Babel

Après le ''non'' du peuple irlandais, le concert des lamentations médiatiques a repris : ''Comment faire redémarrer l'Europe ?'', ''L'Europe en panne'', ''Des solutions pour sauver L'Europe'' et autres bêlements de cabris psychorigides. Après nous avoir un peu inquiétés (''Mais qu'est-ce qu'on va devenir sans notre bienveillante U.E. ?''), on nous rassure : on va faire quelques accommodements et on va repartir de plus belle vers l'avenir radieux (''Ouf ! Mais y'en a marre de ces salauds d'eurosceptiques !''). À aucun moment ces belles âmes ne se demande si cette Europe est vraiment une création aussi positive que l'on nous le rabâche ou si tout simplement, dans le doute, on ne devrait pas laisser sa population, au demeurant la première concernée, choisir si elle veut continuer ou pas sur cette voie. Non ! l'Europe doit se faire et elle se fera, le reste est secondaire, des incidents de parcours, des ralentissement passagers, des pannes qui faut apprendre à réparer : en fait, juste des contretemps. Mais où est-ce qu'il est écrit que l'Europe doit se faire ? Au nom de quoi ? On a parfois l'impression d'être en présence d'un dogme religieux, d'un onzième commandement ''Une Europe fédérale tu construiras'', d'une révélation du Buisson ardent ; bref, d'une question de foi. Pourtant, tôt ou tard, cette bâtisse construite de guingois sur un sol mouvant s'effondrera, et se sera son peuple qui sera sous les décombres. Mais rassurez-vous, nos intellectuels ne se sentiront aucunement responsables et trouveront un quelconque bouc émissaire pour l'accuser d'avoir ruiné un si bel ouvrage.