Sales Boches !

Je n'aurais pas aimé être allemand. Je n'aurais pas aimé être né dans un pays où l'on est obligé de haïr son histoire, où le diable s'est incarné pour plusieurs années avec la complicité du peuple, où le plus horrible crime de l'histoire du monde a été commis, où l'on hésite à brandir son drapeau national, où l'on est obligé de payer des sommes colossales pour des horreurs commises il y plus d'un demi-siècle, où l'on ne doit éprouver aucune fierté pour ses combats passées, où l'on risque de se voir jeter à la face son histoire pour tout et n'importe quoi, où il existe des lois d'exception pour éviter le retour hypothétique de certaines idées, où l'on doit prendre mille précautions pour ne pas rappeler certaines choses choquantes. Les Russes qui ont banni le communisme sont toujours fiers des luttes et des victoires contre leurs ennemis mais c'est interdit aux Allemands. Staline était un monstre, peu en doutent, mais un monstre ordinaire, compréhensible, on peut en parler calmement sans craindre de se voir faire un procès en sorcellerie si on lui reconnaît quelques actions positifs, on peut même encore défiler à Moscou avec son portrait ; son alter ego allemand est un monstre démoniaque tout droit sortie de l'enfer, incompréhensible, unique, l'énoncé même de son nom est taboue, obscène, et la seule façon d'être autorisé à le prononcer est de couvrir son propriétaire d'opprobre et d'injures quasi rituelles. Évidemment l'Allemand, cet individu honteux et industrieux est un modèle pour les européïstes qui aimeraient tant voir les autres habitants de l'UE suivre cet exemple. Non, vraiment, je n'aurais pas aimé être allemand même si j'avais eu force et le courage de rejeter toutes ces contraintes mémorielles en bloc.