20/02/2006
La foire aux opprimés
Le prolétariat ou ce qui en tient lieu aujourd'hui ne pensant qu'à s'enrichir pour quitter sa condition et, étant au contact de certaines réalités, devenant plus réactionnaire que la droite, la gauche et ses affiliés, pour apaiser leur bonne conscience et surtout pour continuer sa lutte contre l'ordre ancien, ont dû miser sur les minorités ou considérées comme telles, forcément souffrantes et opprimées. Ainsi, les femmes, les homosexuels, les Juifs, les Musulmans, les Noirs, les immigrés... devaient constituer les nouveaux combattants de la liberté pour un monde meilleur et remplacer l'ancien pouvoir, injuste et à bout de souffle, aux mains des hommes blancs hétérosexuels et chrétiens. Nos bien-pensants, comme toujours à mille lieues du monde réel, avaient tablé sur une hypothétique solidarité née de leur statut commun d'opprimés. Malheureusement pour eux, les différentes communautés, en dépit d'une unicité de façade de plus en plus lézardée, ne se supportent pas malgré les colmatages des médias et de certains groupes de pression. Elles collaborent encore un peu pour se faire une place au soleil, mais les dissensions et les conflits sont de plus en plus fréquents et violents. On se jette à la face les millénaires de servitude, la Shoah, le colonialisme, le sionisme, les siècles d'esclavage, le racisme... c'est à qui apportera les preuves qu'il a plus souffert que les autres, car les droits, ou plutôt les privilèges exigés, sont sensés être proportionnels aux souffrances passées. Comme on craint qu'il n'y en ait pas pour tout le monde, on se doit d'occuper continuellement le devant de la scène. Sur les décombres du monde occidentale va bientôt naître une société basée sur un communautarisme qui sera tout sauf pacifique. On va me rétorquer que les États-Unis fonctionnent à peu de choses près ainsi ; c'est oublier qu'ils constituent encore une société qui a foi en elle, dynamique et patriotique et pas cette fédération de pays velléitaires et frileux accrochés à leur confort et politiquement exsangues que constitue l'Europe.
21:05 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
le plus marrant c'est que lorsqu'ils ouvriront l'emballage du gâteau, ils s'apercevront qu'il n'y a plus rien dedans.
Écrit par : Blogbrailleur | 20/02/2006
D'accord avec toi, sauf peut-être pour la première phrase : Il existe un prolétariat, et celui-là, méprisé, n'essaye pas de s'enrichir, mais tout juste de survivre.
Écrit par : Zorglub | 21/02/2006
"le pouvoir aux mains des hommes blancs hétérosexuels et chrétiens" : le communautariste, c'est toi. C'est AUSSI toi, disons. Je ne suis pas certain que les grandes nations européennes n'aient jamais été gouvernées par des princes homosexuels... Qu'on n'en soit pas toujours tout à fait sûr est d'ailleurs la meilleure chose qui puisse arriver, car que doit-on penser d'un homme d'Etat qui fait étalage de sa vie privée ?
Écrit par : S. | 21/02/2006
BlogBrailleur : Ou plus grand chose, tout au moins.
Zorglub : Ma première phrase est sans doute maladroite. Mais je voulais dire qu'il n'y a plus de "conscience de classe", chacun essaie (et c'est normal) de sortir de sa condition. Quand je disais "s'enrichir" il fallait comprendre "gagner mieux" et pas "capitaliser". Même la "racaille" a une mentalité de petit bourgeois, ils veulent tout mais par d'autres moyens. Je suis d'accord, il y encore beaucoup de monde qui ne fait que survivre, mais personne ne semble les entendre.
S. : "le pouvoir aux mains des hommes blancs hétérosexuels et chrétiens", c'est l'image qu'en a la gauche, ce n'est ni la mienne, ni la vérité. Il y a sans doute eu des princes homosexuels, mais ils ne gouvernaient pas en l'affichant, ni en changeant les lois dans un sens qui les arrangeait. Il y a eu aussi de grande reine, malgré le machisme de la société ainsi que des non chrétiens influents. Non, le communautarisme ce n'est pas moi, pas encore tout au moins.
Écrit par : Pharamond | 21/02/2006
Henri III, au moins, était une grande folle qui assumait autant qu'on pouvait le faire à l'époque
Écrit par : Blogbrailleur | 21/02/2006
D'accord, mais tu reconnaîtras (enfin, Blogbrailleur aussi) que la liberté d'orientation sexuelle était réservée à l'aristocratie... Et que c'est un progrès de notre société que de tolérer plus largement la déviance.
Écrit par : S. | 21/02/2006
Mais si vous parvenez à me prouver le contraire, que les siècle passés toléraient la déviance, cela m'intéresserait beaucoup.
Écrit par : S. | 21/02/2006
S. > je sais pas.
Pharamond a dit que notre société était jusqu'à présent qualifiée de blanche masculine et hétérosexuelle et chrétienne rien à redire, rien de communautariste là-dedans non plus .
C'est juste l'image qu'en donnent ceux qui se considèrent pour tout ou partie hors de l'ensemble décrit, mais à part le titre de Roi très Chrétien, personne n'a jamais revendiqué particulièrement le reste qui il est vrai semblait aller de soi (mais en est-on si sûr?).
Tu disais que tu n'étais pas sûr que les nations européennes n'aient pas été gouvernées par des homosexuels, je constatais qu'il y avait au moins un cas connu (même deux si on a des doutes sur les moeurs d'Elisabeth I d'Angleterre).
Pour le reste j'avoue ma connaissance insuffisante des actes anciens pour pouvoir à coup sûr dire si oui ou non il était fréquent ou même possible d'afficher son homosexualité et de continuer à vivre normalement . En plus ça doit varier selon les époques.
Écrit par : Blogbrailleur | 21/02/2006
Comme bien souvent, je te suis totalement.
Écrit par : Profdisaster | 22/02/2006
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