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03/05/2006

Quelques considérations sur la souveraineté des peuples

Ce qui se déroule sous nos yeux, aussi bien pour des raisons concrètes que pour des motifs fumeux et probablement fumigènes, c'est l'abandon d'un système d'organisation de la planète au profit d'un autre, ou plutôt d'une façon de concevoir l'organisation de la planète au profit d'une autre, entièrement nouvelle, tenant à la fois de la science-fiction et de la politique-fiction.

L'Antiquité a connu des cités, des peuples, des royaumes, des empires ; le Moyen Âge a inventé la féodalité ; les temps modernes ont fait apparaître les nations, et, à travers toutes ces charpentes diverses, apparaissait la notion de souveraineté, difficile à définir mais essentielle pour les relations humaines.

Cette notion était rendue indispensable par trois réalités :

  • l'homme n'est ni tout bon ni tout mauvais, mais il est égoïste ;
  • l'homme est sociable ;
  • les hommes se répartissent en groupes qui, pour diverses raisons climatiques, ataviques, physiques, religieuses, superstitieuses, que sais-je, ont des mœurs différentes de celles de leurs voisins.

En d'autres termes, le " je " de l'individu se sublime naturellement dans un " nous " qui lui assure une certaine sécurité et même un certain confort, mais, pour garder toute son efficacité, ce " nous " ne peut pas s'étendre à toute l'espèce humaine sous peine de transgresser ses propres fondements. Ce " nous ", qui se définit par son opposition à d'autres " nous ", aboutit à la notion de souveraineté perçue comme sacrée par chacun des " je " qui le composent, parce que le " nous " est plus consistant que la somme des " je " individuels, et, par conséquent, se voit traité par les autres " nous " avec plus de respect et de circonspection que ne le serait un conglomérat de " je ".

Il est possible que, devant une invasion de Martiens, qui, eux aussi, diraient " nous ", les hommes se trouvent un " nous " s'appliquant à tous les humains, mais, aussi longtemps que c'est à d'autres hommes que les hommes s'opposent, la chose paraît prématurée.

Bien entendu, au cours de l'histoire, certaines souverainetés ont changé de forme, d'autres ont été écrasées ou vidées de leur substance, quelques-unes ont délibérément renoncé à elles-mêmes, soit pour se mettre sous la protection d'une souveraineté plus puissante, soit pour se fondre dans une souveraineté plus étendue, mais, à travers toutes ces transformations, le principe de la souveraineté, absolue dans un certain espace reconnu comme tel par tous ses voisins, compte tenu de quelques querelles de bornage, demeurait intangible.

Les peuples respectaient celle des autres peuples pour qu'ils respectassent la leur. Rares ont été les massacres d'ambassadeurs ou de messagers d'une puissance, même ennemie. Des organisations supranationales comme la Cour internationale de La Haye, la Ligue des Nations ou l'Organisation des Nations unies se sont toujours fondées sur l'association de nations dont la puissance relative variait à l'infini, mais qui demeuraient foncièrement égales par la souveraineté. Lorsque, en 1945, le Liechtenstein refusa de livrer à l'URSS les ressortissants russes qui se trouvaient sur son sol, il le fit en tant que nation souveraine (libre aux États-Unis et à la Grande-Bretagne d'en livrer deux millions) - et l'URSS n'osa pas insister, elle qui, tout en intégrant l'Europe de l'Est dans ses kominforms, ses kominterns et ses pactes de Varsovie, conservait le mythe de la souveraineté de ses propres satellites. Même en Hongrie, l'URSS n'intervint qu'après s'être assurée qu'une pseudo Hongrie, dont elle avait, au préalable, reconnu la légitimité, l'appelait au secours.

 

Vladimir VOLKOFF

Désinformation : flagrant délit

Commentaires

Merci de me faire découvrir ces gens. Je ne connaissais pas Vradimir Volkoff, mais pas ce petit bout de texte, tu m'as donné la curiosité de lire ce livre.

Dans la même veine, je tu suggère « Le principe de Lucifer » d'Howard Bloom, livre que je qualifierais de « Fight Club» scientifique et philosophique. Spécialiste des comportements de masse, Howard Bloom est un des pères de la mémétique. J'ai lus ce livre de 400 pages l'été passe en trois jours et ça m'a fait perdre mes repères pendants le reste du mois. La lecture de ce livre m'a beaucoup rapproché de la philosophie bouddhiste.

À voir le genre de propos que tu publies sur ton blog et le genre de lecture que tu nous fais connaître, je crois bien que tu vas aimer.

Écrit par : Martin | 04/05/2006

C'est du grand Volkoff... Très belle citation. Formidale analyse. Quelle lucidité ! Il faut lire le regretté Volkoff...

Écrit par : CCRIDER | 05/05/2006

Volkoff aurait-il accepté la domination Gulauld ?
CF Stargate, bien sûr ...

Écrit par : Cendrinox | 05/05/2006

CCRIDER : Je n'ai personnellement pas tout lu de V. V., mais j'essaie. Pour l'instant je ne le regrète pas.
Cendrinox : Du peu que je connaisse le personnage, je ne crois pas.

Écrit par : Pharamond | 05/05/2006

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