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06/12/2007

Mythologie

Lu sur le Métro du mercredi 5 décembre :

 

''Nouveaux Français, nouveaux chauvins

 

Jamel Debbouze posant sur fond tricolore en une d’un hebdo – titré “Pourquoi j’aime la France”! Abd al Malik interprétant “La Marseillaise” à la télé, sur l’insistance des chroniqueurs de l’émission de Laurent Ruquier… L’animateur se serait-il permis la même chose avec Renaud ou Lavilliers, au risque de se prendre un verre en pleine tronche ? Jamel Debbouze et Abd al-Malik ne sont évidemment pas les apôtres d’un nouveau nationalisme français. Renvoyés à leurs origines extra-européennes, en dépit de leur statut de stars et de leur naissance au coeur de la capitale, ces deux artistes n’ont fait que se plier à une exigence médiatique de plus en plus classique : prouver leur attachement à l’Hexagone, comme tant de “nouveaux Français”. L’expression est lâchée, le débat est lancé. Celui-ci aurait pu émaner du nouveau ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, il a finalement fait irruption dans notre vie quotidienne par… une chanson de variété. La mise en ligne sur le site de Respect mag d’une interview d’Amel Bent (interprète du titre “Nouveau Français”) provoque des dizaines de réactions. Vives, parfois énervées, toujours très personnelles, loin des discours passe-partout et des influences partisanes. Nouveau Français plutôt que Beur ou Black ? Nouveau Français plutôt qu’immigré de troisième ou seizième génération ? Nouveau Français plutôt que Français d’origine X ou Y ? La question ne laisse personne indifférent. A l’heure où la lecture de la lettre de Guy Môquet est censée réveiller le patriotisme de nos jeunes écoliers, la question se pose : faut-il forcer les Français à être nationalistes ? Faut-il regretter de ne pas voir nos concitoyens arborer la bannière tricolore sur leurs casquettes ou leurs serviettes de bain quand ils partent bronzer à l’étranger ? La dimension universaliste de notre pays est connue et reconnue sur toute la planète. Ses excès patriotiques ont marqué l’histoire d’une piètre manière : un soldat de l’armée de Napoléon fut ainsi ridiculisé dans plusieurs pièces de théâtre avant de faire, en tant qu’adjectif, son entrée dans le dictionnaire. Il s’appelait Nicolas… Chauvin.

 

par Réjane Ereau

Rédactrice en chef de Respect magazine''

 

 

Ainsi notre pays deviendrait nationaliste, en commençant par ses artistes d'origine étrangère obligés de s'humilier (sous peine de quoi ?) à poser devant le drapeau tricolore ou en chantant l'hymne national (mais que fait la HALDE ?), en continuant par notre jeunesse endoctrinée à l'aide du texte d'un communiste internationaliste (n'ayons pas peur des paradoxes) et se terminant sans doute dans un remake des heures les plus sombres de notre histoire (n'oublions pas le 21 avril 2002). Réjane Ereau - qui n'ignore pas, j'imagine, que Nicolas Chauvin n'a jamais existé - est sans doute rédactrice d'un magazine humoristique.

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