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29/11/2007

Lettre à un ami

Il y a déjà quelques mois, un ami, résidant alors loin de Bordeaux et venu me rendre visite, me demandait pourquoi j’étais contre l’Europe telle qu’elle se construit. Sur le moment je n’ai pas su lui répondre clairement, aussi après son départ je lui est écrit le courrier que je reproduis tel quel en supprimant seulement les références personnelles.

 

« La dernière fois que nous nous sommes vus, tu m’as demandé pourquoi je suis souverainiste. Pris à brûle-pourpoint je n’ai réussi qu’à te répondre de façon vague et, j'imagine, peu convaincante. Avec un peu de recul permets-moi de donner quelques précisions sur mes raisons d’être attaché à la souveraineté des nations en général et à celle de la France en particulier. Pour simplifier je dirais qu’il y a cela des raisons objectives, rationnelles et d'autres qui appartiennent au domaine du subjectif, de l’émotionnel, deux types de raisons d'ailleurs souvent intimement mêlées.

Un individu ne peut être libre dans l’absolu, il se doit d’appartenir à une société régie par des règles. C‘est cette appartenance qui lui donne la liberté de s’accomplir et sa dignité. Hormis une très petite minorité de privilégiés à qui leur statut social et leur fortune permettent de ne faire que peu de cas de l’endroit dans lequel elle vit, nous sommes tous liés à un groupe social. Et toutes les tentatives pour le nier ne se traduisent que par une marginalisation préjudiciable autant à l’individu qu’à la société, ou alors par la recherche effréné de plaisir, par un hédonisme de chaque instant, par une indifférence aux autres, bref par un individualisme qui mine la cohésion social et n’est viable qu’à court terme.

Pour être libre un individu se doit aussi de pouvoir influencer les décisions du groupe social, ni part la violence ou le poids de son pouvoir pécuniaire bien-sûr mais par un système de représentativité, le système démocratique. L’individu se doit d’être un citoyen. Pas l’absurde et antinomique citoyen du monde à la mode actuellement mais un citoyen de la Cité. Et pour se faire celle-ci doit être définie avec soin. Être ni trop petite, car dans ce cas elle n’est pas viable, n’est qu’une entité folklorique et sera forcément mise sous la tutelle d’une unité plus grande, perdant son indépendance ; ni trop grande, pour que le citoyen ne soit pas trop éloigné des instances dirigeantes et que les concitoyens se sentent proches les uns des autres par leurs mœurs et leur culture, ce qui leur permettra d’avoir un dessein commun et de ne pas céder aux sirènes du communautarisme.

Mais alors quel groupe social me demanderas-tu ? L’état nation me semble la réponse la plus pertinente pour notre société occidentale et a fortiori pour la France qui en est le paradigme.

Par idéologie les européistes veulent sa disparition. Et on peut globalement classer les Français que cela indiffère en trois catégories. Ceux qui s’en moquent par ignorance de ce qui se trame, sous-estimant l’importance des enjeux. Ceux qui haïssent leur pays pour diverses raisons et se réjouissent de sa dissolution. Enfin, ceux qui pensent que la nation pourra survivre sans état quand les compétences de celui-ci seront presque intégralement transférées dans les bureaux de Bruxelles. Il faut informer les premiers, combattre les seconds et expliquer aux troisièmes qu’ils se trompent. Une nation dont le pouvoir de décision ne dépend plus de son peuple n’est plus qu’un ensemble humain dont le sort ne lui appartient plus. Privé de sa liberté, de sa souveraineté il ne se retrouve plus, à l’image de l’Écosse, que pour les matches de football ou de rugby. Encore que là-bas la nation a encore une valeur positive, l’hymne n’y est pas sifflé sur les terrains de jeux et l’on n’y voit pas, lors des manifestations, fleurir les drapeaux d’états étrangers. Il n’y a pas d’alternative, la disparition de l’état entraîne à moyen terme celle de la nation.

L’Union Européenne n’est que le début de la concrétisation de l’utopie mondialiste : faire une grande ronde autour d’une Terre sans frontière. Nos dirigeants ont perdus de vue que leur rôle n’étaient pas d’apporter le bonheur à l’humanité mais de prendre en charge une portion de celle-ci et d’essayer de lui épargner le malheur. Ce qui ne veut évidemment pas dire être hermétiques à la souffrance des autres peuples.

Bien-sûr, tu pourras me rétorquer que tout le monde ne peut s’intéresser à la politique. C’est évident, mais quand la grande majorité voire la quasi totalité des personnes ne s’en préoccupe plus et préfère chercher un bonheur immédiat et individuel la société atomisée ne produit plus que des groupes d’individus vivants côte-à-côte, en tribus au mieux indifférentes et trop souvent antagonistes sinon hostiles les unes envers les autres. Cette atomisation de la société ne profitera qu’aux puissants, et les pauvres et les faibles n’auront d’autre ressource que de chercher protection auprès d’eux quitte à perdre leur liberté et leur dignité, ou alors malheur à eux, le système les broiera dans l’indifférence générale. Le Bien commun aura disparu au profit d’un clientélisme où le liberté n’aura plus sa place. Mais peut-être est-ce là l’avènement tant attendu par nos maîtres-penseurs de la liberté absolue, celle de la jungle, celle des forts de dévorer les faibles.

Permets-moi tout de même de préférer notre vieille civilisation avec ses défauts à cette barbarie qui ne dit pas son nom. »

Commentaires

Pour expérimenter la liberté, il faut un cadre.
L'europe serait donc un trop grand cadre ?

Écrit par : Cile | 29/11/2007

Pour moi il n'y a aucun doute.

Écrit par : Pharamond | 30/11/2007

Les commentaires sont fermés.