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21/12/2012

Trucs de ouf

Aux États-Unis, un homme est poussé sur la voie du métro et un pigiste pense à faire un bon cliché avec son mobile plutôt que de tenter de le sauver. Au Royaume-Uni, une infirmière se suicide à la suite d'une blague d'animateurs de la radio s'étant enquis de la santé de Kate Middleton en se faisant passer pour la Reine.

"Déplorable !" entendons-nous à droite et à gauche. Mais au lieu de se lamenter, on devrait être heureux de voir enfin la consécration de la mentalité actuelle, c'est enfin entré dans les esprits. Une bonne vidéo ou un bon cliché pour le vendre ou même simplement faire le buzz, c'est le top. De toutes façons l'individu et sa détresse n'existe plus ; il y a un écran entre lui et moi. Vive la caméra cachée et les canulars téléphoniques, c'est génial de se marrer au dépend du naïf ou du relou. "Ben quoi ? On peut bien rigoler : y a pas mort d'homme !" Ben... cette fois : si.

Commentaires

Le coup de l'infirmière suicidée me rappelle surtout que:

1) Il y a des gens pour qui l'honneur signifie encore -hélas-quelque chose.
2) Il y a des fumiers pour s'amuser à briser des gens en jouant avec leur sens de l'honneur.
3) Le monde gagnerait à (re)découvrir Schopenhauer pour que ça n'arrive plus.

Écrit par : Un Fan | 21/12/2012

Schopenhauer ? Pourquoi Schopenhauer ?

(Je suis lamentable en philosophie vous l'aurez deviné.)

Écrit par : Jean-Pierre | 21/12/2012

Pas de mal, je ne vole pas très haut non plus et je n'ai pas la référence à portée de main. Ce qui suit risque donc d'être entaché d'approximations.

Dans ses "Aphorismes sur la sagesse dans la vie" (opus se lisant facilement et tenant presque davantage de psychologie que de philosophie), Schopenhauer assimile le sens de l'honneur à une forme exacerbée et pernicieuse de la crainte du qu'en-dira-t'on, or pour lui personne ne devrait sacrifier sa santé et sa cervelle (voire sa vie -cf les duels) pour des valeurs relevant du paraître. Pour lui, la vraie "gloire" consiste davantage à accomplir sciemment des choses dignes d'être admirées et à incarner des valeurs dignes d'être transmises (mais qui ne le seront pas forcément), plutôt que de rechercher à être encensé par ses contemporains et la postérité.

De la même façon, le bonheur résiderait dans la conjonction de la santé, de représentations mentales adéquates ainsi que de la connaissance et l'acceptation de son caractère (choses relevant de l'être), plutôt que de sa recherche effrénée par l'accumulation de biens et de reconnaissance (snobisme et extraversion).

Écrit par : Un Fan | 22/12/2012

Autant dire que Schopenhauer est complètement déconnecté de la "vraie vie".
Ne nous étendons pas sur le parallèle entre honneur et paraitre, (je pense qu'il a été réformé :-) ), mais de toute façon, en société, la vie n'est que représentation. Il y a des acteurs qui en rajoutent, d'autres qui la jouent sobre, mais surtout ceux qui n'appliquent pas ces règles de société passent pour (et sont) des asociaux.

Pour en revenir au sujet de Pharamond, c'est vrai, le monde devient un immense jeu vidéo.

Écrit par : Paul-Emic | 22/12/2012

Un Fan > Merci pour ce petit cours de philo, j'avoue moi aussi avoir séché sur ton allusion à Schopenhauer. Mais sa vision de l'honneur m'échappe un peu. Si comme le dit Paul-Emic tout n'est que représentation sociale il reste une part d'honneur qui correspond, je crois, à l'estime que l'on a de soi, ou comment se regarder dans la glace le matin sans avoir honte. Sinon, il y aurait de l'honneur à dévaliser les faibles sans que cela se sache et à parader en public. Je sais que c'est plutôt à la mode ces temps-ci mais je n'y vois guère d'honneur là-dedans.

Écrit par : Pharamond | 22/12/2012

Merci !

Écrit par : Jean-Pierre | 23/12/2012

Les commentaires sont fermés.