16/12/2010
Histoire...(57)
Le torpillage du Wilhelm Gustloff le 30 janvier 1945 par un sous-marin soviétique fait officiellement 5 348 victimes, en réalité plus de 8 000. C'est la catastrophe maritime la plus meurtrière de l'histoire, mais nous sommes à la fin de la Seconde guerre et les naufragés sont des réfugiés allemands...
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Commentaires
Günter Grass redonne vie à cette tragédie, à côté de laquelle le naufrage du Titanic devient peu de choses, dans son étonnant récit, "En Crabe".
Etonnant chez cet auteur qui épousa pendant longtemps la doxa historique officielle dans ses romans et dont on a su tardivement qu'il avait servi dans la waffen SS.
Écrit par : Ns | 17/12/2010
je l'ai déjà dit et c'est un lieu commun, mais l'histoire de cette guerre reste à écrire
Écrit par : Paul-Emic | 17/12/2010
Ns => Oui, je n'ai pas lu mais je connais. Quant à Günter Grass c'est un lâche qui aboit avec la meute pour faire oublier son passé au lieu de l'assumer.
Paul-Emic => Oui, mais je me demande si cela sera fait un jour.
Écrit par : Pharamond | 18/12/2010
Oui, oui, certes, mais comme ce brave marshall Harris l'a expliqué un jour à David Irving, à propos de la phosphorisation des quartiers résidentiels allemands (600 000 victimes environ) : ils n'avaient qu'à pas voter pour Hitler. Ça s’appelle la responsabilité collective, et en somme c’est assez démocratique. Sir Winston Churchill avait déjà invoqué le même genre d'argument devant les Communes en décembre 1944 (donc avant Yalta). Il s'agissait alors de savoir si les démocraties allaient respecter la Charte de l'Atlantique signée en 1941, selon laquelle aucun transfert de territoire ne serait opéré sans volonté librement exprimée des populations (encore la démocratie, matériau très plastique). L'ennui est qu'entre temps on avait déjà promis l'Oder aux Polonais... et que de toutes façons, à l'hiver 44-45, les civils allemands des provinces orientales votaient avec leurs pieds, quand la soldatesque soviétique leur en laissait encore le loisir. Bref, le 15 décembre, Churchill lâcha le mot « expulsion » devant les Communes, et conclut que bon enfin bref, les Allemands ayant fait bien du mal à l'humanité, ils n'avaient pas volé ce qui leur arrivait (il ajouta même, non sans humour, qu’au vu des pertes humaines subies par l’Allemagne, on trouverait facilement de la place pour les expulsés).
Civils, ne faites jamais confiance à ceux qui vous promettent de faire la guerre aux tyrans, et pas aux peuples. Dès lors qu'il y aura une facture à régler, ou même tout simplement que votre liberté ou votre vie gêneront, eh bien eux ne se gêneront pas.
Quant à Günther Grass, il a dû se retrouver dans la Waffen SS, sans même l’avoir demandé, comme beaucoup d’autres recrues. C’était très courant à partir de 1943.
Écrit par : L. Chéron | 18/12/2010
Merci pour ces précisions, Churchill avait beaucoup d'humour il n'y aucun doute. Quant à l'engagement de Grass je ne suis pas sûr que l'on ait jamais été dans la SS par obligation et si cela avait été le cas pour lui il l'aurait dit plus tôt pour pouvoir pleurnicher un peu plus.
Écrit par : Pharamond | 18/12/2010
Si, si, et ces affectations soulevèrent de telles protestations qu'un délai d'un mois fut instauré, au terme duquel les recrues pouvaient solliciter leur versement dans la Wehrmacht (Ph. Masson, Histoire de l'armée allemande, 1939-1945, Perrin, 1994, p. 304). Cela en dit long aussi sur l'inachèvement du totalitarisme nazi.
Écrit par : L. Chéron | 19/12/2010
Ne m'en veuillez pas L. Chéron, mais on a tellement raconté tout et n'importe quoi sur l'armée du IIIe Reich en général et sur la Waffen SS en particulier que je doute de tout à ce propos.
