05/09/2007
Intersections
Quand j’étais serveur dans un café, il y avait un client un peu particulier qui venait de temps à autre. C’était un asocial pathologique qui s’était jadis livré à des attaques à main armée. Plusieurs séjours en prison et en hôpital psychiatrique l’avait rendu docile. En plus d’être alcoolique il était devenu accro aux médicaments, ce qui faisait de lui une parfaite épave. Ne me demandez pas pourquoi, mais cet individu s’était pris d’affection pour moi. Des années après, il me reconnaît encore quand il me rencontre dans la rue ou dans le tram où ces démonstrations de sympathie font invariablement sourire les autres voyageurs. Il y a quelques mois, le voici qui débarque et reste quelques minutes à tenir des propos incohérents au coiffeur qui est en train de me faire une coupe. Je prie pour qu’il ne me voie pas, et miracle, il sort sans un regard vers moi. Le coiffeur un peu gêné, me dit pour se justifier qu’il vient régulièrement, mais qu’il ne faut pas s’inquiéter car il est maintenant inoffensif, contrairement à ce qu’il était plus jeune. Il commence alors à me raconter ce que je sais déjà. Je l’interromps en lui disant que je le connais très bien. Le coiffeur me demande alors le plus naturellement du monde, comme si c’était une évidence :
- Pourquoi ? vous l’avez arrêté ?
Surpris, je bredouille :
- Euh... non.
Je dois avoir une tête de flic.
20:13 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Eclat de rire !
Écrit par : cile | 05/09/2007
hihi...
Écrit par : Ezrah | 06/09/2007
Eh bien, je choisis d'aimer le coiffeur... vraisemblablement adorable - qui risquerait bien de vous faire une coupe d'enfer suggérée par le gentleman (complice par le langage du corps) sorti depuis maintenant un bail de sa prison.
Bonne chance, Pharamond !
Le hic, c'est que si votre bonhomme est bête à son tour... vous aurez eu la "tête de l'emploi".
Écrit par : Marie Gabrielle | 06/09/2007
Marie Gabrielle : Ma coupe étant on ne peut plus simple je ne prends pas un grand risque.
Écrit par : Pharamond | 06/09/2007
Alors la coiffeuse.
Écrit par : Marie Gabrielle | 06/09/2007
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