Coluche en gloire

J'ai parfois l'impression que la majorité des français voit l'avant Coluche comme une période où les pauvres étaient totalement oubliés, on les imaginerait presque mourant de faim dans la rue comme au temps des grandes famines. C'est oublier que les organismes caritatifs n'avaient pas attendu l'humoriste pour essayer de secourir les nécessiteux. Mais celui-ci est arrivé sous la gauche, trop contente de faire oublier son incurie en soutenant l'initiative avec l'aide presque inconditionnelle des médias et du showbizz. Certes, les artistes sont plus photogéniques que les soldats de l'Armée du Salut mais Les Restos du coeur n'ont rien inventé. Quant à Coluche, dont on nous repasse ad nauseam les sketches bien qu'ils aient terriblement vieilli, certains s'interrogeaient peu avant sa mort sur l'individu, un article titrait même (je cite de mémoire) : « Coluche est-il un enfoiré ? » On lui reprochait de faire raconter à la radio des histoires salaces à des enfants, d'avoir agressé une journaliste... et puis un camion est venu tout arranger. En mourant, non seulement il se rachetait mais il rachetait tout le showbizz avec lui. Chaque année, sous le portrait d'un Michel Colucci qui semble prendre tous les maux de l'humanité à son compte, les artistes célèbrent leur saint dans un spectacle aux allures de grand-messe, grâce à lui ils se refont annuellement une virginité et parviennent à faire oublier leurs revenus indécents, leurs turpitudes et leurs frasques (n'oublions pas qu'ils se baptisent eux-mêmes et avec une certaine lucidité Les Enfoirés).

- Oui, mais eux, au moins, ils pensent aux pauvres !

- Ils se feraient pas aussi un peu de pub en même temps ?

- Qu' importe, si on a un coeur on se doit d'acheter leur disque.

Eh oui, grâce à Saint Coluche les artistes sont devenus intouchables ; on comprend qu'ils le vénèrent. Putain de camion !

 

 Les Enfoirés

On demande pas la lune