statistiques web gratuite

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/05/2008

Drôles de gens

Quand je suis arrivé dans mon immeuble, il y a maintenant quelques années, le quartier était peuplé de personnes assez curieuses. Par exemple, j'y croisais de temps à autre une femme d'une quarantaine d'année, obèse, toujours habillée en jogging et l'air d'avoir très récemment avalé une boîte entière de Xanax avec l'emballage.

Un jour, je la vois au bras d'une connaissance, un habitué qui fréquentait le café où j'avais travaillé auparavant. Ils s'arrêtent, il me présente sa fiancée, m'explique qu'elle habite mon immeuble et lui la rue d'à côté, on se remémore quelques anecdotes du ''bon vieux temps'' et on se quitte.

Un soir, alors que je suis sur le palier qui mène à mon appartement, il se débusque d'un angle et me fait sursauter. Après s'être excusé, il me confie avec des airs de conspirateur qu'il attend un individu qui cherche à lui piquer sa copine. Je n'y trouve aucun inconvénient et lui souhaite bonne chance. Je n'ai jamais su d'ailleurs si son guet-apens avait fonctionné. Le temps passe et je croise un jour l'objet des convoitises masculines l'air hagard, des bulles de salives à la commissures des lèvres, ne répondant pas à mon salut comme à son habitude. Je pense alors qu'elle a peut-être dû un peu forcer sur son traitement ou la bouteille et que ça lui passera.

Le surlendemain, j'aperçois son ''fiancé'' accoudé à sa fenêtre et semblant discourir tout seul ; il me voit et me fait signe. En m'approchant, je constate qu'il parlait en fait à une femme naine appuyée à une voiture garée. Je les salue.

- T'as appris pour ma copine ?

- Euh... non.

- Elle est morte hier.

- Je ne savais pas, désolé.

- Dans son appart. Les pompiers ont dû casser la porte.

- Ah...

- Elle est morte d'un coup, comme ça, couic !

La femme approuve en hochant la tête. Ils me regardent tous les deux, interrogateurs, comme s'ils attendaient une quelconque révélation que je détiendrais du simple fait de partager le même immeuble que la défunte. Je n'en ai malheureusement aucune à leur jeter en pâture. J'essaie tout de même de prendre un air que j'imagine de circonstance, leur dis qu'effectivement elle ne donnait pas l'impression d'être très en forme ces derniers temps, leur souhaite bonsoir et continue mon chemin. Avant de tourner dans ma rue, je leur jette un coup d'oeil ; les deux compères sont de nouveau en pleine discussion, l'air plus intrigués par la soudaineté du décès que réellement attristés.

Commentaires

Tellement zarrebi que ça ne pouvait se dérouler que dans la réalité.

Écrit par : Ben | 26/05/2008

C'est tout à fait ce que j'ai pensé.

Écrit par : Pharamond | 26/05/2008

Ca fait penser à la vie sans "sens" dans les quartiers modernes. Très réel en effet.

Écrit par : stéphane | 28/05/2008

Sans doute y trouvaient-ils un sens bien à eux.

Écrit par : Pharamond | 29/05/2008

Les commentaires sont fermés.