14/11/2025
Pépiements (461)
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Parce qu'elle est fondée sur la jouissance, notre société de consommation évolue vers un modèle pervers. Le clivage capitaliste qui réduit l'homme à sa valeur économique prétexte de rentabilité immédiate met de côté la préoccupation du futur et l'anticipation à cause d'une marchandisation de l'existence. L'homme est ainsi dépossédé de sa dimension psychique et spirituelle. Nul doute alors que notre mode de vie fabrique de plus en plus de pervers. La société actuelle produit de plus en plus d'adolescents pérennisés. Le sevrage ne se fait plus. Ce terme qui signifiait au départ séparer », trancher », prend à partir du XIIIe siècle le sens de « cesser progressivement d'allaiter », donc stopper la dépendance à l'égard du sein maternel, cesser d'être un nourrisson et commencer à croquer la vie, à différencier l'intérieur de soi et l'extérieur, à sortir du giron maternel et à grandir. Aujourd'hui, le sevrage ne se fait plus, car il faut consommer pour la croissance. Inutile de grandir, restons non sevrés, et la société continuera de tourner ! Nous sommes gavés, envahis d'objets, la plupart du temps inutiles ou interchangeables. Il existe des liens importants entre les facteurs psychologiques et leurs correspondances socio-économiques. C'est la toute la question des corrélats entre la vie psychique et notre mode de vie. Toute-puissance, difficulté à devenir adulte, difficulté à assumer le réel trois notions clés qui peuvent être rapportées à notre mode de vie. En effet, si l'on considère l'évolution de nos sociétés en fonction de l'organisation de l’Œdipe, force est de constater que nous sommes passés en près d'un demi-siècle de la famille structurée à la famille éclatée, ce qui n'est pas sans conséquence sur l'évolution de la psychopathologie. Et, parallèlement, la fonction paternelle n'aura jamais autant été mise à mal qu'à notre période contemporaine. La Fabrique de l'homme pervers (2013) Dominique Barbier |
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