26/03/2024
Discours
Dans l’inclusivisme, nous sommes tous et tout le temps comptables de tous nos propos : "tout est politique" signifie "tout doit être surveillé". Comme tout s’interprète à l’aune de cette nouvelle orthodoxie, il n’y a effectivement plus de neutralité : la pratique de la langue elle-même est sommée d’obéir à cette doctrine. L’orthographe, le discours, les connotations, les catégorisations sont scrutés par cette pression idéologique péremptoire. Le jargon inclusiviste - car tel est le terme qui recouvre à la fois la doctrine sexuelle et la doctrine décoloniale, l’entrisme identitaire psycho-sexuel et islamique - se construit sur un arsenal lexical. Cet arsenal est frauduleux dans la mesure où il prétend déployer des concepts - hétéronormativité, colonialité, blanchité, invisibilisation -, mais il ne fait que dénoncer et victimiser, cliver et caricaturer des identités. Ce vocabulaire possède une force de décret, d’autojustification qui passe par sa prétention. Son arrogance stylistique instaure une obscurité qui construit son efficacité : personne n’arrive à démentir des propos infalsifiables qui ne s’autorisent que de leur ostension de vertu. Cet arsenal repose sur un éthos savant qui consiste à utiliser des néologismes, des métaphores, des abstractions et une forme de poétisation pour faire la morale." Jean Szlamowicz, « Mutins de Panurge, moutons de la pensée », in la revue éléments n°204, octobre-novembre 2023. |
Source : Raison gardée
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