05/03/2007
Maître Corbu
Le Corbusier passe pour un génie de l’architecture. Pourtant, à y regarder de plus près, on constate qu'il ne reste pas grand chose de son œuvre qui soit réellement positif. Outre ses réalisations en béton qui ont terriblement vieillis esthétiquement et dont les dimensions ne correspondent plus aux désirs des habitants actuels, l'inventeur de l'inquiétant concept de « machine à habiter » est le rédacteur principal de la Charte d’Athènes qui sera le manifeste de l’urbanisme des années de l’Après-guerre avec ses blocs standardisés non alignés aux rues et entourés d’espaces verts. Univers concentrationnaire et déshumanisé qui a engendré en partie les problèmes actuels des « banlieues ». De même ses théories font frémir quand on sait qu’il était partisan de raser Paris en ne laissant que les monuments historiques au milieu de grandes places. Les habitants auraient été relogés dans de gigantesques barres entourées de verdures et reliées par de larges avenues se coupant à angles droits. Plan qui ne fut heureusement jamais mis à exécution. Tout ceci bien sûr pour faire le bien des gens sans leur demander leur avis. Cela peut sembler paradoxal mais dans beaucoup « d’artistes » sommeille un despote persuadé comme la majorité de ses semblables de connaître mieux que les intéressés ce qui est bon pour eux.
Ce petit texte de Le Corbusier donne un aperçu de sa pensée urbanistique et humaniste ainsi que de l'étendue de son ouverture d'esprit :
« La conception "mon toit" disparaît (régionalisme, etc.) car le travail se déplace (l'embauche), et il serait logique de pouvoir suivre avec armes et bagages… Maisons-type, meubles-types… Classons : trois sortes de population : les citadins à demeure ; les travailleurs dont la vie se déroule moitié dans le centre et moitié dans les cités-jardins ; les masses ouvrières partageant leur journée aux usines de banlieue et dans les cités jardins. Cette classification est, à vrai dire, un programme d'urbanisme. L'objectiver dans la pratique, c'est commencer l'apurement des grandes villes… Cette mise au clair… incite à des mesures d'ordre, fixe les lignes capitales de l'urbanisme moderne… Or, une ville moderne vit de droite, pratiquement ; construction des immeubles, des égouts, des canalisations, des chaussées, des trottoirs, etc. La circulation exige la droite. La droite est saine aussi à l'âme des villes. La courbe est ruineuse, difficile et dangereuse ; elle paralyse… La rue courbe est le chemin des ânes, la rue droite le chemin des hommes… Le terrain plat est le terrain idéal… Le fleuve passe loin de la ville… La population : les urbains, les suburbains, les mixtes. a) Les urbains, ceux de la cité, qui y ont leurs affaires et qui résident dans la ville. b) Les suburbains, ceux qui travaillent en périphérie dans la zone des usines et qui ne viennent pas en ville ; ils résident en cité-jardin. c) Les mixtes, ceux qui fournissent leur travail dans la cité des affaires, mais qui élèvent leur famille dans les cités-jardins… Il n'y a qu'une gare. La gare ne peut être qu'au centre-ville. »
22:17 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Et dans quel genre de demeure habitait notre ami Le Corbusier ?...
Écrit par : profdisaster | 05/03/2007
"la courbe est ruineuse, difficile et dangereuse" .. il pensait quoi des femmes ?!
Écrit par : cile | 06/03/2007
Je ne suis pas d'accord avec vous. Voyez ici :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=18804
Isabelle Coste - David Orbach architectes
www.coste-orbach.fr
Écrit par : David Orbach architecte | 06/03/2007
Et, juste comme ça : les tangeantes à la courbe ??
Écrit par : Marie Gabrielle | 06/03/2007
Me permets-tu une impertinence et un instant d'ironie ? Bon... Je te rappelle que la gauche reproche parfois à Le Corbusier ("la maison de fada" dit-on à Marseille à propos de la Cité radieuse) l'affinité avec le fascisme et l'antisémitisme ? C'est comme la Constitution européenne. Elle a été rejetée par des partis complètement opposés et par chacun jugée porteuse du message de l'ennemi.
Écrit par : Zéphyr | 06/03/2007
David Orbach architecte : Que vous ne soyez pas d'accord avec moi est plutôt une bonne chose, la plupart de ceux qui me laissent des messages vont, à quelques nuances près, dans le même sens que mes notes. Et comme je ne pense pas (et n'espère pas) être consensuel j'imagine que ceux qui n'adhèrent pas aux "idées" énoncées dans ce blog ne prennent pas la peine de l'écrire. Bref, je suis allé voir l'article que vous m'avez mis en lien. C'est fort intéresssant et bien écrit, mais ne me fait aucunement changer d'avis. Déjà de leur vivant les "artistes" (Le Corbusier en était un) racontent leur version des événements de leur vie pour les faire correspondre leur personnage, une fois morts on peut leur faire dire tout et n'importe quoi. Même si c'est cohérent, même si c'est dit avec talent nous n'auront jamais le fin mot de l'histoire. Enfin, tout ceci n'enlève pas les idées émises dans le petit texte de la note et digne d'un illuminé dangereux. Cordialement.
Écrit par : Pharamond | 06/03/2007
Marie Gabrielle : Zut ! je vous ai tutoyée.
Écrit par : Pharamond | 06/03/2007
Prodisaster : Surement dans une machine à habiter, mais plus performante que celle du bon peuple.
cile : Bonne question.
Marie Gabrielle : Tu compliques encore ;-)
Zéphyr : Tu as tout à fait raison, si tu savais le nombre d'anarchistes et de cocos rouges vifs qui m'ont tout d'abord trouvé très sympathique et pertinent dans ma critique de la l'embourgeoisement de la société.
Écrit par : Pharamond | 06/03/2007
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