14/06/2011
À bicyclette...
Une note lue sur A moy que chault ! (que je recopie ici, son auteur ne m'en voudra pas je l'espère) me rappelle une des miennes écrite il y a plus de quatre ans.
Donc la sienne :
Sociologie des nuisibles Au coeur de cette vaste matière, le vélocypédiste parisien occupe une place non négligeable. Fièrement assis sur son destrier métallique, porteur de toutes les valeurs citoyennes et éco-responsables, héros et héraut du transport alternatif, il file dans les rues, fier comme un paon protégé par WWF et persuadé de n'être pas assujetti aux règles du code de la route ou même de la simple civilité. Rien ne doit venir freiner la noble course du cycliste urbain, aristocrate du bitume, tellement en rupture avec la tyrannie du beauf en voiture et la banalité moutonnière du piéton. De gauche mais rétif à la promiscuité olfactivement et parfois physiquement agressive des transports collectifs, rebelle sélectif à la modernité dont il voudrait conserver l'Iphone mais pas les embouteillages, ami du peuple mais pas des pue la sueur aux camions de livraison scandaleusement garés sur les pistes cyclables, le vélocypèdiste parisien jette des regards haineux à ceux qui pensent pouvoir traverser au vert sans devoir affronter sa roue-avant comme à ceux qui osent contester ses rodéos sur le trottoir. N'ont-ils pas compris qui il était? Ne voient-ils pas qu'il est l'Exemple? Celui qui, vivant à Bastille et travaillant dans une boite de com' du Marais, crache sur la « civilisation de la bagnole » et conspue « l'oppression du métro », le mec trop cool qui a tout pour faire un parfait figurant du prochain long métrage de Cédric Klapisch, la mauvaise conscience incarnée du prolo venant de Pierrefitte-sur-Seine avec son break Peugeot même pas aux normes européennes de respect de l'environnement... Bien sûr, la petite fiotte à mèche et écharpe blanche est un peu moins flamboyante lorsque, à la sortie de son bar à cocktails, elle ne retrouve qu'un pneu solitaire piteusement attaché au panneau de signalisation du coin de la rue mais ce n'est pas ce genre de petit aléa qui va freiner son épopée urbaine et dès demain elle aura retrouvé une nouvelle monture car le vélocypèdiste parisien n'est pas à 300 euros près (ce qu'on aurait pourtant pu croire au moment de régler l'addition du bar...)... |
Et la mienne, qui paraîtra sans doute bien fade, mais tant pis :
Kill bike Je dois confesser qu’en ville les vélos m’ennuient. Loin de moi l’idée de leur interdire d’y circuler, d’ailleurs je compatis sincèrement à leurs difficultés dues à l’incivisme de nombreux automobilistes qui rend leurs déplacements pénibles sinon dangereux, mais une partie non négligeable d’entre eux se croit tout permis. Elle prend les sens interdits, roule sur les trottoirs, emprunte les voies piétonnes, passe quand le feu est rouge, oblige voitures et piétons à les éviter, se dispense de tout éclairage etc. Encouragé par la mode actuelle toujours prompte à culpabiliser l’automobiliste, potentiellement criminel, évidemment pollueur et supposé nanti (l’oppresseur dans toute sa splendeur) le vaillant cycliste oppose la magnifique figure du déshérité. La ville ne lui a pas fait de voies adéquates, les voitures ne le ménagent pas, ils respirent la pollution des autres alors que lui roule écolo. Qu’il circule à bicyclette par goût (gloire au brave qui risque tant pour ne pas salir la planète) ou par obligation (respect pour l’exclu qui symbolise tous les damnés de la terre) il prend les libertés que lui permet son statut, celui d’appartenir à une minorité. Peu importe que le piéton se voit obligé de l’éviter pour ne pas être bousculé et l’automobiliste surpris de faire un écart pour ne pas le percuter : le cycliste est moralement intouchable. |
22:18 | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
http://amoyquechault.over-blog.com/article-vive-les-radars-75905364.html
L'autre jour, c'était sur les automobilistes qu'il tapait. Amqc a l'humeur changeante.
Écrit par : Sébastien | 15/06/2011
C'est à dire qu'il tape un peu sur tout le monde, c'est une sorte de ronchon suprême. Je ne suis pas toujours d'accord avec lui, mais j'aime bien son style et quoi qu'il dise ce n'est jamais stupide.
Écrit par : Pharamond | 15/06/2011
Le pied à Paris avec cette engeance, quand ils sont sur le trottoir et que la rue est par ailleurs relativement vide de gens, c'est de leur coller une patate au passage. Effet comique garanti! Voir le mec super dédaigneux sur sa monture l'air ahuri à terre avec le nez explosé, drôlissime!
Écrit par : tyrsson | 17/06/2011
Mais permettrais-je de vous demander si c'est du vécu ?
Écrit par : Pharamond | 17/06/2011
Tout à fait. En fait, dans la soirée, j'avais failli me faire rouler dessus par une crétine vélocipède, le genre à porter une tunique ethnique et à avoir bonne conscience. Du coup, le suivant 2h plus tard a payé pour sa congénère! À Paris, c'est vraiment devenu une plaie, les cyclistes sur les trottoirs...
Écrit par : Tyrsson | 19/06/2011
Ouch ! mon cher Tyrsson on dirait qu'il ne faut pas vous marcher (ni rouler) sur les pieds.
Écrit par : Pharamond | 19/06/2011
Je me suis calmé mais il est vrai que je reste un peu sanguin, on dira! Et puis, d'habiter dans un quartier bobo m'a dégouté de cette engeance. Je ne peux vraiment pas les saquer! Un blog très drôle sur le sujet - http://trucsdebobo.wordpress.com/
Écrit par : tyrsson | 20/06/2011
C'est peut-être tout de même mieux que d'habiter dans un quartier racaille, non ? Mais j'avoue moi aussi avoir une grande aversion pour cette engeance nuisible.
Écrit par : Pharamond | 20/06/2011
je ne trouve pas que les racailles posent problème en général, il suffit de poser les limites, de les regarder dans les yeux et en général, ça passe. Après, il y a les cas particuliers et là, on peut en parler, mais pas sur Internet… Ahahahaha! Mais les plus gerbant, c'est vraiment les bobos avec leur petit côté ethno-masochiste et leur aspect suffisant en même temps…
Écrit par : tyrsson | 21/06/2011
Les racailles... hum... tout dépend du nombre. Mais les bobos, je suis d'accord, sont aussi insupportables à leur façon.
Écrit par : Pharamond | 21/06/2011
Eheheheh, tout dépend toujours du nombre. Même une agression par une dizaine de jeunes mères bobos trimballant leurs jeunes enfants adoptés suite au dernier séisme du tiers-monde auront raison de n'importe quel combattant.
Écrit par : tyrsson | 22/06/2011
Argh ! Quelle horrible vision !
Écrit par : Pharamond | 22/06/2011
Ahahaha! N'est-ce pas!
Écrit par : tyrsson | 22/06/2011
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