Écrit par : Pharamond | 19/12/2010
c'étaient peut-être des unités disciplinaires type bat'daf , de la chair à canon pour le front russe ?
Écrit par : Paul-Emic | 19/12/2010
J'avoue ne pas m'être penché sur la question mais quand je fais quelques recherches sur une période ou un fait de la Seconde guerre je aperçois souvent que la version officielle n'est pas exactement conforme à la réalité.
Écrit par : Pharamond | 19/12/2010
1. Le torpillage du Gustloff plein à craquer de réfugiés civils et de blessés reste une infamie sans nom au même titre que les bombardements du Havre en septembre 1944, de Dresde pour ne prendre que ces deux exemples... sans même parler du Japon - alors que la partie était jouée, définitivement jouée. Les considérations de Churchill sur ces sujets relèvent à mes yeux du fanatisme le plus accompli et le rangent sans nul doute au niveau des criminels de guerre les plus accomplis également.
2. Ce que l'on peut reprocher à Grass ce n'est pas d'avoir servi volontairement ou pas dans la Waffen SS, c'est d'avoir bâti sa notoriété en épousant obséquieusement dans ses romans les thèses des maîtres de l'heure, d'avoir soigneusement dissimulé un passé gênant à ses yeux dans ce seul but. Les vieillards, il est vrai, peuvent tout se permettre une fois le prix Nobel en poche.
3. "En Crabe" vaut le détour malgré tout. Le Camp du Bien s'en est détourné, comme c'était prévisible.
4. " Après la guerre franco-allemande de 1870, après la première guerre mondiale, c'étaient les vaincus qui faisaient ce que l'on appelait alors de la propagande "revancharde". On pouvait le déplorer, mais c'était assez naturel. Après la deuxième guerre mondiale et après celle-ci, contrairement à toute logique, la propagande revancharde, ce sont les vainqueurs qui la font, ce qui donne, à mon avis, la mesure de leur bassesse.
Ils ne sont pas assez vengés, pas assez plaints et consolés, pas assez payés et indemnisés. Ils n'ont pas assez le droit de disposer des peuples, de déplacer celui-ci, d'etnocider celui-là, de massacrer ceux qui le gênent. Ils n'ont pas assez pris tout ce qu'il y avait à prendre. Ils exilent, exproprient, tuent, déportent et ce faisant ils pleurent encore. "
Pierre Gripari, Le canon. 1986.
La propagande revancharde on le voit vient de loin, du coeur du conflit lui-même.
Écrit par : Ns | 19/12/2010
Pierre Gripari a bien résumé la situation. Quant à la raison j'avais écrit ce qui suit, il y a quelques temps, on en pensera ce qu'on voudra, bien sûr :
"La guerre continue
Toute guerre engendre une propagande chez les deux adversaires, on y cherche entre autre à rendre l'ennemi « différent » (hors civilisation, hors humanité...) et haïssable (tout est de sa faute, il utilise des moyens immoraux...), et c'est normal car on ne combat pas facilement ce qui nous ressemble. Les techniques sont extrêmes et excessives ? C'est là également tout à fait compréhensible, la guerre est elle aussi un phénomène extrême et excessive. Cependant, la paix une fois revenue, l'ennemie n'en étant plus un, on se tend de nouveau la main et on avoue à demi-mot que l'on a sûrement exagéré mais qu'on pouvait difficilement faire autrement. Avec le temps on finit par oublier cette période noire et à part quelques rancuniers les choses rentrent dans l'ordre. Il arrive pourtant que la machine continue à tourner, car si le conflit armé s'est éteint une guerre idéologique continue. Les autorités soviétiques par exemple devaient entretenir la haine de l'occident capitaliste pour justifier leur dictature et leurs difficultés économiques. Moins évident, car nous sommes partie prenante et que les stratégies employées sont sensiblement plus subtiles : la lutte contre la nation (et la droite). On ne peut que constater que les théories utilisées sont tout simplement issues de la lutte contre le fascisme et le nazisme maintenues encore de nos jours à l'aide des médias et de la législation. La diabolisation de l'adversaire par les alliés au lieu de s'estomper après 45 a continué de plus belle avec son cortège de mensonges et d'absurdités car le conflit perdurait, pas contre les Allemands, mais contre la nation occidentale : après tout le nazisme n'en était que la version exacerbée. Les communistes, la gauche, certaines groupes s'y employaient et s'y emploient encore."
