Il y a des coups de fourche qui se perdent

S’il y a une série symptomatique de l’idéologie des années Mitterrand, c’est bien L'instit avec Gérard Klein.

Le héros, Victor Novak (notez la consonance slave du nom qui laisse supposer une origine étrangère, des parents réfugiés... d'où, je présume, l'ouverture d'esprit du personnage), y est sans doute instituteur en hommage aux « hussards noirs de la République » chargés jadis de répandre l’instruction publique dans les campagnes et d’en chasser l’obscurantisme. Il se déplace évidement à moto ; un hussard en voiture c’est forcément moins crédible. Et puis les voitures c’est pour les bourgeois et les ploucs, lui qui consacre sa vie à propager la bonne parole en sacrifiant famille et confort se doit d’être libre comme le vent.

Les petits villages où il est affecté (peut-être pour nous faire oublier les banlieues qui commençaient à s'embraser) recèlent immanquablement quelque drame enfoui, quelque événement honteux que lui seul saura désentortiller car il est la sagesse et le savoir. Très rapidement, alors qu'ils se taisent depuis des années, les villageois se mettent à tout lui confier, révélant des secrets inavouables, d'épouvantables injustices qui n'ont plus leur place dans la France moderne et égalitaire en train de naître. Grâce à sa perspicacité et avec quelques paroles apaisantes, il arrangera tout ça avant d'enfourcher sa monture et de partir pour de nouvelles aventures sans se retourner vers la jolie fille du maire qui commençait à le trouver à son goût.

En ouverture de chaque épisode, il y ce moment intense où il arrête sa moto quelques instants en contemplant le village où il va bientôt arriver, l’air de se demander quel drame immonde il va découvrir chez les culs terreux qui croupissent dans leur bourg arriéré.