Clotilde et Ingrid sont dans une galère

''Clotilde est libre'' titraient ce matin de nombreux journaux. Clotilde Reiss est devenue Clotilde comme Ingrid Bétancourt était devenue simplement Ingrid. Les médias convaincus à juste titre de leur pouvoir savent que pour la plupart des Français il n'y a plus qu'une Clotilde, celle de Téhéran. Peu importe la Clotilde d'à côté, de la Clotilde au chômage à cause de la mondialisation, de la Clotilde qui vit dans un quartier coupe-gorge, il n'y a plus qu'une Clotilde comme il n'y avait plus qu'une Ingrid. Dans cette vaste émission de télé réalité qu'est devenu le monde aperçu à travers le petit écran il est normal d'appeler les participants par leur prénom, c'est plus cool, ça rapproche. La psychologie de la personne à sauver et ses actes, voire sa possible responsabilité, passent en second plan, elle est française – eh oui, il faut encore ça pour qu'il y ait identification – et elle est détenue par des méchants, il faut qu'elle soit libérée. On s'inquiète un peu pendant quelque temps mais tout doit bien finir, le Président et ses ministres s'y sont engagés, et tout finit bien. Rassurez-vous, chers concitoyens ! Tremblez, états voyous ! La France a encore son mot à dire !