25/03/2010
Un peu de poésie
Prélude au temps des cerises
Il s'agit de préparer le procès monstre
d'un monde monstrueux
Aiguisez demain sur la pierre
Préparez les conseils d'ouvriers et soldats
Constituez le tribunal révolutionnaire
J'appelle la Terreur du fond de mes poumons
Je chante le Guépéou qui se forme
en France à l'heure qu'il est
Je chante le Guépéou nécessaire de France
Je chante les Guépéous de nulle part et de partout
Je demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
pour défendre ceux qui sont trahis
pour défendre ceux qui sont toujours trahis
Demandez un Guépéou vous qu'on plie et vous qu'on tue
Demandez un Guépéou
Il vous faut un Guépéou
Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste
Vive le Guépéou contre Dieu Chiappe et la Marseillaise
Vive le Guépéou contre le pape et les poux
Vive le Guépéou contre la résignation des banques
Vive le Guépéou contre les manoeuvres de l'Est
Vive le Guépéou contre la famille
Vive le Guépéou contre les lois scélérates
Vive le Guépéou contre le socialisme des assassins du type
Caballero Boncour Mac Donald Zoergibel
Vive le Guépéou contre tous les ennemis du prolétariat.
Louis Aragon
Persécuté-persécuteur (1931)
Joseph Staline
Les hommes surgissaient d’un lointain paysage
Ils avaient tous du cœur mais ils perdaient leurs forces
Ils s’embrumaient et rêvant d’or étaient de plomb
Les hommes surgissaient de leur enfance naine
Arriérés retardés ils adoraient les nuages
Misère charité leur paraissaient sacrées
Ô mes semblables morts anciens ou nés d’hier
Visages de santé qu’a vieillis l’esclavage
Vos besoins vous donnaient le désir d’être libres
Le désir d’être heureux le désir d’être forts
Forts avec la douceur d’une vitre très claire
Qui ne trouble pas l’onde où se reflète un frère
Et mille et mille frères ont porté Karl Marx
Et mille et mille frères ont porté Lénine
Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite
Grâce à lui nous vivons sans connaître d’automne
L’horizon de Staline est toujours renaissant
Nous vivons sans douter et même au fond de l’ombre
Nous produisons la vie et réglons l’avenir
Il n’y a pas pour nous de jour sans lendemain
D’aurore sans midi de fraîcheur sans chaleur
Staline dans le coeur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.
Paul Éluard
Œuvres complètes (1950)
18:19 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
on se demande, avec le recul, s'ils étaient vraiment c.ns ou s'ils faisaient exprès. Qu'on ait été admirateur du communisme, je peux le comprendre, surtout de la part de personnes qui n'avaient pas les moyens de vérifier la réalité des choses, bien que Gide ou Céline soient revenus d'URSS très refroidis mais de là à parler du cerveau d'amour de Staline, même en 1950 et la guépéou image de la grandeur matérialiste !
Écrit par : Paul-Emic | 25/03/2010
Je crois que c'était un peu des deux. Mais les artistes c'est pourtant fait pour voir plus loin que le commun des mortels...
Écrit par : Pharamond | 26/03/2010
je croyais surtout que c'était fait pour voir créer et louer le beau...
Écrit par : Paul-Emic | 26/03/2010
Tu parles d'avant les artistes engagés et des artistes subventionnés, sans doute ?
Écrit par : Pharamond | 26/03/2010
je parle effectivement des artistes, pas des fonctionnaires du pinceau et de l'art assisté par ordinateur.
Écrit par : Paul-Emic | 26/03/2010
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