chance, d'une mode ou d'un peu de culot. Assez paradoxalement ce monde envié paraît étonnamment proche au vu de ses turpitudes et de sa vulgarité étalées par ces mêmes médias qui en célèbrent les vertus. En fin de compte cette "élite" très ordinaire dont je partage déjà les "principes" qu'est-ce qu'elle a de plus que moi sinon les revenus ? Pourquoi me rebellerai-je contre un système qui me convient et qui me donne des possibilités de m'élever sans trop de difficultés, semble-t-il, alors que tout autre chemin mène à l'horreur indicible avec la loi pour me le rappeler ?
Interdit de quitter de système par des moyens coercitifs et dans l'attente de rejoindre le nirvana consumériste mérité à porté de main, je file droit, le sourire aux lèvres... et l'estomac un peu noué.
11:35 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
" En fin de compte cette "élite" très ordinaire dont je partage déjà les "principes" qu'est-ce qu'elle a de plus que moi sinon les revenus ?"
oui oui oui
On ne peut parler simplement de manipulations (votre post plus bas) mais aussi de consentement à la manipulation, d'acquiescement.
Au delà des peurs de changement de tout un petit peuple de retraités craintifs (ah ! ces ordures de baby-boomers qui auront donc préféré voir notre civilisation effondrée que leurs avantages et pensions réduites. Voyez tous ces vieux cons racistes qui, dans le Sud, votent malgé tout pour la droite immigrationniste depuis 30 ans); Au delà, en effet , il y a cette sociologie du petit bourgeois - ce joueur impénitent, ce crédule endurci – qui pour lui-même, veut croire encore une fois, une dernière fois, aux promesses mille fois détrompées du capitalisme (à l'époque on naissait les grand consortiums mondiaux et l'hyper-financiarisation, on lui vendait l'entrepreneur roublard à la Bernard Tapie).
Ce qu'il faut bien répéter c'est qu'on adopte les idées comme un style vestimentaire : un marqueur de classe ou plutôt le marqueur d'un idéal de classe, de la classe à laquelle on rêve d'appartenir. C'est pour cela que les idées dominantes sont immanquablement les idées de la classe dominante. Tous crèvent de vouloir devenir bourgeois.
Écrit par : Dia | 03/12/2015
Oui, quand l'argent devient la seule valeur c'est qu'il n'y en a plus. L'espoir de s'enrichir, d'en avoir autant ou plus que son voisin, la peur de ne pas avoir ce à quoi on aurait droit ou moins que Tartempion rend fou, obnubile, ne rend pas heureux pour autant et détruit les anciens liens sans en créer de nouveaux. Vous avez raison : "Tous crèvent de vouloir devenir bourgeois."
Écrit par : Pharamond | 03/12/2015
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