Écrit par : Pharamond | 19/12/2010
oui, mais ça n'explique pas tout, ce que tu décris est vrai mais ce sont plus des conséquences que des causes véritables. Par exemple, voilà 20 ans que le Mur est tombé et on n'a jamais autant fait dans l'anti-racisme et la destruction des nations. C'est donc qu'il y a une cause sous-sous-jacente plus puissante encore que l'impérialisme russe.
Écrit par : Paul-Emic | 20/12/2010
Les deux commentaires précédents mettent le doigt sur un point crucial : la Seconde guerre mondiale n’a jamais eu de fin. C’est un fait qu’on pouvait déjà vérifier en 1946. Ainsi à Nuremberg le procureur général américain fit remarquer à l’audience du 26 juillet que les Alliés étaient toujours en guerre, aucun traité de paix n’ayant été signé : « En tant que tribunal militaire, nous poursuivons l’effort de guerre des nations alliées » (TMI, XIX, p. 415). Pour paraphraser une formule célèbre, le TMI de 1945-46, c’était en l’occurrence la continuation de la guerre par d’autres moyens. De nos jours, la « Mémoire » poursuit la tâche.
Écrit par : L. Chéron | 20/12/2010
On peut reprocher à Gunther Gräss d'avoir avancé en crabe dans une époque troublée et dans un pays soumis à la dénazification de la part des forces d'occupation, mais que dire d'un président de la République socialiste, acteur clé d'une alliance avec les communistes, proche de la Cagoule et de Vichy dans sa jeunesse ou d'un autre sinon membre des jeunesses communistes du moins très proche du PC et pourtant stipendié (à tort) plus tard pour sa prétendue proximité d'idées avec l'extrême droite ?
Je crois que l'homme n'est pas nécessairement l'esclave d'une seule idéologie selon les étapes de la vie et même qu'à un moment donné il peut être soumis à plusieurs influences qui peuvent paraitre contradictoires.
Écrit par : Paul-Emic | 20/12/2010
Paul-Emic => "voilà 20 ans que le Mur est tombé et on n'a jamais autant fait dans l'anti-racisme et la destruction des nations." oui, mais j'ai écris que "Les communistes, la gauche, certaines groupes s'y employaient et s'y emploient encore." Pour les communistes : si la bête est morte le venin se diffuse encore, pour la gauche : qui ne l'est pas dans les médias, pour les autres groupes : suivez mon regard...
L. Chéron => vous êtes une mine d'informations, merci. Vous devriez ouvrir votre blog ou à défaut vous pouvez poster sur le mien quand cela vous plaira.
Paul-Emic => Bien sûr que nous ne sommes pas esclave d'une idéologie mais les changements ressemblent parfois à de la lâcheté, à de l'opportunisme ou même à de la traitrise. Les deux exemples que tu cites sont particulièrement eblématiques de ce point de vue.
Écrit par : Pharamond | 20/12/2010
C'est malheureusement (?) la nature humaine
Écrit par : Paul-Emic | 20/12/2010
Humains tout simplement, mais de ceux qui prennent la destinée d'autres personnes en main on attend un peu plus, il me semble.
Écrit par : Pharamond | 20/12/2010
plus en ces temps ou le métrosexuel dirige le monde. L'apparence über alles !
Écrit par : Paul-Emic | 21/12/2010
"Soupir"
Écrit par : Pharamond | 21/12/2010
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