Aéronefs (6)

Dès que nous avons viré au Point initial, le bombardier s'est mis à la recherche de sa cible, alors que l'avion est déjà pris en charge par le calculateur. A nouveau, des chasseurs qui viennent dans toutes les directions, mais cette fois, c'est pour l'escadron qui est devant nous. Bientôt le ciel est rempli des éclats de la Flak, qui tracent une route recouverte d'acier noir à la façon de l'asphalte, jusqu'à Schweinfurt. Lorsqu'elles sont à proximité, les explosions tonnent comme si l'on nous jetait des blocs de roche. En bas, les servants de DCA sont des bons. Normalement, les chasseurs nous abandonnent lorsque l'on rentre dans la Flak qui protège la cible, mais cette fois, ils volent à travers leur propre Flak. Apparemment, on leur a donné l'ordre de défendre la cible coûte que coûte. Ces chasseurs sont peut-être des ennemis, mais je n'ai jamais vu d'hommes plus courageux. Tous les efforts des Allemands pour nous écarter de la cible ont été vains jusqu'à présent, mais nous avons payé un prix exorbitant en hommes et en avions. Les risques étaient grands, mais c'est le "Diable" qui a gagné. En bas, la cible se transforme rapidement en fumée et en débris, alors que nos chapelets de bombes tombent sur la ville. Les morts vont largement excéder nos pertes . Enfin, nous sentons l'avion s'alléger par à-coups, à mesure que les bombes franchissent les portes de la soute, en route vers l'Allemagne. Nous sommes maintenant à mi-chemin de la mission, alors que nous entamons un large virage à droite. Pas vraiment besoin de se mettre en formation, car nous sommes tous rapprochés. En virant, nous voyons les autres formations derrière nous. Elles semblent dépenaillées, et sont encore sous l'attaque des chasseurs. Les chasseurs laissent tranquilles les éclopés, et se portent vers ceux qui portent encore des bombes . En tournant, on voit la cible en-dessous et les bombes qui font leur descente de 8 kilomètres vers la terre. La cible est couverte de fumée et l'impact des bombes soulève une poussière grise.

 

Wally HOFFMAN

Schweinfurt : à la découverte du réel

Traduction et notes de Philippe ROUYER

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